Flèche Parcours désordonné
Propos d'artistes sur la collection
[ Accueil ] [ Index ][ Donner le sens ] [ Droits d'auteur ] [ Équipe W3 ][ English ]

Jeu de bois II

Exposition de Jocelyne Tremblay
Critique de Nicole Clément,
historienne de l'art,
présentée en 1994 à la galerie Skol (Montréal)

© Nicole Clément, revue culturelle de Lanaudière L'Artefact, Vol III, no 2, 1994, p. 25.


Quelque soit le médium de création, les artistes sont de plus en plus nombreux à s'intéresser au débat écologique. La nature sous toutes ses formes devient objet de musée à exposer, analyser, conserver. Jocelyne Tremblay, artiste du regroupement Les Ateliers convertibles de Joliette, s'insère d'une manière bien personnelle dans ce champ artistique. Elle propose un rapprochement nature-culture. C'est par le circuit des souvenirs que l'artiste nous invite à réfléchir «sur la possibilité de relier l'art contemporain aux racines d'un peuple sans pour autant le faire sur un mode nostalgique».

Les sculptures de sa toute récente exposition Jeux de bois II, à la galerie Skol de Montréal, sont autant de réflexions sur les différents états du bois que sur la mémoire, qu'elle soit visuelle, tactile ou olfactive. Elle poursuit ainsi son expérimentation des bases du langage sculptural (couper, fendre, empiler, corder le bois) amorcée dans Jeux de bois I, exposition présentée en 1993 au Musée de la ville de Lachine. Puisant à même ses souvenirs personnels, elle construit une «histoire presqu'oubliée» : celle des expressions populaires, des jeux de l'enfance et de festivités, mettant en relief l'omniprésence du bois dans la culture et l'imaginaire québécois.

La sculpture est, ici, prétexte à une expérimentation des gestes, des savoirs et des mémoires. Travaillant à partir de matériaux de récupération (sapins de Noël qu'elle ébranche au parc Lafontaine, madriers des chantiers de construction, bois de chauffage...), l'artiste ramasse et identifie les diverses essences de bois qu'elle différencie par un mode d'attache particulier pour ensuite les regrouper en fagots et les déposer sur des traîneaux comme ceux de notre enfance (Convoi ). Elle expose les multiples aspects du bois, de la simple feuille d'arbre à sa transformation en feuille de papier (États de bois ). Dans Mon beau sapin, elle confronte la torsion d'un tronc de sapin de Noël de culture à la droiture de celui du sauvageon ; l'effet est saisissant. Elle fait revivre des souvenirs, tel l'expression Traverser le bois mort, ou l'odeur caractéristique du «sapinage» dans Boîte à bois.

Un peu à la manière d'une ethnologue, tout en conservant un esprit ludique, elle retisse ses liens d'appartenance culturelle à la forêt de Charlevoix (lieu de son enfance). Il en ressort des oeuvres empreintes de poésie où dominent harmonie et équilibre entre nature et culture, lien essentiel entre l'art et la vie.



[ Accueil ] [ Index ][ Donner le sens ] [ Droits d'auteur ] [ Équipe W3 ] [ English ]

L e s   A t e l i e r s   c o n v e r t i b l e s

Adressez vos commentaires à
mailto lac@pandore.qc.ca

Ce site W3 a été créé en vertu d'un
contrat passé avec Industrie Canada
Les collections numérisées du RESCOL