![]() |
|||||||||
![]() |
English | ![]() |
Contactez-nous | ![]() |
Aide | ![]() |
Recherche | ![]() |
Site du Canada |
![]() |
|||||||||
![]() |
Accueil | ![]() |
À notre sujet | ![]() |
Quoi de neuf | ![]() |
Salle de presse | ![]() |
FAQ |
![]() |
|||||||||
![]() |
Publications | ![]() |
Financement | ![]() |
Ressources | ![]() |
Dates commémoratives |
|
![]() |
PublicationsLa polygamie au Canada : conséquences juridiques et sociales pour les femmes et les enfants – Recueil de rapports de recherche en matière de politiquesComment les approches politiques relatives à la polygamie ont-elles tenu compte des expériences et des droits des femmes? Une analyse comparative internationale
PARTIE III - CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONSComme cela a été discuté dans la partie I, les expériences que les femmes ont de la polygamie sont très variées. Le fait qu'une femme et, souvent ses enfants, prospèrent ou souffrent dans le cadre d'un mariage multiple dépend souvent du contexte socioculturel dans lequel s'insère le mariage ainsi que des rapports qui existent au sein de son unité familiale. Cela étant, il serait artificiel et inapproprié d'imaginer qu'une seule réponse politique à la polygamie serait efficace pour toutes les sociétés et les familles qui pratiquent le mariage multiple. La résolution des dilemmes que les femmes peuvent connaître dans cette structure familiale exige le respect de la diversité qui existe parmi les femmes et la reconnaissance de leur égalité entre elles et avec les hommes. Nous recommandons donc, ici, que la réponse la plus adéquate à la polygamie en soit une qui comporte plusieurs volets et qui adopte des stratégies aux paliers juridique et social, tant dans les domaines privé que public. La partie II discute de la variété des démarches juridiques et politiques qui ont été adoptées partout dans le monde pour traiter de la polygamie. Nous soutenons qu'aucune de ces démarches, y compris celle du Canada, ne peut répondre avec satisfaction aux besoins, aux intérêts et aux droits des femmes qui vivent dans un contexte de polygamie. En particulier, les réponses globales semblent se fonder sur l'hypothèse que la polygamie est, pour les femmes, soit universellement préjudiciable, soit bénigne, et ce sans justification réelle fondée sur l'analyse. Toutefois, nous prétendons que les démarches juridiques et politiques doivent cibler les facteurs nuisibles aux femmes (comme la violence, la pauvreté, la coercition et les conséquences néfastes sur le plan de la santé), plutôt que la seule pratique de la polygamie. Néanmoins, malgré les efforts insuffisants déployés en matière de politique internationale au regard de la polygamie, l'analyse demeure instructive. En particulier, cette recherche jette un éclairage sur les stratégies qui pourraient être efficaces dans le contexte canadien ainsi que sur celles qui ont été nuisibles aux femmes et qui devraient donc être mises de côté dans l'élaboration de notre propre politique. Réflexions sur les pratiques polygames au pays Plusieurs pays reconnaissent les mariages polygames en s'appuyant sur le droit religieux ou sur le droit coutumier. Dans chaque cas, le droit d'un homme de prendre des épouses additionnelles n'est pas absolu, mais assujetti à des exigences particulières, comme l'obtention d'une approbation judiciaire, assurer un traitement égal de toutes les épouses ou obtenir le consentement d'une conjointe. Cependant, la difficulté est que, bien que ces conditions visent à protéger les femmes, la littérature est remplie de discussions qui indiquent que les femmes sont affectées socialement, économiquement et, même, physiquement par ces scénarios. Qui plus est, il est difficile d'affirmer que les femmes qui vivent dans des collectivités qui acceptent la polygamie comme valeur centrale ont toujours un « choix » véritable en ce qui concerne leur structure conjugale. C'est le cas là où l'État permet les mariages polygames à titre de règle générale (comme dans les pays où les rapports familiaux sont régis par la loi musulmane) et où l'État reconnaît les mariages polygames pour les personnes mariées en vertu d'un régime juridique qui permet cette pratique (comme en Afrique du Sud et en Inde). Bien que, dans la dernière situation, on puisse prétendre que les femmes ont le choix de ne pas se marier dans le cadre d'un tel régime juridique, l'exercice de ce choix pourrait exiger que les femmes abandonnent leur culture et leur collectivité, une option qui ne serait pas du tout attrayante et qui s'avérerait très exigeante pour toute femme dans le monde. Comme l'ont observé Kaganas et Murray, ci-dessus, les femmes qui vivent dans les conditions culturelles les plus oppressives sont fréquemment « les moins en mesure de résister aux exigences de la tradition » (Kaganas et Murray 1991, p. 133). Pour ces raisons, il faut prendre des mesures pour veiller à ce que notre définition officielle du mariage demeure conforme aux principes de l'égalité. Nous exhortons le Canada à ne pas envisager l'adoption d'une démarche qui permettrait que le mariage et les rapports familiaux soient régis exclusivement par les normes religieuses ou culturelles. Avant même d'envisager cela, il faut encore beaucoup plus de travaux pour examiner les effets que cela pourrait avoir sur les femmes et les enfants. En particulier, il faut réfléchir aux conséquences de faire du mariage et des rapports familiaux une question privée régie par les autorités religieuses ou culturelles. Un tel développement, bien que peut-être louable pour la reconnaissance qu'il accorderait au pluralisme juridique et à la liberté religieuse, présente un risque pour les femmes et leurs enfants. Même si l'État continue de superviser ce domaine, sa capacité d'assurer et de faire appliquer l'égalité des sexes sera extrêmement limitée si la réglementation du mariage et de la famille est laissée aux chefs de file religieux ou culturels. Les démarches juridique et politique qui interdisent la polygamie peuvent, au premier coup d'oeil, sembler favoriser les intérêts des femmes en matière d'égalité, puisque la monogamie allège les difficultés qui sont associées aux structures conjugales qui veulent que seuls les hommes aient la possibilité de prendre des conjointes multiples. Et puis, il faut encore réfléchir à la question de la criminalisation de la polygamie et de la bigamie. L'infraction de bigamie a trait à l'acte de contracter un mariage additionnel. Cela laisse donc à entendre qu'il y a une prime particulière accordée au mariage monogame à titre d'institution. La protection de cette institution a été envisagée comme le fondement qui permettait de conserver l'infraction qu'est la bigamie dans le Code criminel, selon la Commission de réforme du droit, il y a deux décennies (Commission de réforme du droit du Canada, 1985). Encore une fois, cependant, une étude plus poussée est nécessaire. Plus particulièrement, nous devons nous demander si le mariage mérite un tel traitement de faveur, vu que plusieurs membres de la société canadienne choisissent de ne pas se marier. Qui plus est, les droits et les obligations conjugaux s'étendent souvent aux rapports conjugaux non matrimoniaux, ce qui indique que le droit reconnaît qu'il y a un intérêt social croissant pour les rapports assimilés à des rapports conjugaux à l'extérieur du mariage. Nous devrions donc nous demander si cela a du sens d'aller aussi loin que d'interdire, sous peine d'infraction criminelle, un acte sur la foi qu'il possède le potentiel de modifier l'institution qu'est le mariage traditionnel. En outre, la conséquence qu'il y a à faire d'un acte une infraction est que, si elle est poursuivie et reconnue coupable, la personne accusée sera sujette à une sanction, normalement une amende ou l'emprisonnement. Ces deux résultats risquent de provoquer des conséquences terribles pour les femmes et les enfants qui vivent dans des familles polygames. Dans les cultures qui valorisent le mariage multiple, les hommes sont normalement la principale source de revenus, alors que les femmes exécutent principalement les tâches domestiques. Il en découle que, quand un mari polygame reçoit une lourde amende ou est emprisonné, ses épouses et les enfants subissent des difficultés économiques importantes. Qui plus est, les infractions de polygamie et de bigamie sont libellées de telle sorte que les épouses et les maris peuvent être reconnus coupables. Ainsi, si les deux parents font l'objet d'une sanction pénale, le poids sera clairement reporté sur les enfants, qui expérimenteront la séparation d'avec les parents et le placement possible sous la responsabilité de l'État89. Réflexions sur les pratiques polygames à l'étranger Les mariages multiples contractés dans des États où la polygamie est permise exigent d'être abordés différemment. Les personnes qui contractent des mariages polygames dans ces conditions ont habituellement des attentes légitimes de vivre des relations maritales valides accompagnées de droits et d'obligations exécutoires. Ainsi, comme nous en avons discuté, la plupart des États - même ceux qui interdisent de contracter des mariages polygames à l'intérieur de leurs frontières - acceptent de protéger les droits des parties à de tels mariages. Les difficultés en ce domaine surgissent toutefois dans des circonstances où un homme et une femme se marient au Canada, puis le mari quitte le pays et prend une deuxième épouse (sans divorcer de la première) dans un État qui permet le mariage multiple. Dans ce scénario, les deux épouses ont des attentes légitimes au regard de leur mariage et de ses effets, mais ces attentes entrent en conflit. En ce qui concerne la première épouse, si les effets conjugaux du deuxième mariage du mari sont reconnus, cela diminue ses ressources pour subvenir aux besoins de sa première famille. En ce qui concerne la deuxième épouse, comme on l'a vu dans la discussion au sujet de la polygamie dans le contexte de l'immigration, elle aura de la difficulté à entrer au Canada sur la foi de son mariage polygame. Si la deuxième épouse obtient le droit d'entrée, elle peut demander un redressement de nature matrimoniale, mais sa part des avoirs du « mari » sera aussi limitée par les obligations de celui-ci à l'endroit de sa première famille. C'est une véritable énigme qu'il faut résoudre dans le contexte de la formulation des politiques dans les domaines du droit privé et du droit public. Il faut réfléchir à la façon d'empêcher les personnes domiciliées légalement au Canada de se marier dans des États étrangers alors qu'ils sont déjà mariés au Canada. Pour les motifs discutés plus tôt, le droit pénal n'est probablement pas la réponse la plus adéquate. Cependant, nous pourrions envisager une démarche politique axée davantage sur des principes, selon laquelle il faut examiner et tenir compte efficacement des intérêts des femmes et des enfants qui se retrouvent dans des situations comme celles que nous venons juste de décrire. Recommandations pour l'élaboration future des politiques au Canada en matière de polygamie Principes directeursEn nous fondant sur les réflexions élaborées ci-dessus, nous présentons une série de recommandations pour l'action future en matière d'élaboration des politiques visant à répondre à la polygamie. Ces recommandations ont été formulées et doivent être mises en oeuvre dans l'esprit des principes-clés qui suivent.
RecommandationsÀ la lumière des principes directeurs qui précèdent, nous présentons les recommandations qui suivent.
|
||||||||||||||||||||||
|