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Des Forces armées plus efficaces pouvant être déployées plus rapidement
L’ENJEU
Après des années de négligence sous le gouvernement libéral, le Canada n’a pas une capacité suffisante lui permettant d’assumer ses responsabilités nationales et internationales en matière de défense. Les budgets diminuent, l’équipement a besoin d’entretien et le nombre de militaires est trop faible.
Les spécialistes s’entendent pour dire que les niveaux de dépenses de défense prévus par le gouvernement sont inadéquats. Le Comité sénatorial de la sécurité et de la défense nationales a écrit récemment : « Des 12,8 milliards de dollars que le gouvernement a promis au cours des 5 prochaines années, seul 1,1 milliard a été versé au cours des deux premières années. Ce qui signifie que le processus de rénovation ne sera même pas sur le point de commencer avant 2008-2009. Même quand ce processus finira par se mettre en branle, son financement demeurera grandement insuffisant, et ce, parce que les Forces armées canadiennes souffrent, depuis de nombreuses années, d’un manque flagrant de financement ». Le Comité ajoute : « Chacune des Forces armées souffre d’un manque à gagner de plusieurs centaines millions de dollars, ne serait-ce que pour s’acquitter des missions les plus élémentaires qui lui sont confiées » et que la nouvelle politique de défense du gouvernement « n’est rien sans financement, et les fonds requis ne sont tout simplement pas là ».1
De façon similaire, une récente étude de l’Université Queen soutient ce qui suit [traduction libre] : « Même si le budget 2005 prévoit une augmentation substantielle du financement de la Défense nationale au cours des cinq prochaines années, le gros de cette augmentation est retardé aux dernières années. Pendant ce temps, bien entendu, l’usure se poursuit inexorablement, minant la capacité des Forces armées… La capacité future sera réduite, et son maintien posera un problème si des mesures drastiques ne sont pas prises immédiatement ».2
Les niveaux de financement inadéquats de la Défense nationale diminuent notre capacité souveraine d’intervenir en cas de crise, ici et à l’étranger. Par exemple, le Canada n’a pas la capacité de transporter rapidement des déploiements lourds, au Canada et ailleurs dans le monde. La flotte canadienne d’avions de transport tactique CC-130 Hercules n’est plus dans un état de service permettant de respecter les engagements nationaux et internationaux. Et alors que la flotte de transport aérien tactique du Canada est extrêmement importante et doit être remplacée dès que possible, elle ne peut transporter les lourdes charges requises pour les déploiements majeurs. Seuls des appareils plus gros peuvent transporter de lourdes charges encombrantes, par exemple les camions lourds de l’armée de terre (comme le HLVW), la machinerie de purification de l’eau ou des hôpitaux de campagne, et le faire sur de longues distances sans réapprovisionnement en carburant.
En raison de l’absence de transport aérien tactique dans l’Aviation, le Canada dépend de la coopération d’entreprises américaines ou de l’Europe de l’Est pour emprunter ou louer de l’équipement afin d’assumer ses responsabilités nationales et internationales. Ce fut le cas lors des inondations au Manitoba en 1997, de la tempête de verglas au Québec et dans l’Est de l’Ontario en 1998, de la mission de l’ONU au Rouanda en 1994, de la mission de l’ONU au Timor oriental en 1999, et de la mission en Afghanistan en 2002.3 Ce fut également le cas pour les missions d’aide aux sinistrés lors du séisme qui a frappé la Turquie en 1999, du tsunami en Asie du Sud-Est en 2005, et du plus récent séisme au Pakistan.4
Le Comité sénatorial souligne également que l’intervention du Canada lors de l’ouragan Katrina en septembre 2005 aurait été nettement meilleure avec un transport aérien tactique. « Si le gouvernement avait disposé d’une capacité de transport aérien stratégique, il aurait pu intervenir beaucoup plus rapidement sur les lieux. Le matériel et le personnel de secours auraient pu arriver sur place quelques heures seulement après que le gouvernement a décidé d’agir, alors qu’il a fallu 6 jours aux navires pour effectuer le trajet. Faute de transport aérien stratégique, la capacité qu’ont les Forces canadiennes de déployer mille personnes et des tonnes de matériel est très limitée ».5
Pour ces raisons, le Plan de capacité stratégique des Forces armées, publié en 2000, soutient que « la mobilité constitue peut-être le changement le plus important aux objectifs de capacités depuis la fin de la guerre froide ». De plus, il est aujourd’hui reconnu que la possibilité du Canada d’avoir un accès opportun à des avions commerciaux et alliés capables de transporter des marchandises de dimensions excessives diminuera au cours de la décennie en raison d’une demande accrue et d’une utilité moindre.6 Pour toutes ces raisons, les Forces armées canadiennes ont besoin d’une nouvelle flotte de transport aérien, un mélange équilibré de transport stratégique et tactique.
Pour améliorer la capacité de déploiement stratégique, il faut plus que réduire le délai d’intervention et augmenter la capacité de chargement. Il faut améliorer l’efficacité de nos déploiements. Deux éléments très efficaces sont les unités de l’armée de terre aéroportées et les unités d’aide en cas de catastrophe.
Les Forces armées canadiennes n’ont plus d’unités aéroportées autonomes. Les unités de l’armée de terre aéroportées peuvent être déployées très rapidement au Canada ou dans le monde. Cette capacité est importante pour défendre la souveraineté du Canada à des endroits inaccessibles par la route ou par hélicoptère comme les confins de l’Arctique, ou pour intervenir rapidement dans le cadre des missions de l’ONU ou de l’OTAN. Cette capacité serait particulièrement importante pour intervenir de façon efficace et offrir des services de recherche et de sauvetage en cas de catastrophe aérienne majeure dans un endroit éloigné.
Les Forces armées canadiennes disposent d’une capacité d’aide en cas de catastrophe, l’Équipe d’intervention en cas de catastrophe (DART). Cette équipe peut être déployée sur la planète afin de fournir des soins médicaux primaires, de produire de l’eau potable et d’offrir des services techniques pendant 40 jours. Cependant, la DART ne compte que quelque 200 membres, dont 45 au quartier général de Kingston, un peloton logistique de 20 personnes, une équipe technique de 37 personnes, un peloton médical de 40 personnes, et un peloton de sécurité de 45 personnes.7 La capacité du Canada d’intervenir rapidement et efficacement en cas de crise humanitaire internationale est très importante pour que nous assumions nos responsabilités internationales et défendions les valeurs des Canadiens, et une capacité de transport aérien stratégique rendra cela possible. En plus de lui permettre d’intervenir plus rapidement, il est important d’améliorer la capacité de la DART de réagir en cas de crise humanitaire.
LE PLAN
Le plan conservateur – « Le Canada d’abord » – vise à renforcer notre souveraineté nationale. L’objectif premier du gouvernement fédéral est de défendre la souveraineté du pays, et les Forces armées jouent un rôle central à cet égard. La souveraineté signifie que le Canada doit pouvoir assumer ses responsabilités nationales, intervenir de façon efficace et protéger notre vaste territoire. La souveraineté signifie également que le Canada doit pouvoir assumer ses responsabilités devant les Nations Unies et l’OTAN, souvent sur plusieurs continents, et souvent de façon simultanée.
Le plan conservateur « Le Canada d’abord » prévoit de nouvelles capacités de défense et l’amélioration et la transformation des capacités existantes dans chacune des régions du Canada, pour une plus grande force ici au pays et une plus grande confiance à l’étranger. L’annonce faite aujourd’hui présente les grandes lignes du plan conservateur et trois engagements précis du plan global.
Amélioration générale des capacités de défense
- Un gouvernement conservateur augmentera de façon significative le budget de la Défense nationale par rapport aux niveaux prévus au cours de chacune des cinq prochaines années, les dépenses excédant de 1,8 milliard de dollars les prévisions de 2010-2011.
- L’augmentation des dépenses de défense fait partie d’une politique de défense prudente, « Le Canada d’abord ».
Des Forces armées pouvant être déployées plus rapidement
- Établir une nouvelle flotte de transport aérien stratégique et tactique à la BFC Trenton. Une flotte d’au moins trois avions de transport lourd stratégique sera stationnée à la BFC Trenton. De plus, nous allons continuer à remplacer et à améliorer la flotte d’avions de transport tactique et de recherche et de sauvetage à voilure fixe, à la BFC Trenton et ailleurs.
- Mettre en place un nouveau bataillon aéroporté (650 membres de la Force régulière) à la BFC Trenton. Les Forces armées canadiennes ont déjà eu des unités aéroportées à différents endroits. Aujourd’hui, elles ont un Centre de parachutisme à la BFC Trenton, qui soutient la formation et les opérations de livraison aérienne.8 Compte tenu de la capacité existante à la BFC Trenton, cette base est l’endroit idéal pour stationner une nouvelle unité aéroportée.
- Doubler la capacité et le personnel de la DART à la BFC Kingston. L’augmentation de la taille et de la capacité de la DART, avec un accès pratique à un transport aérien, améliorera considérablement la capacité du Canada d’intervenir en cas de catastrophe, partout dans le monde.
1. Comité sénatorial de la sécurité et de la défense nationales, UN CANADA DIMINUÉ : Les effets de la négligence sur les Forces armées canadiennes, L’effritement de nos moyens de défense sur le territoire national et à l’étranger, septembre 2005, sommaire.
2. Brian MacDonald, Closing the Policy Gap, Transforming National Defence Administration, éd. par Douglas Bland, Université Queen, 2005, p. 45.
3. Toronto Star, Les militaires canadiens cherchent un moyen de transport ; les Forces armées ont besoin de leur propre flotte aérienne, soutiennent des analystes, 23 mars 2002.
4. Sudbury Star, L’équipe canadienne se rend en Turquie : aucun mort signalé parmi les 750 Canadiens, 20 août 1999 ; et Belleville Intelligencer, La DART se rend aujourd’hui dans la région ravagée par le séisme, 15 octobre 2005.
5. Comité sénatorial de la sécurité et de la défense nationales, UN CANADA DIMINUÉ : Les effets de la négligence sur les Forces armées canadiennes, L’effritement de nos moyens de défense sur le territoire national et à l’étranger, septembre 2005, p. 81.
6. David Rudd, The Evolving Canadian Army, Institut canadien des études stratégiques, novembre 2003.
7. Document d’information du MDN, 10 janvier 2005
http://www.forces.gc.ca/site/Newsroom/view_news_f.asp?id=301.
8. BFC Trenton, Centre de parachutisme du Canada
http://www.airforce.forces.gc.ca/8wing/squadron/cpf_e.asp.