Le Challeux (1565)Chauveton, Urbain (XVIe siècle). Brief Discours et histoire d'un voyage de quelques François en la Floride & du massacre [...] exécuté sur eux par les Hespagnols, l'an mil cinq cens soixante cinq [...]. Genève: E. Vignon, 1579. Charpentier de métier, Nicolas Le Challeux s'était porté volontaire pour faire partie de l'expédition de 1565 dirigée par Jean Ribaut pour consolider la colonie française de la Floride. A cette date, Le Challeux était passablement âgé. Laudonnière le dit en effet «âgé de soixante ans pour le moins», et Le Challeux se qualifie lui-même de «vieillard que je suis, et tout gris». Se lancer dans une aventure aussi risquée à un tel âge peut paraître étonnant. Mais, sans doute comme la plupart des autres membres de cette expédition, Le Challeux ajouta foi au bruit qui courait alors en France, «à savoir, que la Floride promettait le suffisant contentement de tout ce que l'homme pourrait désirer [sur] la terre.» Dans son Brief Discours, Le Challeux décrit les atrocités commises par les Espagnols lors de la prise du fort Caroline. À leur arrivée en Floride, à la fin d'août 1565, les Espagnols se fortifièrent à Saint Augustine. L'ayant appris, Ribaut s'embarqua à bord de quelques navires avec 200 marins et 400 soldats pour aller les déloger, mais il fut surpris en mer par une violente tempête qui dura plusieurs jours. Menéndez de Avila en profita, fit marcher ses troupes par voie de terre et, à l'aube du 20 septembre, surprit la garnison du fort Caroline, au nombre de quelque 200 à 250 personnes. Les Espagnols les massacrèrent, à l'exception d'une cinquantaine de femmes et d'enfants qui furent faits prisonniers. Seulement 26 défenseurs parvinrent à s'échapper, dont Le Challeux, Laudonnière et Lemoyne de Morgues. Quant aux hommes de la flotte de Ribaut, plusieurs s'étaient noyés. Les Espagnols reprirent environ 350 survivants qu'ils passèrent au fil de l'épée, n'en épargnant qu'une vingtaine. Ce massacre mit un terme à l'effort de colonisation déployé par la France en Floride.
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