III
Les domaines particuliers
De toute évidence, le rythme du changement est plus lent dans certains domaines de l'administration que dans d'autres. Pour certains, le changement est bienvenu, pour d'autres, par exemple ceux pour qui le changement signifie la perte d'avantages personnels ou professionnels, le changement sannonce moins réjouissant. Le changement n'est pas sans inquiéter les nombreux fonctionnaires qui doivent faire face aux impératifs de la réduction des effectifs et des ressources.
Telles sont les réalités de la vie dans les grandes institutions. Elles ne sont pas le lot exclusif de notre fonction publique. Ces réalités ont cours dans tout processus de changement institutionnel.
Le scepticisme des employés
Ce sont souvent les employés des échelons « intermédiaires » qui sont les plus sceptiques devant les promesses de Fonction publique 2000. Ils sont conscients que des changements s'imposent, mais ressentent de l'incertitude, voire de l'appréhension, quant à la façon de réaliser le changement. Leur engagement face au métier de fonctionnaire et à servir le public client est indéfectible. Pourtant, ils se demandent si les réformes auxquelles ils assistent sont sérieuses, et si ces changements seront bénéfiques à la fonction publique.
Ces attitudes sont des attitudes saines. Elles reflètent l'esprit d'indépendance et le sens de lengagement personnel qui ont longtemps caractérisé la fonction publique. Les fonctionnaires de tous les échelons se doivent de faire la preuve que la réforme est réelle, que le changement sopère dans les meilleurs intérêts de tous les employés et que seule une fonction publique renouvelée nous permettra de servir les Canadiens comme ils le méritent.
Le renouveau dans les points de service
Du point de vue des personnes, le processus de réforme aura réussi lorsque lemployé de première ligne, c'est-à-dire la personne qui travaille à un comptoir de service dans un aéroport, dans une station d'inspection ou dans un centre d'emploi, aura la motivation, l'occasion et l'appui dont il a besoin pour servir les Canadiens du mieux possible.
Les priorités de l'année 1992
La fonction publique a un rôle primordial à jouer au moment où le Canada traverse une période difficile. Durant l'année qui vient, nous avons à atteindre trois grands objectifs.
Le service
Notre première tâche, de mon point de vue, doit être de réaliser des progrès significatifs aux yeux des Canadiens, dans le domaine du service. Cela suppose en particulier:
Les ministères ayant réalisé les plus grands progrès jusquici dans l'amélioration de leurs services sont ceux qui ont travaillé en étroite collaboration avec leurs clients. Cela doit demeurer une priorité pour tous les ministères l'année qui vient. La consultation, la mise en place de mécanismes de rétroaction régulière tels que les enquêtes auprès des clients, et le maintien de bonnes communications auront une réelle influence sur la qualité des programmes et sur la façon de les mettre en uvre.
Les personnes
La grève de 1991 a eu un effet traumatisant sur la fonction publique. La grève a créé des tensions au sein de leffectif et elle a amené bien des fonctionnaires à remettre sérieusement en question leurs valeurs et leur engagement envers l'organisation. Bien des leçons ont pu être tirées de ces événements par la direction, par les syndicats et par tous les employés. Notre deuxième tâche doit donc être daccélérer le processus de réconciliation et le mouvement de renouvellement au sein de chaque unité de travail, afin que notre capacité de servir les Canadiens demeure intacte et que le processus de changement puisse se poursuivre.
Les sous-ministres s'emploieront de façon particulière:
Les sous-ministres et leurs équipes de direction doivent démontrer à tous les employés que les valeurs de Fonction publique 2000 trouvent leur application dans la vie et les activités courantes de leur ministère. Rien nimporte davantage que cela pour la crédibilité et la réussite de ce vaste processus de réforme.
Les communications internes
Notre troisième tâche concerne encore une fois le milieu interne et les divers efforts qui ont été déployés pour améliorer les communications au sein des ministères, et en particulier entre les administrations centrales et les régions. Nous sommes en train de modifier en profondeur notre façon de traiter avec les clients de l'extérieur. Je crois que nous devons accorder une égale attention à la consultation à l'interne, essentiellement pour les mêmes raisons, à savoir améliorer nos programmes et les services que nous offrons aux Canadiens.
Conclusion
Dans la difficile conjoncture actuelle, le premier devoir des fonctionnaires est bien entendu de servir - avec une loyauté et un engagement indéfectibles, avec ardeur et imagination, et avec le profond sentiment de fierté que leur inspire leur pays, dans le respect de leurs concitoyens.
Le second devoir de la fonction publique est de poursuivre les efforts entrepris pour se renouveler. Si le Canada est appelé à survivre et à prospérer, il le devra, en partie, aux avantages que lui apporte une fonction publique engagée, moderne, souple et de très haute qualité. Tel est sans doute un des plus importants héritages que nous puissions léguer aux générations futures .
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