2 juin 2006

 

 

 

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Infos Mondialisation
Par les éditeurs de Societas Criticus
 
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Les liens pour bien suivre les choses  (Liens remis à jour périodiquement) 
 
Pour les textes d’archives qui suivent, les hyperliens étaient valides au moment de leur publication originale.
 
UNE COALITION MONDIALE D’ONG DEMANDE UNE REGULATION PLUS IMPORTANTE 
DES ENTREPRISES MULTINATIONALES (Communiqué de presse OECD Watch)
 
Nos Dossiers sur la mondialisation
 
Corporate welfare
 
Les fermetures éclairs! (5 septembre, 2003)
 
Le paradoxe du rendement (Les Affaires, 27 janvier 1996, mais encore très actuel!)
 
Le mondialisme (suivi de références)
 
Deux livres en porte à faux… et un pourfendeur de « vérités »!
 
De l’anti @ l’alter! - Texte inspiré par le livre « Où va le mouvement altermondialisation? »
 

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Les liens pour bien suivre les choses
 
Action mondiale des peuples : www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/index.htm

Action Terroriste Socialement Acceptable : www.atsa.qc.ca

Alternatives : www.alternatives.ca                                                 
Association québécoise des organismes de coopération internationale : www.aqoci.qc.ca
ATTAC : http://www.attac.org/index.htm
Centre des médias alternatifs (CMAQ) : www.cmaq.net                                           
Fond Monétaire international: www.imf.org
Forum Social Mundial : www.forumsocialmundial.org.br            (Québec : www.forumsocialquebec.org) 
Groupe de recherche sur l'intégration continentale : www.unites.uqam.ca/gric/                    
La Gauche : www.lagauche.com/lagauche/index.php
Min. des affaires étrangères et du commerce international : www.dfait-maeci.gc.ca 
Organisation des États Américains: www.oas.org/main/french/

Organisation Mondiale du Commerce : www.wto.org               

Porto Allegre:       www.planetaportoalegre.net/                                                          
Secrétariat de l’ALÉNA : www.nafta-sec-alena.org/                                                  

Summit of the Americas Information Network: www.summit-americas.org

World Economic Forum: www.weforum.org 

Zone de Libre Échange des Amériques (Canada) : www.dfait-maeci.gc.ca/latinamerica

Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) (site officiel) : www.ftaa-alca.org/
 
                               

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UNE COALITION MONDIALE D’ONG DEMANDE UNE REGULATION PLUS IMPORTANTE DES ENTREPRISES MULTINATIONALES

(Communiqué de presse OECD Watch)

 

Jeudi 22 septembre 2005

 

La revue critique « Cinq ans après » réalisée par OECD Watch conclut que les Principes directeurs de l’OCDE sont insuffisants pour stimuler l’adoption de comportements responsables par les entreprises (téléchargez le rapport : www.oecdwatch.org)

 

Les Principes directeurs de l’OCDE à l’attention des entreprises multinationales ne sont pas un instrument adéquat pour enrayer les mauvais comportements des entreprises.  C’est la conclusion d’OECD Watch dans son rapport « Cinq ans après : revue critique sur les Principes directeurs de l’OCDE et les Points de Contact Nationaux », rapport diffusé aujourd’hui afin de coïncider avec la réunion du Comité d’Investissement de l’OCDE à Paris. La coalition internationale d’ONG lance un appel pour des standards sociaux et environnementaux juridiquement contraignants pour les entreprises afin de mettre fin aux abus des entreprises, en particulier dans les pays en voie de développement.

 

Il y a cinq ans, l’OCDE a lancé des Principes directeurs révisés à l’attention des entreprises multinationales, qui comprennent un mécanisme de recours pour les communautés locales et les ONG.  Malgré le fait que ces Principes directeurs soient un instrument qui engage les pays de l’OCDE, peu d’entreprises multinationales ont adapté leur comportement aux principes et standards définis dans les Principes directeurs en vue d’un comportement responsable de l’entreprise.  « Il y a un certain nombre de faiblesses inhérentes aux Principes directeurs, la plus marquante étant que les compagnies ne peuvent pas être sanctionnées pour leur mauvaise conduite parce que les Principes directeurs ne sont pas juridiquement contraignants », a dit Paul de Clerk des Amis de la Terre Europe lors du lancement du rapport à Bruxelles. Cependant, les gouvernements devraient avoir des obligations claires de mise en œuvre, ce qui comprend la mise en place d’un « point de contact national » (PCN) afin de gérer les éventuels mauvais comportements des entreprises.

 

OECD Watch a examiné 45 plaintes qui ont été déposées par des ONG et des communautés locales durant ces cinq dernières années.  De plus, le rapport « Cinq ans après » étudie la manière dont les PCN ont géré les plaintes.  Dans la plupart des cas, les résultats sont très inquiétants.

 

Il n’y a rien qui puisse suggérer que les Principes directeurs aient aidé à réduire le nombre de conflits entre les communautés locales, les groupes de la société civile et les entreprises multinationales. L’expérience des ONG relative aux Principes directeurs a révélé que ceux-ci sont tout simplement inadéquats en tant que mécanisme global pour améliorer les opérations des multinationales et contribuer à une réduction des conflits de façon significative entre les communautés et les investisseurs.  Sans la menace de réelles sanctions, les compagnies sont peu motivées à vérifier qu’elles respectent les Principes directeurs.

 

Dans les cas où une plainte a été déposée, les PCN n’ont que très rarement contribué à la résolution de conflits particuliers. Cinq années d’expérience avec les Principes directeurs ont révélé que la plupart des PCN ne font pas connaître les Principes directeurs, et n’encouragent pas les entreprises à y adhérer. Quand les gouvernements sont saisis sur certaines questions, la plupart des PCN ne vont pas s’interroger sur la validité des plaintes.  L’auteur du rapport, Patricia Feeney de l’association RAID-UK, a expliqué que « même quand des questions d’une importance suprême sont soulevées, comme le cas de la République Démocratique du Congo, les PCN ont entrepris de bloquer les investigations et de protéger les compagnies d’une mauvaise publicité ».

 

La revue critique « Cinq ans après » d’OECD Watch conclut que les instruments volontaires tels que les Principes directeurs de l’OCDE à l’attention des entreprises multinationales sont insuffisants, et qu’il est nécessaire de mettre en place des standards sociaux et environnementaux juridiquement contraignants afin de mettre un terme aux abus des entreprises. Si nous souhaitons que les Principes directeurs puissent résoudre des problèmes particuliers soulevés par des communautés locales, les gouvernements des pays de l’OCDE doivent faire connaître les Principes directeurs, et améliorer de façon importante leur mise en œuvre.

 

Principes directeurs de l’OCDE

 

Les Principes directeurs de l’OCDE sont des principes et standards volontaires soutenus par des gouvernements auxquels des entreprises multinationales dans ou depuis des pays de l’OCDE sont supposés adhérer.  En 2000, les Principes directeurs de l’OCDE à l’attention des entreprises multinationales ont été révisés, et des procédures ont été établies qui permettent les ONG de déposer des plaintes quant au comportement des entreprises.

 

Points de Contact Nationaux

 

Les Points de Contact Nationaux (PCN) sont des bureaux gouvernementaux mis en place afin de promouvoir l’adhésion des entreprises multinationales aux Principes directeurs de l’OCDE.  Les PCN sont responsables de recevoir les plaintes déposées quant au mauvais comportement des entreprises.

 

OECD Watch

 

OECD Watch est un réseau international de 47 ONG--dont l'Association 4D--basées dans 28 pays, qui a comme objectif de faciliter les activités des ONG autour des Principes directeurs et du travail du Comité d’Investissement de l’OCDE (1).  Le Comité d’Investissement est l’organe de l’OCDE qui travaille sur les questions de l’investissement international, les entreprises multinationales et les Principes directeurs de l’OCDE.

 

Ce rapport, le troisième d’OECD Watch, passe en revue le développement des Points de Contact Nationaux (PCN) dans 22 des 39 pays qui ont adoptés les Principes directeurs.  Cette étude est basée sur l’expérience et la perception des ONG (2). Elle reflète également le point de vue d’ONG dans un certain nombre de pays non-membres de l’OCDE (3).

 

Pour télécharger le rapport, veuillez consulter www.oecdwatch.org  ou www.association4d.org

 

Notes :

 

1. OECD WATCH a été créée lors d’une réunion à Amersfoort, aux Pays-Bas, le 20 au 22 mars 2003, organisée par les Amis de la Terre Pays-Bas, IRENE et EED (avec un soutien de SOMO, Germanwatch et Novib).

 

2. Des rapports ont été reçus de l’Allemagne, l’Argentine, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Brésil, le Canada, le Chili, le Danemark, l’Espagne, les Etats-Unis d’Amérique, la Finlande, la France, le Japon, l’Italie, le Mexique, la Norvège, les Pays-Bas, la République Tchèque,  le Royaume-Uni, la Suède, et la Suisse.

 

3. L’Equateur, le Ghana, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, la République Démocratique du Congo, Taïwan, la Zambie.

 

 

Nos Dossiers sur la mondialisation

 

Disponible sur le site de la Bibliothèque et Archives Canada, dans la section des Archives de Societas Criticus. Nos textes y sont disponibles en format Word,  RTF et HTML.  Nous avons mis les références et un lien vers le format HTML de chacun de ces textes :

1. Notre Spécial Mondialisation de Societas Criticus , Vol. 3, no.2 / Printemps-été  2001

 

Format HTML: http://collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2001/v03n02/v03n02.htm

 

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2. Dossier Spécial  Le piège : Une nouvelle histoire de société! (Vol. 5, no. 1 – 2003)

 

Ce texte n’est pas une fiction, mais une analyse de la réalité. En ce moment on se prépare à une confrontation possible aux Nations Unies entre deux visions du monde capitaliste, l’anglo-américaine et le modèle Rhénan, mais aussi à la remontée possible de l’Europe au premier plan de la politique internationale. On se prépare à une guerre annoncée entre les USA et l’Iraq (Bush a fixé le délai de son ultimatum au 17 mars 2003), représentant deux civilisations différentes, l’Anglo-États-Uniennes et l’Arabe, mais aussi les civilisations Chrétiennes et Islamistes entremêlée dans un conflit amour/haine entre elles et avec le Judaïsme, car il y a des progressistes, des libéraux,  des conservateurs et des fondamentalistes dans chacun de ces camps! Certains se parlent, d’autres se menacent. (…)

 

Format  HTML : http://collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2003/v05n01/scvol5%20no1html.htm#Dossier

 

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3. Le Dossier OMC (Vol. 2, no. 1 - Janvier 2000)

Gaétan Chênevert, Semaine d'activités sur la mondialisation et le rôle de l'OMC (Montréal, 27 novembre au 3 décembre 1999) et Michel Handfield, World Trade, a comment, texte écrit en anglais pour répondre à une question reçue de l’extérieur que nous avons inclus vu sa pertinence pour ce numéro de Societas Criticus.  

 

Format HTML : http://collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2000/v02n01/v02n01.htm

 

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4. Colloque international Rendez-vous Montréal 2002 : Les initiatives de reconversion industrielle à partir de la société civile, 28-31 mai, 2002 (Vol. 4, no. 2 – 2002)

 

Format HTML : http://collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2002/v04n02/v04n02.htm#Colloque

 

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« Corporate Welfare! »

 

 

"Corporate Welfare" ou si vous préférez l'aide sociale aux entreprises. En bref, le fait qu'en même temps que l'on dit aux citoyens de se serrer la ceinture, que l'État réduit l'aide à ses citoyens; il contribue généreusement aux mieux être (profitabilité) de ses citoyens corporatifs! Ce mouvement semble se développer en même temps que la mondialisation, d’où la présente de cette section spéciale d’hyperliens sur ce sujet ici.

 

www.corporations.org/welfare                                        www.progress.org/banneker/cw.html

 

www.taxpolicy.com/cwsearch                                         www.cato.org/pubs/pas/pa225.html

 

 

 

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5 septembre, 2003

 

Les fermetures éclairs!

Michel Handfield

 

 

Concernant la fermeture de BioChem Pharma à Laval, élargissons notre vision.

 

Si un fabricant coréen nous vend une voiture à 2 ou 3000$ de moins qu’un fabricant d’ici… on va être fier de l’économie. Mais cette économie a un prix et lance un message aux entreprises. Si le travailleur spécialisé étranger gagne au mieux 100$ par semaine (comme certains chercheurs aux Indes) comparé à plus de 1000$ par semaine  pour des livreurs de bières ici (on parle de 63 000$ par année chez Labatt) et que de l’autre nous sommes prêt, comme acheteur, à acheter un produit fabriqué dans ces pays pour sauver 10% par rapport au prix d’un produit fait ici,  il ne sera pas long que les entreprises flaireront la bonne affaire: une baisse du prix de 10% pour une baisse de salaire de 1000%, ce sera opération très rentable pour elles!

 

Si nous ne voulons pas d’une série de fermetures éclairs, nous avons trois choix: on fait attention à nos gestes comme consommateurs; on réduit nos salaires et nos avantages sociaux au niveau de ceux de nos concurrents mondiaux; ou on commence à nous intéresser aux questions et aux manifestations concernant l’OMC – remarquez que je ne dis pas contre – pour que l’OMC force l’adoption de lois sociales et environnementales internationales qui feront en sorte que des travailleurs à 7, 10 et 15$ de l’heure ne soient pas en concurrence avec des travailleurs au bord de l’esclavage pour le seul profit économique de quelques uns! Sinon il y en aura encore bien des fermetures de ce genre. Des fermetures éclairs!

 

 

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Le paradoxe du rendement

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie,

N.D.L.R. : Cette opinion est parue en page éditoriale (p. 6).du Journal Les Affaires du 27 janvier 1996. Cependant, quand on regarde la situation actuelle, avec la délocalisation/relocalisation d’entreprises vers l’Asie, allant de la production de textiles aux ordinateurs, on constate que ce texte est toujours d’actualité. Rien ne sert donc de réécriire sur le sujet, nous l’avons déjà fait! Bonne lecture! (Michel Handfield, 13 janvier, 2005)   

***


Une des choses qui me fascine quand je lis les nouvelles économiques, c'est le nombre de fois que l'on peut appliquer le principe de la contreproductivité (Ivan Illich, 1975, Némésis médicale, Seuil). En effet, à long terme les décisions ont souvent l'effet inverse à celui recherché.


C'est ainsi qu'au nom de la recherche du profit les entreprises ont relocalisé leurs productions consommatrices de main-d'oeuvre dans les pays où les salaires sont moins élevés et ont automatisé leurs opérations dans les pays développés. Par contre, cela a eu pour effet de réduire le bassin de consommateurs. On parle alors de surcapacité de production, mais l'on pourrait aussi parler de sous-consommation.


On a cru que le tertiaire serait davantage créateur de richesse et l'on a eu un engouement pour les secteurs de pointe. Ce qui n'était pas de pointe pouvait être produit ailleurs. A nous les emplois qualifiés et payants! Sauf que tous ne peuvent obtenir cette qualification, car tous n'ont pas les mêmes capacités intellectuelles et la même dextérité. Tous les humains peuvent être égaux et différents à la fois. On se retrouve alors avec une pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs en même temps que nous avons des surplus de travailleurs ailleurs -- et qui ne peuvent remplir ces postes. On a eu le malheur de croire que le tertiaire pouvait se tenir sans les niveaux d'en dessous! La résultante est le nombre élevé de sans-emploi, ce qui accroît nos charges sociales et diminue notre productivité et notre compétitivité. On doit alors couper dans les dépenses publiques (Santé, Education, Recherche et Développement, etc.), ce qui hypothèque demain.


Pour que l'économie soit positive, les secteurs primaire et secondaire ont une certaine utilité, ne serait-ce que pour rendre productif les travailleurs que le tertiaire ne peut absorber et ainsi faire rouler l'économie -- car ils consomment davantage s'ils ont des emplois que s'ils n'en ont pas et ils ne constituent pas une charge pour les autres en même temps. En fait, il n'y a pas de mauvaise production, de mauvais secteurs économiques. Des entreprises minières ou manufacturières bien gérées peuvent aussi bien faire, sinon mieux, que certaines entreprises tertiaires. Il ne peut y avoir qu'une mauvaise gestion ou de mauvaises stratégies.


Dans les années 80 les constructeurs automobiles américains ont en partie abandonné le créneau des voitures bon marché aux asiatiques parce que le profit n'était pas «intéressant». Les japonais ont saisi l'opportunité: ils ont pris ce marché et ont su fidéliser la clientèle. Ils ont élaboré leur gamme à mesure que cette clientèle s'élevait dans l'échelle sociale. C'est ainsi qu'Honda est passé de la Civic à l’Accord et maintenant aux Acuras! Chrysler a compris l'importance de cette stratégie et a fait la Néon comme modèle d'entrée de sa gamme. On ne peut qu'avoir la crème, il faut aussi savoir utiliser le lait et le petit lait pour être rentable.


En fait, même si certains produits ne rapportent pas, ils peuvent servir à fidéliser la clientèle pour les années suivantes. Leur rendement est alors positif sur les chiffres de l'entreprise. Malheureusement ces considérations sont rarement prises en compte, car on est dans l'ère du court terme. Cela est vrai dans les affaires tout comme en politique, même si l'on est plus critique du second que du premier.


Peut être que les décideurs devraient penser à l'effet à long terme de leurs décisions, leur impact socio-économique, car ces décisions ont souvent un effet boomerang qui les rejoint plus tard. C'est l'effet de la vente pyramidale: on est gagnant un temps. Par exemple, les entreprises qui ont les premières transféré une partie de leur production dans les pays à faible salaire ont gagné à court terme, mais cela est rapidement devenu la norme et maintenant le bassin de consommateurs s'est rétréci dans les pays qui ont vu leurs emplois partir sans augmenter dans les pays qui ont eu ces emplois -- leurs salaires ne leur permettant pas d'accéder à la consommation de masse. On a donc une perte nette de consommateurs au niveau mondial à cause de ces décisions. C'est ce que l'on déguise sous le terme de surproduction.

Les décideurs pensent cependant avoir trouvé la solution: baisser les coûts de production en ayant recours à de la main-d'oeuvre précaire. Essayez d'emprunter pour accéder à la consommation si vous êtes un travailleur précaire? Peut être qu'il est temps que nos décideurs changent leurs paradigmes.

 

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Le mondialisme

Michel Handfield

 

Autrefois on parlait d'universel, c'est-à-dire que chaque pays et nations sauvegardaient leur identité tout en interagissant dans des forums communs. Le mondialisme, c'est autre chose!  Le Larousse le définit comme une "doctrine qui vise à réaliser l'unité politique du monde considéré comme une communauté humaine unique" (1). Toutes les parties du monde sont considérées égales et doivent répondre des mêmes normes. Les protections locales - tant sociales qu'économiques - sont considérées comme des entraves à la mise en place d'un monde nouveau. Les capitaux comme les gens doivent pouvoir se déplacer sans entrave - sauf pour les pauvres qui, eux, sont laissés de côté et contrôlés. Des enclaves riches se créent partout dans le monde en même temps que les poches de pauvreté s'y élargissent. (Bauman, 1999)

 

Cette mondialisation exige une standardisation au dépends des cultures locales. Ainsi l'anglais prend de plus en plus de place tout comme les normes  de production ISO et les technologies informatiques, en particulier l'Internet - qui permet d'être informé partout dans le monde de ce qui se passe dans le village global - et l'Intranet - qui permet de savoir ce qui se fait dans le réseau de l'entreprise peu importe la distance entre les unités de production et de décision!  

 

Par contre au niveau social, différents courants s'affrontent. Car la mondialisation est d'abord une question économique. Certains gros joueurs, comme les Etats-Unis et les multinationales, promeuvent  des idées néolibérales et néoconservatrices. D'autres pays et plusieurs groupes populaires défendent plutôt des courants plus libéraux, sociaux démocrates ou même socialiste. Ils réclament des normes minimales mondiales et une participation des organismes de la société civile aux tables où sont déjà assis les États et les grands capitalistes de ce monde ou leurs représentants.    

 

Les discussions de l'Organisation Mondiale du Commerce et de la Zone de Libre Échange des Amériques relèvent de ce courrant.

 

Nous sommes donc face à des choix.  La protection de la planète, de ses habitants et de l'environnement. Bref d'une "communauté des hommes" pour reprendre le titre d'un livre des années'60! Ou celui du commerce mondial et de la diminution des règlements pour permettre l'exploitation sans limite des ressources et la fin du bien public. L'Homme n'est plus qu'une machine productrice et son utilité se mesure en terme d'accès à la consommation. La poursuite de "l'humanité perdue" pour reprendre une expression d'Alain Finkielkraut!

 

Sur cette page vous trouverez donc des communiqués, des réflexions, des sites et des livres d'intérêts sur les enjeux de la modialisation.

 

Note:

  1. Bibliorom Larousse.

 

Références

 

Albert. Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, col. Points actuels

 

Bauman, Zygmunt, 1999, Le coût humain de la mondialisation, France: Hachette, coll. Pluriel

 

Finkielkraut, Alain, 1996, L'humanité perdue - Essai sur le XXe siècle, Paris: Seuil

 

Forrester, Viviane, 1996, L'horreur économique, France: Fayard

 

Forrester, Viviane, 2000, Une étrange dictature, France: Fayard

 

Guillebaud, Jean-Claude, 1999, La refondation du monde, Paris: Seuil

 

Laloup, J., et Nélis, J., 1966, Communauté des hommes, Belgique: Casterman

 

Michalet, Charles-Albert, 1976, Le capitalisme mondial, France: Presses Universitaires de France - économie en liberté

 

Radice, Hugo, 1979, International firms and modern imperialism (textbook), UK: Penguin books

 

Sociologie et Sociétés, Développement national et économie mondialisée, Vol. XI, No. 2, octobre 1979, Les Presses de l'Université de Montréal

 

 

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Deux livres en porte à faux… et un pourfendeur de « vérités »!

Michel Handfield

 

5 mars, 2004

 

A l’insu du grand nombre, la belle époque 1900 était grosse de guerres industrielles et philosophiques, de même l’an 2000, inauguré au champagne sur les écrans du monde, aurait dût s’inspirer d’Ernst von Salomon : « La guerre est finie, les guerriers marchent toujours. »  La formule déjà ancienne mérite d’être gravée en lettres d’or au fronton des Instituts stratégiques, comme un infaillible pense-bête : que nul n’entre ici s’il ignore que les conflits interrompus sur le terrain continuent dans les corps, les cœurs et les têtes. (Glucksmann p. 92)

 

 

Revue de livres  en forme d’essai sur :

 

Primakov, Evgueni, 2003, Le monde après le 11 septembre et la guerre en Irak, Paris : Presses de la renaissance

 

Glucksmann, André, 2003, Ouest contre Ouest, France: Plon

 

Chomsky, Noam, 2002 (2003), De la propagande – entretiens avec David Barsamian, Paris: 10/18

 

***

 

Primakov a une écriture fluide et son livre se lit comme un roman. C’est un livre grand public. Glucksmann semble pour sa part davantage herméneutique, du moins au début. Cela peut donc paraître un livre pour initié au premier abord, mais à mesure que l’on avance dans sa lecture il devient plus limpide, car la guerre est un de ses sujets de prédilection et il a des références monsieur Glucksmann. Il a même une pointe d’humour à l’occasion:

 

 «  Une civilisation ne se définit pas par l’unité des goûts, des couleurs et des modes. L’impérialisme du MacDonald’s coexiste civilement avec l’impérialisme encore plus envahissant de la pizza. » (Glucksmann, p. 33) 

 

Cependant, lire ces deux livres sans avoir un regard critique serait incomplet. Et c’est justement ce que Chomsky nous propose: être prudent et questionner au non d’un scepticisme de bon aloi :

 

«  Dès qu’il existe une quasi unanimité, nous devons nous inquiéter. Rien n’est à ce point évident ici-bas. Nous avons donc le devoir de nous demander si c’est vrai. » (Chomsky, p. 55)

 

 

 

Qui dit vrai, chacun dans son idéologie? Les pros guerres ou les pacifistes? Les combattants de l’axe du mal ou de la diplomatie? Le Nord ou le Sud? L’axe Paris-Berlin-Moscou ou Washington-Londres?  Et si ce n’était que propagande et intérêts particuliers? Peu importe l’opinion que vous en avez, ces trois livres vous informeront, car, chacun de leur point de vue, ils se complètent.

 

***

 

D’abord, Primakov nous offre une perspective de centre gauche. Il soulève le danger d’un monde contrôlé par une superpuissance, les USA, et plaide pour un monde multipolaire :

 

« La ligne choisie par les USA pour faire obstacle au processus de multipolarité se dessine clairement comme un nivellement du rôle de l’ONU, l’affirmation de la pratique d’opérations armées unilatérales, toutes choses évoquées ci-avant. Or, aussi paradoxal que cela paraisse, la multipolarité est dans l’intérêt de la communauté mondiale tout entière, donc des USA. Elle seule peut créer des conditions optimales pour répondre aux nouveaux enjeux de notre sécurité, en premier lieu à la menace terroriste. N’oublions pas que la seule alternative est un monde unipolaire, autrement dit « américanocentré » et comportant en lui-même une charge agressive inacceptable pour la plupart des États. » (Primakov, p 206)

 

 

Inversement Glucksmann en prend le contre-pied. Il semble de droite, pro guerre,  pro Etats-Unis et surtout contre un monde multipolaire! (p. 22) Mais à mesure que la lecture avance, on le voit faire quelques nuances. Car il est à la fois pour l’intervention en Irak, mais contre les raisons invoquées! Mais là ne s’arrêtent pas les différences entre eux.

 

 

Primakov, lui, est carrément contre cette guerre que les USA ont déclaré et mené, avec quelques alliés sûrs, pour chasser Sadam d’Irak. Il plaide pour une vision ONUsienne des choses de telle sorte que n’importe quel pays ne pourra (SE) faire justice n’importe où et n’importe quand. Sinon ce sera la tour de Babel :

 

« Il est aisé de remarquer que la fameuse « ingérence humanitaire » qui se substitue au mécanisme de l’ONU ouvre largement la voie à l’emploi de la force sur la base d’appréciations subjectives et sans aucun contrôle de la part du Conseil de sécurité. Or, il y a un revers de la médaille. On sait ainsi qu’en réponse au président Bush qui avait rattaché l’Iran à « l’axe du mal » et menacé d’intervenir militairement dans ce pays, Téhéran a menacé à son tour de détruire les installations de pétrole et les oléoducs dans la région du Golfe. Que deviendra la planète si les « échanges d’amabilités » de ce genre se transforment en modus operandi universel? » (Primakov p. 135)

 

 

Inversement Glucksmann était pour l’intervention des États-Unis en Irak et soulève une question pour les anti Bush, moi inclus :

 

 Si Bush s’évaporait magiquement, le conflit Israël-Palestine s’éteindrait-il pour autant? Si Bush avait perdu les élections, Saddam Hussein se serait-il abstenu depuis des décennies de tromper, envahir, gazer, torturer, exécuter sans hésitations aucunes? (Glucksmann, p. 44)

 

 

Cependant, même s’il est pro Etats-Unis, Glucksmann reconnaît  que les Etats-Unis ont usé d’un faux prétexte pour intervenir et que ce n’est pas correct. Eut mieux valu « montrer les charniers, les tortures, la corruption » car « Big Brother et l’horreur parlent davantage aux cœurs et aux consciences que quelques fusées escamotées. »  (p. 47-8) Bref, est-ce à dire que les anti-interventionnismes soutenaient les horreurs de Sadam? Bien mal pris qui a à choisir entre le guerrier et le dictateur, surtout si le guerrier est le défenseur de la veuve et de l’orphelin! Cependant Noam Chomsky vient mettre un bémol là dessus:

 

«  La première chose à faire, c’est d’être très sceptique. (…) Tout le monde s’écrie: Saddam Hussein est un véritable monstre. Il a même commis l’horreur « suprême », c’est-à-dire gazer sa propre population. Impossible de laisser un être pareil survivre. (…)

 

Dès qu’il existe une quasi-unanimité, nous devons nous inquiéter. (…) Comment les Etats-Unis et l’Angleterre ont-ils réagi lorsque Saddam Hussein a commis l’horreur « suprême » - le gazage de la ville kurde de Halabja en mars 1988? Tout le monde le sait. Le deuxième gazage intervient en août, cinq jours après le cessez-le-feu avec l’Iran, lorsque l’Iran a pour ainsi dire capitulé. Comment les deux pays anglo-saxons réagissent-ils? En poursuivant et même en accélérant leur vif soutien au dirigeant irakien. Cela vous donne aussitôt une indication: le gazage ne saurait être la bonne raison. Certes, le portrait que l’on fait de Saddam Hussein est correct. C’est un montre qui a commis une horreur « suprême » - ce que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont jugé ne pas poser de problème. Ils ont continué à le soutenir. Ça ne peut donc être le motif qui les pousse à le détruire. Ce raisonnement ne prend qu’une minute. (Chomsky, p.  55-6)

 

 

               On peut toujours croire que ce fut une erreur la première fois et qu’on ne laisserait certainement pas se reproduire une telle horreur « suprême » une seconde fois. Et bien Saddam a récidivé après la guerre du Golfe de 1991, où il a écrasé des soulèvements au Nord et au Sud de l’Irak, avec le soutien des USA! Pourquoi?

 

« (…) ils voulaient que Saddam Hussein écrase les soulèvements et garde le pays uni. Tout cela était très clair. Ils l’ont dit à l’époque : « Nous devons préserver la stabilité, garder une main de fer au pouvoir. » (Chomsky, p. 62)

 

 

Pour Chomsky, les actions des USA autant en Irak qu’en Amérique latine, ou que leur soutien à Israël,  ont pour objet leurs intérêts et non la justice ou la démocratie. Ils les qualifient d’entrave à la paix! Alors même si Glucksmann a raison de dire qu’on ne peut écarter l’intervention militaire et qu’on doit y recourir pour des raisons humanitaires, on ne peut laisser ce Pouvoir dans les mains d’un pays tout puissant – les États-Unis!  C’est dans cette optique que le plaidoyer de Primakov pour la multipolarité des forces, sous le parapluie de l’ONU, prend tout son sens, car… 

 

« Peut-on imaginer un seul instant, dans un monde dominé sans partage par les USA, la Chine essayant, par exemple, de devenir un nouveau pôle mondial, un nouveau centre de pouvoir? » (Primakov, p. 207)

 

 

               Mais la guerre, ce n’est pas que diplomatie et politique militaire. C’est aussi une affaire économique. Cela se passe à deux niveaux. D’abord au niveau du marché et ensuite de la politique économique.

 

D’abord, il y a un marché de la violence à exploiter et des organisations sont prêtes à le faire, recherche de profit oblige. Une large part des économies développées carburent d’ailleurs à la vente d’armements. Une fois fabriqués, ces produits doivent trouver preneurs, car le profit vient de leur vente. Et s’il y a marché, il y a aussi circulation des produits, notamment des produits usagers. Ainsi, si le premier acheteur est légal, rien n’empêche le produit de rechanger de main par la suite et de se retrouver sur le marché noir et dans des organismes terroristes ou criminels. Marché et libre circulation vont de pairs. Les Etats-Unis et leurs partenaires occidentaux ne peuvent plaider l’ignorance de cette loi du marché pour se dire non responsables, même s’ils agissent souvent comme des « irresponsables », de ce qui se passe dans le monde; surtout quand, comme tous producteurs, ils cherchent la plus grande efficacité possible à un moindre coût; ce qui rend ces produits plus petits, plus flexibles et plus économiques, donc plus facile à faire circuler sans être détecté: 

 

« Premier rebondissement: la recherche et le développement en matière de destruction massive ne cessent d’innover, plaçant bientôt à portée des petites pointures les capacités ABC (Atomiques, Biologiques, Chimiques). La circulation des nouveaux engins de morts, des recettes de fabrication et des experts indispensables bat son plein. Nulle surprise si un régime aussi dépourvu que la toute communiste Corée du Nord simultanément condamne plusieurs millions des siens à mourir de famine et produit, commercialise, brandit ses allumettes atomiques. Sur le marché sans frontières de l’argent sale, des narcotiques et des richesses minières ou pétrolières pillées tous azimuts, chaque petite puissance terroriste profite de l’offre et de la demande. » (Glucksmann, p.89-90)

 

 

Il n’est donc pas surprenant que les Etats-Unis, qui sont à la fois un  vendeurs d’armements; un utilisateur d’armes, même prohibées (1); et ceux qui dressent la liste des États voyous; soient si souvent sur la sellette dans l’opinion mondiale, car ils se retrouvent souvent dans une position ambiguë de défenseur des droits et de souteneur des dictateurs qui font leurs affaires en même temps :

 

« Si vous prenez la liste des principaux récipiendaires de l’aide américaine, chacun d’eux ou presque est en violation majeure des droits de l’homme. Cela est souligné chaque année par les organisations des droits de l’homme, par exemple Human Rights Watch. Elles font remarquer que toute l’aide américaine, quasiment, est illégale au regard du droit américain. Les Etats-Unis ne sont pas autorisés à accorder leur aide aux pays qui torturent systématiquement leurs citoyens. » (Chomsky, p. 87)

 

 

D’ailleurs, alors que les Etats-Unis reprochaient à la Russie de vouloir aider l’Iran à construire une centrale nucléaire, eux même s’apprêtaient à fournir des réacteurs nucléaires à la Corée du Nord! (Primakov, p. 40) C’est tout dire de leur hypocrisie!  Un autre exemple, celui de Suharto en Indonésie:

 

 « (…) le général Suharto est le chouchou des Etats-Unis et de l’Ouest en général depuis qu’il a pris le pouvoir, en 1965, en provoquant un carnage de masse que la CIA a comparé aux massacres d’Hitler, Staline et Mao, y voyant l’un des grands meurtres de masse du XXe siècle. On l’a salué ici. Suharto a balayé le mouvement politique principal, le seul qui eût une base populaire, un parti de gauche, il a tué des centaines de milliers de paysans, ouvert le pays aux investissements occidentaux, c’est-à-dire à un quasi pillage, et tout cela a été chaleureusement accueilli. Et cela a perduré, atrocité après atrocité, y compris l’invasion du Timor-Oriental, soutenu très activement par les Etats-Unis jusqu’en 1997. »  (Chomsky, p. 176)

 

 

Ensuite, la violence c’est aussi par la politique économique, qui réduit des populations à l’indigence pour des raisons de dumping ou de contrôle des prix par les multinationales, qu’elle s’exerce:

 

« La Colombie, par exemple, était productrice de blé il y a trente ou quarante ans. Mais cette production a été sapée par le programme Food for Peace [« Nourriture pour la Paix »] des Etats-Unis dès les années 1950, qui a submergé la Colombie de produits agricoles subventionnés. Du coup, l’une des exportations principales était obsolète. » (Chomsky, p. 104)

 

Et même si la Colombie avait un autre produit d’exportation important, le café, les Etats-Unis se sont opposées à un certain contrôle des prix pour permettre aux petits producteurs de survivre. La survie impose donc des choix :

 

« (…) s’installer dans les bidonvilles et se faire tuer comme quantité négligeable par la police. Ou l’on peut passer en marge de la légalité et faire pousser quelque chose qui permettra de vivre. C’est agir en capitaliste rationnel, comme vous y invite l’Ouest. C’est agir en paysan rationnel dans les conditions imposées par les Etats-Unis. On cultive de la coca. » (Chomsky, p. 104)

 

 

 

En fait, c’est l’économie et le profit qui conduisent  la politique. Toute personne sensée doit se demander ceci en écoutant les nouvelles: à quoi et à qui cet événement sert? Nous devons être sceptique et, « dès qu’il existe une quasi-unanimité, nous devons nous inquiéter.»  (Chomsky, p. 55)  Mais les machines idéologiques  et médiatiques, qui créent l’image, font aussi en sorte que le citoyen ne se pose pas de questions et qu’il n’en pose surtout pas. On anticipe ses questions et les réponses, bien préparées par une équipe de spécialistes des communications, lui sont transmises par les mass médias aux heures de grande écoute! On manipule ainsi les journalistes et la population ou, en termes plus diplomatiques, on fait dans la mise en marché politique. Le marketing de masse au service de l’État c’est ça! Ce fut l’objet d’un film, « Wag the dog »  (2); c’est aussi le propos de Chomsky quand il souligne que le bombardement de la Libye, en 1996, eut lieu à 19 heures précises à l’heure de New-York, « l’heure des journaux du soir des trois chaînes de télé »! (Chomsky, p. 76)  

 

Mais au risque que cela ne suffise pas, on installe une barrière entre la politique et les citoyens: la mondialisation économique! Et au non de cette mondialisation on sépare la politique économique de la politique. On envoie cette politique dans une autre sphère, l’Organisation Mondiale du Commerce, sur laquelle le citoyen n’a pas de pouvoirs. L’économie, jadis lié au politique au point que l’on parlait d’économie politique, en est maintenant distincte. Si autrefois le Politique pouvait orienter l’économique, nous assistons maintenant au phénomène inverse. L’économie mondiale dicte les agissements politiques. Le Président n’a pas choisi de faire la guerre, il n’avait pas le choix. L’entreprise n’a pas choisi de fermer son usine, elle n’avait plus le choix. La mondialisation dicte l’ordre des choses:

 

« L’objet de l’AMI, c’est d’installer entre la conception de la politique et sa mise en œuvre une barrière que les gens seront incapables de franchir. C’est de s’installer derrière les murs du business. Ces murs sont impénétrables. À moins d’une assignation du Congrès, impossible de savoir ce qui se passe au sein de ces systèmes tyranniques. S’ils sont en mesure de prendre les décisions engageant le sort du monde, socialement, économiquement et politiquement, leur tyrannie sera assurément très efficace. » (Chomsky, p. 30) (3)

  

 

Ceci soulève une autre question. Si la guerre doit être humanitaire, comme le plaide Glucksmann, et que les USA ont eu raison de délivrer les irakiens qui étaient aliénés et victimes de Saddam Hussein, les mêmes justifications humanitaires ne devraient-elles pas s’appliquer à ceux qui souffrent  de conditions de travail de quasi esclavage? Et là le bilan des Etats-Unis et des pays développés est-il aussi valable? Combien de leurs entreprises profitent de ces conditions pour accroître le profit de quelques-uns?  

 

 

               Il ne faut pas être dupe des guerres humanitaires menées par certains pays occidentaux. D’ailleurs, si la guerre à Sadam Hussein pouvait se justifier pour des raisons humanitaires, et non pour des armes sorties de nulle part que personne n’a finalement trouvé, tel n’était pas l’objectif justificatif lors du déclenchement de cette guerre. On cherchait des armes qui n’existaient pas parce que le dictateur ne faisait probablement plus l’affaire de ses anciens alliés états-uniens. Et maintenant que Saddam n’y est plus qu’arrivera-t-il? Qui prendra le pouvoir?  Un pouvoir laïque ou religieux? Et s’il s’agit d’un pouvoir religieux, le peuple sera-t-il vraiment mieux que sous Sadam? N’aura-t-on que remplacé une dictature par une autre qui fait davantage l’affaire des USA? Est-ce l’amélioration démocratique tant souhaitée? Ce sont des questions à poser.

 

 

               D’ailleurs, selon la position des auteurs, certains conflits sont justifiables et d’autres non. C’est ainsi que Primakov plaide pour un respect des positions du Conseil de sécurité de l’ONU, mais que Glucksmann souligne que la Russie a brandit son veto dans le cas de la Serbie! Le prétexte de la lutte au terrorisme sert aussi la Russie dans le cas de son interventionnisme dans ses anciennes républiques, ce que défend Primakov. Bref, Primakov et Glucksmann font une bonne analyse de la situation mondiale, mais idéologiquement orienté : à gauche pour le premier et à droite pour le second. Bref, deux livres qui font la paire, mais qui doivent être lus en conservant un esprit critique, car ils se compètent malgré leurs points de vues différents et leurs oppositions. Deux livres qui montrent aussi que la mondialisation n’est pas qu’économique et que tôt ou tard, et mieux vaut le plus tôt possible, nous devrons nous intéresser aux questions sociales et politiques de la planète, car il n’est pas vrai que la sécurité et la paix ne passent que par l’économique. 

 

 

Mais, si l’on doit regarder les questions sociales et politiques, l’ont doit aussi rapatrier les questions économiques au niveau de l’État, sinon comment peut-on faire du développement social sans outils économiques? C’est le genre de question qu’invite à poser Chomsky. Le genre de question à poser pour être immunisé contre la pensée unique, da gauche ou de droite. (4)  

 

 

 

Notes :

 

1. À ce sujet, alors que 140 États ont signé un traité interdisant les mines antipersonnel, les USA ne s’y joignent pas parce que c’est un outil militaire nécessaire! Et si c’était Saddam qui avait dit ça, qu’auraient dit les Etats-Unis à la communauté internationale? (Christophe De Roquefeuil, « Washington renoncetra aux mines les plus dangereuses… après 2010 », in Le Devoir, 28-9 février 2004, p. A 8)

 

 2. Si ce sujet vous intéresse le film dont je parle ici s’appelle « Wag the dog » (1997) en version originale et « Des hommes d’influence » en version française. Il met en vedette Dustin Hoffman et Robert De Niro. La politique comme un scénario d’Hollywood. Fascinant et instructif!

 

3. AMI pour Accord Multilatéral sur l’Investissement. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le sujet, il y a naturellement la page Mondialisation de Societas Criticus, mais aussu un livre de l’Observatoire de la mondialisation, 1998, Lumière sur l’A.M.I. Le test de Dracula, Paris : L’esprit frappeur (www.ladylong.com)  

 

4.            Comme dans le même temps où j’e débutais l’écriture de ce texte eurent lieu les troubles en Haïti (le président Aristide a d’ailleurs quitté le pouvoir à 6 heures le matin du 29 février 2004), je me dois de faire une précision au sujet de l’anarchisme. Cela est nécessaire, car Chomsky est souvent présenté comme un anarchiste d’une part et que, d’autre part, les médias définissent le climat qui règne actuellement en Haïti comme étant l’anarchie. Il y a donc risque de confondre les deux, ce qui n’est pourtant pas le cas. Loin de là.

 

En fait règne en Haïti la désorganisation et le chaos. Mais l’anarchie n’est surtout pas la désorganisation. C’est une forme d’auto organisation ou d’autogestion sans État. A ce sujet Malatesta a déjà écrit que "si nous croyons qu'il ne pourrait pas y avoir d'organisation sans autorité, nous serions des autoritaires, parce que nous préférerions encore l'autorité qui entrave et rend triste la vie à la désorganisation qui la rend impossible." (Malatesta, E., "L'Agitazione", Ancône, Nos 13 et 14, 4 et 11 juin 1897, cité in Révolution et réaction, in Guérin, Daniel, (1970) 1999, Ni Dieu ni Maître, Paris: La Découverte, tome II, p. 9) 

 

               Même si je ne suis pas un anarchiste (je suis du courant libéral-social pour ceux qui se posent encore la question d’où je me situe), l’anarchisme est un courant intéressant à lire, car c’est un modèle paradigmatique qui permet de poser de bonnes questions au sujet du pouvoir et de l’État, étant un modèle d’organisation sans État. Mais attention, l’anarchisme n’est surtout pas un. Il est multiple. Il va de l’anarchisme social, en passant par l’anarcho-syndicalisme, à l’anarcho-capitalisme, ce dernier étant très près du néolibéralisme qui en découle justement!

 

Un État anarchiste pourrait ainsi ne pas avoir de police publique, mais avoir recours a des milices et des polices privées pour assurer l’ordre et le respect des lois votées en assemblée citoyennes. L’idée des prisons privées est d’ailleurs parfaitement compatible avec l’anarcho-capitaliste. Les discussions sur l’AMI contiennent même un certain nombre de revendications basées sur des travaux d’économistes proche des milieux anarcho-capitalistes. Mais qui le sait à part quelques spécialistes de ces questions. Pour aller plus loin sur cette question je vous invite à visiter les rubriques Anarchisme et Anarcho-capitalisme du Dictionnaire Societas Criticus. 

 

 

 

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De l’anti @ l’alter!

Michel Handfield

 

Texte inspiré par le livre « Où va le mouvement altermondialisation? »,  Collectif, 2003, Paris : La découverte

 

10 février, 2004

 

Depuis nos débuts, la mondialisation est un de nos dadas chez Societas Criticus. Nous en parlons même sans en avoir l’air, car la mondialisation est au cœur de l’actualité: fermeture d’usine, intégration économico-politique, coalitions militaro-industrielles, etc. L’intégration économique influence les alliances stratégiques et militaires. Il devient de plus en plus difficile de ne pas appuyer un partenaire quand nos économies sont ainsi liées. Les USA l’ont compris depuis longtemps et tissent leur toile financière pour y tenir le monde.

 

Ce n’était pas par hasard si anti-américanisme et antimondialisation se confondaient au début. Mais les groupes ont compris assez rapidement que s’ils étaient contre la façon de faire des États-Unis, ils n’étaient pas nécessairement contre la mondialisation. Certains étaient des antimondialistes et le sont demeurés, mais pas tous. Plusieurs étaient davantage contre la forme de mondialisation présentée; pour d’autres formes de mondialisation plus humaine et plus respectueuse de certaines valeurs sociales, politiques, culturelles, environnementales et communautaires – au sens de communautés humaines et planétaires. Ils étaient pour une alternative à cette mondialisation, l’altermondialisme:

 

« Altermondialiste » : l’adjectif est le résultat d’un débat qui fut serré au sein du mouvement mais qui s’est conclu positivement. Au départ, une erreur avait été commise par les initiateurs du mouvement (en France tout au moins), celle de ne pas le désigner eux-mêmes et d’abandonner cette tâche aux médias qui l’ont affublé du qualitatif d’ « antimondialisation » ou, dans le monde anglo-saxon, d’ « antiglobalisation ». Ces vocables étaient dangereux et porteurs d’ambiguïté, d’une part parce qu’ils étaient incompatibles avec l’internationalisme fondamental de ce mouvement, d’autre part parce qu’il existait dans le monde des forces d’extrême droite hostiles à la mondialisation et même au néolibéralisme. » (Collectif, 2003, p. 10-1)

 

 

Contrairement aux promoteurs de la mondialisation, qui cherchent à libéraliser les échanges commerciaux sous la gouverne des Etats-Unis, les altermondialistes en couvrent beaucoup plus large: allant du social au culturel! Car la position officielle des Etats-Unis et de ses partenaires (la démocratie viendra du commerce) est contestable; des pays comme la Chine entrant de plein pied dans le commerce mondial grâce à une main-d’œuvre soumise et travaillant à des conditions proche de l’esclavage, ce qui prouve bien que commerce et démocratie ne vont pas nécessairement de pairs. Mais en même temps l’absence de droits et l’oppression ne sont pas l’apanage exclusif du capitalisme. Loin de là. Il y a des dictatures idéologiques de toutes tendances politiques et religieuses. Les altermondialistes en sont conscients:

 

« Il existe en outre, dans le monde, bien d’autres formes de domination et d’oppression que les seules formes du capitalisme. Ce sont des formes de tyrannie, de despotisme, de dictature, d’intégrisme, de terrorisme, etc. qui peuvent être par ailleurs anti-américaines. Il serait donc grave que le mouvement altermondialiste, en se focalisant sur un seul adversaire, puisse donner l’impression qu’il est prêt à passer alliance avec n’importe quel acteur adverse du néo-impérialisme américain, même s’il bafoue les conditions minimales des droits humains. (…) Souvenons-nous de la complaisance du communisme ou du tiers-mondisme à l’égard de dictatures sanguinaires et génocidaires.

 

    Le mouvement altermondialiste se doit donc d’engager, à l’échelle planétaire, une lutte globale contre toutes les formes de domination et d’oppression, et pas seulement contre celles qui sont produites par le capitalisme informationnel, l’économie rentière ou les formes renouvelées du néo-impérialisme américain. » (p. 22-3)

 

 

   

L’altermondialisation n’est pas non plus antilibérale d’office,  car une distinction est à faire entre libéralisme et capitalisme néolibéral, qui en est une perversion. Le collectif en est conscient:

 

«  C’est à un capitalisme de plus en plus autoritaire et hostile à toute régulation mondiale que nous avons affaire, beaucoup plus qu’à une mondialisation libérale. » (p. 25)

 

 

               Ce mouvement n’est pas pour autant uni derrière un projet. Ce sont des alternatives multiples pour ne pas reproduire ce qu’elles reprochent à leurs vis-à-vis: une approche unique! Car il n’est pas vrai que toute la planète peut, sans dommage, se promener en gros 4X4 tout en mangeant du « junk food » aux OGM servi au service au volant! Elle ne peut non plus être végétarienne sans exception. Le fascisme de la critique unique ne serait pas mieux que celui de la pensée unique (1). Nos auteurs en sont conscients:

 

« Imaginons un mouvement ouvrier où les différences entre proudhoniens et marxistes, syndicalistes autogestionnaires et partisans de l’État, promoteurs de l’économie sociale et partisans des luttes plus radicales auraient pris la forme d’un pluralisme actif et de désaccords féconds au lieu de conduire aux anathèmes, aux exclusions, aux scissions multiples et aux dérapages autoritaires. La face de l’histoire des deux siècles précédents s’en serait trouvé bouleversée. Il nous appartient de tenter, pour le siècle à venir, que les formes alternatives à construire ne renouent pas avec les mêmes erreurs. » (p. 27)

 

D’ailleurs, « la charte des principes du Forum Social Mondial est formelle sur ce point: le FSM constitue un « espace », et non un mouvement ». (p. 29) Cela est assez clair. Ce livre s’ouvre donc sur des espaces de discussions portant sur différents thèmes:

 

- Le processus des forums mondiaux et continentaux constitue-t-il un espace de dialogue ou une sorte de « mouvement des mouvements »?

 

- Comment inventer une nouvelle culture démocratique et de nouvelles pratiques politiques?

 

- Le mouvement altermondialiste est-il à même de formuler une perspective émancipatrice, et laquelle?

 

- Le mouvement contre la guerre est-il aujourd’hui à même de se transformer en mouvement pour le droit international?

 

- Comment faire en sorte que le processus du FSM, initié par l’Europe et le Brésil, soit progressivement approprié par les pays du Sud?

 

- Ce mouvement n’est-il pas encore trop un mouvement de couches moyennes intellectuelles? Comment élargir sa base sociale et mobiliser les catégories populaires?

 

- Comment concilier le nécessaire élargissement du mouvement et la quête légitime d’éléments de radicalité?

 

- Au FSE, faut-il davantage prendre en compte la réalité institutionnelle de l’Europe et comment?

 

Et il se conclue sur « cinq questions en guise de conclusion », une façon on ne peut plus ouverte sur les autres de conclure un livre!

 

 

Bref, le mouvement a mûrie et sais ce qu’il ne veut pas: un modèle unique, sclérosant et dominant.  Pour ce qu’il veut, c’est davantage une liberté permettant la convergence de différentes façons de faire selon les cultures. Un respect de soi et de l’autre. Naturellement, bien des questions se posent et se poseront encore, telle la question militaire dans la mondialisation. Refuser une certaine forme de militarisation serait-ce se placer sous les auspices d’un grand frère bienveillant ou d’un empire dominant? Serait-ce se mettre en situation de danger face à un pays qui se dit gardien de la démocratie mondiale - SA démocratie – et qui a la force pour l’imposer? Militarisme de défense? Militarisme de libéralisation des peuples? Au nom de quelle idéologie? Sous quelles auspices? Les USA?  L’Europe unie? L’OTAN? Les Nations Unies? Un livre qui est un pas dans la bonne direction. Un bon livre, car il pose des questions, rassemble des réponses!

 

***

Pour notre part, comme nous n’avons jamais été anti-mondialiste, nous nous retrouvons davantage sous ce chapeau d’alter mondialisme, étant conscient que la mondialisation ne doit pas se limiter à une forme d’accroissement des profits de quelques uns et à l’exploitation des autres. Trop souvent la mondialisation ne vise que l’échange des produits et des productions pour le seul profit des entreprises, mais pas des citoyens-consommateurs. Les droits citoyens, qui incluent nos droits de consommateurs, de travailleurs et  sociopolitiques, doivent être tenus en compte dans cette mondialisation. (2) C’est ce que défendent certains des organismes regroupés sous le chapeau d’alter mondialiste et nous ne pouvons qu’approuver, tout en demeurant critique face à l’ensemble des « pour » et des « contre » pour ne pas remplacer une idéologie par une autre! Certains des groupes en présence, sous l’un ou l’autre de ces chapeaux, défendent davantage une idéologie qu’un espace de liberté et nous devons les garder à l’œil. Un scepticisme et un cynisme de bon aloi sont de rigueurs. En cela comme en toutes choses le doute a toujours meilleur goût!  

 

   

Note:

 

1. Clin d’œil à Jean-François Kahn, 1995, La pensée unique, Fayard, col. Pluriel

 

2.            C’est ainsi que, par exemple, certains films sur DVD, ne sont pas disponibles partout pour des raisons commerciales. Ainsi, si un film sorti sur DVD en Europe est encore en salle en Amérique, il ne sera pas disponible sur DVD en Amérique et le DVD européen sera encodé pour ne pas être lu sur les lecteurs de DVD  américains. Ceci se comprend tant que le film est à l’affiche, mais une fois qu’il n’est plus à l’affiche, s’il ne sort pas en DVD américain, le DVD européen (que l’on pourrait facilement commander par Internet) sera toujours encodé pour ne pas être lu hors de l’Europe. Une part du cinéma d’auteurs européen et d’ailleurs, souvent de petits chefs d’œuvres qui n’ont pas été des succès de masse, sont ainsi inaccessibles malgré la mondialisation! Je pense, entre autres, à « Des nouvelles du bon Dieu », film de Didier le Pêcheur avec Marie Trintignant (1995), que l’on ne peut avoir en DVD américain, ce qui me frustre. Pourquoi ne pas débarrer les DVD qui ne sont disponibles que dans une région après deux ans de prescription, ce qui serait le même temps que pour leur passage à la télé, au nom de leur appartenance à la culture mondiale? Ne serait-ce pas respecter l’essence de la mondialisation et du village global ?

 

Peut être que « Des nouvelles du bon Dieu »sera enfin disponible en DVD en Amérique si on ressort les films dans lesquels a joué Marie Trintignant, décédée tragiquement comme chacun le sait. Mais si tel est le cas, il sera assez triste d’avoir dû attendre un tel événement pour avoir droit à ce film sur DVD. Des questions sont encore à poser, des alternatives à trouver.  

 

 

Hyperliens

 

Revue Mouvements: http://www.mouvements.asso.fr/

Transversales science/culture: http://www.globenet.org/transversales/

Alternatives: http://www.alternatives.ca/

Forum Social Mundial : http://www.forumsocialmundial.org.br/home.asp

 

La page « Le monde » de Societas Criticus: http://www.homestead.com/societascriticus/lemonde.html

 

 

 

 

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