Regards sur l'introspection

Une consigne:
fabriquer un masque-heaume et se mettre en scène avec ce port de tête.

Je ressens un certain malaise. J'appréhende l'inconfort de cette position : me retrouver la tête enfermée, le regard perturbé. Je crains de perdre l'ouïe ou l'odorat, mais c'est surtout de perdre la vue dont j'ai peur.

Choisir un objet, le mettre en rapport avec un autre, s'investir dans ce langage est une chose ; développer un rapport intime entre son corps et un objet posé dessus en est une autre!

Je jongle avec des mots.
Aveuglement Visière		Camouflage Prothèse

Instinctivement, je pose les mains sur mes yeux un peu comme un enfant qui, cachant les siens, aurait l'impression de disparaître.

En masquant mon regard avec des prothèses visuelles, je m'intériorise. Je travaille donc sur cette sensation d'être dans ma tête, dans l'espace.

Ces nouvelles visions déterminent nécessairement une démarche du corps dans ses déplacements. Depuis cet atelier avec Jean-François Pirson, je fabrique des dispositifs visuels comme objets autonomes dans l'espace d'exposition ou comme matériel de performance.

[SJ]

* Suzanne Joly lors du premier workshop de Jean-Francois Pirson, 1994, tirages vidéo Daniel Bergeron.
* Prototypes (détail), appareils de vision et matériaux divers étalés au plancher et au mur, 1996, photo Danielle Binet.