Archived by Library and Archives Canada / Archivé par Bibliothèque et archives Canada. 20-10-2004. Programme d'accès communautaire et bibliothèques dans les petites collectivités Carte du site
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Programme d'accès communautaire et bibliothèques dans les petites collectivités

Texte rédigé par M. Fred McGuinness
pour le numéro de novembre-décembre 1996 du Feliciter,
revue de la Canadian Library Association

Nota : Des liens hypertexte ont été ajoutés aux bibliothèques mentionnées dans les textes qui ont une page d'accueil sur le Web.

 

Introduction

A l'été de 1996, nombre de bibliothèques rurales ont vécu une révolution tranquille : elles ont été reliées au réseau Internet. En quelques heures, les résidents des collectivités faisaient la queue pour voir ce qu'il en était de ce nouveau moyen de communication très fortement publicisé.

Pour les bibliothécaires, l'arrivée d'Internet marquait la fin d'une période très occupée et le début d'une autre. De nombreux bibliothécaires avaient travaillé avec leur conseil d'administration et leur personnel pour assurer le leadership dont il fallait faire preuve dans les collectivités qui s'étaient vu attribuer des crédits du PAC. Après avoir réglé les problèmes de matériel et de logiciel, ils devaient maintenant entreprendre la formation qui leur permettrait de tout savoir sur Internet.

Le PAC - programme d'accès communautaire - est une initiative d'Industrie Canada. Le programme accorde des fonds de contrepartie jusqu'à hauteur de 30 000 $ aux collectivités de moins de 50 000 habitants en mesure d'établir qu'elles peuvent satisfaire aux critères du programme en ce qui a trait aux besoins, au leadership, aux ressources et à l'appui solide de la collectivité.

La motivation du gouvernement fédéral à lancer le PAC a été bien décrite par le ministre de l'Industrie, John Manley, dans le document renfermant le nom des collectivités qui avaient obtenu des fonds du PAC l'an dernier.

Voici ce que disait le Ministre : « Les possibilités de création d'emplois et de croissance grâce à l'autoroute de l'information sont immenses. Les télécommunications constituent l'un des avantages concurrentiels les plus importants du Canada dans l'économie mondiale axée sur le savoir. Il est essentiel que les Canadiens vivant dans les petits centres ruraux aient, eux aussi, la possibilité de tirer profit de cet atout stratégique. »

Grâce au PAC et aux militants des collectivités qui ont rempli les demandes de crédits du PAC au cours de la première année, 380 petits centres sont maintenant reliés à ce que le Ministre appelle un » atout stratégique ». La majorité d'entre eux disposent d'un terminal accessible au public à la bibliothèque.

En octobre 1996, les comités de bénévoles de chaque province et de chaque territoire évalueront les demandes pour déterminer quelles collectivités recevront des crédits du PAC au cours de la deuxième année. Un autre projet semblable au cours de la troisième année, en 1997, devrait être le dernier. Les responsables du PAC à Industrie Canada prévoient qu'au cours des trois années du programme, 1 500 petites collectivités recevront des fonds du PAC pour être raccordées à Internet.


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Un pas de plus

Ce que le public ne sait pas, et peut-être même certains bibliothécaires, c'est que le PAC est l'un des nombreux éléments qui amènent un changement de rôle pour les bibliothèques des régions rurales et des petites collectivités. Les militants des collectivités rurales de tout le Canada participent à des mouvements de base dans le but de développer leurs économies respectives à même leurs propres ressources. Internet, dont l'objectif est d'abolir les distances, les met maintenant en contact avec le monde entier.

L'objectif d'Industrie Canada, grâce au PAC et au programme RéseauBiblio, est de permettre aux bibliothèques de fournir de l'information propice à la création d'emplois et au développement économique de l'endroit. Grâce à ce jumelage inédit - PAC, Internet et bibliothécaires visionnaires - les bibliothèques publiques des collectivités rurales du Canada subissent actuellement une transformation majeure.


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PAC

Pour les bibliothécaires des petites collectivités et leur personnel, les nouveaux terminaux Internet représentent tout un défi. Certes, ils permettent d'obtenir de nombreux documents de référence, mais il n'existe pas de façon facile ou automatique de faire la transition. De nombreux employés des bibliothèques n'avaient pas reçu la formation nécessaire sur les détails techniques des communications électroniques et, de leur côté, leurs conseils d'administration n'avaient pas discuté des règles qui s'appliqueraient lorsque le public ferait la queue pour essayer de « naviguer ».

Les membres du personnel, fort compétents dans leurs fonctions traditionnelles de recherche, de référence et de prêt d'ouvrages, ont été inondés par une nouvelle gamme de questions, dont beaucoup à caractère technique. Il fallait trouver du temps, trouver aussi des techniciens qui donneraient aux bibliothécaires et à leurs associés une formation pratique sur des sujets obscurs comme le Web, le PTF, et le service IRC, pour ne mentionner que les plus évidents.

Dans ces bibliothèques de petites collectivités, les interactions entre les résidents et les responsables du PAC étaient aussi variées que les établissements eux-mêmes. L'expérience de la bibliothèque publique d'Estevan en Saskatchewan est un exemple de ce que l'on peut accomplir lorsque le bibliothécaire adopte la nouvelle technologie et la publicise largement dans les médias locaux.


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Bibliothèque publique d'Estevan

Le bibliothécaire Greg Salmers est convaincu que le jumelage PAC et Internet « a grandement permis d'accroître l'intérêt des jeunes pour la bibliothèque publique ». Il en veut pour preuve l'activité incessante à ses quatre terminaux accessibles au public. Bien que les claviers soient particulièrement utilisés après les heures de classe, il n'y a pas de ralentissement même pendant le jour. Durant cette période, ont recours à ces terminaux des chômeurs qui utilisent Internet pour chercher un emploi, des personnes qui ont un emploi mais qui en cherchent un meilleur, et des travailleurs qui ne sont pas de service mais qui sont à la recherche de renseignements précis.

Lorsque la station CBK, affiliée à CBC à Regina, a annoncé à M. Salmers qu'elle envoyait un reporter à Estevan pour l'interviewer, il a réuni 20 de ses clients réguliers pour qu'ils répondent aux questions du journaliste de CBC.

On y retrouvait des personnes âgées qui utilisent Internet pour vérifier le rendement des entreprises dans lesquelles elles détiennent des actions, des auteurs de l'endroit qui sont des utilisateurs réguliers et qui font de la recherche pour leurs ouvrages en cours de rédaction.

S'y trouvait également un citoyen du troisième âge qui n'avait jamais utilisé un clavier et qui, chaque semaine, tape laborieusement, lettre par lettre, un message électronique à sa fille, travailleuse dans le domaine de l'aide étrangère en poste en Afrique. Il y avait aussi une infirmière au chômage qui cherche du travail aux États-Unis, des généalogistes qui veulent consulter les programmes d'Internet contenant le nom, l'adresse et le numéro de téléphone de toutes les familles d'Amérique du Nord.

Greg Salmers a pu citer l'exemple d'un commerce local sur Internet. Un courtier immobilier d'Estevan, qui représente une firme nationale, avait un besoin nouveau de formation : son siège social l'avait informé de la politique de l'entreprise qui exige que toutes les inscriptions figurent sur les pages Web de l'endroit. Lorsque les étudiants du PAC d'Estevan se sont présentés au travail, M. Salmers avait en main une liste de 722 entreprises locales qu'il leur a demandé de contacter. Bien que les étudiants aient fait de nombreux appels, ils n'ont tout simplement pas eu le temps de terminer ce travail.

M. Salmers a déclaré qu'au début, les jeunes personnes utilisant les installations du PAC étaient surtout des hommes, mais que la situation change rapidement. Certains veulent de l'information sur les sports; un nombre étonnant veulent lire les 400 journaux et magazines qui sont en ligne. M. Salmers sait que ses terminaux sont précieux pour les jeunes qui n'ont pas d'ordinateur ou qui ne sont pas reliés à Internet à la maison. En demandant 2 $ par heure d'utilisation, M. Salmers estime avoir réglé le problème à long terme du maintien de son raccordement à Internet.


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Dawson City

Internet offre de nombreuses possibilités, comme l'ont découvert certains bibliothécaires. A la bibliothèque communautaire de Dawson City, au Yukon, la bibliothécaire Vicki McCullum dit qu'elle n'aurait jamais pu prévoir à quel point le PAC allait servir l'industrie touristique, le fondement même de l'économie locale.

« Durant la saison touristique qui s'allonge, et va maintenant de la mi-mai à la fin août, nous accueillons deux types de visiteurs : les étudiants qui travaillent ici dans le domaine du tourisme, et les touristes eux-mêmes. Les deux groupes étaient très contents d'apprendre que nous avions un raccordement Internet accessible au public. »

Résultat : durant la saison touristique de 14 semaines à Dawson City, le seul terminal Internet de Vicki McCullum était occupé durant toutes les heures d'ouverture de la bibliothèque, soit 37 heures et demie par semaine. On échangeait des messages électroniques avec l'Allemagne, la France, la Suisse, les États-Unis et de nombreux endroits au Canada. Les visiteurs de Dawson City ont un compte Internet et ils peuvent se réserver des périodes d'une demi-heure au terminal.

Les visiteurs sont également très intéressés par le programme « Hot-Mail », qui leur permet de se faire transmettre des messages électroniques au fil de leurs déplacements. Pour l'instant, le service Internet de Dawson City est gratuit, mais les choses vont certainement changer. Mme McCullum estime que l'industrie touristique locale est ravie de l'atout supplémentaire que constitue le raccordement de la bibliothèque à Internet.


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Recherche diversifiée

A Haines City, au Yukon, la bibliothécaire Debbie Osborne dispose pour le public d'un seul terminal, qui est occupé constamment durant les quatre heures par jour où la bibliothèque est ouverte. Mme Osborne s'est intéressée aux domaines de recherche de ses clients sur Internet, à savoir : la médecine, la santé, les animaux, les affaires et le tourisme. Dans la dernière catégorie, on s'intéresse particulièrement à l'écotourisme, car Haines City est la porte d'entrée du Parc national Kluane.

Lorsque son emploi du temps le lui permet, Mme Osborne rédige des règlements portant sur l'utilisation d'Internet. Au moment de notre entrevue, elle n'avait qu'un principe directeur : les jeunes ne peuvent utiliser Internet à moins d'avoir la permission écrite de leurs parents.


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Emplois d'été pour les étudiants

Les bibliothécaires ne tarissent pas d'éloges au sujet du programme d'emplois d'été du PAC. Les collectivités qui ont reçu des fonds du PAC ont été autorisées à engager deux étudiants chargés de la formation et de la promotion d'Internet. Dans bien des cas, il s'agit de résidents de l'endroit qui étudient à l'extérieur dans les universités ou les collèges communautaires et qui sont heureux de faire profiter de leurs nouveaux talents à leurs concitoyens.

Mais au moment d'entreprendre leurs nouvelles fonctions, ces jeunes personnes maîtrisant bien l'ordinateur et Internet se sont rendu compte de l'énorme charge de travail qui les attendait. Il fallait former ceux qui travaillent à tous les terminaux accessibles au public, former un public désireux de pratiquer ce nouveau sport populaire de la navigation électronique. Les étudiants devaient rencontrer les propriétaires d'entreprises locales pour les inciter à utiliser le nouvel outil à des fins commerciales.

Et, par-dessus tout, il fallait aider le public à trouver des réponses à ses questions. Celles-ci portaient sur tous les sujets imaginables. A Killarney, au Manitoba, une cliente voulait des renseignements sur le diabète qu'on venait tout juste de diagnostiquer chez son chat. On a trouvé la réponse dans un manuel de science vétérinaire en ligne. A Minnedosa, on a demandé à la bibliothécaire Georgina Johnson combien il y avait de terrains de golf à Las Vegas. La réponse : 54.

En une même journée, à la bibliothèque publique de Raymond, en Alberta, on a posé les questions suivantes à l'étudiant Jeff McMullin : Est-il possible de recouvrir d'un enduit des ammonites, c'est-à-dire ces coquilles fossilisées? Pouvez-vous m'aider à trouver des renseignements sur la rénovation domiciliaire? Y a-t-il vraiment un scandale de la cocaine au sein de l'équipe équestre olympique du Canada? Combien y a-t-il de différents types de mules? On a trouvé la réponse à chacune de ces questions.

A la bibliothèque publique de Boissevain-Morton, au Manitoba, les membres du personnel utilisent le courrier électronique pour obtenir des critiques de livres et plusieurs résidents ont accédé au Livre du Souvenir de la Première Guerre mondiale conservé à Ottawa. A Halifax, avant l'arrivée de l'ouragan Bertha, un passionné du surf (l'aquaplane, s'entend) a demandé aux employés de la bibliothèque publique s'ils savaient quelle hauteur auraient les vagues lorsque l'ouragan serait à son maximum. Surprise : cette information était disponible sur les pages d'information météo d'Environnement Canada.

Comme le savent tous les bibliothécaires, le savoir, c'est le pouvoir, et Internet est une nouvelle source importante de savoir pouvant attirer à la bibliothèque de nouveaux clients qui, une fois sur place, s'intéresseront peut-être à ses autres services.


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Comité local

Les installations offertes dans le cadre du PAC relèvent du comité local du PAC qui établit ses propres règles. Il en résulte donc une grande variété de règlements concernant l'utilisation des terminaux accessibles au public. Dans certaines collectivités, cet accès est gratuit, alors que dans d'autres, on demande de 1 $ à 5 $ l'heure. Le protocole concernant les internautes est laissé à la discrétion des bibliothèques locales.


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Courrier électronique

Une des différences marquantes des règlements locaux concerne probablement l'attitude à l'égard du courrier électronique. A la bibliothèque publique Dutton-Dunwich, à Dutton, en Ontario, il est interdit d'utiliser le courrier électronique. A la bibliothèque publique de Hamiota, au Manitoba, les clients ont le droit d'envoyer des messages électroniques mais ne peuvent en recevoir. A Faro, dans les Territoires du Nord-Ouest, la bibliothécaire Connie Meade offre à ses clients des mots de passe et les encourage à envoyer et à recevoir tout le courrier électronique qu'ils veulent.


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La voix de l'expérience

Sylvia Nicholson, directrice des Services bibliothécaires publics du Manitoba, précise sa pensée quand on lui demande son opinion sur ces diverses attitudes.

Tout en reconnaissant que les terminaux permettant au public d'avoir accès à Internet vont accroître l'achalandage dans les bibliothèques et améliorer l'image des établissements, elle y voit également une influence négative. Elle précise que cela accapare le temps du personnel, qu'on ne peut pas répondre à certaines attentes du public et que certains renseignements que l'on trouve sur Internet sont de valeur inégale.

Pour ce qui est des diverses attitudes à l'égard de l'utilisation du courrier électronique, Harry Holman, directeur des archives et des bibliothèques publiques de l'Île-du-Prince-Édouard, pense que tout est parfait. « Est-ce bon ou mauvais? Je ne sais pas. La plus ou moins grande utilité du PAC dépendra des décisions prises à l'échelle locale. Les bibliothécaires vont prendre des décisions sur des sujets comme le courrier électronique en fonction des niveaux de service à offrir à leur collectivité. »


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Parlons franchement

L'opinion de Sylvia Nicholson sur la validité de l'information donnée par le réseau Internet intéresse particulièrement Clarke Piprell, bibliothécaire à la bibliothèque publique de Mission, en Colombie-Britannique. « Il nous faut trouver des façons acceptables de vérifier la fiabilité de l'information du réseau Internet. Entre-temps, nous devons aviser les gens de ne pas croire tout ce qu'ils lisent sur le réseau. Bien souvent, le livre est à la fois plus facile à trouver et plus fiable...mais c'est moins génial! »

Parmi ses autres fonctions, M. Piprell doit faire de la formation. Il est membre de l'équipe de formation Internet chargée d'enseigner aux bibliothécaires et au personnel de soutien comment utiliser Internet et comment élaborer des politiques et des procédures régissant l'utilisation des terminaux accessibles au public.


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Manque de temps

Les terminaux Internet très achalandés constituent tout un problème pour de nombreuses petites bibliothèques. Jocelyne Thompson, directrice adjointe des bibliothèques publiques du Nouveau-Brunswick, décrit bien la situation. « Quarante-sept de nos 61 points de service comptent tout au plus deux employés à temps plein. Leurs bibliothèques sont ouvertes 30 heures ou plus par semaine et ils offrent des services de distribution et de référence, de même que des programmes pour les enfants et les adultes ... comme vous pouvez le voir, il ne reste pas beaucoup de temps à consacrer à de nouveaux services. »


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Importance du savoir

En Nouvelle-Écosse, Marion Pape, bibliothécaire provinciale, déclare que son service a établi un partenariat avec la Nova Scotia Federation of Community Networks dans le but d'offrir des services de courrier électronique dans les bibliothèques publiques ainsi que de la formation aux clients, sur demande. Mme Pape est enthousiasmée par le potentiel qu'offre l'Internet parce que « le savoir est l'un des biens les plus importants dans l'économie mondiale ».


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L'Internet ou comment mieux travailler

Maureen Woods, bibliothécaire provinciale de la Saskatchewan, estime que le raccordement au réseau Internet grâce au PAC permet de gagner du temps. « Même si l'on prétend qu'Internet entrave le travail traditionnel dans les bibliothèques, il leur permet en fait d'exécuter cette fonction clé de façon beaucoup plus efficace. »

Les employés de la bibliothèque publique de Boissevain-Morton, au Manitoba, ont constaté que leur terminal Internet du PAC leur permet de faire des économies de temps et d'argent. Ils téléchargent des critiques de livres, font de la recherche de catalogues, envoient des communiqués par courrier électronique; tout cela réduit les frais de poste et de téléphone. Ils envisagent même de commander des livres par courrier électronique.


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L'avenir

Les bibliothécaires connaissent maintenant le service d'Industrie Canada intitulé « Rescol », qui relie aujourd'hui 4 000 écoles publiques, privées et des premières nations et qui est encore en pleine expansion. La question est décrite en détail dans l'article de Michelle Schoffro publié dans l'édition de mai 1996 du Feliciter, volume 42, numéro 5. En bref, Rescol est un projet de collaboration entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et territoriaux et l'industrie. Il est conçu pour donner aux bibliothèques un « pouvoir d'information » supplémentaire à l'intention particulière des élèves.

Cependant, ils n'ont peut-être pas encore entendu parler d'un service analogue, RéseauBiblio, qui est encore en voie d'élaboration. Lors d'une réunion qui s'est tenue à Ottawa le 19 avril 1996, les représentants d'Industrie Canada et des bibliothécaires ont formulé le concept de RéseauBiblio, dont le but est de constituer un réseau de bibliothèques publiques toutes reliées par Internet d'ici l'an 2000. Un deuxième objectif consiste à offrir une gamme élargie de services, lesquels permettront au public d'améliorer ses connaissances et aux bibliothèques de favoriser le développement économique et communautaire.


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Réunion d'Ottawa

Bien qu'on ne puisse pas encore tout prévoir exactement, on peut toutefois anticiper certains éléments nouveaux qui se produiront dans le secteur des bibliothèques avant la fin du millénaire. Certains d'entre eux sont décrits dans « La vision des éléments critiques de RéseauBiblio », un document préparé après la réunion du 19 avril. [Nota : Le texte complet du document est disponible en ligne.]

Au fur et à mesure que le Canada s'écarte de sa base industrielle pour s'orienter vers les industries du savoir, il place ainsi la diffusion de l'information au premier plan du développement économique. Grâce au raccordement Internet qui sert de base aux échanges de renseignements, les bibliothèques occupent une position privilégiée pour accroître leur importance pour leurs clients. A leurs services culturels traditionnels, elles en ajoutent maintenant un nouveau axé sur l'économie.

La diffusion de renseignements économiques représente une nouvelle source possible de recettes pour les bibliothèques. Les tenants du RéseauBiblio estiment que les bibliothèques publiques constitueront un réseau de distribution déjà établi qui peut être utilisé par le gouvernement pour donner de l'information et des services au public, les gouvernements devant payer des frais pour ce service.

Rod Sawyer, consultant en bibliothèques publiques auprès du ministère ontarien de la Citoyenneté, de la Culture et des Loisirs, estime qu'une telle mesure comporte des avantages. « L'accès du public à l'information électronique, y compris aux services et renseignements gouvernementaux sous forme électronique, offre des possibilités énormes pour les bibliothèques publiques de renforcer leur rôle de point d'accès à la communauté en matière d'information à l'aube du XXIe siècle. »

Wendy Newman, de la bibliothèque publique de Brantford, dont le raccordement Internet a été financé par des fonds privés, a appris qu'il existe des services commerciaux que les bibliothèques peuvent offrir contre rémunération. Dans le cas de la bibliothèque de Brantford, les clients ont accès à la banque d'emplois de Développement des ressources humaines Canada et doivent payer des frais de service.

Mme Newman estime que l'augmentation de l'achalandage de la bibliothèque est un autre avantage qui découle du raccordement à Internet. « Le réseau Internet a attiré à la bibliothèque de nombreux clients qui ne venaient que très rarement auparavant. Parmi eux se trouve un groupe important d'adolescents qui se réservent le terminal à l'avance. »

Marianne Williamson sait ce que c'est que d'être un point d'accès à la collectivité pour l'information gouvernementale. àibliothécaire en chef à Sioux Lookout, en Ontario, elle a été heureuse de voir que sa bibliothèque avait été choisie pour participer à un projet pilote sur la question. Grâce à ce projet pilote, qui sera d'une durée de 12 mois de septembre à septembre, les organisateurs évalueront les résultats lorsque les communiqués et les documents sur les politiques du gouvernement fédéral sont distribués sous forme électronique.

A la bibliothèque de Sioux Lookout, Marianne Williamson exploite ce qu'elle appelle le CCI, le Centre communautaire Internet. Pour loger cinq terminaux Internet, elle a transformé une pièce polyvalente de 550 pieds carrés en un centre électronique.

Cette salle est achalandée car la bibliothèque a le contrôle exclusif du réseau Internet dans ce district. Grâce à un partenariat avec l'Université Lakehead, la bibliothèque de Sioux Lookout accueille le matériel de l'université qui est utilisé pour fournir des services de serveur Internet dans ce coin du Nord-Ouest de l'Ontario. De même, la bibliothèque distribue des documents promotionnels pour l'université et accepte les demandes de clients qui veulent faire des connexions via modem. Au cours des huit premières semaines où le public a eu accès à Internet dans cette bibliothèque, 219 comptes privés de connexions via modem ont été ouverts, ce qui représente 17 % des ménages de Sioux Lookout.

Depuis son ouverture en juin, cette bibliothèque a formé 342 personnes à l'utilisation d'Internet et a enregistré 2 078 heures de temps machine. La bibliothèque a établi une politique selon laquelle ce service sera gratuit, du moins jusqu'à la fin de 1997; on ne demande que des frais d'impression pour chaque page imprimée.

Depuis que le raccordement à Internet a été effectué en juin, cette bibliothèque a émis 392 cartes et Mme Williamson dit que le nouveau service est sans aucun doute très avantageux pour la bibliothèque. èour accéder au CCI, les utilisateurs d'Internet doivent traverser la bibliothèque qui compte une aire d'exposition oj les ouvrages présentés sont fréquemment renouvelés.

Mais y a-t-il un inconvénient à toute cette activité? Selon Marianne Williamson, oui. « Cela demande beaucoup à mon personnel. Les employés doivent continuer de faire leur travail ordinaire tout en s'occupant du nouveau service. »

Cela étant, Mme Williamson dit qu'Internet et l'accès à celui-ci ont placé la bibliothèque de Sioux Lookout « à l'avant-scène de la ville ». Elle a l'intention de conserver cet acquis. Elle essaiera donc d'attirer plus de clients à la bibliothèque. Elle offre entre autres des « soirées thématiques » qui font appel à certains groupes d'intérêts particuliers. Parmi les sujets les plus souvent abordés, mentionnons les personnes âgées, la généalogie, les sports et les activités autochtones. Les thèmes peuvent s'accorder avec les saisons; on organise notamment des soirées spéciales sur le jardinage, par exemple.


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D'autres projets pilotes

A mesure que les bibliothécaires deviennent des diffuseurs importants d'information gouvernementale, ils s'inspirent d'un projet de recherche mené à terme récemment en Nouvelle-Écosse. Le « programme pilote d'information gouvernementale » était un programme parrainé conjointement par Industrie Canada et le programme Links de la Nouvelle-Écosse, exploité par le ministère de l'Iducation et de la Culture de cette province. Deux objectifs étaient visés : repérer les problèmes et les obstacles liés à la diffusion électronique de l'information gouvernementale dans les bibliothèques publiques et jauger la réaction des Canadiens à l'information gouvernementale fournie sur support électronique.

Le 8 octobre 1996, la coordonnatrice du projet, Susan Arbing, a publié les résultats de cette étude. [Nota : Le texte complet de ce document est disponible en ligne.] Les étudiants ont formé 321 personnes à extraire de l'information gouvernementale par voie électronique. Même si 60,8 % d'entre elles utilisaient régulièrement l'information gouvernementale, peu d'entre elles recouraient jusque-là à Internet pour le faire.

Ceux qui ont participé à l'étude ont été enthousiasmés par la quantité d'information gouvernementale disponible sous format électronique, et qu'ils estimaient à jour. Les programmes et les services gouvernementaux, l'emploi, les statistiques et l'économie suscitaient beaucoup l'intérêt. De nombreuses demandes ont été présentées pour obtenir de l'information gouvernementale sur des questions économiques utiles au développement économique local.

Toutefois, on a relevé certains problèmes. Certaines bibliothèques n'ont pas d'imprimante reliée à leur terminal Internet, ce qui empêche les chercheurs d'obtenir des copies papier. Trop souvent, des chercheurs ne peuvent accéder immédiatement à un terminal parce que les terminaux sont tous occupés. Il y a aussi absence de concordance dans les documents.

Les premières recommandations portent sur la nécessité pour les bibliothécaires et leurs employés de recevoir une formation de pointe et continue sur la récupération de documents par voie électronique. Les clients souhaitent que les bibliothèques soient équipées de terminaux Internet dotés d'imprimantes afin d'avoir des copies papier, à un coft raisonnable. Il faut plus de terminaux. Certains clients ont dit que les sites Web du gouvernement seraient plus faciles d'accès si l'on utilisait un langage clair et si le format était normalisé.


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Conclusion

Pour l'heure, les bibliothèques canadiennes, tant rurales qu'urbaines, composent avec ces changements qui leur sont imposés; à l'avenir, elles participeront sans doute davantage au développement économique.

Ce nouvel aspect de l'activité des bibliothèques est cher au coeur du secrétaire d'État (Sciences, Recherche et Développement) Jon Gerrard, ministre responsable du èrojet d'accès communautaire.

Voici ce qu'il dit à ce sujet : « La croissance de nos petites et moyennes entreprises qui desservent les marchés mondiaux tout en étant situées dans des collectivités rurales est absolument remarquable. Notre gouvernement s'est engagé à faire en sorte que les Canadiens des régions rurales puissent accéder aux tout derniers éléments nouveaux dans la formation, les services de santé et les possibilités commerciales créées par les technologies de l'information afin que le Canada rural demeure un moteur de la nouvelle économie canadienne. »

De son côté, l'acteur Mavor Moore est venu ajouter ces vers de mirliton :

"The librarians within the cloister,
Are the pearls within the oyster."
(« Derrière son comptoir, le bibliothécaire bien aimable
Regorge de ressources inestimables. »)

Cette licence poétique mise à part, il est juste de dire que les diffuseurs traditionnels d'information sont aujourd'hui loin de leur comptoir. Plus on approche de la fin du millénaire, plus les bibliothécaires utilisent la technologie nouvelle pour trouver un nouveau créneau au coeur même de la nouvelle société.


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Encadré : l'expérience Fraser-Hickson

« Nous avons six terminaux accessibles au public à la mezzanine. Ils sont occupés toute la semaine, et en fin de semaine, nous sommes débordés. »

Huit mois après l'implantation de son nouveau service, Frances Ackerman en évalue les résultats. Bibliothécaire en chef de la bibliothèque Fraser-Hickson à Montréal, elle suit de près l'expérience Internet afin de rédiger un rapport à l'intention de son conseil d'administration.

Pour éviter d'être débordée, Mme Ackerman a mis sur pied ce qui constitue en fait un système Internet. On peut réserver une heure à la fois. Toute utilisation de l'ordinateur commence à l'heure. Après 55 minutes, un membre du personnel rappelle à tous les utilisateurs qu'il ne leur reste que cinq minutes. On demande 2 $ l'heure et les clients peuvent faire imprimer les textes moyennant des frais supplémentaires.

Pour documenter son rapport, Frances Ackerman demande aux clients Internet la permission de noter leurs sujets de recherche préférés. Cela lui permet de connaître les domaines les plus populaires. Les voici, en désordre : la politique canadienne, la généalogie, des sites artistiques comme le Louvre, des nouvelles sur les élections américaines, de l'information sur les affaires et les tableaux des Bourses. Certains disent qu'ils aiment simplement « glaner ça et là ».

La bibliothèque Fraser-Hickson est l'une des rares à être financée par le secteur privé. Mme Ackerman estime que la majorité de ses clients Internet sont des anglophones, bien qu'il y ait un certain nombre de francophones.

Ayant placé les terminaux Internet dans une pièce à part (que l'on appelle le Club Net), le personnel de la bibliothèque Fraser-Hickson ne signale aucune interruption de son achalandage régulier. « Nous faisons tout ce que nous faisions avant, de dire Mme Ackerman; la seule chose qui change, c'est qu'il y a plus de monde à la bibliothèque. »

L'une des différences qu'a notées Mme Ackerman entre les clients traditionnels de la bibliothèque et les utilisateurs d'Internet est que ces derniers ont tendance à penser d'abord à Internet pour faire une recherche. Selon Mme Ackerman : « Nous leur rappelons que nous avons des sources de référence traditionnelles connues pour leur fiabilité. » Quant à la fiabilité de l'information tirée d'Internet, Mme Ackerman dit que son personnel conseille aux clients d'Internet de toujours vérifier les sources de référence.

La bibliothèque Fraser-Hickson offre actuellement une série de cours de formation à l'intention des utilisateurs d'Internet, de préférence à des groupes de six ou huit. Un grand nombre d'utilisateurs réguliers d'Internet sont des personnes âgées. Mme Ackerman estime qu'il est quasi certain que le service Internet prendra de l'expansion.

..mise à jour: 2003.09.08 avis importants..
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