1. INTRODUCTION
1.1 La dualité linguistique dans un Canada moderne
1.2 La genèse du Plan d’action
1.3 Le Plan : un processus d’imputabilité et trois
grands axes
1.1 La dualité linguistique dans un Canada moderne
À la fois ambitieux et réaliste, le Plan d’action décrit dans cet
énoncé de politique fera bel et bien prendre au Canada, comme son titre l’indique,
un nouvel élan salutaire pour sa dualité linguistique. Oui, après la Loi
sur les langues officielles de 1969, la Charte des droits et libertés de
1982, la refonte de la Loi sur les langues officielles de 1988, ce Plan d’action
ouvre un nouvel acte pour tous les Canadiens. Trois considérations ont conduit
le gouvernement du Canada à donner ce nouvel élan, entamer ce nouvel acte,
lancer ce Plan d’action.
1. La dualité linguistique fait partie de nos
racines.
Un pays doit être fidèle à ses racines. L’une de nos racines canadiennes
est notre dualité linguistique. L’évolution qui nous a mené au Canada d’aujourd’hui
a suivi différents chemins. Le Canada s’est doté d’une économie forte, d’une
culture de respect, d’une fédération efficace, d’une société
multiculturelle. À travers toute cette évolution, il est resté fidèle à l’une
de ses dimensions fondamentales : sa dualité linguistique.
L’un des aspects incontournables de ce pays demeure que la vaste majorité
de ses habitants parlent le français ou l’anglais et que moins de 2 p. 1001
des gens qui y vivent aujourd’hui déclarent ne parler ni l’un ni l’autre.
Pendant que la population du Canada s’ouvrait aux cultures de partout dans le
monde et se diversifiait, nos langues officielles ont conservé leur statut
particulier de langues du domaine public. Les valeurs de respect mutuel et de
partage qui ont mené à l’adoption de la première Loi sur les langues
officielles en 1969 sont les mêmes qui font qu’aujourd’hui le Canada
contient le monde dans ses frontières.
Notre histoire assigne au gouvernement du Canada le devoir de contribuer à
rendre accessible à tous les Canadiens le double héritage que représentent
pour notre pays nos deux langues officielles, le français et l’anglais. Ce
double héritage appartient à tous les Canadiens. Le gouvernement du Canada
veut les aider à en profiter pleinement.
L’une des sources qui a toujours irrigué notre dualité linguistique est
venue des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Elles ont
puissamment contribué à notre diversité linguistique et culturelle. Le
gouvernement du Canada a des engagements historiques et politiques envers ces
communautés. Il se donne les moyens de mieux les assumer au moyen de ce Plan d’action.
Il le fait pour elles, mais aussi pour tous les Canadiens, car si elles
témoignent de notre passé, elles sont aussi un atout pour les succès futurs
du Canada.
2. La dualité linguistique est un atout pour notre
avenir.
Elle n’est pas seulement l’une de nos racines, elle est aussi l’une des
conditions de notre succès futur. Le Canada a l’immense chance d’avoir deux
langues officielles qui sont des langues de stature internationale. Le français
est une langue officielle de 24 pays dans le monde, l’anglais de 402.
L’Organisation des Nations unies compte le français et l’anglais parmi ses
six langues de travail. Quarante-huit pays appartiennent à ce qu’il est
convenu d’appeler la Francophonie3, et le
Commonwealth en rassemble 544. Le Canada a le
privilège d’appartenir à chacun de ces forums internationaux et d’y jouer
un rôle de chef de file. La langue la plus fréquemment connue par les
Européens, en plus de leur langue maternelle, est l’anglais (41 p. 100),
suivi par le français (19 p. 100)5.
Nos deux langues officielles sont les deux volets grands ouverts d’une
belle fenêtre qui nous donne accès au monde. C’est à tort qu’on a dit de
notre dualité linguistique qu’elle nous isole en deux solitudes. Il serait
bien plus juste de dire que nos langues officielles sont « les deux
complétudes ». Ensemble, elles nous familiarisent d’ailleurs avec le
pluralisme linguistique et l’apprentissage des autres langues qui sont
parlées chez nous et ailleurs dans le monde. C’est ce même esprit d’ouverture
qui nous motive à aider les peuples autochtones du Canada à conserver leurs
propres langues.
En ce début de siècle, dans ce monde de plus en plus global, où les
communications revêtent une importance toujours plus grande, où l’économie
est de plus en plus axée sur le savoir et l’innovation, le Canada doit
prendre plus que jamais appui sur sa dualité linguistique et le caractère
international de ses deux langues officielles. Cela lui donne un avantage
concurrentiel important. L’accès à deux langues internationales parmi les
plus vivantes est un atout sur les marchés de l’emploi et accroît la
mobilité des personnes. Voilà pourquoi la Stratégie d’innovation du Canada
fait de la capacité de communiquer en français et en anglais une des assises
de l’apprentissage continu pour les enfants et les jeunes6.
Plusieurs autres pays développés ont compris toute l’importance de l’apprentissage
des langues. Ils investissent massivement dans les compétences langagières de
leurs populations.
Le Canada a l’avantage d’avoir déjà investi de façon significative
dans l’apprentissage du français et de l’anglais, qui sert d’ailleurs
souvent de tremplin pour l’apprentissage d’une troisième ou d’une
quatrième langue. Nous pouvons partir d’une infrastructure en place. Il s’agit
de la renforcer pour toujours accroître les compétences langagières des
Canadiens.
Les Canadiens nous le demandent. L’usage de deux langues du domaine public
s’est ancré dans notre culture. Il s’agit d’une des valeurs fondamentales
qui renforce les attributs qui nous définissent tels l’ouverture et le
respect. C’est un atout que les Canadiens ne veulent pas perdre, malgré la
force assimilatrice de l’anglais en Amérique du Nord. L’appui de 82 p. 100
de Canadiens, dont 91 p. 100 des jeunes de 18 à 24 ans, à la politique
fédérale des langues officielles7 reflète
cette lucidité. Les Canadiens sont nombreux à réaliser que la dualité
linguistique ne nous renvoie pas seulement à notre passé. Elle fait partie de
l’avenir d’un Canada prospère, dans un monde où les échanges se
multiplient et où la capacité de communiquer est de plus en plus valorisée.
Les Canadiens savent que la connaissance d’une autre langue donne accès à un
patrimoine culturel plus vaste en même temps qu’elle constitue un facteur d’enrichissement
personnel. Pour cela, ils veulent s’appuyer sur leur dualité linguistique.
Notre Plan d’action les y aidera.
3. La politique fédérale pour les langues officielles doit être
améliorée.
Beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire. D’où la nécessité
de donner un nouvel élan à nos politiques avec ce Plan d’action.
Depuis la mise en place de la politique des langues officielles il y a 30
ans, l’évolution du Canada en a confirmé le bien-fondé. Elle nous a
rapproché de l’idéal d’ « un pays bilingue où tous peuvent jouir et
profiter de notre patrimoine français et anglais »8.
L’avènement de technologies et d’outils de communication a modifié
considérablement nos façons d’échanger entre nous. Considérons la
croissance de nos villes et les besoins nouveaux qui en ont découlé. Voyons
les changements survenus dans nos habitudes les plus fondamentales, notre notion
de la famille et notre mode de vie. Nos collectivités ont évolué à mesure
que s’y sont intégrées des personnes venues d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique
et d’ailleurs, si bien que nos deux langues officielles rassemblent aujourd’hui
des populations de plus en plus diversifiées. Au milieu de cette effervescence,
notre dualité linguistique a perduré et s’est affirmée, mais elle évolue
dans un contexte qui a beaucoup changé. Dynamisme et transmission de la langue
ont pris un sens nouveau devant un mode de vie menant, par exemple, à s’installer
dans des villes cosmopolites plutôt qu’à rester dans des communautés
éloignées, à relâcher les liens avec la famille élargie, à n’avoir que
peu d’enfants et souvent un partenaire parlant une autre langue que la sienne.
Prenons la situation des communautés francophones en situation minoritaire.
Il y a 30 ans, elles étaient loin de disposer des mêmes institutions ou des
mêmes droits qu’aujourd’hui. De même, il y a trois décennies, la
majorité anglophone était bien moins ouverte à la dualité linguistique qu’elle
ne l’est aujourd’hui. Mais à cette époque, le taux de fécondité était
plus élevé et les jeunes restaient davantage dans leurs communautés que
maintenant. De même, les jeunes d’expression française n’épousaient pas
des anglophones en proportion comparable à la situation actuelle.
Il nous faut donc repenser nos politiques de façon à aider ces jeunes à
renforcer leurs liens avec leur langue et leur communauté, dans un contexte où
ils sont beaucoup plus mobiles qu’autrefois. Il faut aussi aider ces nombreux
couples exogames (i.e. francophones-anglophones) à transmettre leur double
héritage linguistique à leurs enfants.
Notre droit a connu une évolution parallèle à celle de notre société.
Notre jurisprudence protège bien mieux qu’autrefois l’égalité de statut
du français et de l’anglais au Canada. Les dernières décennies ont vu
apparaître des jugements destinés à compenser la vulnérabilité du français
ou des minorités de langue officielle pour des raisons d’équité propres à
notre Constitution et à notre vision du Canada.
Nous sortons aussi d’une période d’assainissement des finances
publiques. Les dépenses de programme du gouvernement du Canada représentaient
17,5 p. 100 du PIB en 1992-1993. Le même ratio a été ramené à 11,9 p. 100
en 2003-2004. La politique des langues officielles n’a pas été épargnée
par cette opération budgétaire. Les conséquences, cependant, ont été
particulièrement difficiles pour les communautés, car elles ne disposent pas
des marges de manoeuvre ou des économies d’échelle de la majorité. Avec une
situation financière assainie, le gouvernement du Canada est en mesure de
réinvestir dans la politique des langues officielles de façon efficace au
moyen de ce Plan d’action.
En somme, aujourd’hui plus que jamais, notre dualité linguistique
représente un atout mais il ne faut rien tenir pour acquis. L’engagement
renouvelé du gouvernement du Canada et le Plan d’action qui en résulte
témoignent de la volonté politique d’accompagner les Canadiens dans cette
démarche de valorisation de nos deux langues officielles au sein d’une
société évoluant dans un monde de plus en plus global. Ils s’inscrivent
parmi les gestes qui contribueront à faire du Canada un pays encore plus
inclusif, offrant à toute la population une meilleure qualité de vie et un
avenir prometteur. Surtout, ils expriment l’idée que chaque Canadien puisse
atteindre le sommet de son capital humain.
1.2 La genèse du Plan d’action
Notre passé, notre avenir, la modernisation de nos politiques, telles sont
donc les trois considérations qui ont conduit le gouvernement du Canada à
élaborer le Plan d’action décrit dans cet énoncé de politique. Sa
conception s’est effectuée en plusieurs étapes.
Dans le discours du Trône de janvier 2001, le gouvernement du Canada a pris
l’engagement formel de faire de la promotion de la dualité linguistique
canadienne l’une des priorités de son mandat. Il y réitérait son appui aux
communautés de langue officielle en situation minoritaire, son intention de
faire rayonner la culture et la langue françaises au pays et sa détermination
à servir les Canadiens dans les deux langues officielles.
En avril de la même année, le Premier ministre du Canada, le très
honorable Jean Chrétien, demandait à l’honorable Stéphane Dion, président
du Conseil privé et ministre des Affaires intergouvernementales, de coordonner
la politique des langues officielles du gouvernement, de présider un groupe de
ministres et « d’envisager de nouvelles mesures énergiques pour continuer d’assurer
l’épanouissement des collectivités de langue officielle en situation
minoritaire et de faire en sorte que les langues officielles du Canada soient
mieux reflétées dans la culture de la fonction publique fédérale »9.
Dans le discours du Trône de septembre 2002, le gouvernement a réitéré
son engagement à présenter un Plan d’action pour revitaliser sa politique
des langues officielles.
« La dualité linguistique est au coeur de notre identité collective.
Le gouvernement verra à l’application d’un plan d’action sur les
langues officielles mettant l’accent sur l’enseignement dans la langue
de la minorité et l’enseignement de la langue seconde, avec pour
objectif entre autres de doubler d’ici dix ans le nombre de diplômés
des écoles secondaires ayant une connaissance fonctionnelle du français
et de l’anglais. Il appuiera le développement des communautés
minoritaires d’expression française et anglaise et rendra plus
accessibles les services dans leur langue dans les domaines tels que la
santé. Il renforcera l’utilisation de nos deux langues officielles dans
la fonction publique fédérale, autant au travail que dans les
communications avec les Canadiens.10»
|
Stimulé par la nomination du ministre responsable des langues officielles et
les efforts conjugués de plusieurs ministres, le travail assidu des comités
parlementaires, les observations régulières de la Commissaire aux langues
officielles, et aiguillonné constamment par le dialogue avec les communautés,
le gouvernement a intensifié son action au cours des deux dernières années.
Il a posé des gestes concrets sur lesquels il peut s’appuyer maintenant. La
Commissaire aux langues officielles s’est réjouie de ce nouveau dynamisme
dans son dernier rapport : « Au cours de la dernière année, le gouvernement a
annoncé l’allocation de nouvelles ressources pour financer plusieurs projets
qui appuient les langues officielles, comme la création d’un institut
national de la recherche sur les communautés de langue officielle à l’Université
de Moncton; la traduction des arrêtés municipaux au Nouveau-Brunswick; les
échanges linguistiques pour les jeunes; un réseau de formation à distance
pour la communauté anglophone du Québec, en partenariat avec la province; la
conclusion de nouvelles ententes dans le cadre du Partenariat interministériel
avec les communautés de langue officielle (le PICLO); la formation linguistique
des fonctionnaires de la nouvelle ville d’Ottawa; de même que des projets d’animation
culturelle et communautaire destinés à la jeunesse francophone en milieu
minoritaire »11.
Sont présentés ici des gestes concrets du gouvernement depuis la
nomination en avril 2001 d’un ministre responsable et les efforts
conjugués de plusieurs ministres :
-
en 2001-2002, un million de dollars pour traduire les arrêtés
municipaux et offrir des services dans les deux langues officielles au
Nouveau-Brunswick; en 2002-2003 et 2003-2004, un autre million de
dollars d’aide à la province pour la mise en oeuvre de sa nouvelle
Loi sur les langues officielles;
-
10 millions de dollars pour démarrer l’Institut de recherche sur
les minorités linguistiques – rattaché à l’Université de
Moncton; l’Institut travaille avec les chercheurs de toutes les
régions du Canada pour mieux comprendre les enjeux touchant les
communautés notamment en matière d’éducation, de droits
linguistiques et de conditions de vie;
-
un investissement de 5 millions de dollars par année pour
promouvoir l’enseignement de la langue seconde grâce à des
échanges linguistiques et des activités de sensibilisation auprès
des jeunes – une augmentation de 20 p. 100 des fonds consacrés à
ce domaine; et,
-
2,5 millions de dollars sur cinq ans à la ville d’Ottawa, pour
accélérer la formation linguistique des employés municipaux,
traduire des arrêtés municipaux, fournir l’interprétation
simultanée pour les comités permanents et permettre des partenariats
avec le secteur privé.
|
Deux nouvelles politiques adoptées en avril 2002 aident à prendre en
compte les besoins des communautés :
-
la Politique de communication du gouvernement du Canada, qui
contient des dispositions relatives à la publicité gouvernementale
auprès des communautés de langue officielle en situation
minoritaire; et,
-
la Politique sur les différents modes de prestation de services qui
oblige les institutions fédérales à considérer leur incidence sur
les langues officielles et à consulter les communautés lorsque des
changements dans la façon d’offrir les services pourraient avoir un
effet sur leur développement.
|
Cette accélération du mouvement n’aurait pas été possible sans le
travail des ministres ayant des responsabilités en langues officielles qui se
sont réunis neuf fois entre mai 2001 et novembre 2002, pour favoriser l’élaboration
de mesures concertées dans plusieurs secteurs.
Tout en faisant valoir les bénéfices de notre dualité linguistique pour
tous les Canadiens, le président du Conseil privé et ministre des Affaires
intergouvernementales a voyagé partout au pays afin de prendre acte des
réalités provinciales, territoriales et régionales. Il a rencontré les chefs
de file des communautés de langue officielle, notamment de la Fédération des
communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) et de ses associations
membres dans chacune des provinces et territoires ainsi que le Quebec Community
Groups Network (QCGN) représentant les communautés anglophones québécoises.
Des dizaines de mémoires lui ont été présentés. Celui de la FCFA,
intitulé Des communautés en action, parlait de « développement global
à l’égard des communautés » afin que, selon son président, M. Georges
Arès, elles puissent « avoir à leur disposition les moyens de leurs
aspirations à participer résolument à toutes les sphères d’activité d’une
société dynamique et porteuse de l’avenir »12.
Le document du QCGN, Suggesting Change13,
suggérait d’augmenter la capacité des communautés anglophones en situation
minoritaire de travailler avec tous les gouvernements pour préserver leur
dynamisme au Québec. Des contributions importantes sont également venues de la
Société franco-manitobaine, de la Fédération canadienne pour l’alphabétisation
en français, de la Commission nationale des parents francophones, de la
Fédération culturelle canadienne-française, de Canadian Parents for French,
de l’Association canadienne des professeurs d’immersion et d’autres
encore.
Le gouvernement est très reconnaissant envers toutes ces associations qui
ont pris le temps de bien étoffer leurs dossiers afin de mieux le guider dans
sa réflexion. Elles lui ont d’ailleurs demandé de ne pas émettre son Plan d’action
avant qu’elles aient élaboré leurs propositions et pris le temps de bien les
lui communiquer.
Les éléments soulevés dans ces mémoires portent sur une gamme étendue de
domaines, de l’éducation dans la langue de la minorité à l’accès aux
services et aux compétences les plus susceptibles d’aider les communautés à
prospérer et à jouer un rôle actif dans la société canadienne. Comme les
communautés d’expression française et anglaise vivent différemment leur
statut minoritaire, elles ont exprimé divers besoins particuliers bien que des
constantes aient été observées. Ces questions sont abordées avec plus de
détail dans les chapitres qui suivent.
Le Ministre s’est entretenu avec des universitaires et des chercheurs. Il a
réfléchi aux recommandations contenues, par exemple, dans les rapports Savoie
(1998)14, Fontaine (1999)15
et Simard (1999)16. Il a également discuté
avec ses homologues provinciaux et territoriaux, participé à deux conférences
ministérielles sur les affaires francophones et rencontré le dircteur
général du Conseil des ministres de l’Éducation (Canada). En outre, il a
reçu des mémoires détaillés de ses collègues du Nouveau-Brunswick et de l’île-du-Prince-Édouard.
La réflexion du gouvernement s’est aussi nourrie des études en provenance de
la Commissaire aux langues officielles et des rapports du Comité mixte
permanent sur les langues officielles.
1.3 Le Plan : un processus d’imputabilité et trois
grands axes
Dans les discours qu’il a prononcés à Whitehorse, le 22 juin 2002, devant
la Fédération des communautés francophones et acadienne, ainsi qu’à
Québec, le 20 octobre 2002, devant le Quebec Community Groups Network, le
ministre Dion a dévoilé les trois grandes orientations du Plan d’action pour
les langues officielles. La version finale de ce plan quinquennal (2003-2004 à
2007-2008) est conforme aux orientations qui avaient été annoncées.
Le premier élément du Plan porte moins sur le contenu que sur la façon de
faire. Il tient en un cadre d’imputabilité et de coordination.
Les participants aux consultations et plusieurs études antérieures ayant
insisté sur la mise en place d’un cadre d’imputabilité qui rappellerait de
façon constante aux ministres et à leurs fonctionnaires la priorité accordée
à la dualité linguistique, le gouvernement a voulu clarifier et consigner les
responsabilités des ministères et organismes et améliorer la coordination
entre les instances impliquées. Le chapitre
2 de l’énoncé de politique renseignera les Canadiens quant au processus
par lequel le gouvernement s’assurera que les langues officielles demeureront
toujours l’une de ses priorités.
En plus de ce cadre d’imputabilité, le Plan d’action vise trois domaines
prioritaires :
Axe 1 : L’éducation (Chapitre
3). C’est le cas de le dire : beaucoup a été fait, mais beaucoup
reste à faire et à consolider. Les mesures proposées toucheront à la fois l’enseignement
dans la langue de la minorité, pour aider à mettre en oeuvre l’article 23 de
la Charte canadienne des droits et libertés, ainsi que l’enseignement
de la langue seconde, comme prévu dans la Stratégie d’innovation du Canada
et conformément aux engagements du gouvernement de favoriser l’utilisation
des deux langues officielles dans la société canadienne.
Axe 2 : Le développement des communautés (Chapitre
4). Nous tenons à ce qu’elles puissent participer pleinement, dans
leur propre langue, à l’essor du Canada. Elles doivent continuer à
contribuer au rayonnement de nos deux langues officielles partout au pays. Les
mesures envisagées rendront plus accessibles aux communautés les services
publics dans les deux langues officielles, principalement dans les domaines de
la santé, de la petite enfance et de la justice. Elles leur donneront davantage
accès aux outils de développement économique inhérents à l’économie du
savoir.
Axe 3 : Une fonction publique exemplaire (Chapitre
5). Le gouvernement fédéral ne peut jouer un rôle de leader que s’il
donne lui-même l’exemple. Les améliorations recherchées viseront la
prestation des services fédéraux aux Canadiens dans les deux langues
officielles, la participation des Canadiens d’expression française et d’expression
anglaise dans l’administration fédérale, et l’emploi des deux langues au
travail.
Les industries de la langue (Chapitre
6) offrent aux Canadiens la possibilité de saisir l’avantage
concurrentiel de nos deux langues officielles ici au Canada et sur la scène
internationale. Une aide au développement de ces industries appuiera les trois
axes du Plan en combattant la pénurie de professeurs spécialisés en formation
linguistique et en traduction, en élargissant l’éventail de carrières
ouvertes aux jeunes Canadiens et en misant sur les institutions fédérales
comme point de départ d’initiatives en traduction, en interprétation, en
terminologie et autres compétences langagières.
Tel est le Plan d’action qui sera maintenant décrit dans les détails.
Avec son cadre d’imputabilité et ses trois axes de développement, il
constituera un puissant engin qui donnera un nouvel élan à la politique des
langues officielles, au bénéfice de tous les Canadiens.
-
Recensement du Canada, 2001.
-
UNESCO, Rapport mondial sur la culture, diversité culturelle, conflit et
pluralisme (2000), Paris : Éditions UNESCO.
-
www.francophonie.org
-
Commonwealth Secretariat, Report of the Commonwealth Secretary-General
2001, Continuity and Renewal in the New Millennium, septembre 2001.
-
Commission européenne, Eurobaromètre : l’opinion publique dans la
communauté européenne, Rapport numéro 54, février 2001, pp. 1 et 2.
-
Gouvernement du Canada, Le savoir, clé de notre avenir : le
perfectionnement des compétences au Canada, 2002, p. 20.
-
Sondage Environics, février 2002.
-
Adresse du Premier ministre Jean Chrétien en réponse au discours du
Trône, le 31 janvier 2001.
-
Le Premier ministre donne des responsabilités accrues au ministre Dion
en matière de langues officielles (communiqué de presse), Service de
presse du CPM, le 25 avril 2001.
-
Gouvernement du Canada, Discours du Trône, le 30 septembre 2002,
page 14.
-
Commissariat aux langues officielles, Rapport annuel 2001-2002, Le
tissu social canadien, 2002, page 19.
-
Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Des
communautés en action : politique de développement global à l’égard
des communautés francophones et acadiennes en milieu minoritaire,
document non publié, mai 2002, lettre de M. Georges A. Arès à titre d’avant-propos.
-
Suggesting Change, The Situation of the English-speaking Minority of
Quebec and proposals for change, Report to Minister Stéphane Dion,
President of the Privy Council and Minister for Intergovernmental Affairs by
the Quebec Community Groups Network, document non publié, juin 2002.
-
Donald Savoie, Collectivités minoritaires de langue officielle :
promouvoir un objectif gouvernemental, 1998.
-
Groupe de travail sur les transformations gouvernementales et les langues
officielles, Maintenir le cap : la dualité linguistique au défi des
transformations gouvernementales, Ottawa, janvier 1999 (communément
appelé le Rapport Fontaine).
-
L’honorable Jean-Maurice Simard, sénateur, De la coupe aux lèvres :
un coup de coeur se fait attendre. Le développement des communautés
francophones et acadiennes : une responsabilité fondamentale du Canada,
rapport déposé au Sénat le 16 novembre 1999.
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