Skip navigation links (access key: Z)Bibliothèque et Archives Canada / Library and Archives CanadaSymbol of the Government of Canada
English - English version of this Web siteAccueil - Page principale du site Web institutionnelContactez-nous - Communiquez avec l'institutionAide - Renseignements sur la façon d'utiliser le site Web institutionnelRecherche - Recherche dans le site Web institutionnelecanada.gc.ca - Site Web du gouvernement du Canada


Les Relations des jésuites : aux sources de l'histoire de la Nouvelle-France

Le récit d'une offensive missionnaire


Si elles nous ouvrent une porte sur l'univers mental des missionnaires du XVIIe siècle, les Relations se présentent aussi comme de précieux documents pour reconstituer l'histoire de l'entreprise de conversion des Amérindiens de la Nouvelle-France. Les écrits des jésuites constituent, en effet, des textes essentiels pour dégager les stratégies et les moyens envisagés pour convertir les Autochtones. Les jésuites du XVIIe siècle arrivent dans la colonie avec des idées préconçues sur les meilleures méthodes pour amener les Amérindiens à adopter la religion catholique. Plusieurs de ces méthodes avaient déjà été appliquées ailleurs dans le monde : l'apprentissage des langues; l'exploitation de la peur, notamment à travers le thème des souffrances de l'enfer; l'utilisation de la supériorité technologique européenne pour impressionner les Amérindiens; la sédentarisation et le regroupement des Autochtones; la création de pensionnats pour les jeunes Amérindiens…

Les Relations nous permettent de dégager les politiques et les stratégies missionnaires et de suivre leur adaptation nécessaire aux réalités autochtones de l'Amérique du Nord. La résistance ou l'indifférence des Amérindiens à l'égard de certaines méthodes ont forcé les jésuites à ajuster leur tir. L'abandon rapide du projet de sédentarisation des Amérindiens nomades au profit de missions itinérantes, stratégie que les jésuites adoptent en 1641, en est un bel exemple, tout comme la décision, prise à la même époque, de mettre un terme aux pensionnats pour les jeunes Amérindiens. Dans le premier cas, les jésuites s'étaient heurtés à l'indifférence des Amérindiens nomades, profondément attachés à leur mode de vie; dans l'autre, les missionnaires s'étaient butés au refus des Autochtones de se séparer de leurs enfants pendant plusieurs mois, voire quelques années, pour les confier à des étrangers, dont les manières devaient leur paraître pour le moins étranges.

Étant donné l'absence de documents d'origine autochtone, les Relations constituent presque la seule documentation disponible pour tenter de cerner les réactions amérindiennes à l'offensive missionnaire. La conversion fait évidemment partie des réponses autochtones et les Relations, conçues comme le récit de l'implantation du christianisme en Amérique du Nord, contiennent de nombreux témoignages à ce sujet. Mais les jésuites ont dû faire face aussi à des résistances, parfois très vives, dans les communautés où ils fondaient des missions, car leur désir d'implanter une nouvelle religion menaçait de nombreux aspects des cultures amérindiennes. Les nombreux changements que demandaient les missionnaires heurtaient parfois de plein fouet des pratiques ancrées dans le fondement même des sociétés amérindiennes.

Dans leurs Relations, les jésuites ont certes tendance à mettre davantage l'accent sur les dispositions favorables des Amérindiens à l'égard du christianisme. Leurs récits annuels n'offrent cependant pas une image essentiellement idéalisée de l'attitude des Amérindiens à l'égard de la nouvelle religion. On peut y percevoir différentes formes de résistance, qui vont des moqueries aux gestes de violence, en passant par les menaces plus ou moins explicites à l'égard des prêtres et de leurs néophytes. Ces manifestations de résistance ont d'ailleurs un rôle à jouer dans la construction d'un récit édifiant. D'un strict point de vue littéraire, elles créent un effet dramatique - un climat d'adversité et de tension - qui offre l'occasion aux missionnaires et aux convertis d'afficher la force de leurs croyances et donc d'édifier les lecteurs.


Divulgation proactive