La fin de la Deuxième Guerre mondiale en 1945 marque
le début de la Guerre froide caractérisée par un antagonisme
existant entre le monde capitaliste et le monde communiste.
Malgré cela, la période est marquée par l'optimisme :
- L'Europe dévastée par la guerre se reconstruit
sous l'impulsion du Plan Marshall (1947-1954).
- Les empires coloniaux disparaissent et les pays du Tiers-Monde
affirment leur indépendance.
Sur le plan mondial, le progrès économique est
considéré comme le principal moteur du développement
et la notion de «sous-développement» est alors utilisée
pour définir la situation de pauvreté qui sévit dans
plusieurs pays du Tiers-Monde. À cette époque, on considère
que le «sous-développement» est déterminé
par la surpopulation ou de mauvaises conditions climatiques.
Le «sous-développement» apparaît donc comme une situation
anormale, un retard par rapport aux pays industrialisés qui représentent
la norme.
LA COOPÉRATION INTERNATIONALE
La période est surtout celle de la mise en place des
grandes institutions internationales et d'agences nationales qui soutiendront
d'importants programmes d'aide aux pays en développement :
- Dans le cadre des accords de Bretton Woods en 1944, on
met en place le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD)
qui deviendra plus tard la Banque mondiale (BM).
- L'Organisation des Nations unies (ONU) est créée
en 1945 et, par la suite, ses agences spécialisées comme l'Organisation
mondiale pour la santé (OMS), l'Organisation des Nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Fonds des Nations unies pour
l'enfance (UNICEF).
- Au cours de cette période, plusieurs pays se dotent
d'agences de coopération internationale dont le Canada qui crée
l'Agence canadienne de développement international (ACDI) en 1968.
Ces grandes institutions interviennent dans les pays du Tiers-Monde
par l'injection de capitaux dans des projets d'infrastructures (construction
de routes, barrages
), le soutien à l'industrie lourde et l'envoi
de personnel spécialisé. On considérait que cette approche
devait faciliter le «décollage économique» des pays
dits sous-développés.
LA COOPÉRATION
INTERNATIONALE CANADIENNE ET LE CECI
Au Canada, la mise sur pied d'organisations non
gouvernementales (ONG) d'envoi de coopérants volontaires date de cette
période qui voit naître le CECI.
Les coopérants volontaires sont de jeunes professionnels fraîchement
diplômés qui suivent les traces des premiers missionnaires et
vont travailler à l'étranger à titre de bénévoles.
Durant cette période de pionniers, ils oeuvrent surtout dans les domaines
de la santé et de l'éducation. Ils vont soigner les malades
dans des hôpitaux et des dispensaires, enseigner dans les écoles
aussi bien dans des institutions privées que publiques. Ils sont animés
d'un grand idéalisme et font preuve de beaucoup de générosité.
On parle alors de coopération de suppléance : les coopérants
volontaires canadiens vont pallier le manque de ressources professionnelles
dans les pays dits sous-développés.
Le Centre canadien d'étude et de coopération internationale
(CECI) est fondé en 1958 sous le nom de Centre d'Études Missionnaires
(CEM) par feu le Père Jean Bouchard, jésuite. Le CEM avait
pour objectif d'initier les missionnaires des ordres religieux et les laïcs
proches de l'Église aux réalités culturelles et aux conditions
socio-économiques qui les attendaient dans les pays défavorisés.
La formation donnée au CEM, d'inspiration évangélique,
avait aussi des dimensions anthropologique et sociopolitique : sensibilisation
aux inégalités entre le Nord et le Sud et aux besoins des peuples
des pays de mission en matière de santé, d'éducation
et de développement économique. La formation mettait également
l'accent sur les qualités d'écoute et d'ouverture aux autres
cultures. Elle préparait les participants à travers les échanges
et la documentation à aller au-devant des peuples dans une attitude
d'écoute et de respect.
En 1968, une corporation formée d'individus influents provenant de
cinq secteurs de la société (milieux religieux et universitaire,
secteur privé à but lucratif, milieu des relations internationales,
ainsi que des coopérants de retour) prend en charge les affaires de
l'organisme. La Compagnie de Jésus conserve néanmoins la direction
générale jusqu'en 1979 et continue jusqu'à nos jours
d'être représentée au sein du Conseil d'administration.
Le CECI obtient en 1968 des fonds de l'Agence canadienne de développement
international (ACDI)
pour ses activités de formation, mais aussi pour l'envoi de ses premiers
coopérants volontaires à l'étranger. Les volontaires
sont affectés essentiellement dans le réseau des missions catholiques
canadiennes avec lequel l'organisme, depuis ses débuts, maintient des
relations étroites.
Le programme de coopération volontaire du CECI
est né.