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La Nouvelle-Écosse

Carte : Canada en 1867

Adhésion à la Confédération : 1867

La Nouvelle-Écosse avant la Confédération

La Nouvelle-Écosse, avant la période des débats qui donneront lieu à la Confédération, est une colonie prospère de 350 000 habitants environ, répartis le long de la côte et dans toute la vallée d'Annapolis. La population se compose de gens d'ascendance britannique, irlandaise, écossaise, micmaque et acadienne. La communauté la plus importante est la ville de Halifax; Yarmouth et Truro comptent parmi les autres centres importants.

L'économie repose sur les industries traditionnelles de la pêche, du transport maritime et de la construction navale ainsi que sur l'agriculture et les ressources naturelles comme le bois d'œuvre. Cependant, les nouvelles industries manufacturières et le chemin de fer font leur apparition. La région entretient des liens commerciaux étroits avec la Nouvelle-Angleterre, facilités par leur voisinage et par le Traité de réciprocité. L'économie maritime de la région, la situation de Halifax comme ville de garnison et le fait d'être relativement éloignée du Haut et du Bas-Canada favorisent l'établissement de rapports suivis avec la Grande-Bretagne.

La colonie est l'une des premières à se voir dotée d'un gouvernement responsable, en 1848. Alors que presque tous les hommes ont le droit de vote, aucune femme ne l'a. Le Parti conservateur et le Parti libéral sont les principaux partis politiques; leur chef est, respectivement, Charles Tupper et Adams George Archibald. Parmi les autres personnalités importantes de la vie politique et publique, en Nouvelle-Écosse, mentionnons Joseph Howe, Jonathan McCully et William Annand.

L'Union maritime

Au cours du printemps et de l'été 1864, des discussions ont lieu sur la possibilité d'union des colonies maritimes. En fait, Charles Tupper base une partie de son programme électoral de 1863 sur la promesse de convoquer une conférence à ce sujet. On a avancé que l'échec des négociations avec la Province du Canada concernant le prolongement du Chemin de fer Intercolonial y était pour quelque chose dans l'importance de la question à débattre  --  on pensait que la région aurait plus d'influence en négociant comme un seul grand groupe plutôt que comme trois petits groupes. Au cours de sa session de printemps, la législature de la Nouvelle-Écosse étudie une résolution qui exige la nomination de délégués qui seront envoyés à une conférence portant sur l'union des colonies maritimes. Toutefois, l'intérêt s'amenuise, probablement en raison d'un regain d'intérêt du Canada pour le Chemin de fer Intercolonial.

Ce n'est pas avant l'été 1864, lorsque les Canadiens manifestent leur intérêt pour la conférence prévue et demandent d'y participer afin d'y présenter un projet d'unification de l'Amérique du Nord britannique, que les discussions reprennent. Les colonies sont donc obligées d'organiser une conférence pour que les Canadiens puissent y participer, et de désigner des délégués. On décide donc (après de longues délibérations) que les discussions auront lieu à Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard), à compter du 1er septembre 1864.

La visite des Canadiens en 1864

Caricature : « The Happy Pair » (L'heureux couple).
Élément graphique : Texte intégral

Afin de favoriser l'établissement de relations plus étroites entre les colonies de l'Amérique du Nord britannique, Thomas D'Arcy McGee organise la visite d'une délégation de politiciens et de journalistes canadiens en Nouvelle-Écosse et au Nouveau- Brunswick, à la fin de l'été 1864. Les visiteurs débarquent à Windsor (Nouvelle-Écosse), se rendent à Halifax et y restent plusieurs jours. En guise de divertissement, ils sont conviés à des pique-niques, à des banquets et à des excursions. Chacun est dans de bonnes dispositions à l'endroit des autres, d'une part, et à l'égard de l'idée d'une union des colonies, d'autre part. Les journaux de l'époque se montrent particulièrement amusés par le « Hodge Podge dinner » (Le repas de ragoût) qu'on réserve aux délégués. Même Joseph Howe, qui deviendra plus tard un antifédéraliste enragé, prononce un discours en faveur de l'union à la suite d'une de ces réceptions à Halifax.

La Conférence de Charlottetown en septembre 1864

Les délégués de la Nouvelle-Écosse sont choisis au sein de toutes les parties du gouvernement, et ils comprennent des membres du gouvernement et de l'opposition. Le premier ministre Charles Tupper, le chef de l'opposition Adams George Archibald, un membre de l'opposition à la Chambre haute, Jonathan McCully, un membre du gouvernement à la Chambre haute, Robert Dickey et le procureur général William Henry font partie de la délégation. Robert Dickey arrive à Charlottetown le 30 août, suivi par ses collègues le soir suivant.

Élément graphique : Texte intégral

Les débats commencent officiellement l'après-midi du 1er septembre  --  après l'arrivée des délégués canadiens  --  par la nomination des membres dirigeants. Après s'être entendus sur le fait que la discussion au sujet de l'union maritime pouvait attendre, on convient d'entendre les propositions du Canada en faveur d'une union élargie. Bien qu'il n'y ait aucun compte rendu officiel des délibérations ayant eu lieu à huis clos, le Morning Chronicle de Halifax du 10 septembre 1864 rapporte ce qui s'est dit dans un article attribué à Jonathan McCully. Les Néo-Écossais, comme les autres délégués, se laissent entraîner dans le tourbillon des activités mondaines qui accompagnent les travaux. À la fin des réunions officielles qui se tiennent à Charlottetown, les délégués entreprennent une tournée des colonies maritimes. En Nouvelle-Écosse, ils s'arrêtent à Halifax.

La Conférence de Québec en octobre 1864

Les délégués de la Nouvelle-Écosse qui assistent à la Conférence de Québec  --  au cours de laquelle une union doit être réalisée dans la foulée des discussions de Charlottetown  -- , sont les mêmes qu'à la première conférence. Pourtant, les négociations y prennent une tournure et un ton très différents de ce qui s'est passé à Charlottetown. Les délégués doivent désormais s'entendre sur les conditions de l'union projetée. La première difficulté porte sur la composition du Sénat et le souhait des colonies maritimes d'être représentées de façon égale au sein du gouvernement proposé. Plus pressants encore sont les arrangements financiers qui permettront aux provinces de couvrir le coût des services existants et celui des nouveaux services. Charles Tupper présente un projet d'accord qui, s'il est satisfaisant pour les Canadiens, ne répond pas aux besoins de la Nouvelle-Écosse.

Comme à Charlottetown, beaucoup d'activités mondaines sont organisées à l'intention des délégués, une fois les négociations de la journée terminées. À cette rencontre, toutefois, nombre de délégués sont accompagnés de leur épouse et de leurs filles, et, bien que le temps ne soit pas aussi chaud à Québec qu'à Charlottetown durant l'été, ils sont séduits par le cadre enchanteur et la population de la ville. Encore plus qu'à Charlottetown, ces occasions sont importantes pour s'assurer du soutien des délégués qui hésitent toujours à appuyer l'union.

Après de longues heures de délibérations et de débats, les délégués présentent finalement les Résolutions de Québec, les lignes directrices de ce qui doit devenir l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (canada.justice.gc.ca/loireg/rapport/fr/p1t1-1.html). Les Résolutions couvrent tous les aspects de l'établissement du nouveau pays projeté et de la formation de son gouvernement. Les Néo-Écossais réagissent de différentes manières, qui vont du soutien sans réserves à la critique sévère.

Après la Conférence, les délégués font une tournée dans le Bas et le Haut-Canada; ils s'arrêtent à Montréal, à Ottawa, à Kingston, à Belleville et à Toronto.

Réaction aux Résolutions de Québec

Caricature : « A game of see-saw » (Le jeu de bascule)

Charles Tupper, en tant que chef de la délégation de la Nouvelle-Écosse, est surpris de l'opposition que rencontrent les Résolutions de Québec à son retour. Tous les délégués soutiennent l'accord proposé. Le gouvernement de Charles Tupper détient une majorité confortable à la législature qui doit voter sur les offres; il croit n'avoir aucune difficulté à les faire adopter. Toutefois, dès que les Résolutions sont rendues publiques, nombre de personnes influentes expriment leur opposition. Comme le dit Christopher Moore, les Néo-Écossais ne sentent aucun besoin particulier de faire une réforme constitutionnelle; beaucoup d'autres trouvent l'aspect financier de l'accord tout à fait inacceptable.

Élément graphique : Texte intégral

Joseph Howe est l'un des meneurs, chez les opposants. Au début, alors qu'il est commissaire impérial des pêches, il est forcé de dénoncer les Résolutions, de manière anonyme, dans une série d'articles de journaux intitulés les Botheration Letters. Plus tard, lorsqu'il n'a plus de responsabilités impériales, ses critiques sont plus manifestes. William Annand  --  qui deviendra le premier premier ministre de la Nouvelle-Écosse à son entrée dans la Confédération  --  est un autre important détracteur.

La lutte en faveur ou contre l'union se fait dans les journaux en plus de se mener à la législature. Le Morning Chronicle de Halifax est un journal influent qui préconise l'union jusqu'à ce que William Annand démette Jonathan McCully de ses fonctions et fasse du périodique un des plus farouches critiques du projet de confédération. Jonathan McCully continue à publier ses opinions en faveur de l'union dans l'Unionist de Halifax. Le British Colonist de Halifax est un autre journal qui est pour l'idée de la confédération, et pour lequel Charles Tupper écrit souvent.

Après la performance désastreuse du projet de Québec aux élections du Nouveau-Brunswick, en 1865, Charles Tupper désire garder la confédération le plus à l'écart possible de la mise aux voix. La taxe scolaire, impopulaire, qu'il a récemment mise en vigueur promet également de rendre difficile l'adoption d'une résolution en faveur de l'union. Sa majorité législative lui permet d'ignorer l'agitation croissante qui se manifeste à l'effet de soumettre la question au vote avant qu'on essaie de la faire adopter. Il relance l'idée de l'union des colonies maritimes à la législature afin de faire diversion à la confédération.

Le 18 avril 1866, alors que son mandat tire à sa fin, Charles Tupper fait adopter les Résolutions de Québec à la législature. Lorsque la population apprend ce que le gouvernement a fait, elle proteste haut et fort dans la presse écrite. Bien qu'il soit trop tard pour renverser la décision, Charles Tupper promet aux électeurs qu'il tentera de faire modifier la loi à la Conférence de Londres, au cours de laquelle on doit mettre la dernière main à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.

La Conférence de Londres en décembre 1866

Les représentants de l'Amérique du Nord britannique qui se rendent à Londres, en Angleterre, pour ébaucher ce qui deviendra la version officielle de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, sont moins nombreux que pour les deux conférences précédentes. La Nouvelle-Écosse y envoie les mêmes personnes, à l'exception de John William Ritchie, qui remplace Robert Dickey  --  ce dernier a exprimé des doutes de dernière minute sur les conditions financières de l'accord de Québec. Les délégués travaillent fort pour dégager une version définitive des Résolutions. Ils se soucient également de détails tels que la façon de se référer à la nouvelle union; ils s'entendent finalement sur le mot « Dominion », qui provient d'un passage de la Bible et qu'on dit avoir été trouvé par Samuel Leonard Tilley.

Les opposants à l'union envoient également leur propre petite délégation à Londres; celle-ci est composée de Joseph Howe et de William Annand, et va protester contre la méthode de ratification de la Nouvelle-Écosse. Ils souhaitent une renégociation pour obtenir ce qu'ils appellent de « meilleures conditions » à l'intérieur de l'union projetée. Charles Tupper et les autres partisans s'arrangent pour désamorcer tous les mouvements d'opposition tout en essayant de persuader les deux délégués que des modifications peuvent être apportées avant que le document atteigne sa forme définitive. Toutefois, malgré tous ses efforts, Charles Tupper est incapable de faire apporter des changements avant que l'accord reçoive la sanction royale.

La Confédération : le 1er juillet 1867

Élément graphique : Texte intégral

Contrairement aux longs éditoriaux de George Brown dans le Globe, l'Eastern Chronicle and Pictou County Advocate présente des entrefilets railleurs concernant la naissance, le mariage et le décès de la Confédération pour protester contre celle-ci. Tandis que des célébrations sont organisées dans toute la province, à l'image de celles qu'a décrites un résidant de Lunenburg dans son journal intime, à Yarmouth, les murs des édifices sont tendus de crêpe noir en guise de protestation. Des effigies de Charles Tupper et d'autres partisans de l'union sont brûlées à Halifax et dans d'autres communautés de la province. Certaines personnes accueillent favorablement l'union tandis que d'autres acceptent mal d'être obligées d'y adhérer. La presse de l'époque reflète ces différentes opinions.

Le sentiment anticonfédération, en Nouvelle-Écosse, influe également sur les élections fédérales et provinciales qui ont lieu à l'automne de la même année. Les candidats antifédéralistes l'emportent dans 36 des 38 circonscriptions provinciales. Il en va de même pour 18 des 19 sièges fédéraux libres  --  Charles Tupper est le seul partisan de la Confédération élu, dans la circonscription de Cumberland.

On craint que les députés fédéraux, menés par Joseph Howe, décident de ne pas siéger lors de la première séance du Parlement de la nouvelle nation. (Ils sont venus et Joseph Howe a prononcé un discours sur ce qu'il pensait de l'union). William Annand devient premier ministre de la Nouvelle-Écosse. Joseph Howe et lui continuent à prôner le retrait de la Nouvelle-Écosse du Canada. Comme leurs efforts restent vains, ils se lancent dans une campagne pour obtenir ce qu'on appelle de « meilleures conditions ». L'entreprise connaîtra plus ou moins de succès. Joseph Howe finit par s'intégrer au nouveau gouvernement, persuadé qu'il pourra ainsi mieux défendre les intérêts de sa province. William Annand se dispute avec lui à ce sujet, et il continue sa bataille contre la Confédération jusqu'en 1869.

Le sort politique des délégués est très variable. Charles Tupper siège au premier Parlement du nouveau gouvernement fédéral, mais il n'obtient pas de poste au Cabinet pour des raisons de représentation régionale. Adams George Archibald devient le nouveau secrétaire d'état. Jonathan McCully, Robert Dickey et John William Ritchie sont tous nommés sénateurs. William Henry, qui perd son siège aux élections de 1867, demeure actif sur la scène politique de la Nouvelle-Écosse et deviendra finalement un des premiers juges à la Cour suprême du Canada, en 1875.

Il est intéressant de constater que le mouvement pour l'abrogation de la loi refait surface en Nouvelle-Écosse en 1886, avec le chef libéral William Fielding. Il gagne 26 des 38 sièges cette année-là, à la suite d'une campagne pour faire abroger la loi et augmenter les subventions. Cependant, cette renaissance est de courte durée, puisque les conservateurs remportent 14 des 21 sièges aux élections fédérales de 1887.

Sources

The Atlantic provinces in Confederation.  --  Sous la direction de E. R. Forbes et D. A. Muise.  --  Toronto : University of Toronto Press, 1993.  --  628 p.

The Atlantic region to Confederation : a history.  --  Sous la direction de Philip A. Buckner et John G. Reid.  --  Toronto : University of Toronto Press, 1994.  --  491 p.

Canadian encyclopedia : year 2000 edition.  --  Sous la direction de James H. Marsh.  --  3e édition sur papier  --  Toronto : McClelland & Stewart Ltd., 1999.  --  2573 p.

Creighton, Donald.  --  The road to Confederation : the emergence of Canada, 1863-1867.  --  Toronto : Macmillan of Canada, 1964.  --  489 p.

Moore, Christopher.  --  1867 : how the Fathers made a deal.  --  Toronto : McClelland & Stewart, 1997.  --  279 p.

Morton, W. L.  --  The critical years : the union of British North America, 1857-1873.  --  Toronto : McClelland & Stewart Ltd., 1964.  --  322 p.

Waite, P. B.  --  The life and times of Confederation, 1864-1867 : politics, newspapers, and the union of British North America.  --  2e édition revue et corrigée.  --  Toronto : University of Toronto Press, 1962.  --  379 p.

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