C'est après de longues consultations auprès d'un groupe d'organisations non gouvernementales nationales oeuvrant dans le domaine du VIH/sida qu'a été déterminée l'affection des fonds. L'ordre de priorité sera revu chaque année pour s'assurer que l'argent est investi là où on en a le plus besoin. Les fonds affectés à la Stratégie appuieront les initiatives relatives au VIH/sida qui viennent compléter les activités déjà entreprises dans le cadre des mandats confiés à Santé Canada.
Les 42,2 millions de dollars affectés annuellement à la Stratégie canadienne sur le VIH/sida seront répartis de la façon suivante
Prévention |
3,9 millions $ |
Développement communautaire et soutien aux ONG nationales |
10,0 millions $ |
Soins, traitements et soutien |
4,75 millions $ |
Recherche |
13,15 millions $ |
Surveillance |
4,3 millions $ |
Collaboration internationale |
0,3 million $ |
Questions juridiques et éthiques et droits de la personne |
0,7 million $ |
Communautés autochtones |
2,6 millions $ |
Consultation, évaluation, suivi et présentation de rapports |
1,9 million $ |
Service correctionnel du Canada |
: 0,6 million $ |
Total |
42,2 millions $ |
Il convient de souligner que cet argent ne constitue pas la seule contribution du gouvernement fédéral. Des millions de dollars sont aussi versés chaque année dans le domaine du VIH/sida par le biais d'organismes comme l'Agence canadienne de développement international , le Conseil de recherches médicales et le ministère du Développement des ressources humaines.
i) Prévention
Actuellement, la prévention est le seul moyen de défense contre le VIH.
Les efforts déployés jusqu'à présent en matière de prévention ont permis de réduire l'infection à VIH chez un grand nombre d'hommes gais et ont eu un certain impact sur d'autres populations vulnérables. Ces groupes - les utilisateurs de drogues injectables, les Autochtones, les jeunes hommes gais, les femmes vulnérables sur les plans social et économique - où le taux d'infection croî t de plus en plus vite sont beaucoup plus difficiles à atteindre par le biais de programmes usuels de prévention.
Le coût monétaire de la prévention d'un cas de VIH/sida ne représente qu'une fraction du coût des traitements et des soins à dispenser à une personne infectée. Devant cette constatation et compte tenu de notre engagement à prévenir la souffrance humaine dans la mesure du possible, nos activités de prévention apparaissent comme l'un des éléments les plus importants de la Stratégie.
Pour empêcher la propagation du VIH, nous travaillerons de concert avec d'autres groupes pour :
ii) Développement communautaire et soutien aux organisations non gouvernementales nationales
Développement communautaire : Le développement communautaire est la pierre angulaire de toute action efficace dans le domaine du VIH/sida. Une grande partie des efforts déployés jusqu'à présent pour freiner la propagation du VIH par la prévention, les soins et le soutien sont le fait d'organismes sans but lucratif, qu'il s'agisse de groupes bénévoles ou de groupes communautaires. Le soutien fourni par le gouvernement fédéral a été essentiel à la mise en place et au maintien de cette infrastructure communautaire pancanadienne.
Dans le cadre de la nouvelle stratégie, des fonds seront fournis par l'intermédiaire du Programme d'action communautaire sur le sida (PACS) pour :
Soutien aux organisations non gouvernementales nationales : Il est essentiel d'avoir des organisations nationales fortes qui peuvent coordonner le vaste réseau de groupes communautaires qui existe au pays. Les fonds seront versés aux organisations nationales dont le mandat, au chapitre du VIH/sida, consiste essentiellement à :
iii) Soins, traitements et soutien
Les besoins en matière de soins, de traitements et de soutien pour les Canadiens et les Canadiennes vivant avec le VIH/sida sont grandissants. De plus en plus de gens sont infectés, et ces gens vivent de plus en plus longtemps. L'épidémie devient plus complexe, ce qui rend difficile la prestation de soins aux personnes infectées, et de soutien à leurs soignants. Ces personnes, qui se trouvent de plus en plus parmi les groupes sociaux, économiques et culturels marginaux, ont plus de difficulté à avoir accès aux services dont elles ont besoin pour faire face au VIH/sida.En tant que nation, nous sommes fiers du caractère universel de notre système de soins de santé et nous désirons le préserver. Notre engagement envers cet idéal se concrétisera par les soins, les traitements et le soutien que nous offrirons à tous ceux d'entre nous qui sont touchés par le VIH/sida.
Les consultations avec ceux qui travaillent dans le domaine du VIH/sida ont abouti à l'adoption d'une nouvelle approche. Les travaux qui font partie de cet élément visent à :
Pour parvenir à ces buts, un réseau d'information national sur les traitements contre l'infection à VIH et le sida sera mis à la disposition de la population canadienne et des intéressés partout dans le monde. On mettra en oeuvre un plan d'intervention pour lutter contre les obstacles au traitement et combler les lacunes dans les soins. Les connaissances acquises par ces activités aideront à cultiver les aptitudes nécessaires et à élaborer les stratégies voulues pour fournir des soins, des traitements et un soutien aux personnes infectées, à leur famille, à leurs amis et à leurs soignants. Il sera aussi essentiel de maintenir la qualité et l'exactitude des tests de dépistage du VIH réalisés en laboratoire.
Exemples d'importantes initiatives à entreprendre dans le domaine des soins, des traitements et du soutien :
La capacité d'une personne à combattre quotidiennement le VIH/sida dépend directement de sa santé psychologique et de son réseau de soutien. Dans le cadre de la nouvelle stratégie, on cherchera des moyens de promouvoir le mieux-être et d'améliorer la qualité de vie des personnes touchées tout au cours de leur existence, par la création d'environnements plus favorables. Les professionnels, comme les non-professionnels, auront accès à une formation plus appropriée, grâce à l'échange de l'information et au partage des ressources à l'échelle nationale. De plus, il faudra se pencher sur la pauvreté, les problèmes de logement, de malnutrition et les difficultés financières dans un cadre axé sur le VIH/sida et la santé mentale.
La recherche sur le VIH/sida continue de revêtir une importance cruciale, car il y a encore beaucoup à apprendre sur cette maladie complexe et sur les meilleurs modes d'intervention. Les efforts pour prolonger la durée de vie et réduire la mortalité commencent à porter fruit, et ils se poursuivront. Nous serons en mesure de mieux comprendre la dynamique entre les différents aspects de la maladie, soit les facteurs sociaux, économiques, médicaux et scientifiques. Nous développerons également nos connaissances et nos ressources de façon à pouvoir effectuer des recherches fructueuses nous permettant de mettre au point des traitements médicamenteux efficaces et d'évaluer l'efficacité de nos méthodes de prestation des traitements.
Le Programme de recherche misera sur la solide base érigée au cours des années précédentes et se donnera les objectifs suivants :
Des fonds seront alloués à des projets de recherche communautaire, à des recherches sur les Autochtones et à des études sociales et appliquées. De plus, nous financerons des projets de recherche sur les répercussions du VIH/sida sur le système de santé canadien et sur l'élaboration d'une politique en matière de santé. L'examen par les pairs continuera d'être un élément essentiel du financement de la recherche.
Des fonds affectés à la recherche continueront d'être dépensés dans les domaines biomédical et clinique et seront gérés conjointement par le Programme national de recherche et de développement en matière de santé, de Santé Canada, et le Conseil de recherches médicales du Canada.
Des études épidémiologiques seront aussi financées. Dans le cadre de la nouvelle stratégie, nous enquêterons sur les éclosions et les grappes de cas d'infection à VIH; nous développerons les connaissances sur l'épidémiologie du VIH en finançant diverses études; nous évaluerons l'ampleur de la co-infection par le VIH et le bacille tuberculeux au Canada; nous retracerons les expositions professionnelles et les autres expositions rares et élaborerons des méthodes pour les réduire; nous recueillerons et communiquerons des données épidémiologiques à nos partenaires, aux médias et à la population. Le Conseil ministériel sur le VIH/sida recevra également les dernières données épidémiologiques de façon à pouvoir donner des avis les plus éclairés possible.
Exemples d'importantes recherches à entreprendre :
Depuis 1983, la surveillance du sida a été le principal mécanisme pour suivre l'épidémie de sida. La déclaration rapide, exacte et continue des cas s'est révélée essentielle pour prévenir et restreindre les éclosions d'infection à VIH. Cependant, la stigmatisation, l'ostracisme et la peur persistent; les gens hésitent encore à divulguer leur séropositivité. Il est donc extrêmement difficile d'avoir des chiffres précis. L'amélioration de la surveillance se fera par tout un éventail de moyens, allant d'une meilleure communication et de systèmes de surveillance plus simples à une participation communautaire accrue, en passant par des analyses de tendances et des projections plus précises.
Exemples d'importantes initiatives de surveillance à entreprendre :
vi) Collaboration internationale
L'infection à VIH demeure un problème vraiment mondial qui ne connaît pas de frontières ni n'épargne aucun groupe. Pour des motifs autant éthiques que politiques et économiques, il est essentiel de contribuer à la base globale de connaissances et de permettre à d'autres de profiter de l'expérience et de l'expertise acquises au Canada.
Dans le cadre de la nouvelle stratégie, nous continuerons à collaborer à la lutte mondiale contre le VIH/sida en :
Exemples d'importantes initiatives de collaboration internationale à entreprendre :
- la création d'un comité de direction formé de représentants d'ONG canadiennes et d'autres organisations qui
s'intéressent aux questions du VIH/sida à l'échelle internationale afin d'améliorer la gestion stratégique des efforts de collaboration du Canada dans le domaine du VIH/sida sur la scène internationale;
- élaboration de politiques et mise en oeuvre de programmes pour le Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/sida, l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation panaméricaine de la santé;
- coordination et facilitation de la participation du Canada aux conférences internationales sur le VIH/sida.
vii) Questions juridiques et éthiques et droits de la personne
La peur, la stigmatisation et la discrimination sont encore omniprésentes dans le domaine du VIH/sida et créent des obstacles à une action efficace en matière de prévention, de soins, de traitements et de soutien.
Dans le cadre de la nouvelle stratégie, on continuera d'opter pour un financement ciblé de projets qui s'attaquent à des questions telles que :
Exemples d'importantes initiatives liées aux questions juridiques, éthiques et aux droits de la personne qui doivent être entreprises :
- création d'un cadre politique et d'un plan d'action pour les questions juridiques, éthiques et les droits de la personne, qui seront élaborés en collaboration avec le Conseil ministériel sur le VIH/sida et les intéressés.
Depuis 1984, le nombre de cas de sida chez les Canadiens et les Canadiennes autochtones ne cesse de croître, en particulier chez les femmes et chez les personnes de moins de 30 ans. Comme dans le cas des autres populations menacées par le VIH/sida, la clé de la prévention et du traitement réside dans les connaissances.
Dans le cadre de la nouvelle stratégie, des fonds seront prévus pour la création de partenariats avec les communautés autochtones afin de répondre aux besoins particuliers des Autochtones qui vivent à l'intérieur des réserves ou en milieu urbain. Les Autochtones doivent avoir les renseignements, les compétences et les moyens pour prévenir l'infection à VIH/sida et pour soigner et traiter les personnes infectées touchées dans leurs communautés. C'est une priorité qui demeurera constante dans la nouvelle stratégie.
Les initiatives déployées pour répondre aux besoins des communautés autochtones seront notamment les suivantes :
Exemples d'importantes initiatives à entreprendre chez les Autochtones :
- création d'un groupe consultatif national sur les Autochtones chargé de définir et de superviser les actions futures;
- aide apportée à la campagne d'éducation nationale sur le VIH/sida s'adressant en particulier aux Autochtones;
- élaboration de normes et de lignes directrices pour la prévention, les soins, les traitements et le soutien chez les Autochtones;
- élaboration et mise en oeuvre de programmes de formation destinés à des équipes en santé communautaire et portant sur la prévention de l'infection à VIH, les soins, les traitements et le soutien à l'intérieur des réserves.
ix) Consultation, évaluation, suivi et présentation de rapports
La Stratégie canadienne sur le VIH/sida est une énorme entreprise et elle doit être gérée de façon efficiente et efficace si nous voulons tirer le meilleur profit possible des fonds investis.
En conséquence, la nouvelle stratégie devra :
Exemples d'importantes initiatives de consultation, d'évaluation, de suivi et de présentation de rapports à entreprendre :
- appui fourni au Conseil ministériel sur le VIH/sida qui donnera des avis au Ministre concernant les aspects
pancanadiens du VIH/sida;
- appui fourni au Comité consultatif fédéral-provincial-territorial sur le VIH/sida;
- création et maintien d'une coalition nationale d'entreprises dans le domaine du VIH/sida afin de promouvoir et de
renforcer l'aide apportée par les entreprises dans la lutte contre le VIH/sida.
x) Service correctionnel du Canada
Le taux d'infection à VIH dans les établissements correctionnels au Canada est au moins 10 fois plus élevé que dans l'ensemble de la population. Au cours des dernières années, le nombre de détenus qui ont obtenu des résultats positifs au test de détection du VIH, dans les établissements relevant du Service correctionnel du Canada (SCC), a augmenté.
Les données montrent que certains détenus adoptent des comportements à haut risque (partage d'aiguilles, tatouages, relations sexuelles non protégées, etc.) pendant leur incarcération. D'où l'importance de continuer d'essayer de développer les compétences et les connaissances des détenus concernant la transmission du VIH et notamment de les préparer à leur réintégration dans la communauté.
La nécessité d'aborder expressément la question du VIH/sida en milieu carcéral est un important aspect de la Stratégie, qui vise en particulier à intervenir auprès des populations difficiles à atteindre et marginalisées.
Dans le cadre de la nouvelle stratégie, le Service correctionnel du Canada s'appuiera sur les réalisations passées et adoptera de nouvelles mesures pour :
Pour atteindre ces buts, tout un éventail d'initiatives seront élaborées et mises en place, avec une insistance particulière sur les éléments suivants : prévention et éducation; soins, traitements et soutien; surveillance; questions juridiques et éthiques et droits de la personne
Pour ce faire, le Service correctionnel du Canada examinera diverses possibilités en vue d'accroître les liens, d'établir des partenariats avec des organisations non gouvernementales et d'élaborer et de mettre en oeuvre un cadre de responsabilité pour mesurer et surveiller la qualité et le niveau de service fourni.
Exemples d'importantes initiatives du Service correctionnel du Canada : mise en oeuvre d'un programme national de traitement d'entretien à la méthadone dans les pénitenciers fédéraux; augmentation des efforts en vue de promouvoir le dépistage généralisé de l'infection à VIH dans les pénitenciers fédéraux; mise en oeuvre de programmes de formation et d'éducation par les pairs concernant le VIH/sida à l'intention des détenus.
Nous avons fait des progrès, mais une lourde tâche nous attend encore. En faisant participer toute la population canadienne et en demeurant souples face aux nouvelles formes que prendra l'épidémie, nous pouvons considérablement atténuer les effets du VIH/sida au Canada.
Il incombe à chaque individu, citoyen ou membre d'une organisation, d'aider à freiner et à prévenir la propagation du VIH/sida. Le gros du travail reste à faire. Nous devons unir nos efforts pour réaliser des progrès.
Allan Rock, ministre fédéral de la Santé, le 1 er décembre 1997