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Le choléra à Québec
par Sylvia Giroux
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Si l'on s'entend pour situer Légaré
dans le développement de la peinture au Canada, les opinions sont
partagées, par contre, en ce qui a trait à sa formation.
A-t-il reçu une préparation académique? Pierre-Georges
Roy parle d'un séjour en Europe, ce qui n'aurait rien de surprenant
puisque Légaré venait d'une famille aisée: « Son
père qui avait certains moyens, l'envoya se perfectionner en
Europe. Après un
séjour d'une couple d'années en Italie, M. Légaré
revint à Québec où il se livra à son art jusqu'à
sa mort ». (11) L'auteur ne cite pas ses sources. Robson soutient en
revanche que Légaré est entièrement autodidacte:
« Absolutely self-taught, for he never went abroad to study, Légaré
spent the early part of his career copying the works of old masters and
succeeded in securing orders for these pictures...». (12) Harper affirme
qu'aucune preuve n'existe ni dans un sens ni dans l'autre: « Son père
était un homme cossu, et quelques écrivains affirment qu'il
a envoyé son fils travailler son art à Rome, Paris et Londres
peu après la fin des guerres napoléoniennes; on n'a trouvé
aucun document pour confirmer cette assertion ». (13) Morisset est certain
que Légaré n'a jamais fait d'études à l'étranger: «
Ainsi ce peintre sans maître, qui n'est jamais sorti
de la région de Québec...». (14) Cette opinion est partagée
par Georges Bellerive: « En effet, il est le seul artiste-peintre
de Québec qui a conquis par ses oeuvres l'admiration de ses contemporains
sans avoir eu l'avantage d'aller étudier en Europe sous la direction
de maîtres reconnus, et sans même avoir eu de professeurs attitrés
à Québec pour le conseiller ». (15) Ceci est confirmé
dans Le Canadien de Québec (livraison du 14 avril 1852) où
on dit de façon explicite que Joseph Légaré n'est
jamais allé en Europe. C'est dire que Légaré ne doit
sa formation à personne. Les tableaux de la collection Desjardins
qu'il a eus en sa possession l'ont influencé: il les a copiés
ou retouchés. C'est ainsi qu'il se perfectionna.
À l'époque où il peint Le
choléra à Québec, Légaré rend publique
sa collection de tableaux. La lecture du catalogue écrit en anglais,
chose surprenante, révèle un ensemble religieux surtout.
Ce n'est donc pas de là que lui vint l'idée d'exécuter
des tableaux à partir d'événements historiques. Ses
rapports avec l'historien Garneau pourraient l'expliquer, toutefois,
et aussi le fait qu'il fut président de la Société
littéraire et historique de Québec. (16)
De sa collection, il décide de faire un
petit musée et passe l'annonce suivante dans la Gazette de
Québec (voir fig. 5): « Avis: Le soussigné ayant réuni
à sa maison neuve rue St. Angèle toute sa collection de Peintures
et Gravures, dont la plus grande partie est de la main des premiers peintres
d'Europe, et étant la plus riche collection de ce genre qui ait
jamais paru en Canada, prend la liberté d'informer ses amis et le
public en général, qu'elle est exposée à la
vue des amateurs tous les jours de la semaine entre dix heures du matin
et quatre heures du soir, excepté les fêtes et dimanches.
Prix d'admission 15 3d. Abonnement pour la. saison 5s. Abonnement pour
l'étude pendant la saison, 10s.
Joseph Légaré
Peintre
Haute ville de Québec
21 nov. 1833
N. B. M. Légaré sera toujours prêt
à exécuté tous ordres qui lui seront données
pour tableaux d' églises, vues de pays, etc ». (17)
En 1838, il transporte sa collection sur la place du marché. Voici le texte d'une autre petite annonce de
Légaré: « La Galerie de Peinture de Québec
est maintenant ouverte au
public dans le haut de la maison de pierre de taille sur le marché
de la haute-ville. La collection consiste en plus de cent cent vingt
tableaux de différents maîtres célèbres, et des gravures les
plus choisies, L50 ayant été refusés pour une seule entre
plusieurs autres.
Il n'existe sur ce continent rien de supérieur en ce
genre, à l'ensemble de cette collection. La chambre qui a 40 pieds
de longueur sur 30 de largeur et 24 de hauteur et qui est éclairée
par un dôme, sera louée à un prix raisonnable pour toute
exhibition spéeciale. Rien ne surpasse la vue que l'on a du
toit de la maison, et un télescope et une chambre obscure
sont à la disposition des visiteurs.
Heures d'admission de 10 am à 4 pm tous les jours (les dimanches et
fêtes exceptés). Admission 1s 3d ou 10s par anneé pour une
famille. (18)
Le choléra à Québec n'est ni daté ni signé. Le catalogue
de la Galerie nationale indique qu'il a été peint vers 1837 mais
sans ajouter d'explication ou de pièce justificative. Or on le
sait, les deux épidémies eurent lieu en 1832 et 1834; celle de
1832 ayant été la plus dramatique, on peut supposer que c'est
celle qui a poussé Légaré à en fixer la mémoire. Mais à quel
moment le fit-il? Voilà un problème qui pour l'instant n'est pas
résolu. Harper dit 1832 sans préciser s'il s'agit de l'événement
ou du tableau:
« Painted group of historical works including Cholera
Plague, Quebec, 1832...». (19)
Une chose certaine
est que 1837 fut au Québec une année de troubles
politiques dérivant probablement de la crise économique dont les journaux de
l'époque parlaient depuis déjà plusieurs années. Légaré
lui-même fut incarcéré à Québec le 13 novembre
1837 pour être relâché cinq jours plus tard. (20) Quelques jours auparavant, il auparavant, il était démis
de ses fonctions administratives: « La Gazette Officielle
de jeudi annonce la destitution de M. Joseph Légaré,
membre du soi-disant comité
central permanent de Québec et de la direction du Liberal, comme
juge de paix pour le district de Québec ». (21) Ces faits ont
dû se préparer à l'avance, et le moins qu'on puisse
dire est qu'ils ne prédisposaient pas à la création
artistique. Le tableau a sans doute été peint en 1832. Cette
hypothèse repose sur les faits suivants. Lorsque M. William P. Wolfe
de Montréal (qui avait lui-même acheté le tableau chez
un antiquaire de Québec en août 1957) céda l'oeuvre
de Légaré à la Galerie nationale le 3 juin 1959,
il était daté de 1832 et portait le titre Marquet Square,
Québec. Avant d'être la propriété de l'antiquaire,
il faisait partie de la collection de l'université Laval (connue aujourd'hui sous le nom de Musée du Séminaire de Québec)
et apparaissait au catalogue de l'année 1923 sous le numéro
350. (22) Le titre du tableau était alors During the cholera-morbus
at Québec. Il devint Le grand cholera à Québec
et porte le numéro 242 dans le catalogue de l'année
1933. De plus, il est daté de 1832. (23) Le catalogue de 1908, pour
sa part, n'en fait aucune mention. (24) Selon M. Jean-Pierre Paré,
conservateur au Musée du Séminaire de Québec, la succession
Légaré céda, en 1874, 309 tableaux dont Le choléra
à Québec au Séminaire de Québec. Le tableau
intitulé Québec pendant le cholera de 1832 portait
le numéro 267. Il demeura la propriété du Séminaire
jusque vers 1956.
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