Du cours commercial au cours classique
J'ai fondé cet établissement pour faire disparaître ce mauvais mode d'enseignement qu'il y a dans le pays: de faire étudier aux enfants quelques années de latin seulement, de sorte que, quand ils sortent du collège, ils ne sont capables de rien. Propos de Barthélemy
Joliette, tels que rapportés à |
Le Collège Joliette fut d'abord un collège dit industriel, car il accordait une grande importance aux sciences appliquées: la géométrie, la botanique, l'agriculture, etc. Tel que conçu par son fondateur (Barthélemy Joliette) et annoncé dans les journaux de 1846, le premier prospectus du Collège propose un solide cours commercial de cinq années.
PREMIÈRE ANNÉE : | Élement français et anglais |
DEUXIÈME ANNÉE : | Syntaxe française et anglaise |
TROISIÈME ANNÉE : | Belles-Lettres et Rhétorique |
QUATRIÈME ANNÉE : | Physique, Mathématiques |
CINQUIÈME ANNÉE : | Philosophie |
Ce cours commercial est prérequis à l'étude du latin, un cours de trois ans ne pouvant commencer qu'à la cinquième année, en philosophie. Ce programme diffère tout à fait de celui des autres collèges de l'époque. Il évoluera toutefois rapidement vers le cours classique, dit alors le Grand cours par opposition au cours industriel qualifié de Petit cours. En effet, dès 1857, le grand cours (cours classique) sera accordé au Collège Joliette et le cours industriel ne sera plus prérequis à l'étude du latin.
En 1863, les autorités ecclésiastiques décident que les collèges classiques sont trop nombreux et on interdit l'enseignement du latin au Collège Joliette. Malgré cette interdiction, l'enseignement du latin fut maintenu à Joliette grâce à l'intervention de Mgr Bourget, qui était préoccupé par la formation de futurs prêtres dans la région.
Avec les années le cours classique se développe; on introduit l'étude de la langue grecque en 1865 et les classes de Méthode et de Versification en 1866. Le Collège offre alors toutes les classes du cours classique:
PREMIÈRE ANNÉE: | Éléments latins | |
DEUXIÈME ANNÉE: | Syntaxe latine | |
TROISIÈME ANNÉE: | Méthode | |
QUATRIÈME ANNÉE: | Versification | (en principe, l'art de la versification) |
CINQUIÈME ANNÉE: | Belles-Lettres | (arts littéraires et poétiques) |
SIXIÈME ANNÉE: | Rhétorique | (l'art oratoire) |
SEPTIÈME ANNÉE: | Philosophie junior | (ou Philo I) |
HUITIÈME ANNÉE: | Philosophe senior | (ou Philo II) |
En 1873, Joliette obtient son
statut de collège classique. Dans le prospectus de 1876, on y stipule que le Le
cours d'études est en même temps classique et commercial. Dès le départ, les Clercs de Saint-Viateur ont adhéré à cette orientation industrielle souhaitée par le fondateur du Collège, Barthélemy Joliette |
Pour une éducation religieuse et pratique
Quant aux objectifs d'ordre moral et religieux qui eux aussi guideront la mission éducative des Clercs au Canada, le père Champagneur en énonce quelques-uns reliés à l'étude des langues, de l'histoire, de la religion et des arts dans une lettre adressée en 1847 à Louis Querbes, son supérieur à Vourles, en France. |
Dans la même lettre, le père Champagneur
précise les outils manquant à leur mission éducative, dont des manuels scolaires.
L'année suivante, en 1848, un professeur du collège vient partiellement pallier cette
lacune en rédigeant un traité de botanique et d'agriculture à l'intention des élèves.
Cours élémentaire / de botanique et d'agriculture / Premier traité / Botanique, par un des professeurs du Collège Joliette, Berthier, Imprimerie de l'Écho des campagnes, 1848, 96 p. |
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Les examens publics en 1863
En ce temps-là (1863) les examens du collège étaient publics et duraient jusqu'à trois jours. Leur but était de montrer la forte et solide éducation donnée par nos collèges. Un auditoire d'élite entourait la scène où se distinguait la classe écolière. Les parents et les amis des élèves, les promoteurs de l'éducation, les curés voisins, les anciens élèves, les villageois, en un mot toute la classe instruite, se rendaient à ces joutes savantes, à ces tournois instructifs, et, pour employer une expression qui dure encore, tous allaient aux examens.
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Comme en témoigne le Messager de Joliette de 1863, les élèves d'alors possédaient parfaitement leurs matières, ont répondu aux questions... |
Parmi les anecdotes recensées par l'abbé Dugas dans ses Gerbes de souvenirs, on y décrit l'excellence prestation musicale des élèves sous la direction du frère Vadeboncoeur. Mais il n'y avait pas que la musique pour émerveiller le public. L'année suivante, le 21 juillet 1864, le Messager de Joliette soulignera cette fois l'habileté de l'architecte, bricoleur de génie et professeur de sciences, le père Joseph Michaud.
* NOTE : Voir aussi le Programme du
collège Joliette
dans lesAnnales de la Société de Saint-Viateur en Canada.