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Mai/Juin 2003
Vol. 35, no 3
ISSN 1492-4684

SAVOIR FAIRE :
La guerre française et indienne

Sandra Bell, Services de la recherche et de l'information

William Fowler fils, directeur de la Massachusetts Historical Society, historien, professeur et auteur de plusieurs livres sur l'histoire américaine, s’est adressé à un groupe enthousiaste, le 18 février 2003, sur son dernier sujet de recherche, la guerre française et indienne.

La guerre française et indienne (1754-1763) fut une série de conflits entre Français et Anglais pour la maîtrise de l'Amérique du Nord. M. Fowler a fourni à son auditoire une chronologie, un contexte et une analyse des principaux événements.

La guerre française et indienne porte plusieurs noms, dont la guerre pour l'Empire, la guerre de Sept Ans et la guerre de la conquête. M. Fowler a suggéré qu'elle pourrait aussi être appelée la Première Guerre mondiale, car le conflit couvrit le monde entier, de l'Europe aux Indes, des Antilles aux Philippines et de l'Amérique du Nord à l'Asie. La période vit aussi les hauts faits et les exploits de quelques personnages célèbres de l'histoire : George Washington, le général James Wolfe, le marquis de Montcalm et William Pitt. Elle vit aussi la bataille des Plaines d'Abraham, le 13 septembre 1759, une date significative dans l'évolution de notre pays, le Canada, une journée qui changea le cours de l'histoire sur le continent nord-américain.

Le contexte de la guerre française et indienne fut la rivalité entre la France et l'Angleterre. Après la Réforme, les deux pays empruntèrent des voies différentes : l'Angleterre est devenue protestante pendant que la France demeurait catholique romaine. Alors que les deux pays tentaient de faire des exploits outre-mer, aucun ne fut le premier à arriver dans le Nouveau Monde. D'autres États-nations telles que l'Espagne et le Portugal s'étaient déjà aventurés en Amérique du Nord. Toutefois, la rivalité entre les deux pays fut transférée dans le Nouveau Monde.

Leurs activités nord-américaines changèrent sensiblement. Les Anglais de l’Amérique du Nord attirèrent quantité de colons : commerçants, marchands et planteurs qui s'établirent dans des fermes et des plantations ainsi que dans des villes telles que Boston, Philadelphie et Charleston. La Grande-Bretagne a établi un empire commercial agressif s'enfonçant à l'intérieur des terres en Amérique du Nord. À l’opposé, la population de la Nouvelle-France était réduite et elle se concentra dans la vallée du Saint-Laurent. Les missionnaires et marchands de fourrures français furent dispersés à travers la région sauvage; toutefois, leur nombre était restreint et ils s'établirent rarement dans ces régions. De la même façon, l'empire français nord-américain restait uni par les cours d'eau – le Saint-Laurent, les Grands Lacs et la rivière Ohio reliant la Nouvelle-France et la Louisiane.

Tenant la balance du pouvoir entre ces deux groupes, et souvent piégés entre eux, se trouvaient les peuples autochtones. Les plus puissants formaient la Confédération iroquoise, comprenant les Mohawks, les Oneidas, les Onondagas, les Cayugas et les Sénécas, et les Cherokees dans le sud. Mais les Anglais et les Français se cherchaient des alliés autochtones pour les aider dans leurs accords et conflits respectifs.

Parallèlement au conflit Français-Anglais en Amérique du Nord, des guerres sévissaient en Europe, aux 17e et 18e siècles. Le conflit entre ces deux pays a aussi éclaté aux Indes. Alors que les compagnies de traite françaises et anglaises se faisaient compétition pour un appui local, des affrontements sont survenus sur les îles produisant du sucre dans les Antilles et la traite des esclaves noirs en Afrique. Au 18e siècle, le conflit en Amérique du Nord fut avivé par des personnalités dans le Parlement britannique (lord Halifax et le duc de Cumberland) qui pensèrent que la guerre était nécessaire pour agrandir l'empire commercial britannique. Les gouverneurs des colonies nord-américaines virent aussi l'action militaire comme un moyen de protéger leurs intérêts et agrandir leur territoire.

Des événements culminèrent dans le conflit pour la vallée supérieure de l'Ohio, stratégiquement importante. La construction de forts français et leur expansion motivèrent le gouverneur de la Virginie, Robert Dinwiddie, de prévenir les Français de leur intrusion dans le territoire réclamé par les Anglais. En 1754, il envoya des forces armées sous le commandement de George Washington pour les expulser. Les Français défirent les troupes de Washington qui furent forcées de se rendre. Les deux côtés se préparèrent subséquemment pour la guerre, et une série de batailles s'ensuivirent. Initialement, les Français furent victorieux, capturant Oswego en 1756 et Fort William Henry en 1757, mais la situation se renversa plus tard, se terminant par une victoire pour la Grande-Bretagne.

Les circonstances en Europe influencèrent les événements en Amérique du Nord. Un événement important fut l’ascension de William Pitt en 1757. Une partie de sa vision de la politique étrangère fut la conquête de l'Amérique du Nord et l'usage de ce continent comme force de levier pour gagner du terrain en Europe. Pitt chercha à utiliser la supériorité navale anglaise à son meilleur avantage dans la bataille. Suivant la stratégie de Pitt, la bataille des Plaines d'Abraham à Québec conduisit à une victoire britannique en 1759, une rencontre qui vit la mort des deux commandants célèbres, le général James Wolfe et le marquis de Montcalm. Mais cette bataille en elle-même ne signifia pas la fin de la Nouvelle-France. Plusieurs autres batailles suivirent. Les Anglais furent défaits à la bataille de Sainte-Foy en avril 1760. Plus tard, la même année, Montréal tomba aux mains des Anglais et, le 8 septembre 1760, les Français (sous Pierre de Rigaud Vaudreuil-Cavagnal) cédèrent la Nouvelle-France. Les Français concédaient en effet le Canada et tous leurs droits à l'est du Mississippi, y compris la vallée de l'Ohio.

À la fin de cette guerre, l'Angleterre s'était établie comme le plus grand empire au monde. Le Traité de Paris en 1763 confirma ce fait. La guerre lui laissa aussi une énorme dette nationale et un empire colonial plus complexe à administrer, un empire qui devait intégrer les Catholiques romains francophones. Une forme d'autoritarisme salutaire permettant la liberté de religion fut étendue. Les peuples autochtones, qui furent graduellement entourés d'une frontière agricole, virent diminuer leur pouvoir de négociation.

La guerre française et indienne a pavé la voie pour que l'Empire britannique domine le monde, avive la Révolution industrielle et crée le Canada. Elle mit aussi en place une série de conditions qui menèrent à la Révolution américaine. Son incidence sur l'histoire des deux pays, le Canada et les États-Unis, a duré jusqu'à ce jour.

Les collections de la Bibliothèque nationale comprennent plusieurs sources en anglais et en français à l’appui de la recherche portant sur la guerre française et indienne. Celles-ci peuvent être localisées dans AMICUS, le catalogue collectif national canadien, qui peut être consulté sans frais sur Internet à l’adresse amicus.nlc-bnc.ca/aaweb/amiloginf.htm

Vedettes-matières suggérées :

États-Unis—Histoire—1755-1763 (Guerre de Sept Ans)
États-Unis—Histoire—1755-1763 (Guerre franco-indienne)