« Le bilan économique et financier de la
dernière décennie »
Notes pour une allocution
de l’honorable Stéphane Dion
Président du Conseil privé et
ministre des Affaires intergouvernementales
Discours prononcé dans le cadre du Forum diplomatique annuel
Hôtel Intercontinental
Toronto (Ontario)
Le 5 décembre 2003
L’allocution prononcée fait foi
Nous, Canadiens, avons un grand dessein pour notre pays : nous voulons à la
fois avoir le dynamisme américain et la qualité de vie européenne. Ce double
objectif incite nos gouvernements à maintenir une fiscalité compétitive tout
en finançant une panoplie de services publics. Fiscalité compétitive, rôle
étendu du gouvernement, voilà une combinaison difficile que seule une
discipline de fer permet de réussir. Nous avons manqué de cette discipline au
cours des décennies 1970 et 1980 au point que notre pays était dans une
situation économique et financière précaire au début des années 1990.
Mais nous nous sommes ressaisis. Le Canada a connu depuis dix ans un
redressement économique spectaculaire. Regardez le tableau
1. On y compare la situation budgétaire du Canada en 1993 à celle
d’aujourd’hui. En 1993, le Canada enregistrait le déficit le plus important
des pays du G-7, après l’Italie. Le déficit de nos gouvernements représentait
8,7 % de notre économie. Aujourd’hui, nous sommes le seul pays du G-7 à
connaître un surplus. Tout un contraste! Ce redressement budgétaire de notre fédération
a été effectué par les deux ordres de gouvernement (tableau
2).
Le Canada est d’ailleurs, de tous les pays du G-7, celui qui a le plus réduit
le fardeau de sa dette ces dernières années (tableau
3). Le poids de la dette fédérale sur notre économie a suivi une
trajectoire descendante très marquée (tableau
4), ce qui a permis de réduire considérablement les frais de service de la
dette fédérale (tableau
5).
Comment les gouvernements ont-ils pu effectuer ce redressement financier?
Est-ce en augmentant leurs impôts, comme on aurait tendance à le croire? En
fait, les gouvernements au Canada prélèvent aujourd’hui moins de taxes et
d’impôts par rapport à la taille de notre économie que ce n’était le cas
il y a dix ans (tableau
6).
Ce qui s’est plutôt produit, c’est que nos gouvernements ont suivi une
cure d’amaigrissement. Ils ont réduit le poids financier de leurs dépenses
par rapport à la taille de l’économie. Le tableau 7
montre que cette réduction a été particulièrement forte au Canada par
rapport aux autres pays de l’OCDE.
Les dépenses de programme du gouvernement fédéral représentaient 16 %
du PIB en 1993. Elles ont été ramenées à environ 12 %, leur plus bas
niveau depuis... 1949! (tableau
8) En fait, par rapport à la taille de l’économie, les dépenses fédérales
totales sont maintenant nettement moindres que celles du gouvernement fédéral
américain (tableau
9).
Le gouvernement fédéral a réduit le poids de ses dépenses tout en protégeant
le tissu social canadien et en investissant dans les compétences de notre main-d’œuvre,
dans notre économie du savoir et dans l’excellence de nos universités. Il a
notamment beaucoup investi dans la recherche et le développement et il a
augmenté considérablement ses dépenses directes dans l’éducation
postsecondaire. Depuis 1997, il a accru son effort budgétaire de 40 % dans ces
deux secteurs (tableau
10).
Bien sûr, le gouvernement de M. Chrétien ne peut s’approprier tout le mérite
pour le redressement financier spectaculaire du Canada depuis 1993. Il faut y
voir le résultat du travail acharné de tous les Canadiens. Nous avons remis
notre économie sur pied et nous en récoltons maintenant les fruits. De 1984 à
1993, durant ces années où nos gouvernements accumulaient des déficits, le
Canada se classait dans la moyenne des pays du G-7 du point de vue de la
croissance de l’économie. En comparaison, de 1994 à 2003, nous sommes
devenus les meilleurs dans ce domaine (tableau
11).
De même, le Canada se situait dans la moyenne au chapitre de la croissance
de l’emploi pendant les années Mulroney. Au cours des années Chrétien, nous
sommes devenus, là encore, et de loin, les meilleurs (tableau
12). La situation s’est à ce point améliorée que notre taux d’emploi
est maintenant semblable à celui des États-Unis (tableau
13).
En fait, l’économie canadienne a commencé à s’améliorer vraiment à
partir de 1996. Regardez, au tableau
14, la croissance marquée du revenu des ménages canadiens ces dernières
années. Autre résultat positif : la proportion des Canadiens considérés par
Statistique Canada comme ayant un faible revenu a connu une baisse soutenue
depuis 1996. Comme l’indique le tableau
15, cette proportion était de 14 % en 1996; elle était descendue à
10,4 % en 2001.
La même tendance encourageante se manifeste pour les familles avec enfants,
les familles monoparentales et les aînés.
Que s’est-il produit, en 1996, qui explique cette amélioration incroyable
de la performance de notre économie? Ah oui, je sais. Je suis devenu ministre
en 1996. Voilà qui explique tout! Sérieusement, à partir de 1996, notre
politique macroéconomique, faite de discipline budgétaire et
d’investissements ciblés, a commencé à produire des dividendes.
Il nous faut maintenir cette prudence budgétaire nécessaire. Certes, la
dernière mise à jour économique et financière prévoit une croissance des dépenses
de programme de 6,5 % cette année (2003-2004) qui correspond à 8,7 milliards
de dollars de dépenses supplémentaires. Cependant, on y envisage une
croissance beaucoup plus modeste au cours de la prochaine année (tableau 16).
Et vous avez entendu les assurances de notre prochain Premier ministre,
l’honorable Paul Martin, indiquant que le remboursement de la dette fédérale
demeurera l’une de ses priorités. C’est d’ailleurs ce qu’indiquent les
dernières prévisions budgétaires : nous continuerons à réduire le poids de
la dette fédérale par rapport à la taille de l’économie (tableau 17).
Il est vrai que la situation budgétaire des provinces est moins positive que
celle du gouvernement fédéral. Dans une fédération comme la nôtre, il
importe que les partenaires constitutionnels s’entraident. C’est pourquoi,
au cours des prochaines années, les transferts fédéraux aux provinces
augmenteront plus rapidement que les dépenses provinciales en santé ou que
l’économie canadienne (tableau
18).
En conclusion, jamais les finances publiques de notre pays n’ont été
aussi saines et jamais les revenus des ménages canadiens n’ont été aussi élevés.
Cela, nous l’avons obtenu grâce aux efforts, aux talents, et à l’entraide
des Canadiens de toutes les provinces et de tous les territoires. Il nous faut
maintenir le cap, tout en nous assurant que nos nouvelles initiatives respectent
la discipline financière qui nous a valu un tel succès. Notre prochain Premier
ministre, Paul Martin, en a la ferme intention. Cette discipline financière est
essentielle pour rendre la fédération canadienne toujours plus solidaire, l’économie
canadienne toujours plus compétitive.
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