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Dans la cour


Outre les bâtiments du Collège, on doit au père Beaudry l'aménagement de la cour, commencé dans les années 1870, puis, plus tard, la construction de la tabagie (1889) et du jeu de “balle au mur” (1896-1897), qui servira près de 90 ans.

      À l'heure de la récréation...

 

Déjà en 1875 et 1880 on peut relever divers jeux de balle, dont la balle au mur, le football, les courses, les marbres ou billes, les boules de neige en hiver. Il y avait aussi les promeneurs, dont s'étonnait le jeune A.-C. Dugas: “ces grands garçons, à l'air bonne société, marcher ainsi, sans but apparent, et cela pendant des congés entiers.” Dans la Voix de l'écolier du 1er octobre 1878, le père Jules Peemans décrit de fort belle façon l'atmosphère de la récréation.

     Nous voici sur la terrasse, vaste épaulement qui figure avec assez d’exactitude l’escarpe d’une place de guerre. De ce poste avantageux, nos regards émerveillés embrassent dans toute son étendue l’immense esplanade qui se déroule devant nous. Comme deux longs rubans aux arêtes verdoyantes les allées latérales courent entre une rangée double de jeunes arbres de la plus belle venue. Elles sont sillonnées de nombreux promeneurs à la démarche vive et leste: ce sont des philosophes pétris de logique et de chimie, des réthoriciens rêvant aux lointaines émotions de la tribune, des "élémentaires latins" tout fiers d’avoir triomphé de rosa.

     Au centre de la cour, entre les lignes parallèles de ce cadre mouvant, quelle animation, quelle vie! Plusieurs camps ennemis se contemplent de loin, brûlant du désir de comparer leur adresse, de mesurer leurs forces; de toutes parts, lancées par des mains vigoureuses, les balles fendent l’air en sifflant; le "football", de son côté, exécute des danses prodigieuses, décrit des ellipses et des paraboles fantastiques sans obtenir un moment de relâche; ici éclatent des cris de victoire, plus loin retentissent des clameurs aiguës et stridentes; partout la lutte est chaude, le combat acharné. [...]

La Récréation, La Voix de l'Écolier, 1er octobre 1878
aussi dans L'Estudiant, Vol. 2, no 1, octobre 1937, p. 5.

 

04cour3.jpg (29815 octets) On creuse l'étang!

Au début du collège, la cour de récréation n'existait pas et les élèves prenaient leurs ébats devant le collège. Mais en 1865, lors d'un échange de terrain, le Collège agrandit la cour à même le jardin du curé. La cour ne compte alors que 10 arpents de longueur sur un demi arpent de largeur et une bonne partie n'est que marais qu'il faut combler. Son aménagement commence dans les années 1870 et se poursuivra jusqu'à la fin du siècle.

L'étang, avec ses cinq jets d'eau, fut creusé au mois de septembre et d'octobre 1878 et mesurait environ quatre-vingt pieds de longueur. Les travaux furent exécutés en grande partie par les élèves. Et l'on ne tarit pas d'éloges à son sujet pendant toutes les années subséquentes.

     Pendant trois semaines, des cohortes actives de travailleurs ont manié avec entrain la pioche, la bêche et la brouette. L'ouvrage a été entièrement terminé le 19 octobre; les tuyaux de l'aqueduc ont aussitôt déversé l'eau dans ce vaste bassin, et le 21 octobre, fête de saint Viateur, a eu lieu l'inauguration solennelle de l'Étang.

A.-C. Dugas,Gerbes de souvenirs, tome I

     L'étang était de forme ovalaire de cent-quatre-vingt pieds de longueur sur 100 de largeur. Cette pièce d'eau est ornée de trois fontaines jaillissantes et entourée, elle aussi, d'une promenade.

Noces d'or, p. 169

04cour4.gif (17169 octets) Et dans le journal La Voix de l'écolier, en 1878, on ajoute que, “Du haut de la terrasse, l'aspect de la petite pièce d'eau est d'une ravissante poésie.”

 

     L'eau, lancée avec force par cinq bouches différentes, dessine des couronnes, des courbes gracieuses, trace des arcs, de minces filets d'argent, ruisselle en écume légère sur les bords de l'île et retombe en pluie fine ou en poussière impalpable produisant dans sa chute incessante les ondulations les plus variées à la surface du petit lac.

La Voix de l'écolier, 16 déc. 1878

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     Les visiteurs aperçoivent une élégante pièce d'eau là où croupissait un marais fangeux; un pavillon à deux étages [Tabagie], aux formes élégantes, garni de clochetons et d'ornements de goûts, qui sert de salle de lecture et de tabagie, précisément à l'endroit où jadis les fumeurs se tapissaient pour “tirer une touche” in fraudem legis.

A.-C. Dugas,Gerbes de souvenirs, tome I

 

Mais quel est donc ce pavillon? ...Une tabagie?

     Mais quel est donc ce pavillon, léger comme un château de cartes, dont le dôme étincelle à midi sous les feux du soleil? Récriez-vous, censeurs rigoureux qui, soigneusement claquemurés dans les us et coutumes du bon vieux temps, vous montrez hostiles à tout progrès dans l'art du confortable; ce pavillon, c'est une salle de lecture et d'amusements.

Noces d'or, p. 170

À l'époque, on fume beaucoup au Canada et, dans Lanaudière, on cultive le tabac depuis déjà longtemps. C'est donc à l'intention des fumeurs, tout d'abord, que le père Beaudry fait construire une tabagie. Au cours des ans, ce bâtiment servira tour à tour de fumoir, d'arsenal, de salle de réunion, de local scout, et verra défiler des générations d'étudiants.

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Déjà en 1857, dans l'une des lettres à son supérieur en France, Louis Querbes, le père Champagneur fera état de cette coutume.

 

     Les petits enfants s'arment d'une pipe et c'est curieux de voir une Canadienne filer ou coudre avec une longue pipe à la bouche. Dans les presbytères, il y a toujours une boîte de pipes et de tabac. On a empêché autant que possible de fumer dans la communauté, mais il y en a à qui la pipe leur est nécessaire, il paraît que le tabac est une espèce de vermifuge, il dégage aussi un estomac chargé de bile.

Champagneur à Querbes, 20 avril 1857

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L'Étang sera remblayé à l'automne 1939, malgré l'opposition du P. Wilfrid Corbeil, un Clerc de Saint-Viateur qui sera fort influent au XXe siècle dans la vie du Collège Joliette. Quant à la tabagie, elle sera incendiée le 2 mars 1940, après avoir servi autant de fumoir, d'arsenal ou de local scout, comme le raconte un étudiant dans un article intitulé L'incendie de la tabagie.

 

04cour7.jpg (24081 octets) Le jeu de balle au mur

Après l'aménagement de l'étang, le vieux jeu de balle tout prêt du collège est transporté au fond de la cour, qui se termine par le “petit bois”, le domaine privilégié des “fredaines” comme l'écrira au début du siècle Jean-Claude Martin dans un poème intitulé Le Petit Bois.

Tout au fond de la cour lointaine,
Près de la rivière d'argent...

Le jeu de “balle au mur” que fait construire le père Cyrille Beaudry en 1896-1897, et qu'ont connu toutes les générations d'élèves du XXe siècle, coûta 1038 $, soit 6% des dépenses de l'année (Bilan du 15 juillet 1897). Longueur: pas moins de 200 pieds, divisé en six parties.

Il fut démoli par le cégep vers 1985, à la suite de deux incendies partiels. Mais depuis longtemps ce jeu n'était plus utilisé, les élèves actuels se désintéressant de ce jeu ou ne le connaissant plus.

 

04cour8.jpg (23417 octets) Au  printemps, les classes sont “corvéables”

L'agrandissement de la cour et sa transformation en parc (comblement d'une bonne partie de la cour, qui n'était que marais, plantations d'arbres, tracés des allées, etc) sont dus au père Cyrille Beaudry et à de nombreux collaborateurs, dont le père Eucher Laporte, le frère Joseph Séguin, etc., et aux générations d'élèves qui y ont mis la main.

Au printemps de chaque année, jusque dans les années 1940-1950, les diverses classes seront “corvéables”. Et le tout se déroulait comme une véritable fête, relate l'abbé Dugas dans ses Gerbes de souvenirs.

 

     Et la cour d'autrefois, cette cour plate et inculte, est elle-même devenue, comme sous la baguette de la fée Morgane, un splendide jardin et un square luxueux.

A.-C. Dugas, Gerbes de souvenir, tome I

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En 1903, on agrandit la cour

Enfin, la cour du Collège sera agrandie en 1903 par l'achat d'une lisière de terrain qui bordait la rivière et qui appartenait à W. Copping, propriétaire du moulin à bois situé sur l'autre rive de la rivière l'Assomption. Le Collège paya mille dollars pour cet achat. Dans l'Annuaire de 1902-1903, le chroniqueur du Collège écrit à ce sujet:

     Par cette acquisition qui coûte très cher, la cour du collège acquiert une valeur inestimable par son agrandissement et surtout par la proximité de la rivière.

Annuaire du Collège Joliette 1902-1903

 

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