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Qu'est- ce que le bronze? À la microfonderie du Musée du Bronze d'Inverness différentes techniques de coulée du bronze sont utilisées : la technique à la pierre réfractaire, la technique à la coquille de céramique et la technique du sable. Un peu d'histoire La Syrie ne possède pas de métaux en surface. Elle les importe donc des montagnes d'Anatolie, au nord de la Mésopotamie. Le cuivre (métal natif) était à la fois un alliage naturel, en ce sens qu'au Proche-Orient il est mêlé à l'arsenic jusqu'à une proportion de 15 %. On procédait au premier traitement, sur place, en extrayant le minerais et en le broyant. Une fois le cuivre extrait, on le coulait en lingots, puis on le transportait dans les villes, où les artisans fabriquaient des outils et des armes. Comme second traitement de transformation, le cuivre était martelé à froid, le rendant plus dur, moins malléable et plus cassant, ou chauffée de 400 à 500° C et refroidi lentement devenant alors plus élastique et plus mou, selon les besoins. Cet alliage naturel (cuivre et arsenic) était utilisé pour les armes et les outils tranchants. Par contre, il fallait arriver à durcir le cuivre en y ajoutant un autre métal, l'étain, pour plus de résistance. On découvrit que par l'adjonction d'étain au cuivre (jusqu'à 15 %), on obtenait le bronze. La provenance de l'étain est incertaine. Certains croient que ce métal provient du sud de la Mésopotamie, de l'Afghanistan tandis que d'autres (selon les nouvelles recherches sur le terrain) pensent qu'il provient des régions montagneuses de la Turquie, près du territoire syrien, au nord. La découverte du bronze a pour conséquence de révolutionner le monde de la métallurgie. Le bronze est utilisé dès 3 000 avant J.-C. Il est fondu à 1 000 °C, ou 1 950 °F, dans un creuset d'argile chamottée (pouvant subir une plus haute température que le bronze, jusqu'à 1 800 °C ou 3 500 °F) placé sous les braises de charbon de bois, d'un four creusé dans le sol. (Schéma 1) Le point de fusion du bronze est donc de 1 000 °C, ou 1 950 °F, obtenu grâce à des soufflets qui haussent la température du four. Schéma 1 Il y a un répertoire énorme d'objets fabriqués en cuivre et en alliage naturel de cuivre (cuivre et arsenic) tels les dagues, les armes, les couteaux, les ustentiles usuels et les parures de toutes sortes. Technique de fonderie La technique de moules en pierre réfractaire Les archéologues ont longtemps cru que la pierre utilisée était de la stéatite; maintenant on pense que c'était plutôt de la chlorite. Deux types de moules étaient utilisées lors de cette technique : les moules ouverts et les moules fermés (schéma 2). Moules ouverts Ce type de moule a permis la fabrication d'armes et d'outils simples d'un seul tenant : couteau, poignard, etc. Une pierre plate était posée dessus, afin d'éviter l'oxydation; cela permettait aussi, probablement, de garder la surface plane de la forme. Moules fermés Ce type de moule offre la possibilité de fabriquer des pièces plus complexes : haches avec trous d'emmanchure, lames ajourées, têtes de lance et leurs soies, outils de sculpteurs, etc. Schéma 2 Technique de coquille (d'argile chamottée) à la cire perdue Cette technique était plutôt réservée aux figurines de petite taille, modelées en cire d'abeille (positif), recouvertes d'argile (négatif). Les coquilles d'argile sont cuites au four à 600 °C, ou 1 000 °F, la cire d'abeille s'en échappant, par les trous aménagés à cet effet dans la chape du moule et par lesquels est ensuite coulé le bronze en fusion. Le bronze emprunte la forme laissée par la cire, puis il est libéré par décochage (bris du moule en argile chamottée) et fini. Schéma 3 La fonte creuse utilise le même procédé que la fonte pleine, mais avec un noyau à l'intérieur. Le bronze se loge, à la place de la cire, dans l'espace laissé entre la coquille (faite de « potée » d'argile, de plâtre, de briques pilées, de sable, d'excréments de vache) et le noyau (schéma 4). La fonte creuse succède à la fonte pleine vers la moitié Ve siècle avant J.-C. La fonte pleine est toujours utilisée. Avec la fonte creuse, c'est le début de l'ère féconde de la statuaire. Cette technique se perd après l'époque classique et ne sera pas redécouverte avant le milieu du Schéma 4 De nos jours en Amérique du Nord, tout comme en fonderie d'art, on utilise la technique de coquille de céramique à la cire perdue (schéma 4). Autour du modèle (un positif) qui peut être en divers matériaux (bois, pierre, plâtre, céramique, terre fraîchement modelée), on fait un moule souple en élastomère (caoutchouc synthétique) qui sert alors de négatif. On ajoute, au modèle en cire, un réseau d'alimentation fait d'une tasse et de chemins de coulée, en cire et d'évents qui permettront à l'air et aux gaz produits par la fusion du bronze de s'échapper lors de la coulée. La coquille est faite de silice colloïdale, de sable de zircon et de sable de silice. La coquille de céramique est faite, par trempages successifs, à l'extérieur et à l'intérieur du modèle en cire (s'il est vide). Chaque couche de ce liquide, composé de particules de silice colloïdale, est saupoudrée de sable de silice (zircon ou de silice plus fin pour la première couche). Un séchage d'une douzaine d'heures est nécessaire entre chaque couche. La coquille faite autour de la cire est placée dans un four à dé-cirer à 250 °C, ou 500 °F. La cire, toujours emprisonnée dans la coquille, s'en écoule. La coquille évidée sert de négatif. Elle est le moule qui recevra le bronze. La coquille est ensuite cuite dans un four à céramique à 600 °C, ou 1 000 °F. Cette cuisson solidifie et vitrifie la coquille (la silice sert à faire le verre) et lui permet de mieux absorber le choc thermique du bronze en fusion. S'il s'agit de couler une pièce unique en bronze, on procède à modèle perdu, c'est-à-dire que la coquille de céramique est faite directement autour de ce modèle unique (fait en un matériau inflammable : bois, styromousse, cire, etc.), qui brûlera lors de la cuisson de la coquille. Le bronze atteint son point de fusion à 1 000 °C, ou 2 000 °F. Lorsqu'il est atteint, le bronze est coulé rapidement dans le moule en coquille de céramique. Le bronze refroidit de 100 °C, ou 200 °F; à la minute, il faut donc procéder rapidement. Les chemins de coulée, installés auparavant, servent donc à acheminer le bronze plus rapidement et directement aux endroits difficilement accessibles avant qu'il ne refroidisse. La longueur et la grosseur des chemins de coulée permettent aussi d'obtenir suffisamment de pression pour que le bronze puisse alimenter la pièce complètement. Le bronze en fusion remplace la cire qu'on a libérée de la coquille et devient, à son tour, le positif, à l'image de l'empreinte laissée par le modèle original. Le bronze est libéré par décochage (bris de la coquille de céramique). Le réseau d'alimentation, maintenant en bronze, est enlevé (chemins et tasse de coulée). La pièce plus mince (quand elle est vide à l'intérieur) refroidit plus vite, la rétraction du métal étant donc absorbée par les chemins de coulée qui sont plus gros et par la tasse de coulée qui représente un masse plus importante de bronze. Cela évite à la pièce de subir une déformation causée par la rétraction du métal. La pièce de bronze est finie et poncée, puis chauffée au chalumeau afin d'être patinée avec différents produits chimiques, acides ou nitrates, qui provoquent l'oxydation du bronze et lui donnent une variété de couleurs selon le produit utilisé et le choix de l'artiste : de florentine à vert-de-gris, en passant par les bruns, les rouges, les bleus, les noirs, etc. Une couche de cire en pâte est appliquée à chaud, puis polie une fois refroidie, afin de créer un écran entre l'air ambiant et le bronze, afin d'en freiner l'oxydation naturelle. *Des éléments didactiques sont en déomnstration au Musée du Bronze d'Inverness afin d'illustrer le processus de fabrication d'une oeuvre en bronze avec la technique de cire perdue, à la coquille de céramique. Technique au sable Information complémentaire La monnaie La fabrication de la monnaie Schéma 5 *Le Musée du Bronze d'Inverness en collaboration avec le Musée de la civilisation du Québec, situé dans la ville de Québec, a participé à cette recherche sur le bronze au Proche-Orient il y a 3 500 ans dans le cadre de l'exposition Syrie, terre de civilisations présentée en l'an 2000. Durant toute la période estivale, le technicien et fondeur d'art du Musée du Bronze d'Inverness, Noé K. Blouin, a fait des démonstrations de coulées de bronze à l'ancienne dans des moules en pierre réfractaire afin d'illustrer comment on procédait à cette époque en comparaison avec les techniques utilisées dans les fonderies d'art d'Inverness, y compris à sa microfonderie. Des panneaux illustrés, en français et en anglais, ainsi que des éléments didactiques ont été produits pour l'occasion et sont à la portée des visiteurs du Musée du Bronze d'Inverness. Mme Michelle Joannette, directrice du Musée du Bronze, a effectué la recherche et a rédigé textes se trouvant dans cette section. Sources: FORTIN, Michel. Syrie, terre de civilisations, Québec, Éditions de l'Homme, 1999 CRIBB, Joe. Les monnaies du monde, Paris, Gallimard, 1990 (Collection Les yeux de la découverte # 19) ROMEI, Franscesca. La sculpture, Paris, Hatier, 1995 (Collection Terre de Sienne) MOOREY, Peter Roger Stuart. Ancient Mesopotamian Materials and Industries, New York, Oxford University Press,1994 (The Archeological Evidence) MATTUSCH, Carol C. The Fire of Hephaistos, Cambridge (USA), Harvard University Art Museums, 1996. (Large Classical Bronzes from American Collections) © 2002 Destinations Canada Ouest (Tous droits réservés/All rights reserved) |
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