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Étude sur une statue en argent de Salomon Marion
par Jean Trudel
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Des différences notables apparaissent entre la Vierge de
Marion et son modèle français. Les pieds, par exemple, sont traités
de façon complètement différente. En ce qui concerne ceux du
modèle, ils sont posés à plat et sortent vraiment à l'extérieur
du bas de la robe, constituant ainsi une partie distincte du corps même
de la statue, tandis que ceux de la Vierge de Marion
s'inscrivent, presqu'à la verticale, dans le prolongement des plis
de la robe. Cette variante résulte de la technique de Marion (voir
fig. 13 et la couverture): il a fait d'une seule plaque d'argent le
devant du corps de la Vierge. (34) Autant que nous puissions en juger,
Marion n'a coulé dans un moule qu'une seule partie de son oeuvre,
les mains de la Vierge qui sont d'argent massifs. (35) Tout le reste
semble fait de feuilles d'argent battues sur l'enclume dont le
travail de finition extérieure est extrêmement soigné. La
technique d'assemblage des différentes parties - à l'aide de
soudures et de rivets (voir fig. 14, 15 et 16) - est presque
invisible lorsqu'on examine l'oeuvre à l'oeil nu. Salomon Marion a
donné une texture différente aux deux parties des vêtements de
la Vierge: la robe présente une surface dépolie qui ne reflète
pas la lumière tandis que le manteau a été poli. Les manches
longues de la robe sortent cependant du manteau et ont subi la même
finition que ce dernier. Le même traitement, moins prononcé, peut
être remarqué sur le modèle français.
Salomon Marion était sûrement très fier de sa statue: il y a
apposé ses poinçons tout au bas, sur trois côtés, bien en évidence.
Peut-être avait-il le sentiment d'avoir démontré qu'il pouvait
faire aussi bien qu'un grand orfèvre parisien du début du XVIIIe siècle.
Il nous prouve sans aucun doute l'excellence de la tradition du métier
d'orfèvre implanté en Nouvelle-France plus de cent ans avant
qu'il n'exécute cette oeuvre. Il démontre aussi la survie du
sentiment d'appartenance à la France et à la religion qu'elle
avait apportée en Nouvelle-France. Placée dans l'église de Verchères,
probablement sur le tabernacle du maître-autel, sa statue d'argent
avait pour seule fonction de constituer un lien visible entre les
fidèles et la Vierge Marie qu'ils vénéraient.
Nous avons tenté de mieux situer la statue la Vierge Marie de
Salomon Marion dans le contexte où elle a été créée en
utilisant une méthode d'approche basée sur l'étude de
l'iconographie, de l'histoire, de la biographie, des analyses
descriptives et scientifiques de l'oeuvre doublées de comparaisons
avec d'autres oeuvres. Il reste encore bien des précisions à
apporter, mais c'est au seul prix de recherches sûres et minutieuses, englobant diverses approches, que des travaux de synthèse
sur l'orfèvrerie canadienne ancienne pourront être entrepris de
façon plus définitive qu'à l'heure actuelle en se basant sur des
jalons solidement établis.
Annexe I:
Rapport du Laboratoire de restauration
et
de conservation de la Galerie nationale du Canada
par J. MacGregor Grant
1 Description physique de l'oeuvre
Hauteur: 19-7/8 po (50,5 cm) mesure prise perpendiculairement à
la surface du piédestal et n'incluant pas celui-ci
Largeur maximum: 7-11/16 po (19,3 cm)
Profondeur maximum: 4-15/16 po (12,6 cm)
Poids: 41-2/10 oz (1280 g), sans inclure le piédestal et l'âme de
bois.
2 Examen de l'oeuvre
On a procédé à un examen physique dans le but d'étudier la
structure de la statue. On effectua par l'entremise des rayons X un
examen préliminaire de l'intérieur de l'oeuvre. Cette opération
était nécessitée par la présence d'une âme de bois fixée à
l'intérieur du creux de la base. Cette âme de bois fut enlevée
plus tard pour un examen visuel de l'intérieur de la statue (voir
fig. 15).
La statue est essentiellement une forme creuse composée d'un
assemblage de parties métalliques distinctes (voir la couverture).
La tête, le corps et les bras sont composés chacun de deux
sections métalliques tandis que les mains sont d'argent massif.
La structure est complétée par un autre petit morceau de métal
utilisé dans la partie inférieure de la robe, à l'arrière, pour
compenser un manque dans la structure première (voir fig. 16). Le
dessin (voir fig. 13) démontre comment la statue fut assemblée.
Les deux moitiés de chaque bras et de la tête sont simplement soudées
ensemble pour donner un assemblage soigné et presqu'invisible. Les
soudures qui parcourent l'oeuvre sur toute sa longueur des deux côtés
du corps, sont renforcées de l'intérieur par une mince bande
d'argent en forme de ruban (voir fig. 14, I). Cette bande, d'une
largeur approximative de 3/8 po (5 mm), a été utilisée par
l'artiste pour joindre les deux moitiés du corps à l'aide de
petits rivets à la suite de quoi une soudure fut effectuée. De même,
l'artiste a utilisé les petits rivets pour joindre la tête et les
bras au corps avant la soudure. Le petit morceau de métal près de
la base (voir fig. 16) a reçu lui aussi le même traitement.
Sur le dessus de la tête, il y a une petite ouverture dont le diamètre
est de 3/16 po (4 mm) et autour de laquelle est soudé un collet dépassant
de 2 mm la surface de la tête. On peut supposer que cela servait à
fixer quelque chose sur le dessus de la tête, peut-être une
couronne.
Des mesures nous révèlent l'épaisseur du métal près de la base
de la statue. Généralement, l'épaisseur varie entre 0,5 et 0,1
mm: cependant, le métal est encore plus mince en certains
endroits. Même s'il a été impossible de déterminer précisément
l'épaisseur du métal dans l'ensemble de l'oeuvre, les
radiographies indiquent qu'il n'y a pas de différences marquées
entre ses diverses parties.
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