CMAJ 1997;157:859
© 1997 Association médicale canadienne
Les Canadiens assistent à une décroissance sans précédent des cliniques et des hôpitaux et à une réduction draconienne du nombre de lits d'hôpitaux partout au Canada. Ce sont principalement les réductions des paiements de transfert qui entraînent ces changements. Notre système de soins de santé peut-il survivre sans ces ressources? De plus en plus de preuves semblent indiquer qu'il le pourra probablement. Dans ce numéro, nous présentons les résultats de deux études qui révèlent qu'il y a gaspillage de certaines ressources consacrées aux soins de santé.
Le cancer de l'endomètre est le cancer le plus répandu chez les femmes du Canada. Parmi les quelque 3000 femmes chez lesquelles on diagnostique cette forme de cancer chaque année, la maladie est limitée dans la plupart des cas et le pronostic est bon. Dans quelle mesure un suivi rapproché s'impose-t-il dans nos cabinets et nos cliniques? Olu Agboola et des collègues de l'Université d'Ottawa ont étudié le dossier de 432 patientes qui ont été envoyées à leur centre dans le cadre d'un suivi pour cancer de l'endomètre (page 879). Le cancer est réapparu chez 50 de ces femmes. Les auteurs ont établi qu'en dépit du suivi rapproché, un suivi de routine a permis de détecter la réapparition du cancer chez 25 femmes seulement. La réapparition du cancer a été découverte entre les consultations de routine chez 23 des 25 autres cas. Les taux de survie entre ces deux groupes ne présentaient aucune différence significative sur le plan statistique. Marsha Cohen de l'Université de Toronto demande si nous avons maintenant suffisamment de données pour laisser tomber le suivi de routine du cancer de l'endomètre et d'autres néoplasmes répandus comme le cancer du sein et le cancer colorectal (page 899). L'étude de l'Université d'Ottawa et d'autres études aussi ont démontré régulièrement que le suivi rapproché ne présente aucun avantage sur les suivis moins rigoureux -- et moins coûteux. De plus, comme le signale Cohen, il se peut que l'appui psychosocial donné avec le suivi rapproché ne constitue pas un avantage. La surveillance rigoureuse peut plutôt provoquer l'inquiétude et l'inconfort.
Carolyn DeCoster et des collaborateurs de l'Université du Manitoba ont examiné les dossiers médicaux d'un échantillon de tous les patients qui ont été admis pour raisons médicales dans des hôpitaux du Manitoba en 19931994 (page 889). Se fondant sur un ensemble normalisé de critères objectifs, ils ont constaté que presque 51 % des patients admis n'avaient pas besoin de soins actifs. Chez ceux qui avaient vraiment besoin de soins actifs au moment de l'admission, plus de 50 % n'en avaient plus besoin une semaine après l'admission et occupaient toujours des lits de soins actifs même s'ils auraient pu être libérés. Dans l'ensemble, 67 % du total des jours d'hospitalisation ont servi à des soins non actifs. Dans un éditorial d'accompagnement, Duncan Hunter, de l'Alliance Information Santé, région de l'Est de l'Ontario, prévient que même si les patients occupaient des lits pour recevoir des soins non actifs, ce qui n'était pas approprié, il aurait été tout aussi inapproprié de les renvoyer chez eux s'ils n'avaient pas d'appui social et médical suffisant (page 901).
Jason Ford et des collaborateurs de l'Université de la Colombie-Britannique présentent le cas intéressant d'un jeune homme qui avait des symptômes atypiques de phéochromocytome, ce qui nous rappelle les présentations inusitées de cette tumeur rare (page 923). Les masses surrénales sont beaucoup plus souvent détectées au cours d'imageries de diagnostic pratiquées sur l'abdomen pour d'autres raisons. Teik Ooi considère ces tumeurs comme des «incidentalomes» (page 903). Faudrait-il ne pas en tenir compte, les investiguer, effectuer une biopsie ou procéder à l'ablation? Ooi propose une stratégie de diagnostic appliquée à ces masses.
Notre page couverture, fondée sur une photographie prise en Alberta en 1918, rappelle la dévastation causée par l'épidémie de grippe espagnole au début du siècle. Dans la chronique Santé publique du présent numéro, nous lançons une série de trois articles sur l'influenza (page 928). -- JH
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