Préface
Message du Premier ministre du Canada
Message du Président du Conseil privé et ministre des
Affaires intergouvernementales
Message du Premier ministre du Canada
Lorsque le gouvernement du Canada a institué la politique des langues
officielles, il y a 30 ans, il était animé par un désir d’équité et
inspiré par le rapport de la Commission d’enquête sur le bilinguisme et le
biculturalisme. À cette époque, où j’étais encore un bien jeune député
et ministre, et où l’anglais était pour moi une langue seconde dont je
commençais à peine à maîtriser les rudiments, cette langue était utilisée
de façon pratiquement exclusive au sein de l’administration fédérale. Le
temps a changé bien des choses.
L’idéal d’un Canada bilingue où tous pourraient profiter de notre
patrimoine francophone et anglophone nous paraissait fondamentalement juste pour
notre société. De plus, conscients des origines et des cultures variées de la
population du pays, nous avons choisi d’enrichir nore vision du Canada en
reconnaissant sa richesse linguistique. D’ailleurs, mon séjour au ministère
de la Justice, quelques années plus tard, nous a donné l’occasion de
protéger cette richesse en insérant les droits linguistiques des minorités
dans la Charte canadienne des droits et libertés. Ce texte de nature
fondamentalement démocratique est une grande fierté non seulement pour moi en
tant que premier ministre, mais surtout pour un grand peuple, un peuple juste :
le peuple canadien.
Le Canada d’aujourd’hui contient un véritable monde à l’intérieur de
ses frontières, et ses deux langues officielles, largement présentes sur la
scène internationale, augmentent sa compétitivité et son influence. Notre
dualité linguistique signifie pour les travailleurs un accès accru aux
marchés et aux emplois, ainsi qu’une plus grande mobilité. C’est dans cet
esprit que le Plan d’action pour les langues officielles vise à maximiser ces
avantages pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes.
J’aimerais profiter de cette occasion pour remercier le ministre Stéphane
Dion, qui a présidé aux efforts d’un groupe de collègues du Cabinet dans le
domaine des langues officielles, nommément les ministres Don Boudria, Claudette
Bradshaw, Martin Cauchon, Denis Coderre, Sheila Copps, Anne McLellan, Lucienne
Robillard et Allan Rock, ainsi que le secrétaire d’État, Denis Paradis.
Leurs efforts, inspirés d’un profond attachement aux langues officielles de
notre pays, ont abouti à un plan d’action qui donnera un nouveau souffle à
notre dualité linguistique et reflète une des valeurs premières du Canada d’aujourd’hui.
La version papier a été signée par Jean Chrétien
Le premier ministre du Canada,
Jean Chrétien
Message du Président du Conseil privé et ministre des Affaires
intergouvernementales
Ce Plan d’action, véritable élan donné à la politique des langues
officielles du gouvernement du Canada, bénéficiera à tous les Canadiens qui,
nombreux, veulent davantage avoir accès à notre riche dualité linguistique.
Depuis que le Premier ministre, le très honorable Jean Chrétien, m’a
demandé il y a deux ans de coordonner la politique des langues officielles, j’ai
sillonné notre pays de long en large, tantôt pour annoncer l’une des
nombreuses nouvelles mesures que nous avons mises en place, tantôt pour
recueillir les suggestions des communautés, de mes homologues provinciaux, des
experts, tantôt pour soumettre des orientations que le Plan d’action pourrait
prendre. Mes collègues ministres travaillant dans le domaine des langues
officielles ont fait de même.
Comme Québécois francophone, je savais combien les francophones de ma
province tiennent à la dimension bilingue du Canada. Nous voulons au Québec
que le français soit respecté partout et nous apprécions les efforts que le
gouvernement du Canada déploie pour le rayonnement de la langue et de la
culture d’expression française au Québec, dans l’ensemble du Canada et
partout dans le monde.
Comme Québécois, je savais que la communauté anglophone de ma province
vivait de grands changements. Mais j’ai appris beaucoup d’elle durant ces
deux années de dialogue et d’action. On ne sait pas suffisamment, par exemple,
que l’une de ses principales aspirations est que les gouvernements l’aident
à transmettre la langue française à ses enfants afin qu’ils puissent mieux
s’intégrer à la société québécoise et accroître les probabilités qu’ils
y passent leur vie adulte. Cette communauté allie de mieux en mieux ses
identités anglophone, québécoise et canadienne.
Comme ancien professeur de l’Université de Moncton, où j’ai enseigné
en 1984, je me souvenais d’une ville coupée en deux, avec le campus purement
français, le reste de la ville apparemment unilingue anglaise. Quel changement
en vingt ans! Cette fois j’ai vu deux communautés linguistiques qui s’épaulent
l’une l’autre pour donner à leur ville un élan impressionnant.
Je savais que nos écoles d’immersion étaient un fleuron, copié par tant
d’autres pays. Mais jamais je ne m’en étais autant rendu compte qu’en
visitant comme ministre cette école d’immersion de la Colombie-Britannique
où des jeunes d’origine asiatique se sont adressés à moi dans un français
superbe. Ces jeunes expriment mieux que quiconque la complémentarité de notre
multiculturalisme et de notre bilinguisme, ces deux forces qui nous ouvrent sur
le monde.
Quand, le 5 octobre 2002, j’ai assisté à la cathédrale de Saint-Boniface
aux obsèques de mon collègue Ronald Duhamel, ce grand combattant pour la cause
du français, j’ai partagé l’émotion d’une communauté
franco-manitobaine riche de sa culture, inspirée par son histoire. Quand j’ai
lu le mémoire, De génération en génération : Agrandir l’espace
francophone au Manitoba, que la Société franco-manitobaine m’a fait
parvenir pour la préparation du Plan d’action, j’y ai trouvé cette phrase
toute tournée vers l’avenir : « La communauté franco-manitobaine entend
insérer le projet francophone dans le projet social de la province dans son
ensemble ». En effet, c’est toute notre dualité linguistique qu’il faut
plus que jamais insérer dans le projet canadien.
Je pourrais multiplier les témoignages et les expériences dont j’ai
bénéficié depuis que le Premier ministre m’a lancé dans cette fascinante
aventure il y a deux ans. Mais ce que je veux surtout exprimer ici, c’est une
conviction qui n’a cessé de grandir au fil de cette expérience et qui
inspire tout l’énoncé de politique qu’on va lire. J’ai la conviction que
l’une des conditions de nos succès futurs est notre dualité linguistique
dans une monde où les communications explosent, où les cultures se rencontrent
et où l’ouverture aux autres et la connaissance des langues deviennent un
atout de plus en plus important.
L’énoncé de politique qu’on lira dans les pages qui suivent, lequel
décrit le Plan d’action, est surtout fait de programmes et de chiffres. Mais
derrière ces mesures et ces investissements, il y a un projet humain : un
projet crucial pour notre pays, celui du pari du pluralisme et de la
communication. Les Canadiens ont tant à se dire à eux-mêmes, tant à dire aux
autres. De plus en plus, ils veulent le dire dans leurs deux langues officielles.
Le gouvernement du Canada les y aidera puissamment par ce Plan d’action.
La version papier a été signée par Stéphane Dion
Stéphane Dion
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