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TERREUR À LA MISSION

La police montée de Saint-Albert

Un mot quant à la police montée de Saint-Albert. Ce petit escadron d'environ soixante soldats, tous grades confondus, est monté à la mission du Lac La Biche en passant par Victoria et le lac Whitefish. Les hommes avaient leurs propres chevaux, selleries et fusils « Snider ». Aucun uniforme ne leur a été donné. Le moyen de transport était composé de chariots provenant de Red River. La marche à partir d'Edmonton a pris environ une semaine. Ils ont utilisé un des bâtiments de la mission du Lac La Biche comme caserne. Ils passaient leur temps à patrouiller, à faire des piquets et à s'entraîner au tir et aux autres pratiques de la police montée. Aussi, ils observaient et patrouillaient les réserves. Il semble qu'avant leur arrivée, Big Bear avait envoyé une demie douzaine d'émissaires pour exciter les Indiens à Beaver (près du Lac La Biche) pour que ces derniers se soulèvent. Cette nouvelle a rapidement été retransmise aux Indiens du Lac La Biche qui ont pillé le magasin de la compagnie de la Baie d'Hudson. Les métis meneurs sont allés à l'extrémité ouest du lac pour être en sécurité. Plus tard, les messagers de Big Bear avec quelques Indiens de la réserve du Lac Beaver ont pris tout ce qui restait du magasin de la Compagnie. Toutefois, certaines des marchandises ont été remises en place lorsque M. Harrison Young de la Compagnie de la Baie d'Hudson fut revenu d'Edmonton.

Quelques rumeurs circulaient que la bande de Big Bear se dirigeait vers le Lac La Biche. La petite garnison était donc constamment gardée en alerte.

La police montée de Saint-Albert est revenu à Edmonton début juillet et leurs armes furent déposées au magasin de Fort Saskatchewan en septembre.

Remerciements : Pris d'un article dans « The Alberta Field Force of 1985 » du colonel F. C. Jamieson.

Pour ceux qui vont s'intéroger à propos de la police montée de Saint-Albert, l'article suivant peut s'avérer utile : « Le chèque de paiement pour la police montée de Saint-Albert a été reçu par le capitaine Cunningham à Regina mais ce montant était considérablement réduit par rapport à ce qui apparaît sur la feuille de paiement », du bulletin d'Edmonton, 1885.


Île à la Pêche, 3 mai 1885
La terreur nous a relégués sur une des îles, celle de la Pêche, où nous sommes très effrayés. Nous sommes ici avec trois familles de métis qui ne sont pas très fiables. M. Young est venu chercher sa famille pour aller à Tawatina, puis à Edmonton. Nous sommes restés avec les Indiens et métis qui sont très instables. Notre seul espoir réside dans Marie, notre mère divine. Monseigneur Faraud, le révérend père Callignon et les cinq frères sont à la mission.

Un des frères nous a causé de grandes inquiétudes. Ce jeune garçon est arrivé à la mission la nuit dernière, seul, avec un regard terrorisé – il a dit qu'il rassemblait les chevaux au lac Montagnais, à environ six miles, avec le frère Milsens qui contournait le lac dans l'autre direction. C'est alors qu'il a vu un indien sans fusil qui lui a demandé « Es-tu seul ici? »

« Oui, je le suis ».

« Les Indiens sont-ils déjà à la mission? »

« Je ne sais pas. »

« Tu as intérêt à courir vite ou je vais te tuer. »

Le garçon n'a pas attendu un deuxième ordre. Il a couru aussi vite qu'il le pouvait et nous a donné ces nouvelles. Un homme accompagné du jeune garçon est parti à la recherche du frère Milsen et, à cette heure-ci (14 heures), nous n'avons toujours pas de nouvelles.

La glace sur le lac est maintenant dangereuse, nous serons isolés, sans moyen de communication et, qui sait si nous allons mourir de peur ou de famine sur cette île. Le révérend père Letreste est notre aumônier. Le frère J. Marie pêche pour nous. Nous formons un groupe pitoyable de 21 personnes, le prêtre, un frère, 8 soeurs, 2 jeunes femmes et 9 orphelins garçons et filles.

J'avais écrit à la révérende soeur St. Roch, par l'entremise de Mme. Young, lui précisant notre situation critique et maintenant, je viens de trouver ma lettre après le départ de Mr. Young. J'étais tellement triste et ne voyant aucune autre chance, j'ai brûlé la lettre. Aujourd'hui je n'ai pas de temps ni d'énergie pour écrire à la soeur à nouveau, donc s'il vous plaît, assurez-vous qu'elle reçoive cette lettre. Et comment allez-vous tous. Avez-vous rencontré ce type de problèmes? Oh, mon cher Père, je vous implore... si cela est possible, venez à notre rescousse. Nous sommes en train de mourir. Monseigneur Faraud est très gai, car il croit dans l'intervention divine; père Collignon va bientôt s'effondrer à cause du surmenage.

Quand j'ai appris que Mr. Young amenait sa famille à Tawatina, j'ai perdu tout mon courage. La police ne vient pas secourir les habitants du Lac La Biche. Que va-t-il advenir de mes chères soeurs et de mes enfants? Le fort a été saccagé et pillé depuis dimanche 26 avril. Puisque nos métis (pas tous, heureusement) ont pris part à notre mission, ils feraient la même chose ici.

Nous nous sommes échappés pendant la nuit du 27 au 28 avril sous un vent du nord soufflant impitoyablement. À l'aube, nous avons commencé à marcher sur le lac gelé, il neigeait, soufflait fortement. Tout le monde marchait sauf soeur Niquette, deux orphelins malades et moi-même. Mon cheval et traîneau se sont enfoncés à deux reprises, en cassant la glace de la taille du sabot d'un cheval. Nous sommes finalement arrivés dans cette cabine de pêcheurs déserte. Nous nous sommes installés et c'est de ce refuge que j'écris ces quelques mots... peut-être mes derniers.

Extrait de « Codex Historicus » des révérends pères Oblate, Soeur Youville Saint-Albert, Alberta, 1905, et les sœurs grises, Montréal.


Terreur au Lac La Biche, 17 avril au 22 mai 1885
Le 17 avril, 1885, à environ 15 heures, Mr. Young du Poste de la Baie d'Hudson du Lac La Biche est arrivé à la mission très stressé. Il était accompagné de cinq personnes : M. Alexander Hamelin, un métis habitant près de la mission, Chef Pakan, le révérend Steinhauer, un interprète appelé Erasmus, et trois autres personnes de la réserve White Fish.

Mr. Young a expliqué à Monseigneur Faraud le but de sa visite. Le 2 avril, jour du massacre au lac Frog, un messager indien était venu parler au chef Pakan de la rébellion des métis, la bataille au lac Duck, le pillage et le saccage de Battleford et la victoire des Crees au lac Frog. Ce messager priait le chef Pakan d'assister au grand conseil qui avait lieu au Fort Pitt. Chef Pakan répliqua : « je ne suis pas intéressé ». Entre-temps, cette nouvelle inquiétait les Indiens du lac Saddle qui étaient tous sous la protection du chef Pakan, à l'exception d'une famille (non croyante) qui a choisi de piller et de voler une ferme gouvernementale puis de s'enfuir et de se réfugier avec le chef Big Bear.

Quelques jours plus tard le chef Pakan a reçu un nouvel appel. Cette fois-ci Wandering Spirit lui a conseillé, si ce dernier continuait à penser de la même manière, de partir immédiatement dans une autre région avec un cheval rapide.

Cependant, il pensait que ce serait sage d'organiser un rassemblement des Indiens du lac Beaver et de découvrir leurs réactions. Parce que leur chef Piyesis était absent, une deuxième réunion était fixée à son retour. Il a demandé à ce que toutes les personnes en faveur de la paix se mettent de son côté, ce qu'elles ont fait tout en promettant allégeance à la reine. Par la suite il a écrit à l'agent Indien, Mr. Anderson, le rassurant quant à la décision de sa communauté et lui demandant des munitions qui permettraient aux Indiens de partir en expédition de chasse.

La dernière lettre de Wandering Spirit était accompagnée d'une autre adressée à Hamelin, le métis le plus influent de la région. Cette lettre rendait compte de la brillante victoire au lac Frog, lieu où les blancs périrent alors que les Indiens n'avaient même pas une égratignure. Elle invitait Wandering Spirit à amener tous les métis du Lac La Biche au fort Pitt pour qu'ils puissent voir l'endroit où cette victoire avait eu lieu. S'il ne pouvait décider de ce qui devait être fait, il devait alors au moins donner aux Indiens des fusils et des munitions de son magasin sinon ces objets seraient pris de force. Chef Pakan ne voulait rejoindre les rangs des rebelles si bien qu'il n'a jamais répondu à cette lettre. Il devenait évident que tous ces actes défiants les ordres du puissant Big Bear entraîneraient une attaque par les guerriers de sa colonie (la mission du Lac La Biche).

Mr. Young est aussi venu prévenir Monseigneur Faraud et ses missionnaires d'être prêts à toute éventualité. Il affirmait que « les métis et les Indiens Crees désirent imiter le chef Pakan. (...) Ils veulent se défendre et nous défendre; c'est pourquoi j'ai convoqué tout le monde à cette réunion générale au fort afin qu'on organise une résistance ».

« Le jour où M. Young nous a annoncé ces mauvaises nouvelles », écrit Monseigneur Faraud, « il pensait que son devoir (sans m'avoir consulté auparavant) était de rendre visite aux soeurs. Étant très tendu, il les a informé des plus terribles événements qui pourraient avoir lieu et, avec conviction, il a dit que si les Crees venaient, ils seraient certainement pris comme otages, resteraient prisonniers et seraient éventuellement vendus pour le prix d'un cheval ou d'un fusil, etc. Dois-je vous dire comment les soeurs se sentaient et comment elles se sentent encore? »


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