Guide pour une construction et une rénovation respectueuses de l'environnement
Chapitre 8 - Déchets de construction, de rénovation et de démolition
8.1 Introduction
Le détournement des déchets de construction, de rénovation et de démolition (CRD) des sites d'enfouissement est une question qui suscite de plus en plus d'intérêt de la part des secteurs public et privé. Des études ont démontré que près du tiers des 20 millions de tonnes de déchets solides introduits dans les flux de déchets municipaux sont produits par les activités de construction, de rénovation et de démolition. Beaucoup de nos sites d'enfouissement sont presque arrivés à saturation. En outre, les déchets de CRD sont souvent illégalement déversés ou incinérés et polluent le sol, l'air et l'eau. Les coûts d'élimination sans cesse croissants se répercutent finalement sur les coûts des projets, puisque les entrepreneurs doivent incorporer les coûts prévus pour l'élimination dans leurs soumissions. Des faits comme ceux-ci renforcent le besoin de mesures axées sur la réduction et la récupération du plus grand nombre de déchets possible produits par les activités de construction, de rénovation et de démolition.
L'introduction du principe des 3R (réduction, réutilisation et recyclage) dans la gestion des déchets de construction, de rénovation et de démolition permet de créer un cycle de fabrication et d'achat en boucle fermée. Cela diminue beaucoup les besoins en ressources naturelles, la quantité de matériaux déversés dans les sites d'enfouissement et les coûts du cycle de vie des bâtiments et des matériaux de construction.
Les gestionnaires de projets et les entrepreneurs en construction ont depuis longtemps reconnu l'importance de réduire les déchets et de récupérer les matériaux de construction et de démolition de grande valeur comme le cuivre et les autres métaux. Habituellement, les entrepreneurs commandent des quantités exactes de matériaux, surveillent la façon dont ils sont utilisés et aussi récupèrent les matériaux enlevés. Dans la majorité des cas, les matériaux difficiles à trier et d'une valeur au poids inférieure continuent d'être acheminés vers les sites d'enfouissement, même s'ils représentent de grandes quantités. Cette pratique constitue une utilisation non efficace des ressources naturelles et contribue à remplir inutilement les sites d'enfouissement.
Malheureusement, de nombreux entrepreneurs ne connaissent pas la nouvelle législation et les nouvelles options de réduction des déchets et d'autres résistent à l'utilisation de méthodes écologiques parce qu'ils croient qu'elles feront augmenter les coûts du projet. La plupart des entrepreneurs se préoccupent du coût de la main-d'oeuvre nécessaire pour récupérer des matériaux en vue de leur réutilisation ou de leur recyclage. Cependant, il est prouvé qu'une gestion efficace des déchets pendant des projets de CRD permet à la fois de protéger l'environnement et de réaliser d'importantes économies. On a démontré, dans le cadre de projets pilotes, que le détournement des déchets des sites d'enfouissement permet de réduire les coûts d'élimination des déchets d'environ 30 %. Cette diminution est attribuable à la réduction des redevances de déversement et des frais de transport et aux recettes obtenues de la vente des matériaux réutilisables et recyclables.
8.2 Sites d'enfouissement
Il est de plus en plus difficile de trouver de nouveaux sites d'enfouissement, car les gens ne veulent pas vivre à côté d'une décharge à cause des odeurs, de la circulation des camions et des problèmes de contamination des eaux souterraines et de surface. En détournant les déchets de CRD des sites d'enfouissement, on pourra prolonger de façon significative l'utilisation des sites existants.
Pour comprendre les incidences sur l'environnement de l'élimination de grandes quantités de déchets de CRD, il est important de comprendre comment fonctionne un site d'enfouissement. Les déchets se décomposent en présence d'oxygène et d'autres éléments nécessaires. La décomposition s'effectue par la désintégration des liaisons chimiques de la matière qui, au cours du processus, se subdivise en substances plus simples. La décomposition biologique peut être accélérée ou ralentie en faisant varier certaines conditions comme la quantité d'oxygène, la température et l'humidité.
Il y a quatre étapes à la décomposition :
- stabilisation de la matière organique;
- production de lixiviat;
- dégagement de gaz;
- tassement de gaz.
On a recours à une combinaison de dispositifs comme des membranes d'étanchéité pour décharges, des puits de surveillance, des pompes et des couches de recouvrement pour empêcher la lixiviation. Cependant, ces mesures ne sont pas toujours efficaces à cent pour cent et le lixiviat s'échappe des sites d'enfouissement et pollue les eaux souterraines, les rivières et les ruisseaux ainsi que les terres avoisinantes.
8.3 Gestion des ressources
La réutilisation et la remise à neuf des produits permet également de détourner les déchets des sites d'enfouissement et ces options sont toujours préférables à l'élimination pure et simple.
L'exploitation et la transformation des matières premières ont également des effets sur l'environnement qui sont moins évidents mais aussi importants, notamment la destruction des habitats naturels, l'épuisement des ressources, l'utilisation de l'énergie, la pollution de l'air et de l'eau et des problèmes de déchets solides. Au cours des dernières décennies, la disponibilité de certaines matières premières a diminué énormément en raison du rythme de consommation de celles-ci - qu'elles soient renouvelables ou non - et du fait que nous ne favorisons aucunement leur régénération naturelle. En conséquence, il faut absolument que nous découvrions des façons de réduire notre influence négative sur les ressources naturelles.
De plus en plus de produits et de matériaux contiennent des matières recyclées. C'est déjà une solution partielle aux problèmes de l'épuisement des ressources. Le recyclage des matériaux permet de créer des cycles de fabrication et d'achat en boucle fermée et réduisent considérablement les besoins en matières premières.
8.4 Réglementation provinciale et municipale
Le secteur de la gestion des déchets de construction est réglementé par les provinces et les municipalités. En reconnaissance du fait que les matériaux de construction et de démolition constituent un gros pourcentage des déchets acheminés aux site d'enfouissement, certaines administrations canadiennes ont réglementé de façon à éloigner ces matériaux des décharges ou à éviter qu'ils n'y soient déversés illégalement. Les municipalités gèrent ou régissent la gestion des déchets dans la localité. Nombre de municipalités canadiennes ont adopté des règlements interdisant l'enfouissement de certains matériaux de CRD (p. ex. les plaques de plâtre). L'Ontario s'est doté de règlements en vertu desquels des vérifications des déchets sont obligatoires lorsqu'il s'agit de contrats visant des bâtiments plus gros qu'une certaine dimension. Ces règlements sont décrits ci-après.
Au Canada, ces exigences varient selon la région. Voici une liste partielle de la réglementation provinciale et municipale qu'il faut consulter avant la manutention ou l'élimination d'un matériau de rebut de CRD.
Réglementation des 3R de l'Ontario
En 1994, le ministre de l'Environnement de l'Ontario a adopté les règlements des 3R. Les règlements 102/94 et 103/94 s'appliquent aux projets de construction et de démolition visant un ou plusieurs bâtiments dont l'aire de bâtiment est supérieure à 2 000 m².
Le règlement 102/94 prescrit :
- qu'une vérification des déchets soit faite sur le chantier afin de déterminer la quantité et la nature des déchets produits;
- qu'un plan de réduction des déchets soit élaboré et qu'il comporte des options précises de réduction, de réutilisation et de recyclage;
- que le plan de réduction des déchets soit mis en oeuvre;
- que la vérification des déchets et le plan de travail soient consignés sur des formulaires fournis par le Ministère ou des formulaires d'un format semblable;
- qu'une copie de la vérification et du plan de réduction des déchets soit conservée dans les dossiers pendant cinq ans après l'achèvement du projet.
Le règlement 102/94 exige qu'une vérification des déchets soit faite et qu'un plan de réduction des déchets soit élaboré avant le début d'un projet de CRD.
Règlements municipaux
Les municipalités qui sont propriétaires de sites d'enfouissement et qui les exploitent décident elles-mêmes d'interdire le déversement des certains matériaux et de la réglementation qui s'applique. Il est important de vérifier quels sont les règlements applicables avant chaque projet de CRD.
L'équipe du projet devrait veiller à ce que les contrats passés avec les entreprises d'élimination des déchets stipulent que tous les matériaux enlevés doivent être acheminés à des installations de recyclage autorisées.
8.5 Réduction des déchets de CRD
Les méthodes traditionnelles de traitement des déchets de CRD sont un gaspillage de ressources. La majeure partie de ces matériaux ne sont pas des déchets, mais une ressource de grande valeur. Avec l'augmentation du coût des matériaux de construction consécutive à l'épuisement de nos ressources naturelles (particulièrement le bois), beaucoup des matériaux que nous jetons acquièrent de plus en plus de la valeur. Presque tous les matériaux - béton et bois, fils électriques et appareils sanitaires - peuvent être réemployés ou recyclés.
Pour pouvoir réutiliser les matériaux de rebut, tout ce qui est recyclable doit être séparé des autres matériaux. Le tri des déchets de CRD est nécessaire, car il existe des marchés pour certains matériaux qui, une fois mélangés ou contaminés, n'ont plus de valeur de recyclage et doivent être éliminés dans une décharge. Par conséquent, le tri des matériaux en accroît la valeur et permet d'économiser les redevances de déversement à la décharge. En bref, récupérer les déchets, les trier et les entreposer adéquatement permet de diminuer les coûts d'un projet de deux façons :
- par la réduction des frais de transport et d'élimination des matériaux dans un site d'enfouissement;
- par le gain d'une valeur marchande; les matériaux peuvent être revendus à un recycleur ou réutilisés dans d'autres projets.
8.6 Facteurs à considérer pendant la conception
À l'étape de la planification d'un projet, il faut tenir compte des méthodes de réduction et de récupération des déchets. L'industrie de la construction a traditionnellement eu recours à des méthodes d'assemblage, à des produits et à des méthodes de travail normalisées. Malheureusement, dans un projet de rénovation ou de démolition, il arrive souvent que les matériaux ne soient pas récupérés de manière adéquate. Donc, si ces matériaux ne sont ni réutilisables ni recyclables, ils contribuent à grossir le flux des déchets. Afin de régler ce problème, il faut adopter des mesures aux étapes initiales du projet pour produire moins de déchets plus tard. Dès la conception, il faudrait toujours envisager la possibilité que les matériaux soient démontés ultérieurement.
En élaborant le projet de façon à tenir compte du démontage, une plus grande quantité de matériaux et de produits pourront être réutilisés et recyclés plus facilement et ainsi produire moins de déchets destinés aux sites d'enfouissement. Afin d'utiliser des méthodes de démontage efficaces, il faut examiner en détail la marche à suivre pour la pose des matériaux, le choix des produits et les particularités des raccordements.
L'utilisation de dispositifs de raccordement réversibles au lieu de clous, pour les pièces en bois ou d'autres matériaux, permet un démontage rapide. On peut réemployer le matériau, mais aussi les vis et les boulons. De plus, en rendant les raccordements plus accessibles, le démontage est plus facile et moins de déchets seront produits.
D'autres solutions seraient de choisir des matériaux qui s'assemblent par rainures et languettes plutôt qu'avec un adhésif. Les adhésifs produisent un assemblage permanent qui contamine le matériau et diminue sa recyclabilité. Il faut envisager l'utilisation de matériaux classiques qui ne se démodent pas et qui peuvent être conservés pendant toute la durée de vie du bâtiment et même pendant les rénovations. Des matériaux, comme des revêtements de sol en linoléum, durent souvent pendant la totalité du cycle de vie d'un bâtiment, alors que la moquette est habituellement remplacée à tous les cinq ou sept ans. Il est également avantageux, du point de vue environnemental, d'établir à l'avance chez les fournisseurs quels matériaux et quels produits ont des débouchés au plan du recyclage et de la réutilisation. Finalement, grâce à une conception axée sur le démontage, il est possible d'utiliser des méthodes favorisant la réduction des déchets produits dans un projet de rénovation ou de démolition.
La deuxième partie du guide définit les critères d'une évaluation environnementale des produits et des matériaux. Les critères suivants s'appliquent au choix des produits qui aideront à utiliser des méthodes de réduction et de récupération des déchets.
Produits réutilisables
Beaucoup de produits sont réutilisés par les consommateurs. La majorité des consommateurs sont conscients de cette possibilité, toutefois, il est important de mentionner de nouvelles possibilités de réutilisation qui sont moins évidentes.
Dans le document d'Industrie Canada intitulé Principes et lignes directrices sur les représentations concernant l'environnement sur les étiquettes et dans la publicité, on donne une définition au terme réutilisable. Pour qu'un produit soit jugé réutilisable, l'utilisateur final doit pouvoir réemployer directement le produit. Lorsque cette option n'est pas évidente, l'allégation doit expliquer comment le produit peut être réemployé sans avoir à subir un nettoyage en profondeur ou une remise en état. Ce critère peut également être utilisé pour évaluer les matériaux d'emballage d'un produit. Par exemple, le mobilier peut souvent être livré emballé dans des couvertures réutilisables plutôt que dans des boîtes en carton ondulé dont la fabrication exige énormément de ressources naturelles.
Produits remis à neuf
Les produits remis à neuf peuvent être réemployés, quoiqu'ils nécessitent un bon nettoyage ou une restauration. Au cours de la remise à neuf, le produit demeure la propriété du consommateur qui doit en payer les frais.
Le procédé de remise à neuf peut être fait par le fabricant d'origine ou par une entreprise facilement accessible. Toute l'information nécessaire concernant les procédés de remise à neuf doit être mise à la disposition du consommateur. La remise à neuf d'un produit peut exiger une consommation d'énergie et produire des déchets. Cependant, dans la majorité des cas, les incidences environnementales sont beaucoup plus faibles que pour la fabrication initiale.
Produits remanufacturés
Ce critère diffère de la remise à neuf du fait que la propriété du produit est transférée au fabricant d'origine ou à un tiers chargé de la restauration. Les produits classés dans cette catégorie sont conçus pour permettre une remise à neuf complète dans laquelle le produit est démonté et inspecté pièce par pièce pour réparer ou remplacer les pièces défectueuses. Le produit est ainsi remis à un état neuf et peut être revendu par le fabricant.
Durabilité
Un produit durable a moins d'incidences sur l'environnement puisque le besoin d'entretien ou de remplacement est réduit au minimum. Cela permet d'utiliser efficacement les ressources naturelles et de détourner des matériaux des sites d'enfouissement.
À l'heure actuelle, on mesure généralement la durabilité en fonction des garanties des fabricants qui sont souvent trop vagues pour être utilisées comme base de définition d'un critère. On élabore présentement des procédures d'essai et des exigences de production de rapports normalisées de façon à fournir un mécanisme fiable d'évaluation des incidences environnementales. Toutefois, en attendant que ce cadre soit en place et accepté, les spécialistes du bâtiment ne peuvent qu'évaluer qualitativement la durabilité d'un produit.
Les besoins d'entretien devraient être évalués de façon à assurer qu'un produit conserve son aspect d'origine et sa valeur fonctionnelle, et les garanties du fabricant peuvent être utilisées comme mesure marginale de la durabilité du produit. Les témoignages sont une autre source de renseignements pour vérifier les allégations de durabilité. Quoique ce critère soit mesurable marginalement, il n'existe pas encore de mécanisme pour effectuer une analyse quantitative fiable.
Produits recyclables
L'utilisation de produits recyclables permet une utilisation efficace et effective des ressources naturelles. Les avantages du recyclage sont obtenus en détournant les matériaux du flux de déchets au profit d'une installation de recyclage.
Un produit recyclable peut être retourné ou retransformé en un matériau neuf. Cependant, un produit n'est pas recyclable uniquement parce que le matériau est techniquement recyclable ou qu'on s'attend à ce qu'il le soit dans l'avenir. Les programmes et les installations de recyclage varient selon les régions. Un produit ne peut être déclaré recyclable que si le tiers de la population a accès à des installations de recyclage ou à des points de collecte.
Lorsqu'un produit est fabriqué à partir de plusieurs matériaux, il doit être conçu de façon à faciliter le recyclage par le démontage et l'identification des matériaux. Par exemple, les pièces en plastique devraient contenir des codes de tri du plastique. Il faudrait également joindre des instructions expliquant la façon de démonter et de trier les différents composants pour les incorporer aux systèmes de recyclage.
8.7 Processus de gestion des déchets de CRD
Comme c'est le cas pour la plupart des exigences d'un projet, la gestion des déchets devrait refléter la nature du projet et son importance. Les petits projets auront moins d'espace d'entreposage sur le chantier, de moins gros volumes de déchets et pourront se dérouler dans des locaux occupés. Par ailleurs, les grands projets réunissent plusieurs sous-traitants, produiront des quantités considérables de déchets de même nature et sont soumis à des contraintes de conception. En outre, dans les projets avec des délais très courts, il peut être difficile de mettre en oeuvre des stratégies de gestion des déchets, alors que ce sera plus facile avec des projets dont les délais sont prolongés indéfiniment, auquel cas, la gestion des déchets n'aura aucune influence sur le déroulement du projet. Les évaluations préalables sont une étape importante pour comprendre l'effort qu'il faudra fournir et le temps nécessaire pour réaliser les projets. Dans de petits projets, on peut atteindre les mêmes objectifs de détournement des déchets par une vérification sommaire et un plan de travail réduit, alors que, souvent, les grands projets exigent une évaluation plus détaillée.
À cette étape initiale, un autre élément très important est l'engagement du locataire ou du propriétaire. Certains clients doivent suivre de près les progrès réalisés et produire des rapports d'avancement des travaux. Cela permet d'effectuer une surveillance plus détaillée sur le chantier et d'élaborer un meilleur programme d'appui que dans le cadre de projets simplement axés sur des objectifs minimaux.
Le travail en équipe est essentiel au succès d'un projet de CRD respectueux de l'environnement. Une bonne communication et une collaboration entre les concepteurs, les spécialistes en efficacité énergétique et en conservation de l'eau ainsi que les employés dans d'autres bâtiments permettent d'agir avec plus d'efficacité, d'éviter un dédoublement des efforts et jettent les bases d'une coopération future. Grâce à la communication, les membres de l'équipe pourront coordonner les travaux à venir avec les activités de rénovation ou de démolition en cours.
Dans les conditions générales du contrat, il faut incorporer un résumé de la vérification des déchets et du plan de réduction fondé sur les résultats de la vérification. Les clauses doivent faire ressortir les économies à réaliser par la gestion des déchets, mais doivent également comprendre des plans de gestion des déchets sur le chantier et des exigences de surveillance et de production de rapports. Cette information doit être fournie à titre de guide à l'entrepreneur et le plan de travail doit contenir des recommandations. En effet, les résultats de la vérification et le plan de travail sont des estimations qui ne peuvent tenir compte de toutes les conditions propres à un chantier donné. L'entrepreneur ne devrait pas être tenu responsable de conditions ou de problèmes imprévus qui ralentiraient le rythme de réduction des déchets et de récupération des matériaux. Ces imprévus doivent toutefois être appuyés par des preuves expliquant l'écart avec les prévisions et permettre d'effectuer de meilleures prévisions pour l'avenir.
La vérification des déchets est intégrée dans le processus de conception et de mise en oeuvre du projet. Les modifications au projet sont présentées ci-dessous :
Demande de propositions : La demande de propositions visant une firme d'experts-conseils principale doit comprendre, dans le contrat de base, l'exigence d'inclure dans l'équipe un spécialiste en gestion des déchets et de prescrire des matériaux écologiques, le cas échéant. Des sections supplémentaires devraient prévoir une souplesse nécessaire pour adapter les exigences de gestion des déchets aux recommandations formulées par le spécialiste en gestion des déchets dans le rapport sur la vérification des déchets de CRD, le plan de travail ou le rapport sur la gestion des déchets.
Firme d'experts-conseils principale : La firme aura recours à un spécialiste interne ou à un sous-traitant pour exécuter la vérification des déchets et mettre en oeuvre le plan de travail pendant toute la durée du projet.
Spécialiste en gestion des déchets : Chargé de l'élaboration de la vérification des déchets et du plan de travail et, dans la plupart des cas, sera également responsable de la mise en oeuvre et du suivi du plan de travail.
Gestion des déchets : Comprend la vérification des déchets en vue d'établir les types et les quantités de matériaux et de déchets prévus, l'élaboration du plan de réduction, de réutilisation et de recyclage de ces matériaux, la surveillance des déchets et la communication des réussites.
Concepteurs du projet : Prévoiront la vérification des déchets au début de cette étape de façon à incorporer au projet la réutilisation des matériaux ou la réduction des déchets. Cela est particulièrement important à l'étape de la construction.
Documents de construction : Doivent comprendre le plan de réduction des déchets et le devis, inclure des clauses environnementales visant l'approvisionnement et la gestion des déchets.
Administration du marché : Comprend la communication des directives à l'entrepreneur principal, la mise en oeuvre et le suivi du plan de travail ainsi que la production des rapports.
Entrepreneur principal : Ultime responsable du respect de la réglementation et de la conformité aux prescriptions.
L'équipe du projet ne doit pas oublier que la gestion des déchets dans des projets de CRD est un domaine relativement nouveau pour la plupart des entrepreneurs. Comme c'est le cas pour la prestation de n'importe quel service, il est essentiel de décrire clairement les exigences du projet dans les documents de soumission pour que les personnes visées et le client soient conscients de leurs responsabilités, des produits à livrer et des résultats attendus. Le client parviendra à réaliser des économies importantes si le dossier d'appel d'offres démontre clairement que la récupération des matériaux est possible.
8.8 Intégrer la gestion des déchets de CRD
La présente partie donne un aperçu de la façon d'élaborer et d'incorporer un programme de réduction et de récupération des déchets dans un projet.
Planification
La gestion des déchets de CRD devrait être incorporée dans tous les projets. À l'interne, il suffit d'introduire des exigences d'ordre environnemental à chaque demande de propositions. Par exemple, on peut exiger qu'un spécialiste des déchets participe à l'équipe du projet de même que des personnes ayant une expérience de la réutilisation et du recyclage qui sont déterminées à collaborer à l'élaboration d'une stratégie de réduction des déchets.
L'équipe du projet devrait s'assurer que le calendrier prévoit suffisamment de temps pour les activités de tri et de récupération du maximum de matériaux. Ces activités peuvent prendre un plus grand nombre d'heures-personnes comparativement à la démolition traditionnelle dans laquelle très peu de récupération n'est effectuée.
Les concepteurs devraient être informés des objectifs de réduction des déchets dès l'étape de la planification. Leur participation permettra d'introduire dans la conception certains éléments visant à réduire la production de déchets de futures projets de rénovation. Les concepteurs devraient être encouragés à utiliser le plus possible des matériaux dimensionnés et à inclure des systèmes de conception modulaire. Ils devraient également suggérer l'utilisation de produits recyclables, réutilisables, remis à neuf ou remanufacturés.
Vérification des déchets
Le but d'une vérification des déchets de construction, de rénovation ou de démolition est de reconnaître les types et les quantités de matériaux de rebut qui seront produits. Les règlements des 3R de l'Ontario définissent les matériaux qui doivent faire l'objet d'une vérification des déchets.
Pour les projets de construction, ce sont :
- la brique et le béton de ciment Portland;
- le carton ondulé;
- les cloisons sèches non peintes;
- l'acier (c.-à-d. les conduits en tôle, les cadres, les poteaux);
- le bois (y compris le bois peint, traité ou stratifié).
Pour les projets de démolition, ce sont :
- la brique et le béton de ciment Portland;
- l'acier;
- le bois (sauf le bois peint, traité ou stratifié).
Cependant, il y a souvent des quantités importantes d'autres matériaux compris dans la vérification des déchets, notamment :
- les plastiques rigides, les pellicules de plastique et les emballages en polystyrène;
- les palettes d'expédition en bois;
- les portes et la quincaillerie;
- le calorifugeage;
- les carreaux de plafond;
- la quincaillerie de finition comme les tringles à rideaux;
- les restants de peinture;
- la moquette et les planchers de bois franc;
- les vitrages de fenêtres
- les vitrages de fenêtres.
Tous ces matériaux peuvent être calculés à l'aide des plans d'étage, du devis, pendant des visites sur le chantier ou des entrevues. Pour certains projets, comme la démolition de vieux bâtiments, il est possible que les plans d'étage ne soient pas disponibles. Si c'est le cas, il faudra peut-être enlever des portions des matériaux de surface comme les plaques de plâtre et les carreaux de plafond, pour vérifier les matériaux sous-jacents comme les poutres, l'isolation et l'insonorisation.
Les quantités de matériaux sont habituellement estimées en unités de volume fondées sur les dimensions hors-tout du bâtiment, les composants structuraux et l'ensemble dont ils font partie. Cependant, la quantité de déchets détournés est habituellement exprimée en unités de poids. Pendant la vérification, on doit utiliser des facteurs de conversion pour convertir les volumes de matériaux en poids. Les facteurs de conversion figurent dans les règlements 3R de l'Ontario et dans les publications d'architecture et génie.
Il faut prendre note que la vérification des déchets n'a pas pour objet d'identifier, de quantifier ni d'évaluer les déchets dangereux comme les ballasts contenant des BPC ou la peinture au plomb. Elle ne vise pas non plus à fournir des directives de manutention de ceux-ci. Tout ce qui a trait à la manutention des matières dangereuses doit être traité dans une évaluation environnementale ou un rapport spécial sur les substances désignées.
Plan de réduction des déchets
Le but d'un plan de réduction des déchets est d'établir de quelle façon on peut réduire les déchets et d'expliquer les options de récupération des déchets répertoriés pendant la vérification. Les mesures mentionnées dans le plan de réduction des déchets devraient respecter la hiérarchie des 3R, soit réemployer, recycler et réduire, d'après l'ordre des priorités établi. Voici une description des options de réutilisation, de recyclage et de réduction des déchets de CRD.
Réutilisation
Les matériaux peuvent être réutilisés de plusieurs façons. Une fois de plus, une bonne planification du projet aidera à mettre en oeuvre un programme efficace de réduction et de récupération des déchets.
Dans les projets de construction, il est possible d'introduire, à l'étape de la conception, des matériaux récupérés dans d'autres projets. Ceux-ci peuvent être réutilisés sur le chantier même ou à l'extérieur, ou pour des applications semblables à leur usage d'origine ou qui en diffèrent. Les entrepreneurs peuvent réemployer des matériaux comme des poteaux métalliques et de l'isolant en fibre de verre récupérés d'un projet A pour reconstruire et isoler de nouveaux murs dans le cadre du même projet, ou bien, ils peuvent utiliser des blocs de béton endommagés provenant du projet B comme matériau de remblai pour le projet C.
Dans les projets de démolition, une planification adéquate de la déconstruction peut permettre de récupérer des matériaux sous une forme réutilisable. Les entrepreneurs peuvent détourner les matériaux des sites d'enfouissement en les acheminant à des installations de récupération de matériaux de construction pour qu'ils soient réutilisés par des tiers. Si on opte pour cette solution, le plan de réduction des déchets devrait comprendre une liste des utilisateurs externes potentiels. Si ceux-ci sont identifiés, on préconise de demander des lettres d'intention. Ces lettres devraient inclure l'éventuel prix d'achat, les quantités minimales et les détails concernant la manutention et l'expédition, le cas échéant.
Lors de la communication avec les utilisateurs potentiels, il est important de préciser le type de matériaux, le volume, le poids et l'état. L'entreposage sur le chantier et les limites imposées par la manutention ainsi que les calendriers de construction et de démolition.
Beaucoup d'ensembles comme les cloisons démontables comprennent divers composants comme des cadres métalliques, des moulures en plastique et des panneaux muraux en plaques de plâtre. Ces ensembles peuvent être démontés et les éléments constitutifs utilisés individuellement. Cependant, la réutilisation d'un élément peut, bien souvent, nuire à la réutilisation des autres. Pour cette raison, on recommande de considérer les éléments comme formant un tout. En conservant l'intégrité du système, on a de meilleures chances de trouver des débouchés pour le produit et on peut réduire énormément les frais de transport et les redevances de déversement dans les sites d'enfouissement.
Recyclage
Les matériaux ne peuvent pas toujours être réemployés. Si c'est le cas, il est possible de détourner les déchets des décharges en les recyclant.
Le plan de réduction des déchets doit également identifier les matériaux qui peuvent être recyclés et comprendre une liste des entreprises de recyclage. Lorsqu'on communique avec celles-ci, il est important de préciser le type, le volume et le poids des matériaux en cause. Le plan de travail devrait également indiquer s'il y a des dépôts sur le chantier et des contraintes sur le plan de la manutention et de l'échéancier du projet. On conseille également que les entreprises de recyclage rédigent une lettre d'intention indiquant le prix d'achat éventuel, les quantités minimales acceptées et les détails concernant la manutention et l'expédition.
Il faut prendre note que, d'habitude, les entreprises de recyclage paient davantage pour des matériaux triés non contaminés que pour des matériaux contaminés.
Réduction
La quantité de matériaux produits dans un projet de démolition est proportionnelle à l'étendue des travaux.
Un projet de démolition offre peu de possibilités de réduire les déchets, par conséquent les commentaires ci-dessous visent les projets de construction. Les mesures de réduction des déchets touchent directement la quantité de ressources qui sont utilisées et les quantités de déchets produits pendant un projet. C'est à l'étape de la conception, et en raison de la nature même de celle-ci, que le plus grand nombre de possibilités de réduction des déchets se présentent. Même s'il est utopique de penser éliminer complètement les déchets, à cause des coûts de cette opération et des contraintes conceptuelles, une bonne planification initiale peut assurer que les dimensions des éléments structuraux correspondent aux dimensions standard des matériaux de construction. Cela permet non seulement de réduire la quantité de déchets produits mais aussi de diminuer les coûts de main-d'oeuvre.
La réduction des déchets peut être réalisée si les entrepreneurs deviennent responsables des déchets qu'ils produisent. Dans ces conditions, les entrepreneurs tenteront de réduire au minimum leurs déchets pour conserver leurs marges bénéficiaires. Une autre méthode de réduire les déchets produits sur un chantier est de mettre en place une politique de consigne des emballages. Une disposition des contrats d'achats pourrait stipuler que les emballages peuvent être retournés dans les camions de livraison vides ou à une date ultérieure.
Voici quelques méthodes permettant de réduire les déchets sur les chantiers de construction :
- des plans de charpente détaillés permettant l'utilisation optimale de matériaux grâce à des métrés précis;
- diminuer les tolérances de production de déchets du 10 % habituel à 5 % (ce qui est plus responsable);
- donner des instructions précises aux ouvriers de façon à ce qu'ils sachent quels matériaux utiliser pour certains éléments de la charpente;
- prescrire des produits durables comme du bois de construction séché au séchoir qui a moins tendance à gauchir sur le chantier;
- prescrire des matériaux pré-coupés pour réduire au minimum la coupe sur le chantier et le gaspillage;
- livrer les matériaux au fur et à mesure des besoins pendant la construction - de cette façon, moins de matériaux seront gaspillés à cause des intempéries, d'un entreposage inadéquat ou de dommages survenus sur le chantier;
- demander à l'entrepreneur d'inspecter les matériaux livrés et retourner immédiatement ceux qui sont endommagés;
- préférer les fournisseurs qui offrent un crédit pour les matériaux non utilisés;
- entreposer les matériaux sur une surface plane et surélevée par rapport au niveau du sol;
- les matériaux devraient être protégés des intempéries;
- choisir des fournisseurs qui récupéreront leurs emballages;
- incorporer dès la conception l'emploi d'éléments préfabriqués;
- prescrire l'achat de matériaux en vrac pour réduire au minimum les déchets d'emballages;
- faire l'inventaire des matériaux en surplus de façon à commander dans l'avenir des quantités appropriées aux besoins.
Mise en oeuvre du plan de réduction des déchets et du programme de recyclage
L'équipe de projet devrait également préciser clairement qui est responsable de la mise en oeuvre du plan de réduction des déchets. Il incombe à l'entrepreneur général d'assurer que les sous-traitants respectent les dispositions des documents d'appel d'offres, y compris toutes les mesures de réduction et de récupération des déchets qui sont prescrites. L'équipe du projet doit également veiller à ce que l'entrepreneur général informe les sous-traitants des diverses possibilités de réduction et de récupération des déchets.
Le gestionnaire de projet devrait nommer un facilitateur pour le projet. Cette personne sera chargée d'aider l'entrepreneur général et les sous-traitants à mettre en oeuvre le plan de réduction des déchets pendant toute la durée du projet. Elle devra s'assurer que les mesures de réduction et de récupération des déchets sont les plus simples possible. Plus précisément, ses tâches se définissent de la manière suivante :
- rencontrer l'entrepreneur retenu afin de passer en revue les dispositions visant la réduction et la récupération des déchets et répondre aux questions éventuelles;
- fournir des listes de contrôle au gestionnaire du projet et à l'entrepreneur général afin de les aider à mettre en oeuvre le programme (figurant en annexe à la partie Documents de référence);
- fournir des formulaires de suivi d'élimination pour faciliter la production de rapports. Le gestionnaire de projet peut suivre de près la destination des matériaux éliminés à l'extérieur du chantier pour que l'esprit du projet soit respecté. Grâce à ces rapports, il pourra, à l'achèvement du projet, fournir les données nécessaires à l'étude de cas;
- offrir un soutien par téléphone à l'entrepreneur général pendant la démolition de façon à régler rapidement les problèmes et ainsi respecter l'esprit et l'échéancier du projet.
Le facilitateur peut être l'une des personnes suivantes selon la nature du travail et l'envergure du projet :
- un spécialiste des déchets engagé à contrat;
- un membre de l'équipe de la firme d'experts-conseils principale;
- un spécialiste des déchets engagé par la firme d'experts-conseils principale;
- un membre expérimenté de l'équipe de l'entrepreneur général.
Les documents de soumission doivent indiquer clairement si un facilitateur a été engagé pour le projet, donner son nom et décrire son rôle.
8.9 Mesure et documentation de la réussite en matière de détournement des déchets de l'élimination
La réussite d'un projet de réduction et de récupération des déchets de CRD devrait être communiquée aux employés, aux clients et aux locataires. Cette étape est très importante puisque le succès d'un projet en cours, particulièrement lorsque des économies sont réalisées, pourrait aider à la promotion de cette approche pour de futurs projets de construction ou de rénovation.
La façon la plus efficace de communiquer la réussite de projets de gestion des déchets de CRD est de préparer un rapport de réussite. On recommande, lorsqu'il s'agit de grands projets par étapes, que la firme d'experts-conseils principale produise un rapport de fin d'étape de sorte qu'on puisse appliquer les recommandations aux étapes suivantes. Cela permet d'améliorer constamment le processus et de ne pas rater d'occasions importantes. Un rapport de réussite de la gestion des déchets devrait comprendre les renseignements suivants :
- résumé du poids et du volume des matériaux qui ont réellement été produits pendant le projet;
- résumé du poids et du volume des matériaux détournés du flux des déchets, réemployés et recyclés;
- résumé des coûts de gestion des déchets, notamment les coûts de main-d'oeuvre additionnels et les coûts d'expédition et les économies réalisées ainsi que les coûts et les économies liés à l'élimination des déchets.
Le facilitateur devrait comparer ces données quantitatives provenant des fiches de suivi et d'entrevues avec l'entrepreneur général, avec les données des rapports de vérification des déchets. L'emploi de fiches de suivi des déchets est essentiel pendant le projet. Le facilitateur devra s'assurer que les fiches sont signées par le conducteur du camion et la personne qui reçoit les matériaux au centre de recyclage. Le facilitateur devrait expliquer les écarts importants entre le poids et le volume des matériaux figurant sur le rapport de vérification des déchets et le poids et le volume réels des matériaux. Cela permettrait d'améliorer ultérieurement le processus et de déterminer des mesures correctrices pour l'avenir.
D'après les observations du facilitateur, le rapport devrait également contenir les données qualitatives suivantes :
- l'état des matériaux réutilisables et recyclables après l'expédition ou à la réception
- les réactions de l'entrepreneur général et des sous-traitants, y compris les critiques et les suggestions formulées;
- un résumé des problèmes qui se sont produits et des solutions éventuelles;
- la réaction du marché local;
- une liste de recommandations pour des projets futurs.
Le gestionnaire de projet devrait mentionner, dans les demandes de propositions, l'obligation de recueillir ces données quantitatives et qualitatives et de les incorporer au rapport de mesure du succès. Les données nécessaires seront ainsi recueillies tout au long du projet.
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