Sous le règne |
Avec la constitution du diocèse de Joliette, le Collège Joliette acquiert le titre de Séminaire de Joliette. Lors de la division du territoire, la ville de L'Assomption et son Collège demeurent dans le diocèse de Montréal, mais la compétitivité entre les deux collèges n'en continuera pas moins pendant nombre d'années.
Le Collège poursuit son expansion
Du côté sud du Collège, près de la chapelle, on construit en 1903 un couvent pour accueillir au Séminaire les Révérendes Soeurs des Saints Coeurs de Jésus et de Marie, qui prennent en main la cuisine et les services auxiliaires.
De 1907 à 1909, on ouvre un nouveau chantier de construction. L'Aile de la façade, restaurée en 1888, manque de solidité. La tour de la façade et les six étages, plantés sur des bases fragiles, menacent de s'écrouler... Malgré sa fière allure avec son imposante tour surmontée de la statue du Sacré-Coeur, il faut démolir cette aile en 1907. La nouvelle construction, nommée aile de la façade ou aile des professeurs, en pierres, mesurera 210 pieds sur 60, elle aura cinq étages et sera surmontée d'un joli dôme supportant la statue du Sacré-Coeur de 1881. C'était la réalisation du dernier rêve du père Cyrille Beaudry, décédé en 1904.
En 1909, les édifices du Collège forment un ensemble régulier, en forme de H.
Aile de brique (Michaud) construite en 1875 et agrandie en 1899 |
. | ||||
Aile
de 1881 |
1881 |
. | 1903 |
Couvent des religieuses |
. |
1908 |
Aile de la façade (ou aile des professeurs) de 1908
L'édifice de la façade est uni à l'aile de brique, de 182 pieds de longueur, par l'intermédiaire de la chapelle, de 100 pieds de longueur. Tous ces édifices ont cinq étages; les ailes de la façade et de la chapelle sont en pierre. La façade est décorée d'un balcon, au deuxième étage, sur le modèle du premier collège de Barthélemy Joliette, en 1846.
Sous le balcon on peut lire: A.D. 1908 [Anno Domini: Année du
Seigneur 1908]. L'abbé A.-C. Dugas ne tarit pas d'éloges au sujet de cette nouvelle
construction:
|
Laborate et caritate Une
nouvelle devise, de nouvelles armoiries, Les premiers Annuaires du Collège Joliette arborent la devise des Clercs de Saint-Viateur Sinite parvulos venire ad me (Laissez venir à moi les petits enfants). |
En 1897, la médaille commémorative du Cinquantenaire affiche une
nouvelle devise Dum spiro, spero (Tant que je respire, j'espère). À l'occasion des Fêtes de 1910 (les fêtes du 60e anniversaire du Collège) une nouvelle devise plus optimiste sera présentée en même temps que les nouvelles armoiries: Laborate et caritate (par le travail et la charité). Le texte est surmonté par un écu décrit ainsi:
|
Ces armoiries ont été gravées sur le parquet du
rez-de-chaussée, à l'entrée de l'aile du Centenaire (1951). Les célébrations entourant le soixantième anniversaire du Collège, en 1910, fourniront aussi l'occasion de consacrer le chant de l'Alma Mater comme hymne du Séminaire. L'Alma Mater, à ses fils d'âge en âge |
Soixante ans, ça se fête... en retard
Les fêtes du 60e anniversaire auraient dû avoir lieu en 1906-1907; mais on préféra les retarder à 1910 afin de les célébrer dans un édifice parachevé. Les fêtes furent grandioses et durèrent trois jours, les 21, 22 et 23 juin 1910.
La ville de Joliette, dont la population comptait alors environ 6000 habitants, fut assiégée par 2000 anciens élèves venus des quatre points cardinaux et par de nombreux dignitaires religieux et civils.
Les anciens forment une association Déjà en 1878 et en 1897 à l'occasion du Cinquantenaire, les anciens élèves du Collège s'étaient réunis. Mais à l'occasion du 60e anniversaire, en 1910, ils viendront nombreux et formeront une association. Le projet émanait du Comité des Fêtes, réuni le 5 décembre 1910. Les objectifs de l'Association sont de: |
1o Resserrer les liens de fraternelle affection entre tous les enfants de l'Alma Mater;
2o Rendre plus intime les relations entre les anciens élèves qui sont appelés à contribuer, par un appui moral et financier, au progrès d'une institution dont ils sont les fils et qui leur est chère parce qu'elle est leur bien.
Association des anciens élèves
du Séminaire de Joliette, Procès-verbaux
Cette association va jouer un rôle important dans la vie du Séminaire. La réunion annuelle des anciens donnait lieu à une fête, à un banquet, à des échanges avec les élèves. Au cours des nombreuses souscriptions auxquelles le Séminaire de Joliette dut recourir, les anciens élèves furent toujours d'une grande générosité. Leurs contributions serviront entre autres au développement de la bibliothèque, des laboratoires et du musée.
Lors des fêtes du 60e anniversaire, pour ceux qui avaient la nostalgie de leur vieux collège, le poète Louis-Joseph Doucet (1874-1959), originaire de Lanoraie et ancien du Collège de 1894-1900, avait composé le poème, La cloche du vieux collège, en hommage à l'Alma Mater.
La voix du souvenir est parfois
éternelle,
Le temps ne peut tuer ces accords souverains...
La cloche du vieux collège, par Louis-Joseph Doucet
En direct du Collège: la télégraphie sans fil
Au début du XXe siècle, seules les communications par câble sous-marin existent. Plus tard, en 1904 le journal La Presse, de Montréal, fera installer sur le toit de ses édifices un grand mât pour la transmission et la réception sans fil.
Et c'est à Joliette que durant l'été 1904 une délégation de La
Presse et de la Compagnie De Forest vient installer un premier poste de télégraphie
sans fil. Le Séminaire de Joliette accueille volontiers l'installation d'un poste
récepteur dans la cour du Collège, près du pavillon de la tabagie. Le père Joseph Morin, professeur de sciences, y voit une belle occasion d'initier les élèves à ce nouveau mode de communication. Le poste consiste alors en un grand mât devant servir de support à la réception. Le poteau, haut de 200 pieds et deux pouces, est fiché en terre et soutenu par des haubans. Deux cabanons, situés près du mât, logent les appareils servant à la transmission des dépêches. En octobre 1904, la station est prête à émettre des dépêches et c'est le maire de Joliette, J.-M. Tellier, qui, voyant là un excellent moyen de promotion de son image, expédie le premier message. Le grand baton En septembre 1904, un nouveau professeur, arrivé de France, le frère Badel est fort étonné et intrigué par ce grand mât maintenu en place par tout un réseau de cordages raidis. Avec son accent français (ne tenant pas compte de l'accent circonflexe), le frère Badel demanda aux élèves:
On rapporte que le frère Badel prit la boutade pour un calembour sur son nom... |
Au sujet de cette tour, un élève du temps, Gaëtan Valois,
composa un poème intitulé Le grand baton, à chanter sur l'air de Gounod, dans Faust:
Le Roi de Thulé. Le cinquantenaire du GRAND
BATON: |