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Propos d'artistes sur la collection
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Âge tendre
et tête de bois

Dans l'atelier dirigé par l'artiste, architecte, «poète au quotidien», Jean-François Pirson, j'ai construit un masque assemblé à même ma tête, mon visage. Il s'agissait de coller un à un des rectangles de bois directement sur les contours de ma tête pour en arriver enfin à une géométrie de planchettes épousant ma morphologie.

Le résultat : un «objet portable»

En plus de prolonger les lignes de mon profil, cet objet portable agit sur mon corps en transformant ma vision, mes mouvements dans l'espace, mais surtout mon attention envers ce «nouveau» corps. Je ne peux plus marcher de la même façon. Impossible d'ignorer la présence de cet objet. À son contact, ma manière d'être et de penser se modifie.





Pour accompagner cette tête de bois... j'ai fabriqué un «bâton portable». Cette longue baguette s'insère debout dans le masque lorsque celui-ci est posé au sol tel une sculpture autonome. Un dispositif ajustable d'attaches fixe cette structure le long de ma colonne vertébrale. Il se porte au milieu du dos, dans le prolongement de l'axe haut-bas de ma masse corporelle, et va d'un pied au dessus de ma tête jusqu'au bas de mes mollets.

Comment m'abandonner physiquement
à ces deux nouveaux éléments
que sont le bâton et le masque ?



Quelles différences y a-t-il ?

Comment accueillir le changement ?



Avec le temps, l'interaction corps-objet m'entraîne vers une expérience interne du corps. Cette écoute de sensations me dirige vers une observation plus approfondie de ce qui est en dedans, ce qui vient du dedans ou du dehors.

L'objet n'est jamais là pour lui-même mais pour ce qu'il suggère, évoque. J'imagine qu'il en va de même pour le collectionneur.

Et vous qui lisez ces lignes, quels rapports entretenez-vous avec vos objets favoris, vos petits assemblages dans différents coins de la maison, votre coffret-souvenirs?

Cette interrelation corps-objet (masque-heaume) pendant le laboratoire-collection a cristallisé en moi un rappel à l'ordre face à ce qui constitue mon identité, ce qui s'en éloigne ; ce qui m'incite à personnaliser mon art, un art empreint d'intimité.

[ST]



Crédits

* Francis LaPan et Sylvie Tourangeau lors du premier workshop de Jean-François Pirson, 1994, tirage vidéo Daniel Bergeron.
* Performance Une autre Vie, Galerie Ming, Montréal, 1994, photo Jean-Marie Savage.
* Performance Une autre Vie, Galerie Ming, Montréal, 1994, photo Jean-Marie Savage.


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