Les arts visuels
C'est un Wilfrid Corbeil de 38 ans, formé au Monument national de Montréal et
fraîchement arrivé du stimulant Paris des années vingt, qui ouvre le Studio de dessin
au Séminaire de Joliette en 1931. L'enseignement des arts est alors presque absent des
collèges de garçons, et les écoles de beaux-arts de Montréal et de Québec n'ont pas
dix ans.
À la même époque, il commence à brosser des décors
pour le théâtre du Séminaire. Il le fera pendant près de vingt ans. Au lever du
rideau, son décor est souvent longuement applaudi, et certains imaginent volontiers
Corbeil à l'oeuvre sur les scènes new-yorkaises. En 1942, Corbeil organise l'entrée, au
Séminaire, de l'avant-garde artistique de l'époque, par le biais d'une exposition de
vingt-quatre toiles «des maîtres de la peinture moderne». Six ans avant le Refus
global, Paul-Émile Borduas y présente sa première oeuvre automatiste.
Dès l'année suivante, en 1943, un musée d'art est
fondé dans l'enceinte du Séminaire et les premières oeuvres sont acquises. De cette
première organisation naîtra le Musée d'art de Joliette en 1967.
La passion de Corbeil est communicative. Les gens de la
région de Joliette et d'anciens élèves deviennent collectionneurs. Max Boucher, c.s.v.,
prend la relève au studio d'art en 1951. C'est un éducateur sensible, un historien de
l'art et un «travailleur de fond», qui assurera désormais l'enseignement de l'art au
collège. Sculpteur et peintre, sa production est marquée par une recherche continuelle.