The Colony of Unrequited Dreams est un chef-d'œuvre de Wayne Johnston, l'écrivain de St. John's qui a amorcé sa carrière à l'ancien Daily News en 1979-1981, et s'est ensuite rendu à Ottawa pour se consacrer entièrement à l'écriture. Presque immédiatement, Johnston produit The Story of Bobby O'Malley (1985), qui a remporté le prix du premier roman de W.H. Smith Books in Canada, et The Time of Their Lives (1987), qui lui a valu le prix des jeunes auteurs d'Air Canada et de la Canadian Authors' Association. Son roman suivant, The Divine Ryans (1990), lui vaut de nouvelles louanges, et a été adapté au grand écran. The Colony of Unrequited Dreams, une contemplation de l'âme profonde de Terre-Neuve, constitue l'œuvre la plus ambitieuse et la mieux réussie à ce jour. En 1999, elle figurait sur la liste de présélection du Booker Prize.
The Colony of Unrequited Dreams nous permet de faire intimement connaissance avec l'histoire de Terre-Neuve en suivant la carrière du personnage central, «Joseph Smallwood»--non le premier ministre de la province, mais un personnage fictif qui participe à des activités réelles du véritable Smallwood ainsi qu'à d'autres événements avant et après la Confédération de 1949. Fonctionnant sur au moins trois niveaux d'entendement, ce livre représente une tentative ambitieuse pour sonder la société de Terre-Neuve et explorer son identité. Comme Johnston l'a lui-même déclaré en 1998 dans une entrevue au réseau anglophone de la radio de Radio-Canada : «Les rêves non partagés ne sont pas les seules privations qu'a endurées Terre-Neuve au fil des siècles, elle a également vu ses aspirations nationales contrariées ou avortées. Sa marche vers l'indépendance a été interrompue, et, par conséquent, le rêve d'un pays que chérissaient bon nombre de Terre-Neuviens a été inassouvi. Pour les personnages du livre, beaucoup d'autres rêves et aspirations ne se sont pas réalisés non plus, parfois pour des raisons politiques, parfois en raison de leurs propres défauts, parfois par la force du hasard.»
Le roman a soulevé certaines questions concernant l'efficacité de la fiction historique, particulièrement les reconstitutions des événements récents. Rex Murphy a tiré la conclusion suivante dans le Toronto Globe and Mail (le 3 octobre 1998) : «la vie intérieure fictive et la création d'une intrigue amoureuse ont privé Joey de la vigueur et du charisme élémentaire qui composaient la personnalité magnétique du personnage original.» Johnston a répondu le 23 novembre : «Il existe de nombreux précédents du genre dans la littérature mondiale, mais peu en littérature canadienne, et je soupçonne que c'est pour cette raison que les critiques canadiens trouvent ce concept si difficile à accepter.» Peu importe laquelle de ces vues est acceptable, le lecteur découvrira un des ouvrages fictifs portant sur la vie publique de Terre-Neuve des plus stimulants ainsi qu'un intéressant voyage dans le temps égayé par l'esprit caractéristique de Johnston.
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