La profession et les abus

Bruce P. Squires, MD, PhD
Rédacteur en chef

Journal de l'Association médicale canadienne 1996; 154 : 1615


éditorial : Abuse of residents: It's time to take action
À compter de la page 1657 [résumé], le Dr Deborah J. Cook et ses collègues signalent que les résidents en médecine des deux sexes sont toujours victimes d'abus sexuels, physiques et psychologiques commis par leurs pairs, leurs superviseurs et d'autres professionnels de la santé, ainsi que par des patients et des membres de la famille de ces derniers. La persistance de ce comportement dans un contexte voué aux soins soulève de graves questions sur la nature de la formation postdoctorale en particulier, de la formation en médecine en général et des relations entre les membres de la profession.

Tout abus est inexcusable, mais je pense que l'abus psychologique mérite une attention spéciale parce qu'on y a recours souvent au nom de l'éducation ou du débat professionnel. Trop de médecins croient toujours à tort qu'ils incitent efficacement les étudiants à apprendre en les intimidant et les humiliant. Et il y en a aussi trop qui croient que ce qui importe avant tout dans un échange public avec des étudiants ou des résidents, c'est gagner, peu importe comment. Le résultat est imprévisible : certains redoublent vraiment d'ardeur pour éviter d'autres humiliations, mais beaucoup réagissent en faisant tout leur possible pour éviter d'être mis sur la sellette au chevet d'un patient ou en classe.

La tragédie dans tout cela se révèle lorsque les mêmes étudiants et résidents deviennent enseignants : eux aussi commencent à abuser de leur pouvoir sur les étudiants et les résidents. Et c'est ainsi que le système se perpétue. En fait, la tendance à l'abus psychologique se répercute dans les relations avec leurs collègues, d'autres professionnels de la santé et même des membres de leur famille.

Les étudiants et les résidents vivent suffisamment de stress tous les jours à cause de situations cliniques nouvelles et terrifiantes, de la crainte de l'échec, de difficultés financières et de la difficulté extrême que représente l'établissement d'un équilibre entre leurs impératifs professionnels et personnels. Notre devoir d'enseignant n'est pas de susciter le stress : il est plutôt d'aider les médecins en formation à apprendre à y faire face. L'abus, ce n'est pas la solution!


| JAMC : le 1er juin 1996 |