Introduction La Survivance Le Franco et le Franco-Albertain Historique
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Photo : Valéry Goulet

Pourquoi un journal ?
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À partir d'aujourd'hui, l'Association Canadienne française de l'Alberta aura son journal. Seule des trois provinces de l'Ouest, l'Alberta n'avait point d'organe officiel, d'agent de liaison bien à elle, pour la population française.

Divers journaux à tour de rôle, et depuis douze ans L'Union, avaient tant bien que mal conblé cette lacune.

Récemment acculée à une impasse par le propriétaire de L'Union, l'A.C.F.A. dut songer à se créer un journal ou se résigner à mourir.

Nous avons choisi de vivre.

Les circonstances pénibles qui nous ont forcés à prendre cette détermination si grosse de conséquences sont connues d'une bonne partie pour ne pas dire de la population entière. Sans vouloir y revenir, nous désirons mettre succinctement sous les yeux du public la suite des événements depuis le jour où, devant l'Exécutif de l'Association, M. Féguenne, principal propriétaire de L'Union, déclara son intention bien arrêtée de faire de son journal une "feuille d'annonce".

Séance tenante, l'Exécutif exprima sa volonté de doter l'Association d'un journal bien à elle. Un comité fut chargé de mettre à exécution cette décision. Une compagnie se forma à cet effet, qui fut incorporée quelques jours plus tard.

Dès le début, le sentiment général, tant au sein qu'en dehors du comité, favorisait l'achat de L'Union. Une première offre de $15,000. pour l'outillage de l'atelier et le journal fut faite par lettre au propriétaire. Cette offre fut déclinée, M. Féguenne voulant qu'en plus l'Association assumât le paiement de certaines sommes encore dues sur les machines.

Entre temps, des experts avaient évalué l'outillage de l'atelier à environ $6,000. ou $7,000., avec une valeur d'échange de $3,000. à $4,000., et nous apprîmes que la dette plus haut mentionnée se montait à $2,800. Nous jugeâmes alors qu'une offre de $9,000. comptant, pour le journal, l'atelier et la dette, constituait un prix très raisonnable et nous la fîmes tenir à M. Féguenne. Celui ci, au cours de diverses entrevues, déclina ces termes, proposa $10,000. plus le paiement de la dette et se rallia enfin à $9,000. plus la dette. Le comité de presse cependant n'était pas d'avis de revenir sur son offre de $9,000. pour toute l'entreprise avec titre clair.

On en était là des pourparlers lorsqu'arriva l'assemblée de l'Exécutif de l'A.C.F.A. Celui ci, approuvant tout le travail déjà accompli, demanda cependant au comité de vouloir bien ouvrir de nouvelles négociations pour tâcher d'en venir à urge entente propos de la différence de $2,800. qui semblait constituer le seul obstacle à la conclusion du marché. Le comté se rendit à cette demande, et comme M. Féguenne ne voulait rien rabattre, alla jusqu'à la limite de $11,800.

Un double contrat fut alors préparé par l'avocat de la compagnie, l'un couvrant l'achat de l'atelier, dont M. Féguenne est le seul propriétaire, l'autre couvrait l'achat de la compagnie L'Union Printing, dont M. Féguenne n'est que I'un des trois actionnaires.

En possession de ce contrat, nous allâmes rencontrer M. Féguenne à son bureau, où M. Boudreau l'avait rejoint. Le premier s'objecta à toutes les clauses du contrat, refusa de produire ou de laisser prendre l'inventaire détaillé de l'atelier et dit qu'il ne consentirait quand même pas à signer à moins que les $9,000. ne fussent déposés entre les mains du gérant de la Banque Canadienne Nationale, au moment de la signature.

Le lendemain cependant, M. Féguenne se désista un peu de ses exigences, et téléphona qu'il accepterait $4,000. comptant et la balance de $5,000. dans les soixante jours. Le même soir, nous retournions au bureau de M. Féguenne avec de nouveaux contrats dans le sens voulu par celui ci et nous ajoutions que les $4,000. requis seraient en banque dès le lendemain matin. M. Féguenne voulut bien nous avouer qu'il trouvait l'Association trop exigeante et qu'il était sur le point de monter ses prix de $1,000. ou $2,000. Nous lui donnâmes jusqu'au lendemain midi pour nous dire si oui ou non, il acceptait nos termes.

Avant-quatre heures après, M. L. Boudreau nous aborde avec une procuration en mains de M. Féguenne pour agir en son nom. Nous nous rendons chez l'avocat et là, tous les termes du contrat refusés la veille par M. Féguenne furent acceptés sans changer un iota. Il ne restait plus que la livraison des titres de la compagnie L'Union Printing avant l'apposition de signatures au bas du contrat, car l'Association refusait de donner son argent avant d'avoir l'assurance que ses titres pourraient être produits. Ni M. Féguenne, ni M. Boudreau ne voulurent ou ne purent accéder à cette condition sine qua non.

Il n'y avait plus qu'une chose à faire et nous l'avons faite : nous rendre à la décision de l'exécutif et fonder un journal nouveau puisqu'il n'y avait pas moyen d'acheter L'Union.

C'est ce journal que nous vous présentons aujourd'hui. Il sera le porte-parole de l'Association, c'est là son but unique. Il sera indépendant et au-dessus de tous les partis, assez grand pour embrasser toutes les bonnes volontés qui venaient servir la cause de notre race.

Nous avons la certitude que le clergé approuve et appuie nos efforts et nous espérons que toute la population canadienne-française marchera sans hésitation à la suite de ses chefs.

Nous avons cru en tout cela remplir de notre mieux le mandat qui nous avait été confié. Nous souhaitons que la « Survivance » soit bien accueillie dans tous les foyers canadiens-français de la province.

Docteur J.-L. PETITCLERC, Président général de L'Association Canadienne-française de l'Alberta

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