Les propositions conservatrices font miroiter un rôle international pour le Québec
Publication : The Globe and Mail
Section : Informations nationales
Signature : Jane Taber
Page : A1
**Extrait**
Le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, a promis hier de ramener le Québec dans la famille constitutionnelle en proposant un « fédéralisme ouvert » dans lequel les consensus seront dégagés dossier par dossier, et le Québec aura un rôle à jouer dans les conférences internationales, y compris à l’UNESCO.
M. Harper, qui s’adressait à la Chambre de commerce de Québec, a ajouté qu’il corrigerait le déséquilibre fiscal entre Ottawa et les provinces.
« Nous limiterons le pouvoir fédéral de dépenser, dont les Libéraux ont tellement abusé. Ce pouvoir exorbitant a permis l’émergence d’un fédéralisme dominateur et paternaliste qui menace l’avenir même de notre fédération. »
Le premier ministre libéral du Québec, Jean Charest, a demandé à participer à des conférences internationales, mais le chef du gouvernement libéral, Paul Martin, a refusé.
M. Harper a ajouté qu’il n’était pas prêt non plus à laisser tomber le Québec sur le plan constitutionnel. Certes, il n’a pas donné beaucoup de détails, mais il a souligné qu’il existait une « énorme différence » entre ce qu’il propose et ce qu’il croit être le programme libéral.
Son approche consistera à établir des consensus sur des questions particulières.
M. Harper a soutenu que l’approche de M. Martin équivalait à de l’inertie. « La position de M. Martin, celle du Parti libéral, consiste à dire qu’il ne bougeront sur aucun point tant qu’il n’y aura pas de consensus global. Autant dire qu’ils ne bougeront jamais. »
Il a dit que, si un consensus se dégageait au sujet de questions comme la réforme du Sénat, un gouvernement conservateur passerait à l’action.
« Toutefois, nous n’allons pas nous lancer dans des négociations constitutionnelles globales ni tenter de faire adopter une modification constitutionnelle fourre-tout, a-t-il expliqué, mais là où il y a des réformes précises qui sont bonnes pour le pays et lorsqu’il y a consensus – et cela peut comprendre une foule de choses, dont, évidemment, le fait que le Québec reste en marge de la Constitution –, nous serons disposés à avancer pas à pas. »
M. Charest a bien accueilli l’annonce M. Harper, disant que sa promesse d’autonomie accrue était un pas dans la bonne direction pour le Québec.
« J’en prends bonne note, a dit M. Charest à Radio-Canada. Au tour des autres chefs de parti de s’exprimer. »
Les observateurs de la scène politique croient que les promesses que M. Harper a faites hier seront bien accueillies au Québec, surtout chez les fédéralistes. S’adressant plus tard aux journalistes, M. Harper a précisé sa promesse de corriger le déséquilibre fiscal, disant qu’Ottawa a beaucoup d’argent qu’il cache aux provinces ou qu’il gère mal, mais que son gouvernement amorcerait immédiatement des négociations avec le Québec et les autres provinces pour corriger le déséquilibre.
M. Harper est ouvert à l’idée de tenir une conférence des premiers ministres pour étudier la question, mais il refuse de fixer une date, disant que ce genre de négociation est difficile et qu’il voulait éviter de les compromettre en fixant une date ferme.
« Je veux trouver une solution durable pour non seulement régler le problème, mais aussi mettre un terme au défilé annuel des premiers ministres et des maires qui viennent à Ottawa demander des ressources financières, car je ne crois pas que ce soit une manière de gérer une fédération, » a-t-il expliqué.
Ses observations ne se sont pas limitées au Québec. En effet, le premier ministre libéral de l’Ontario, Dalton McGuinty, s’est également plaint auprès de Paul Martin de ce qu’il appelle l’écart de 23 milliards de dollars. Le problème reste entier.
« Ottawa engrange des excédents qui se chiffrent par dizaines de milliards de dollars, dont il cache la majeure partie depuis des années, au moment où les provinces et les municipalités ont du mal à assurer les services essentiels sans s’endetter, » a précisé M. Harper.
Il a ajouté que les Libéraux de M. Martin n’admettaient même pas l’existence du déséquilibre fiscal.
« Il est très difficile de discuter de la question et de négocier si on n’admet même pas l’existence du problème, a-t-il dit aux journalistes après son allocution. Nous avons également à Ottawa tant de milliards que nous pouvons, qu’Ottawa peut pratiquer une gestion lamentable et dégager malgré tout des excédents de milliards de dollars.
« J’admets volontiers que le problème existe et que nous devons trouver un mécanisme durable de transfert des revenus entre le gouvernement fédéral et les provinces et municipalités. Je sais bien que ce n’est pas une mince tâche, mais nous avouons que le problème existe, et nous sommes prêts à entamer dès notre arrivée au pouvoir des discussions pour trouver une solution durable. »