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Les Relations des jésuites : aux sources de l'histoire de la Nouvelle-France

Contexte de publication


Les débuts de la Nouvelle-France sont étroitement liés au commerce des fourrures, en pleine croissance à la fin du XVIe siècle. La traite des fourrures incite les Français à établir des comptoirs commerciaux en Acadie et dans la vallée du Saint-Laurent au début des années 1600. Les missionnaires emboîteront très vite le pas aux marchands de fourrures et fonderont des missions chez les populations amérindiennes avec lesquelles ceux-ci font la traite des fourrures. Au début, l'effort de conversion se concentre surtout autour des postes de traite, mais très vite, à l'instar des marchands de fourrures, les missionnaires pénètrent à l'intérieur du continent, dans la région des Grands-Lacs. La première moitié du XVIIe siècle est sans conteste la phase la plus intense de l'œuvre missionnaire en Nouvelle-France : c'est l'époque des rêves de conversions massives et rapides, celle aussi des projets ambitieux de civilisation et de francisation des Amérindiens.

Les jésuites se trouvent alors au cœur de l'œuvre missionnaire. Ils appartiennent à un ordre religieux encore jeune, mais en pleine expansion. Fondée en 1540 par Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus a connu, en effet, une croissance rapide au cours de la seconde moitié du XVIe siècle et au début du siècle suivant. À la mort du fondateur, en 1566, la Compagnie regroupe déjà quelque 1000 membres et administre une centaine d'établissements, principalement en Europe, mais aussi en Asie, en Afrique et en Amérique. En 1615, les effectifs de l'ordre atteignent 13 000 membres et le nombre de ses établissements (résidences, noviciats, collèges…) s'élève à environ 500. Perçus à cette époque comme les troupes de choc de la catholicité, les jésuites participent activement en Europe aux missions auprès des paysans et des protestants. Hors du continent européen, ils se démarquent aussi comme l'un des ordres missionnaires les plus actifs dans les régions du monde ouvertes à la colonisation européenne.

Les jésuites seront les premiers missionnaires français à fonder une mission en Nouvelle-France. L'expérience débute en 1611, en Acadie, mais elle est de courte durée, car une attaque anglaise met un terme à l'expérience dès 1613. Les jésuites reviennent en Nouvelle-France en 1625. Ils prennent alors la direction de Québec, où Champlain a établi quelques années plus tôt un petit comptoir de traite. Les récollets, branche de la famille franciscaine, y sont présents depuis 1615, mais leur travail n'a encore donné que de maigres résultats. Après l'intermède anglais à Québec, qui dure de 1629 à 1632, les jésuites retournent en force dans la colonie laurentienne. Durant 25 ans, ils y bénéficieront du monopole de l'œuvre missionnaire, les autorités françaises ayant refusé aux récollets le droit de retourner dans la vallée du Saint-Laurent.

Les Hurons, principaux intermédiaires des Français dans le commerce des fourrures, retiennent surtout l'attention des jésuites. Sédentaires et regroupés dans des villages densément peuplés, ils apparaissent aux yeux des missionnaires comme de meilleurs candidats à la christianisation que les Amérindiens nomades de la Nouvelle-France. Dans l'espoir d'y jeter les fondements d'une nouvelle Église chrétienne, les jésuites concentrent donc chez les Hurons l'essentiel de leurs effectifs. La destruction de la Huronie par les Iroquois, en 1650, met cependant un terme à ce rêve missionnaire.

Compliqué durant quelques années par les guerres iroquoises, le travail d'évangélisation à l'intérieur du continent reprend dans les années 1660, mais « l'époque mystique » est définitivement révolue et, lentement, dans les dernières décennies du XVIIe siècle, le zèle missionnaire fléchit. Les jésuites restent présents dans la plupart des endroits stratégiques à l'intérieur du continent, mais les espoirs de conversions rapides cèdent la place à une attitude plus réaliste, sinon à une certaine désillusion.


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