Le domaine du mythe :
Les êtres extraordinaires et les héros légendaires
Comme le rêve, le mythe n’invente rien.
- -Jean Le Moyne
Les mythes occupent une place importante dans l'histoire ancienne. Au fil des ans, alors que les souvenirs des témoins d'actes d'héroïsme s'effacent peu à peu, l’imagination l'emporte et les exploits entrent dans le monde évocateur du folklore, du symbolisme et du mythe.
Souvent des personnages historiques prennent des dimensions mythiques parce qu’un certain groupe les admire. À force de raconter, de génération en génération, un fait vécu et de le modifier selon l'inspiration du moment, l’événement prend des proportions gigantesques.
Des personnages purement fictifs peuvent incarner les peurs, les espoirs et les valeurs d'une société tout aussi bien que les vrais héros. Dans l'histoire populaire, on ne fait pas de distinction nette entre les héros qui ont bel et bien vécu et ceux qui sont le fruit de l'imagination. Les réalisations de ceux qu'on admirait de leur vivant peuvent devenir dans notre souvenir des exploits surhumains ou légendaires, mais les histoires d'un bon conteur ont un pouvoir aussi grand sur notre esprit.
Monstres et êtres extraordinaires
La primauté des régions sauvages est un thème fort populaire dans le folklore canadien. Dans la mythologie autochtone, on s’est inspiré du pouvoir cruel et mystérieux de la nature sauvage pour créer tout un panthéon d'êtres surnaturels.
Ainsi, Kivioq, le grand voyageur, était connu des Inuit de toutes les régions du nord. Dans la mythologie des Autochtones du Canada, le Corbeau et Nanabozo sont des exemples du personnage qui a plus d'un tour dans son sac. Ils peuvent tout aussi bien, par moments, accomplir des actes héroïques que se comporter en pitres dont on raconte les exploits pour faire rire. Des monstres et des mauvais esprits ont aussi hanté les bois et les cours d'eau du pays, à ce qu'on raconte.
Les colons venus d'Europe, obsédés par l'immensité du territoire, ont emmené avec eux, sinon créé, leurs propres histoires de surhommes ou de monstres. Dans l’est du pays, les habitants vivaient près les uns des autres et nous ont transmis les traditions culturelles qu'ils tenaient de leur mère patrie. Des sirènes sont apparues près des côtes et des loups-garous ont terrorisé les premiers villages fondés dans ces régions.
Dans l'ouest du Canada, les pionniers étaient plus isolés non seulement des autres colons mais aussi de leurs souches culturelles. Dans ces conditions, ils adoptèrent les histoires de monstres locales tout en conservant les légendes de leur contrée d'origine, tandis qu'ils essayaient de vaincre leur peur d'une terre inconnue. Le Sasquatch est l'un des monstres les plus connus qu'ils adoptèrent. Depuis des centaines d'années, il y a des Autochtones, des explorateurs, des colons et des touristes qui déclarent avoir vu ces hommes velus errer dans les montagnes.
Héros légendaires
Contrairement aux autochtones, les nouveaux colons voyaient dans ce continent un ennemi qu'il fallait affronter. Le folklore glorifiait la survivance dans un pays où les conditions extrêmement pénibles exigeaient des qualités rares. La persévérance et la force exceptionnelle sont devenues des grands thèmes du folklore, et l’histoire de ceux qui réussissaient à dominer la nature donna naissance à des légendes.
Les hommes forts, réels ou légendaires, devinrent très populaires au XlXe siècle. On s'inspirait souvent de la vie dure des chantiers pour raconter leurs exploits.
Les surhommes et les hommes forts n’ont jamais perdu leur attrait. Durant la Deuxième Guerre mondiale, des héros inspirés du folklore canadien, auxquels pouvait s’identifier toute la population, prirent la vedette dans les bandes dessinées.
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