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FOSSENEUVE

Le roi des chalands

« De Edmonton au pôle nord, tout le monde connaît le capitaine Shot de vue ou de réputation, il n'est pas décrit autrement ! » – du carnet d'un jeune missionnaire, 1911

Mesurant six pieds trois, avec des traits ressemblant à ceux d'un faucon, une barbe décharnée et des yeux perçants, il ressemblait plus à un flingueur de l'ouest américain qu'à un roi des chalands d'Athabasca. C'est certain, Louis Fosseneuve pouvait manier un fusil. De ses jours de chasse, il avait acquis le surnom « tir sûr » et une réputation d'intrépide. Mais il a cessé de chasser et a prêté ses nombreux talents à la conquête de la rivière Athabasca.

Louis Fosseneuve est né à Saint Boniface, au Manitoba en 1841, fils de Baptiste Fosseneuve et de Marguerite Beaulieu. Mieux connu sous Louis, son vrai nom était Louison. Bien que son nom de famille soit apparu dans divers endroits comme Fassoneure et Fousseneuve, selon l'église catholique l'épellation correcte était Fosseneuve et c'est ainsi qu'il est écrit sur son acte de mariage.

Garçon, il regardait les chariots légendaires sortir et entrer de la colonie de Red River pendant les chasses de bisons, essayant de mesurer le succès de la chasse en écoutant le cri aigu des essieux. Les essieux silencieux signifiaient la faim, bruyants signifiaient l'abondance. Jeune homme, il participait à la chasse et commençait à conduire les chariots.

Quelque part sur le chemin Fosseneuve, il conduisait un chariot au Lac La Biche pour l'évêque Henri Faraud. Comme de nombreuses personnes avant lui, il a jeté un coup d'oeil au beau lac et en est tombé amoureux. Il a construit une maison près de Notre-Dame des Victoires et gagnait sa vie en emballant des marchandises pour la compagnie de la Baie d'Hudson. Il était aussi guide et conducteur de traîneaux de chiens. Il était très fort. Lors d'un concours célèbres « d'emballage » de la compagnie de la Baie d'Hudson, il a porté 800 livres. Plus tard, il a commencé à courir des chalands sur le fleuve d'Athabasca et c'est à ce moment là qu'il a laissé sa marque dans l'histoire de l'Alberta.

En 1867, l'évêque Faraud avait comme tâche de transporter cinq Soeurs Grises du Lac La Biche à Fort Providence, situé sur le fleuve Mackenzie, à environ 200 kilomètres au sud-ouest de Yellowknife. Il a loué les services de Fosseneuve (qui avait 26 ans) pour l'aider à effectuer cette tâche importante. Le plan original de voyager avec un des chalands de la compagnie de la Baie d'Hudson pour que les équipages puissent s'aider échoua, car les soeurs arrivèrent au Lac La Biche avec 26 jours de retard. Les niveaux d'eau étaient à un taux alarmant rendant le voyage du fleuve d'Athabasca dangereux et des rapides Grand extrêmement périlleux. Le bateau de HBC est parti et l'évêque Faraud est resté seul.


Certificat de marriage de Louison Fosseneuve et Thérèse Ladouceur

Ceci est pour certifier que Louison Fosseneuve, fils de Baptiste Fosseneuve et de Marguerite Beaulieu, d'un côté, et de Thérèse Ladouceur, fille de Joseph Ladouceur et de Julie Auger, de l'autre côté, ont été dûment mariés dans l'église de Notre-Dame des Victoires du Lac La Biche par le révérend père V. Végreville ,o.m.i., le 12 novembre mille huit cent soixante douze.


E. Lacombe, o.m.i.

Note 1: Les Fosseneuve étaient aussi connus sous le surnom de « Shot ».
Note 2: Thérèse Ladouceur qui avait au moins vingt et un ans lorsqu'elle s'est mariée en 1872 était évidemment assez âgée pour recevoir sa pension.

Faraud avait choisi le jeune Fosseneuve parce qu'il savait qu'il pouvait lui faire confiance. Il n'a pas été déçu. Fosseneuve a achevé sa mission de manière fringante en affrontant les Grandes Rapides – chose qui ne semblait pas possible dans un chaland partiellement chargé. Les nouvelles de cet exploit étonnant circulèrent rapidement et « Sure Shot » le chasseur de bisons est devenu « Shot » le chaland et éventuellement « Capitaine Shot », le très respecté homme d'affaires. La légende veut que Fosseneuve seul ait ouvert une nouvelle route de commerce au nord en bravant les Grandes Rapides en 1867. Mais les légendes reflètent de façon exagérée la réalité. Les chalands voguaient déjà sur l'Athabasca. Ce que Louis Fosseneuve a prouvé c'est que la rivière Athabasca pouvait être une voie navigable au nord, ce qui pourrait réduire les coûts de transport. De plus, il pensait que des chalands complètement chargés pouvaient passer en toute sécurité à travers les rapides.

« Ce lac [La Biche] est élevé. Nous devions trouver les moyens de transporter nos bagages d'ici au confluent des deux rivières d'Athabaska. Deux manières étaient tentées : l'une sur terre et l'autre sur eau. (Les deux étaient considérées comme irréalisables. La première, à cause de la présence de marais sans fond ni fin; la seconde, à cause de ses nombreux dangers). Les Indiens voyageant dans cette région ainsi que les rameurs pensaient que si un chaland essayait de surmonter ces obstacles, personne ne pourrait lui sauver la vie : « même si nous ne prenons en compte ces grossières exagérations, c'est entreprendre une malheureuse initiative. »

L'évêque Henri Faraud, faisant référence à l'exploit important que Louison Fosseneuve avait accompli. Tous n'étaient pas d'accord. Après tout, il fallait faire face, entre autres, aux rapides Brulé, Long, Crooked et Cascade. En 1881, l'agent de la compagnie de la Baie d'Hudson, Richard Hardisty, doutait que les rapides puissent être maîtrisées. Même le vénérable Fosseneuve n'était pas certain sur quelles rapides les chalands chargés pouvaient voguer et ce n'est qu'entre 1883 et 1885 qu'il a pu, avec succès, guider un chaland chargé à fond plat au-dessus des Grandes Rapides. Néanmoins, en 1881 Hardisty a été ordonné de gérer une brigade de chalands d'Athabasca au fort McMurray. Les équipages ont lutté mais ont fait un voyage sans problème durant le printemps de 1882. Ensuite la voie Athabasca-Fort McMurray est devenue la principale voie de transport au nord.

Déterminé à tirer profit de ces développements, Fosseneuve commença à faire des affaires et, comme plus de personnes déménageaient vers le nord, il prospéra – surtout pendant la ruée vers l'or du Klondike dans les années 1890. Aucun doute que sa réputation légendaire d'avoir été le premier homme à guider un chaland sur les Grandes Rapides aida. Mais il choisissait aussi ses équipages. Chaque printemps, des hommes féroces et durs viendraient du Lac La Biche, du lac Saddle et du lac Whitefish pour travailler aux chalands de Waterways (Fort McMurray) puis retourneraient en marchant. Fosseneuve les payait 45 $ pour le voyage.


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