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La concession Selkirk

En 1809, Thomas Douglas, 5e comte de Selkirk, achète, avec deux autres Écossais, la Compagnie de la Baie d'Hudson. Afin de pallier la misère que connaît une grande partie des habitants de ses terres en Écosse, lord Selkirk met sur pied un plan de colonisation des terres sises près de la rivière Rouge. Il convainc les actionnaires de la Compagnie de la Baie d'Hudson de lui concéder 300 000 km2 de territoire situé sur ce qui est aujourd'hui le Manitoba, le Minnesota et le Dakota du Nord. En retour de cette concession, lord Selkirk promet de fournir à la Compagnie 200 serviteurs par année, de lui permettre d'établir des comptoirs de traite sur le territoire de la colonie, d'interdire aux colons de participer au commerce des fourrures et de fournir des terres aux serviteurs de la Compagnie qui désirent prendre leur retraite.

En 1811, la colonisation de la concession Selkirk va bon train, malgré certaines difficultés occasionnées par les conditions climatiques. Mais les visées de cette colonisation semblent être tout autres que purement liées à l'immigration. Les Métis, qui habitent sur ce territoire, ravitaillent en pemmican la Compagnie du Nord-Ouest, rivale de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Établir une colonie sur cette portion du territoire déstabiliserait les populations de bisons, essentielles à la fabrication de pemmican, et nuirait ainsi à la Compagnie du Nord-Ouest. Aussi, l'établissement d'une colonie permanente viendrait-il soutenir les prétentions de la Compagnie de la Baie d'Hudson sur ce territoire.

Les conflits avec les populations métisses commencent quelques années plus tard. À la suite de la guerre du pemmican, la Compagnie de la Baie d'Hudson nomme un nouveau gouverneur, Robert Semple, qui emploiera dès lors la manière forte et fera incendier le fort Gibraltar.

Pour exprimer leur mécontentement, les Métis organisent une attaque en mai 1816. Cuthbert Grant, du côté des Métis, et le gouverneur Semple s'affrontent à Seven Oaks. Ce qui débute comme un conflit en soi pacifique se solde par une tragédie : on recense 21 décès du côté des colons, 1 du côté des Métis.

Après une série d'escarmouches entre 1815 et 1819, les relations entre colons et Métis se pacifient et la vie reprend en quelque sorte son cours normal. La confrontation de Seven Oaks aura cependant eu un impact important sur l'identité des Métis. Elle leur a donné un sentiment de communauté, d'appartenance, qui sera fort important au fil des ans, et ce, principalement avec l'arrivée de Louis Riel 50 années plus tard.

Sources

Bowers, Vivien ; Garrod, Stan. -- L'Ouest et son histoire. -- Montréal : Trécarré, 1988. -- P. 134 - 139.

Friesen, Gerald. -- The Canadian Prairie : A history. -- Toronto : University of Toronto Press, 1984. -- P. 69 - 83.