Lahontan (1704)
Lom D'Arce, Louis-Armand de, baron de Lahontan (1666-1716). Dialogues de Monsieur le baron de Lahontan et d'un sauvage [...]. Amsterdam: La veuve Boeteman, 1704.
Dans son ensemble, l'oeuvre de Lahontan condense et résume les idées philosophiques de son époque sur les vices de la société européenne et les illogismes des dogmes chrétiens. Au cours du XVIIe siècle, les auteurs traitant de l'Amérique du Nord en étaient graduellement venus à répandre l'image d'un Amérindien heureux et hospitalier, vivant sans subordination à une autorité ni querelles, contrairement aux populations européennes pourtant civilisées. Cette image se retrouve plus particulièrement sous la plume des missionnaires qui visaient par là à donner une leçon de morale aux chrétiens européens.
Mais c'est Lahontan qui, avec ses Dialogues, a véritablement cristallisé le mythe du «bon Sauvage». Dans cet écrit, Lahontan reproduit cinq entretiens fictifs qu'il aurait eu avec un Huron nommé Adario, entretiens portant sur la religion, les lois, le bonheur, la médecine et le mariage. Vices pour vices et vertus pour vertus, c'est l'Amérindien plutôt que l'Européen qui sort victorieux de cette joute oratoire; l'Amérindien, primitif, incarne la véritable nature humaine originelle et foncièrement bonne, dont l'Européen, civilisé, s'est éloigné en se christianisant.
Au XVIIIe siècle, le mythe du «bon Sauvage» devint l'un des thèmes majeurs de la littérature philosophique et romanesque. Pourtant, les Dialogues discréditèrent leur auteur, bien malgré lui. Moins d'un an après leur parution, Lahontan fut victime de vol littéraire. En 1705, un moine défroqué et anticlérical, Nicolas Gueudeville, réédita le texte de Lahontan tout en le modifiant profondément. Par la suite, Lahontan devint sujet à caution aux yeux de la plupart des auteurs qui rejetèrent globalement toute son oeuvre, seulement quelques auteurs isolés lui accordant du crédit.
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