Version PDF (2,4 KB - 253 pages)
Introduction
1.1 Le contexte
1.2 Méthodologie
1.3 Contraintes du sondage
Résultats pour les membres des Premières nations
2.1 Connaissance et sensibilisation
2.2 Distanciation, risque et traitement du VIH/sida
2.3 Comportement sexuel
2.4 Stigmatisation liée au VIH/sida
2.5 Discrimination liée au VIH/sida
2.6 Degré d’aise avec les gens qui ont le VIH/sida
2.7 Sources d’information
2.8 Typologie des membres des Premières nations
Résultats pour les Métis
3.1 Connaissance et sensibilisation
3.2 Distanciation, risque et traitement du VIH/sida
3.3 Comportement sexuel
3.4 Stigmatisation liée au VIH/sida
3.5 Discrimination liée au VIH/sida
3.6 Degré d’aise avec les gens qui ont le VIH/sida
3.7 Sources d’information
3.8 Typologie des Métis
Résultats pour les Inuits
4.1 Connaissance et sensibilisation
4.2 Distanciation, risque et traitement du VIH/sida
4.3 Comportement sexuel
4.4 Stigmatisation liée au VIH/sida
4.5 Discrimination liée au VIH/sida
4.6 Indice de la discrimination
4.7 Degré d’aise avec les gens qui ont le VIH/sida
4.8 Sources d’information
4.9 Typologie des Inuits
ANNEXE A: Profiles
ANNEXE B: Questionnaire
L’Agence de santé publique du Canada (ASPC) a confié aux Associés de recherche EKOS le soin d’effectuer le présent sondage de suivi afin de dégager un tableau d’ensemble de la sensibilisation des Autochtones au VIH/sida, de leurs connaissances en la matière, de leurs attitudes et de leurs comportements, et pour isoler des tendances différentielles selon les sous-groupes, notamment dans l’ordre de la démographie et des attitudes. Le sondage avait aussi pour objet de contribuer aux activités de communication et de marketing social liées au VIH/sida, qui tendent à informer la population, à hausser son degré de sensibilisation et à réduire l’incidence de comportements susceptibles de faire contracter le virus. À l’exception d’un petit nombre de résultats, il existe des points de comparaison avec la population en général1 au cours de la période à l’étude.
Le sondage comportait 1597 entrevues complètes avec des Autochtones de plus de 15 ans, réalisées au téléphone en mars 2006. Elles se répartissent entre 985 entrevues avec des membres des Premières nations (dont 513 vivant dans une réserve et 472 vivant hors réserve); 408 entrevues avec des Métis et 204 avec des Inuits. La marge d’erreur2 pour l’échantillon des membres des Premières nations dans son ensemble est de +/-3,2 p. 100, alors qu’elle varie de 4,3 à 4,9 p. 100 pour les sous-groupes vivant dans une réserve ou hors réserve de même que pour l’échantillon des Métis. En ce qui concerne l’échantillon Inuit, la marge d’erreur s’établit à +/-6,9 p. 100.
Comme pour la population en général3 , la plupart des Autochtones estiment qu’ils sont renseignés ou assez bien renseignés au sujet du VIH/sida, quoique l’autoévaluation des connaissances soit sensiblement plus faible parmi les Inuits (dont 28 p. 100 disent qu’ils ne sont pas renseignés sur la maladie). Au moins les deux tiers des Autochtones savent que quand quelqu’un a le VIH/sida, son corps ne peut pas se défendre contre des maladies ordinaires, mais il demeure que certains ne le savent pas, et la proportion de ceux qui l’ignorent est un peu plus élevée parmi les membres des Premières nations et les Inuits. Un peu plus de la moitié savent qu’une personne peut avoir le VIH pendant dix ans ou plus sans développer le sida, mais un grand nombre n’en sont pas conscients. Plus des trois quarts des Autochtones comprennent, toutefois, que le sida est mortel et savent que le VIH/sida n’est pas guérissable.
Pour la plupart, les Autochtones sont à même d’identifier les modes de transmission du VIH. Ils savent en majorité, et sans aide, que le virus du VIH peut s’attraper lors de relations sexuelles non protégées. Près de la moitié de la population sait aussi – spontanément – que le contact par le sang (provenant, par exemple d’une plaie ouverte) peut transmettre le virus, bien que cette connaissance soit plus faible parmi les Inuits. Si on les guide, la plupart des Autochtones reconnaissent aussi que le partage de seringues servant à l’injection de drogue de même que la fellation non protégée mettent une personne en danger de contracter le VIH, que le VIH peut se transmettre de la mère à l’enfant pendant la grossesse ou, encore, au moyen du tatouage ou du perçage de parties du corps. Ils sont entre un Autochtone sur dix et un sur trois à croire que le VIH peut s’attraper par un baiser, une piqûre de moustique, à cause d’un éternuement ou de la toux, par un contact occasionnel ou un contact avec des objets comme une fontaine d’eau potable ou une toilette.
La vaste majorité des Autochtones savent qu’une analyse sanguine constitue un moyen de diagnostiquer le VIH/sida. Toutefois, près de la moitié des Autochtones croient que le VIH/sida peut être diagnostiqué lors d’un simple examen médical et ils sont de un sur cinq à un sur sept à croire aussi qu’on peut s’autodiagnostiquer.
De façon spontanée, les Autochtones ne sont pas aussi susceptibles que la population en général4 de nommer un groupe particulier comme étant «à risque» de contracter le VIH/sida. Bien que les hommes gais et les consommateurs de drogue par injection soient mentionnés entre une fois sur dix et une fois sur cinq, la catégorie des Autochtones et celle appelée «tout le monde» sont tout aussi susceptibles de l’être. Les personnes ayant des relations sexuelles non protégées, les travailleurs et travailleuses du sexe ainsi que les jeunes sont encore moins susceptibles que les autres groupes d’être des exemples qui viennent immédiatement à l’esprit en tant que groupes à risque. Entre le tiers et la moitié des répondants n’ont pas pu nommer de groupe à risque particulier.
Les résultats laissent entendre que les Autochtones sont conscients du fait que le VIH/sida peut affecter n’importe qui. Ils sont entre un sur dix et un sur trois à croire que le VIH/sida est surtout une maladie du tiers monde, une maladie d’homosexuels ou une maladie de drogués. Une majorité écrasante d’Autochtones estiment que le VIH/sida demeure encore de nos jours un problème assez ou très sérieux au Canada. En particulier, les Autochtones savent de plus en plus que les jeunes Autochtones (notamment les jeunes femmes, de l’avis des Inuits) forment un groupe à risque d’attraper le VIH/sida. Une forte majorité d’Autochtones qualifient de faible leur propre risque de contracter le VIH, bien que l’impression d’être à risque est un peu plus élevée parmi les Inuits en particulier (comparativement aux autres Autochtones).
Comme pour la population en général, la plupart des Autochtones déclarent avoir été actifs sur le plan sexuel dans les 12 derniers mois. Parmi ceux qui l’ont été, une vaste majorité n’ont eu qu’un seul partenaire mais ils sont près d’un sur cinq à avoir eu des relations sexuelles avec deux partenaires ou plus, ce qui est légèrement plus que pour l’ensemble de la population en général, et ils sont plus nombreux encore (entre le quart et le cinquième) à avoir eu des partenaires occasionnels.
La proportion d’Autochtones qui connaissent ou ont connu quelqu’un ayant le VIH/sida est supérieure à celle de la population en général (52 p. 100 comparativement à 37 p. 100 de la population en général, bien que cette proportion diffère chez les Inuits où 35 p. 100 déclarent connaître une personne qui a le VIH/sida. Environ la moitié de ceux qui connaissent ou ont connu quelqu’un ayant le VIH/sida pensent que cela n’a pas beaucoup ou pas du tout eu d’effet sur leur comportement à l’égard de cette personne. Ceux qui déclarent un changement de comportement sont assez peu nombreux à affirmer avoir eu un comportement négatif à l’égard des personnes de leur connaissance qui ont le VIH/sida, et la plupart déclarent un changement positif, comme une sympathie accrue, une plus grande sensibilisation au VIH/sida ou plus de soutien apporté à cette personne.
Bien que les Autochtones se pensent très disposés à venir en aide à quelqu’un qui aurait le VIH/sida, leur soutien s’affaiblirait s’il s’agissait de relations distantes et, en particulier, s’il y avait un enfant en cause. Les Autochtones sont plus nombreux à croire qu’ils réagiraient avec compassion s’ils découvraient qu’un bon ami a le VIH/sida, soit un taux de compassion plus fort que pour un collègue. Un élève qui fréquente la même école que leur enfant ou le propriétaire d’un dépanneur pourraient s’attendre à du soutien de la part d’un peu plus de la moitié de la population. Dans chaque cas le degré de compassion est de dix à quinze points de pourcentage inférieur à celui de la population en général5 . Près de la moitié des Autochtones s’accordent à dire que les gens qui ont le VIH/sida devraient pouvoir servir le public en qualité de coiffeur et près du tiers pensent que les gens qui ont le VIH/sida devraient pouvoir exercer les fonctions de dentiste, ce chiffre étant encore plus bas parmi les membres des Premières nations. En outre, plus de la moitié de la population autochtone se sentirait assez ou très mal à l’aise si un ami intime ou un membre de la famille fréquentait quelqu’un qui a le VIH/sida, et plus du tiers se sentirait mal à l’aise de travailler dans un bureau où quelqu’un a attrapé le VIH/sida ou de faire ses emplettes dans un dépanneur dont le propriétaire a le VIH/sida.
Les Autochtones ne sont toutefois qu’une minorité à dire qu’ils ne pourraient pas demeurer ou devenir amis avec quelqu’un qui a le VIH/sida ou à penser que les gens qui attrapent le VIH/sida à cause du sexe ou de la drogue ont ce qu’ils méritent. En outre, bien que les Autochtones se montrent ambigus quant à leur tolérance au sujet d’un contact direct avec les gens qui vivent avec le VIH/sida, ils sont peu nombreux à éprouver des sentiments très négatifs à l’égard de ces personnes : la plupart des Autochtones ne ressentent pas de crainte, de colère ou de dégoût à l’égard des gens qui vivent avec le VIH/sida.
Parmi les divers facteurs à l’étude, le caractère mortel du VIH/sida est perçu comme celui qui a le plus d’effet sur le degré de malaise que le public éprouve devant cette maladie (de 64 à 72 p. 100 y attribuent une influence majeure). Parmi les autres facteurs qui exercent beaucoup d’influence sur le malaise du public, plus de la moitié des Autochtones mentionnent l’association entre le VIH/sida et certains comportements comme le vagabondage sexuel (62 à 69 p. 100), la consommation de drogue par injection (55 à 65 p. 100) et l’association entre le VIH/sida et l’homosexualité (50 à 52 p. 100). Les Autochtones ne sont qu’un peu moins portés à penser que les gens sont mal à l’aise à l’égard du VIH/sida parce qu’ils associent cette maladie à certains groupes comme les drogués ou les hommes gais, ou qu’ils sont influencés par la crainte d’être infectés lors d’un contact occasionnel.
Les Autochtones sont d’avis que l’intolérance et la stigmatisation associées au VIH/sida ont d’importantes répercussions sur les personnes atteintes : la majorité des Autochtones pensent que les gens ne sont pas prêts à dire aux autres qu’ils ont le VIH/sida; entre la moitié et les deux tiers pensent que les gens qui vivent avec le VIH/sida éprouvent de la difficulté à trouver un logement, des soins de santé ou un emploi, et la moitié affirment que les gens ne sont pas prêts à subir un test de dépistage du VIH par peur d’être stigmatisés à cause de cette maladie.
La population est très consciente du danger de stigmatisation qui entoure le VIH/sida. Près des deux tiers des Autochtones s’accordent à dire que la honte ressentie par certaines personnes qui vivent avec le VIH/sida est souvent ressentie également par leurs enfants ou leurs proches. Plus du tiers affirment que s’ils recevaient un diagnostic de VIH/sida, ils ne voudraient pas que les autres membres de leur collectivité ou de leur réserve le sachent, et ils déclarent dans une proportion égale qu’ils iraient se faire soigner à l’extérieur de leur réserve ou de leur collectivité pour réduire la possibilité que les autres l’apprennent. Ils sont le quart à croire que les gens qui vivent avec le VIH/sida sont incités à quitter la collectivité ou la réserve. De même, deux membres des Premières nations sur dix qui vivent dans une réserve pensent que ceux qui quittent la réserve et y reviennent avec le VIH/sida ne sont pas les bienvenus. Enfin, deux membres des Premières nations sur dix affirment que des gens qui ont quitté leur réserve y reviennent souvent avec le VIH/sida.
Beaucoup d’Autochtones sont persuadés qu’ils ne reçoivent pas des traitements médicaux de même qualité pour le VIH/sida que les autres Canadiens. Un peu plus de quatre membres des Premières nations sur dix s’accordent à dire que les membres des Premières nations vivant dans une réserve sont moins susceptibles d’obtenir le bon traitement médical pour le VIH/sida. Ils sont assez peu nombreux à croire que les Autochtones qui vivent hors réserve obtiennent des soins médicaux inférieurs à la moyenne pour le VIH/sida.
La vaste majorité des Autochtones pensent que les gens qui vivent avec le VIH/sida ont les mêmes droits qu’eux en matière de soins de santé et de logement. La plupart pensent aussi que les gens qui vivent avec le VIH/sida ont les mêmes droits qu’eux à l’emploi, ce qui vient contredire le fait qu’ils sont nombreux à croire que les personnes ayant le VIH/sida ne devraient pas pouvoir occuper des positions qui les mettent en contact avec le public, comme celle de dentiste.
La majorité des Autochtones ne pensent pas que les personnes atteintes du VIH/sida doivent être formellement mises en quarantaine pour protéger la santé publique ou qu’il faille publier leurs noms afin que les autres puissent les éviter. Les Autochtones sont toutefois partagés quant à savoir si les personnes ayant le VIH/sida devraient avoir le droit de mener une vie sexuelle active. La majorité des Autochtones pensent que les personnes qui ont le VIH/sida devraient assumer la responsabilité de protéger les autres contre leur maladie et qu’elles se doivent d’informer les autres de leur état.
La télévision en général et la publicité sont les deux principales sources où les Autochtones disent avoir entendu parler récemment du VIH/sida, après quoi viennent les articles de journaux et les nouvelles télévisées parmi la population des Métis et les membres des Premières nations vivant hors réserve. Toutes les autres sources sont citées par moins d’un répondant sur sept.
Interrogés quant à savoir où ils s’adresseraient aujourd’hui pour obtenir des renseignements sur le VIH/sida, la majorité des Autochtones répondent par Internet, après quoi viennent les infirmières et d’autres professionnels de la santé ainsi que les médecins. Les autres sources sont mentionnées beaucoup moins souvent, soit par un dixième ou moins des répondants.
Pour les Autochtones, une clinique, un poste de soins infirmiers ou leur médecin de famille de même qu’un autre professionnel de la santé constituent en majorité des sources d’information dignes de confiance sur le VIH/sida, après quoi viennent la DGSPNI ou un pharmacien. Environ la moitié considère le gouvernement fédéral comme source digne de confiance, tout comme une personne vivant avec le VIH/sida. Les médias, les amis et la famille sont tenus par les Autochtones pour être les sources d’information les moins fiables malgré que les médias soient la source d’information sur le VIH/sida la plus souvent citée.
Les Autochtones se sentiraient le plus à l’aise de se renseigner sur le VIH/sida auprès de leur médecin de famille ou d’un autre professionnel de la santé, dans un poste de soins infirmiers, auprès d’une organisation qui s’occupe du sida, d’un pharmacien ou d’une clinique, notamment parmi les Métis, dans ce dernier cas. Entre les deux tiers et les trois quarts des Autochtones disent qu’ils seraient à l’aise de demander des renseignements à une personne qui a le VIH/sida.
Comme moyens efficaces de procurer de l’information aux gens sur le VIH/sida, les Autochtones mentionnent le plus souvent l’école et les messages d’intérêt public à la télévision et à la radio, à l’exception des membres des Premières nations dans ce dernier cas. Viennent ensuite les aînés renseignés et les travailleurs communautaires. Le partage de l’information lors des cérémonies ou activités traditionnelles autochtones constitue l’approche la moins populaire.
Outre les analyses de base figurant dans le présent rapport, nous avons dressé une typologie des Autochtones. Celle-ci répartit les Autochtones en segments de personnes ayant un niveau de connaissance et des attitudes semblables au sujet du VIH/sida. La typologie a été effectuée au moyen d’analyses factorielles et par grappes ainsi qu’avec des analyses de fiabilité.
1 D’après le Sondage de suivi sur les attitudes touchant le VIH/sida - 2006, Les Associés de recherche EKOS.
2 La marge d’erreur mesure l’exactitude des résultats. Elle indique jusqu’à quel point les résultats du sondage pour chaque segment étudié peuvent s’écarter de la valeur réelle pour la population globale (c.-à-d. que l’observation sera exacte jusqu’à un certain nombre de points de pourcentage, 19 fois sur 20).
3 Sondage de suivi sur les attitudes touchant le VIH/sida - 2006, Les Associés de recherche EKOS.
4 Sondage de suivi sur les attitudes touchant le VIH/sida, Les Associés de recherche EKOS, 2006.
5 Tel que mesuré par le Sondage de suivi sur les attitudes touchant le VIH/sida, 2006.