L'incendie de 1916
À 20 h 37, le 3 février 1916, l'alarme était donnée : il y avait un incendie à l'édifice du Centre. Le lendemain matin, cet immeuble était une ruine incrustée de glace qui fumait encore. Seule la bibliothèque avait survécu grâce à la prévoyance du bibliothécaire Alpheus Todd, qui avait exigé des portes coupe-feu en fer, et à la présence d'esprit du commis « Connie » MacCormac, qui les avait fait fermer avant d'évacuer l'immeuble.
C'était incroyable. D'un bout à l'autre du pays, la nouvelle a fait la manchette : « Les édifices du Parlement sont détruits par un incendie », « Les édifices du Parlement n'existent plus ». En fait, les édifices administratifs étaient intacts et la bibliothèque avait été sauvée, mais la perte subie était bien assez grave. Comment cela avait-il pu se produire? Presque immédiatement, l'hypothèse qu'un espion avait délibérément mis le feu à l'immeuble a été émise, mais la réalité s'est avérée beaucoup moins sinistre.
Ce soir-là, un monsieur qui se trouvait dans la salle de lecture de la partie nord-ouest de l'édifice s'est rendu compte que quelque chose, probablement un cigare, était en train de se consumer dans une corbeille à papier, comme cela se produisait très souvent. Lorsqu'il a quitté la pièce, il en a informé un commis, mais il était déjà trop tard. La braise s'était allumée et le feu se répandait à une vitesse étonnante. La pièce lambrissée de bois était jonchée de journaux et de revues. Au bout de quelques minutes, les flammes ont envahi les couloirs et la fumée a commencé à envahir l'édifice. L'intérieur de l'édifice du Centre était revêtu de bois, les murs venaient d'être huilés et le plancher était vernis. Cela n'aurait pas pu être pire.
La Chambre siégeait ce soir-là. Soudainement, les portes de la salle se sont ouvertes violemment et un commis hors d'haleine a annoncé que l'édifice était en feu. Il a ensuite présenté ses excuses à la Chambre pour son comportement abrupt, mais, apparemment, quelques-unes des personnes présentes ne comprenaient toujours pas l'urgence de la situation. Des femmes qui se trouvaient dans la galerie sont retournées pour prendre leurs manteaux de fourrure et ont péri.
Le premier ministre Robert Borden, qui était dans l'un des bureaux quand il a été alerté, s'est échappé en rampant à quatre pattes le long des couloirs. D'autres ont formé des chaînes humaines pour trouver leur chemin à travers l'épaisse fumée. Certains se sont arrêtés brièvement pour empoigner des meubles, des oeuvres d'art ou des papiers. Cette nuit-là, le portrait de la reine Victoria qui est suspendu dans l'actuelle Chambre des communes, a été sauvé des flammes pour la seconde fois. Lorsque l'incendie s'est intensifié, des parties de l'édifice ont commencé à s'effondrer et l'on a craint qu'il y ait des victimes sous les décombres.
Le feu éclairait le ciel nocturne et la ville, horrifiée, contemplait le spectacle. D'une fenêtre du troisième étage d'un immeuble situé à quelques rues de là, la petite fille de Thomas Fuller assistait à la destruction du chef-d'oeuvre de ce dernier. Peu de temps après minuit, la cloche de la tour Victoria s'est écrasée au sol. Un vent fort soufflait du nord-ouest cette nuit-là. Il s'est emparé des flammes à l'ouest de la bibliothèque et les a propagées en direction du Sénat.Les pompiers ont travaillé toute la nuit pour maîtriser l'incendie. Au moment où ils semblaient avoir réussi, le feu s'est soudainement ranimé dans le Sénat. Le lendemain, il brûlait encore.
Le jour s'est levé sur une scène de dévastation. Il y avait, ça et là, des piles de meubles sauvés des flammes. Des groupes de pompiers frissonnants se réchauffaient les mains sur des tasses de café fumant. L'imposante silhouette de la bibliothèque était enveloppée dans une fumée qui s'élevait en volutes et les ruines de l'édifice du Centre étaient recouvertes d'une couche de glace.
Avant même que l'incendie soit maîtrisé, le premier ministre Borden et son cabinet se réunissaient au Château Laurier pour faire des projets. Il fallait trouver des locaux temporaires pour le Parlement jusqu'à ce que l'édifice du Centre soit reconstruit. Le gouvernement devait se remettre au travail sans perdre de temps. Nous étions en temps de guerre et le pays avait besoin de savoir que ses dirigeants avaient la situation en main.
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