L'idée d'ériger un monument en l'honneur du premier cardinal canadien provient de Mgr.Marois, vicaire général et doyen du chapitre de Québec. L'idée fit, tranquillement, son chemin et le 30 août 1921, Son Éminence, le cardinal Bégin, dans une lettre adressée à ses diocésains, annonçait sa décision d'élever un monument en la mémoire du cardinal Taschereau. En vue de mener à bien ce projet, un comité sera mis en place sous la direction de l'honorable Charles Fitzpatrick, lieutenant-gouverneur de la province de Québec. Et c'est à Mgr. Marois qu'on donna la tâche de recueillir les fonds nécessaires à la réalisation de ce noble projet. Ce dernier réussit à obtenir des souscripteurs plus de 40 000$. Ce qui permit aux organisateurs de jeter, en 1923, les bases du monument.

Le monument du cardinal Taschereau a été construit à l'endroit qui, jadis, accueillait le marché de la haute-ville et qui devint par la suite la place de la basilique. Soit à l'endroit même où la première église paroissiale fut construite, à Québec, en 1647. Le monument fut dévoilé, devant une foule de trente mille personnes, le 9 ou le 17 juin 1923. Le cardinal Bégin, le lieutenant-gouverneur de la province de Québec et le premier ministre de la province de Québec, M. Alexandre Taschereau dévoilèrent le monument. Pour l'occasion la basilique, l'hôtel de ville, les abords du monument et les maisons voisines avaient été décorées avec beaucoup de soin. Fleurs, banderoles et drapeaux aux couleurs cardinalice (rouge) se côtoyaient produisant, chez tous les spectateurs rassemblés pour célébrer la mémoire de l'éminent cardinal, un effet de magie et de féerie.

Une messe fut célébrée au pied du nouveau monument par Son Éminence le cardinal Bégin. Le sermon fut prononcé par Mgr.Mathieu. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler la vie exemplaire et les vertus du cardinal Taschereau. Il dit entre autres lors de son allocution : "Il y a vingt-cinq ans, la ville de Québec, ou plutôt le Canada tout entier était plongé dans le deuil par la mort d'un de ces hommes privilégiés. Le cardinal Taschereau allait recevoir au ciel la récompense d'une vie dévouée tout entière à son Dieu et à sa patrie. Avec lui disparaissaient une intelligence vive et parfaitement cultivée, un caractère trempé de vaillance et d'énergie, un coeur bien rempli de l'amour de son frère parce qu'il était tout plein de l'amour de Dieu."(3) Les festivités prirent fin tard dans la soirée par une illumination du ciel tout à fait magique; des feux de bengale et des fusées pyrotechniques furent lancés dans le ciel sous les applaudissements d'une foule émerveillée.