L'enracinement

Le début du XIXe siècle fut marqué pour les Acadiens de la Nouvelle-Écosse par la présence du père Jean-Mandé Sigogne. Ces Acadiens, pour la plus grande majorité analphabètes, n'avançaient pas au rythme de leurs voisins anglophones. La loi de 1864, soit la Free School Act, explique le retard des Acadiens vis-à-vis l'éducation. Grosso modo, cette loi leur enlevait le droit d'enseignement dans leur langue maternelle et le droit de recevoir l'enseignement religieux.C'est dans cette atmosphère troublée que les désirs de fonder le futur Collège Sainte-Anne se développèrent. Déjà au début du siècle, le père Sigogne se lamentait de l'ignorance de ses ouailles et selon lui, l'éducation et le catéchisme étaient primordiaux et presqu'obligatoires pour les Acadiens. Longtemps après sa mort, survenue en 1844, Jean-Mandé Sigogne est reconnu comme étant un homme zelé, désireux de voir les Acadiens progresser.

On peut dire, d'une certaine façon, que l'ambition de Sigogne fut transmise et propagée aux abbés Alphonse Parker et Jean-Marie Gay et à l'archévêque Cornelius O'Brien. C'est surtout Parker qui a mis sur pieds le projet intitulé le Mémorial Sigogne. Gay et Parker partageaient les préoccupations de l'abbé Sigogne concernant l'établissement d'une maison d'enseignement supérieur pour les jeunes garçons de la région. À l'occasion de la visite pastorale de Mgr O'Brien en 1883, le père Gay exposa ses préoccupations et son désir de fonder une maison d'éducation. En somme, ces hommes ont semé les premières notions de ce que deviendra l'éventuel Collège Sainte-Anne.

Le pourquoi de la venue des pères Eudistes

Gustave Blanche
Pierre-Marie Dagnaud
Jean-Marie Gay
Cornelius O'Brien
Alphonse Parker

Il est juste de dire que sans la venue des Eudistes, autrement connus sous le nom de la Congrégation de Jésus et Marie, le rêve des pères Gay et Parker n'aurait jamais vu le jour. Mais pourquoi sont-ils arrivés au Canada et quel fut l'impact de leur venue ?

Plusieurs raisons entourent le pourquoi de la venue des Eudistes au Canada, mais mentionnons-en quatre, soit: l'enseignement dispensé par les congrégations religieuses était de moins en moins toléré en France, le supérieur général de la congrégation désirait mettre sur pieds un établissement en Amérique du Nord, les Acadiens de la Baie Sainte-Marie ressentaient le besoin d'avoir un établissement d'enseignement supérieur et l'archévêque d'Halifax, Cornelius O'Brien, avait invité les Eudistes à venir au Canada. Malgré sa sympathie pour les Acadiens et son intérêt envers leur éducation, il voulait angliciser les Acadiens qui est d'ailleurs la raison d'être de «l'Academy» que l'on verra plus tard. Dans le livre intitulé Chroniques du Collège Sainte-Anne, il est dit que «Mgr l'archévêque de Halifax était sans doute un bon archévêque, même s'il avait une conception politique diamétralement opposée à l'idéal des Acadiens.» Mgr O'Brien était un Irlandais et victime de l'ambiance de son temps; il n'avait pas pu résister à la rage d'angliciser. En plus, la loi militaire française de 1889, qui rendait obligatoire le service militaire chez les religieux et chez les écclésiastiques, encouragea davantage la venue des Eudistes au Canada.

Le 14 septembre 1890, les pères Gustave Blanche et Aimé Morin arrivent à Halifax pour la fondation du futur Collège. C'est à cette époque que commence dans la région de la Baie Sainte-Marie l'oeuvre des Pères Eudistes.





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