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Guides de pratique clinique pour la prise en charge et le traitement du cancer du sein : 11. Le lymphdème
Le Comité directeur est rattaché à l’Initiative canadienne sur le cancer du sein de Santé Canada. La liste des membres du Comité figure en Annexe 1. L’Annexe 2 présente une version de ce guide destinée aux patientes.
Résumé
Objectif : Donner des renseignements et des recommandations aux patientes et à leurs médecins pour faciliter le choix de traitement du lymphdème relié au cancer du sein.
Options : Vêtements de compression, pompes pneumatiques de compression, traitements par massage et physiothérapie, autres méthodes de physiothérapie, traitements pharmaceutiques.
Résultats : Contrôle des symptômes, qualité de vie, résultat esthétique.
Preuves : Dépouillement systématique des publications en anglais trouvées principalement dans les bases de données MEDLINE (de 1966 à avril 2000) et CANCERLIT (de 1985 à avril 2000). Recension non systématique des documents sur le cancer du sein publiés jusqu’en octobre 2000.
Recommandations :
[L’Annexe 2 présente une version de ces guides destinée aux patientes.]
Validation : La version originale de ce document a été élaborée par un groupe de travail parrainé par la BC Cancer Agency. Le document a fait l’objet de nombreuses mises à jour et révisions, puis il a été soumis à l’examen, à la révision et à l’approbation du Comité directeur des guides de pratique clinique pour la prise en charge et le traitement du cancer du sein.
Commanditaire : Le Comité directeur a été constitué par Santé Canada.
Complété : Octobre 2000. Chez les patientes traitées pour un cancer du sein, le lymphdème est l’accumulation dans le bras de liquide à forte teneur en protéines se produisant lorsqu’il y a interruption du drainage lymphatique axillaire du bras suite à l’exérèse de ganglions lymphatiques axillaires, de radiation axillaire, ou des deux. Le lymphdème demeure problématique en dépit des modes de traitement modernes. Les patientes atteintes peuvent connaître de la douleur, de l’enflure et des sensations de resserrement et de lourdeur au niveau du bras ainsi que des infections cutanées récurrentes. On a décrit trois stades de lymphdème1,2,3. Au stade I, l'dème garde l'empreinte du doigt (prend le godet) et est jugé réversible; certaines patientes atteintes d’un lymphdème de ce stade ne présentent aucune augmentation du volume du bras ou sensation de lourdeur et aucun signe d’dème qui prend le godet. À mesure que l'dème évolue, il devient dur, fibreux, ne prend plus le godet, puis est irréversible (stade II). Le lymphdème avancé (stade III), qui apparaît rarement suite au traitement d’un cancer du sein, présente un durcissement cartilagineux avec des excroissances papillomateuses et une hyperkératose cutanée. Dans ce guide, nous adoptons une approche factuelle du traitement de ce problème difficile. Méthode
Le présent guide repose sur un dépouillement systématique de documents en anglais trouvés dans les bases de données MEDLINE (de 1966 à avril 2000) et CANCERLIT (de 1985 à avril 2000), à l’aide des mots clés «breast», «breast neoplasms», «lymph node excision» et «lymphedema». Des études contrôlées randomisées comparant différents modes de traitement présenteraient les preuves les plus solides en vue de recommander les traitements les plus indiqués du lymphdème. Compte tenu du manque de données provenant de pareilles études, on a eu recours à une stratégie plus vaste ne se limitant pas à des critères méthodologiques de recherche. On a également consulté des articles de synthèse et des chapitres de manuels principalement pour fournir de l’information de base et obtenir des références supplémentaires. Une recension non systématique de la documentation sur le cancer du sein publiée jusqu’en octobre 2000 a aussi été effectuée. Les règles de preuve décrites par Sackett4 ont servi à catégoriser les études expérimentales.
La première ébauche du guide a été élaborée par un groupe de travail constitué en mars 1997 et parrainé par la BC Cancer Agency. Ce groupe de travail se composait de physiothérapeutes, de chirurgiens spécialistes des interventions au sein, d’oncoradiologistes, d’oncologues médicaux et de patientes atteintes d’un cancer du sein vivant avec un lymphdème. L’ébauche a fait l’objet de révisions par des cliniciens et par des représentants du British Columbia College of Physicians and Surgeons, de la Registered Nurses’ Association of British Columbia, du College of Physical Therapists of British Columbia et du British Columbia Council on Clinical Practice Guidelines. Le Breast Tumour Group et le BC Cancer Agency ont ensuite approuvé ce guide en octobre 1997. La première version a fait l’objet de nombreuses mises à jour et révisions par un comité de rédaction puis a été soumise à l’examen, à la révision et à l’approbation du Comité directeur des guides de pratique clinique pour la prise en charge et le traitement du cancer du sein, parrainé par Santé Canada. Recommandations (y compris données probantes et raisons d’être) Mesure
Les écrits scientifiques ne présentent pas de définition opérationnelle constante du «lymphdème significatif sur le plan clinique». Le manque de constance quant à la définition du lymphdème entraîne une certaine confusion en ce qui concerne son incidence suite au traitement du cancer du sein. Dans les publications, on a eu recours aux critères suivants pour mesurer le lymphdème : l’augmentation absolue du volume ou l’augmentation pourcentuelle du volume tel que déterminé par la méthode de déplacement de l’eau, les mesures circonférentielles et les symptômes des patientes5,6. Les résultats des études comparant les différences parmi les mesures de la circonférence du bras et les différences des mesures du volume sont contradictoires7,8. Dans le cadre d’une étude récente, Megens8 a signalé que les mesures circonférentielles et la volumétrie par méthode de déplacement de l’eau constatées chez les femmes traitées pour un cancer du sein présentaient toutes deux une excellente fiabilité inter-évaluateurs et une excellente constance test-retest, bien que les deux méthodes concordent peu entre elles.
Les mesures circonférentielles sont très répandues parce que les rubans métriques sont faciles d’accès tandis que les mesures volumétriques présentent des difficultés logistiques. Une démarche courante consiste à mesurer la circonférence des bras de 13 à 15 cm en amont et à 10 cm en aval de l’épicondyle latéral de l’humérus9. Certains ont établi que les différences supérieures à 2,0 cm observées à l’un de ces points sont «significatives sur le plan clinique»5,10, tandis que d’autres jugent ce degré de lymphdème léger11,12. D’autres méthodes d’évaluation du lymphdème, notamment la lymphoscintigraphie, l’IRM, la scanographie et l’échographie, sont présentement évaluées dans le cadre de recherches13.
Incidence du lymphdème
Compte tenu de la variation des critères utilisés pour définir le lymphdème et de la diversité des techniques d’évaluation, il n’est pas surprenant de constater que l’incidence du lymphdème signalée suite au traitement d’un cancer du sein varie énormément. On a fait état de taux de lymphdème s’échelonnant de 6 % à 70 % chez les patientes traitées pour un cancer du sein5,14,15,16,17,18. Petrek et Heelan19 ont présenté un rapport sur l’incidence du lymphdème après le traitement du cancer du sein en analysant sept études publiées depuis 1990. Toutes ces études étaient rétrospectives, mais elles différaient quant aux populations de patientes étudiées, aux critères de mesure du lymphdème utilisées et aux divers degrés de suivi. L’incidence du lymphdème variait de 2 % à 24 %.
Un lymphdème transitoire se présente chez plusieurs patientes suite à l’évidement axillaire. Dans une étude à laquelle participaient 282 femmes ayant subi une chirurgie mammaire conservatrice comprenant un évidement axillaire, Werner et ses collaborateurs10 ont observé un dème transitoire chez 21 femmes (7 %) et un lymphdème chronique chez 24 d’entre elles (12 %). La durée médiane de l’évolution de l'dème chronique était de 14 mois (intervalle de 2 à 92 mois).
L’irradiation axillaire augmente le risque de lymphdème. Dans une étude contrôlée randomisée menée en Colombie-Britannique, on a comparé l’administration d’une chimiothérapie seule avec l’administration d’une chimiothérapie associée à une radiothérapie régionale suivant une mastectomie radicale modifiée chez les patientes atteintes d’un cancer du sein avec envahissement ganglionnaire20. Le taux de lymphdème signalé était de 9,1 % chez les patientes traitées par radiothérapie et de 3,2 % chez celles n’ayant reçu qu’une chimiothérapie. Bien que le risque de lymphdème augmente lorsqu’il y a irradiation axillaire, ce risque est également influencé par l’ampleur de l’évidement axillaire21,22,23,24. On a observé que l’obésité10, une atteinte axillaire importante22 et un cancer récurrent des ganglions axillaires25 constituent autant de facteurs participant également à l’apparition du lymphdème.
Le lymphdème chronique et grave peut très rarement provoquer un lymphangiosarcome. On fait rarement état de l’incidence de cette complication chez les patientes atteintes d’un lymphdème, le risque qu’elle représente étant inférieur à 1 % chez des sujets non sélectionnés25. Une étude stratifiée suédoise réalisée auprès de 122 991 femmes traitées pour un cancer du sein entre 1958 et 1992 a signalé l’apparition d’un angiosarcome chez seulement 35 femmes26. De ces 35 femmes, 26 (74 %) présentaient toutefois un lymphdème. Traitement Avant d’amorcer tout traitement du lymphdème, il faut vérifier s’il y a présence de lésions tumorales à la région axillaire ou au plexus brachial, d’infection ou de thrombose veineuse axillaire, qui devront d'abord être traités, le cas échéant. Le dépouillement systématique des documents sur le traitement du lymphdème a été limité par l’insuffisance des études randomisées prospectives évaluant les différentes options de traitement. Vêtements de compression
Les vêtements de compression dosés exerçant des pressions de 20 à 60 mm Hg sont les piliers du traitement du lymphdème et il convient d’y avoir recours comme thérapie primaire1,27,28. Certains cliniciens recommandent le port des vêtements de compression jusqu’à 24 heures par jour, tandis que d’autres recommandent leur utilisation seulement lors des périodes d’éveil et des programmes d’exercices9,12,29,30,31,32. Les vêtements de compression peuvent également protéger les extrémités de blessures comme les brûlures, les lacérations et les piqûres d’insectes.
Collins et ses collaborateurs33 ont utilisé la scanographie pour évaluer les effets d’un traitement au moyen de vêtements de compression chez 27 patientes atteintes d’un lymphdème unilatéral. Ils ont constaté des diminutions importantes de la région transversale des loges sous-cutanées se traduisant par une diminution moyenne de 9 % de la portion proximale du membre et de 26 % de la portion distale du membre (preuves de niveau V).
Dans l’une des quelques études contrôlées randomisées portant sur le lymphdème, on a comparé l’utilisation d’une manche de compression associée au drainage lymphatique électrostimulé avec l’utilisation d’une manche de compression seule9. Les deux modes de traitement résultaient en une réduction du volume du membre de 17 %, ces résultats suggérant qu’un traitement faisant appel uniquement à une manche de compression est efficace (preuves de niveau II).
Les bons vêtements de compression peuvent être faits sur mesure ou préfabriqués, et ils devraient idéalement être ajustés par du personnel ayant reçu la formation nécessaire12,34. Certaines manches recouvrent le membre du poignet au haut du bras. D’autres recouvrent également l’épaule et s’attachent sur le torse à l’aide d’une sangle. Un gant de compression, plus particulièrement s’il couvre le poignet, peut être utilisé lorsque la main est enflée1. Les vêtements de compression doivent être remplacés à chaque quatre à six mois, ou ils commenceront à perdre leur élasticité1,32.
Les patientes peuvent refuser de porter les vêtements de compression parce qu’ils sont peu esthétiques, inconfortables, difficiles à mettre et coûteux1. Les vêtements faits sur mesure, légers et colorés peuvent constituer une option satisfaisante pour améliorer le confort et la durée de port du vêtement. Pompes pneumatiques de compression
Seule une étude randomisée a évalué l’emploi de pompes pneumatiques de compression pour traiter le lymphdème. Dini et ses collaborateurs35 ont réparti en deux groupes 80 patientes ayant subi une mastectomie et présentant un lymphdème. Le premier groupe a reçu un traitement au moyen de compressions pneumatiques intermittentes et le deuxième groupe n'a reçu aucun traitement. Les patientes du groupe traité ont suivi un cycle de traitement de deux semaines à raison de cinq sessions de compression pneumatique par semaine, chaque session durant deux heures; après une pause de cinq semaines, elles ont suivi un autre cycle de traitement de deux semaines. Bien que le groupe traité ait présenté une diminution moyenne de la circonférence du bras près de quatre fois plus importante que celle observée chez le groupe témoin (1,9 cm c. 0,5 cm), les différences observées entre les deux groupes après les tests n’ont pas réussi à atteindre le seuil de la signification statistique (p = 0,084) et ce, peut-être en raison de la petite taille de l’échantillon et de la grande variabilité des premières mesures de bras et des modifications circonférentielles enregistrées dans chacun des groupes (preuves de niveau II).
Un certain nombre d’études de niveau V ont également rendu compte d’expériences avec les pompes de traitement du lymphdème36,37,38,39,40,41,42. Les résultats ont été mixtes. Ces études étaient limitées par la petite taille de leurs échantillons, des populations mixtes (dèmes du bras et de la jambe), l’absence de groupes témoins et l’insuffisance des mesures de la réponse au traitement évaluant des symptômes tels que la douleur et la sensation de lourdeur. Dans une étude, la compression pneumatique a produit une réduction du volume du lymphdème qui était de 18 % supérieure à la réduction produite par la compression élastique41, tandis que dans une autre étude, on n’a décelé aucune différence entre la compression élastique et la compression pneumatique36.
Aucune étude comparative publiée à ce jour n’a établi quelle durée de session de compression, quels niveaux de pression et quel genre de pompe seraient les plus efficaces. Certains résultats suggèrent44, bien qu’il n’y ait pas consensus43, que les pompes séquentielles à plusieurs chambres sont plus efficaces que les pompes mono-chambres. Les premières produisent une onde de pression linéaire de la région distale à la région proximale du bras qui renverse jusqu’à un certain point la tendance à l'accumulation du liquide dans la main. Il existe plusieurs pompes disponibles dans le commerce variant en complexité et en coût. La plupart des pompes utilisées par les thérapeutes, les cliniques et les consommatrices sont complexes et coûtent plusieurs milliers de dollars. Le traitement du lymphdème au moyen d’une pompe est contre-indiqué si le membre est atteint d’une infection évolutive ou d’une thrombose veineuse profonde. Techniques de massage et de physiothérapie
La physiothérapie complexe, également appelée physiothérapie décongestive complexe, est un traitement qui prévoit une hygiène méticuleuse de la peau, le drainage lymphatique manuel, des bandages, des programmes d’exercices et des vêtements de soutien. Le drainage lymphatique manuel est une technique de massage ne faisant appel qu’à la surface de la peau qui suit les voies lymphatiques anatomiques du corps. Une session de drainage lymphatique manuel débute de façon centralisée au cou et au tronc pour dégager les principales voies lymphatiques et faciliter de la sorte le drainage du bras45,46,47.
Une étude randomisée publiée récemment à laquelle participaient 42 patientes atteintes d’un lymphdème léger de stade I ou II a comparé l’utilisation du seul traitement de base avec l’utilisation du traitement de base associé au drainage lymphatique manuel et à l’apprentissage par les patientes de techniques de massage (preuves de niveau I)48. Le traitement de base comprenait l’emploi d’un vêtement de compression fait sur mesure, composé d’une manche et d’un gant et porté pendant la journée, l’enseignement d’un programme d’exercices physiques, de l’éducation en ce qui concerne les soins de la peau, et des recommandations et des renseignements au sujet du lymphdème. Au fil du temps, on a observé une réduction importante du volume du membre, une diminution de l’inconfort et une mobilité accrue des articulations chez les sujets des deux groupes. Les mesures objectives des changements volumétriques du membre et les mesures subjectives des symptômes reliés au lymphdème ne présentaient toutefois aucune différence importante distinguant les deux groupes.
Dans une étude de cohortes réalisée auprès de 35 patientes, on a comparé l’utilisation de bandages compressifs associée au drainage lymphatique manuel avec l’emploi de bandages compressifs uniquement (preuves de niveau III)49. On a relevé que le volume moyen affichait une tendance à la baisse et on a observé entre les deux groupes une différence statistiquement significative quant à la réduction en pourcentage du volume, laquelle était attribuable au traitement combiné. Les symptômes ne différaient pas de façon statistiquement significative d’un groupe à l’autre. Plusieurs séries de cas ont fait état de l’utilisation de ces modes de traitement. Certaines signalaient un soulagement du lymphdème (preuves de niveau V)50–57. L’interprétation de ces résultats est toutefois limitée par la méthodologie adoptée par ces études. Dans le cas d’une autre étude, le drainage lymphatique manuel associé au port d’un vêtement de compression était comparé à la compression pneumatique séquentielle associée au port d’un vêtement de compression, et on n’a décelé aucune différence entre les groupes traités (preuves de niveau II)58. Dans le cadre d’une autre étude où 120 patientes ont porté des vêtements de compression pendant six mois, on n’a observé aucun avantage supplémentaire associé à l’ajout d’un traitement de drainage lymphatique électrostimulé ou d’un traitement de compression pneumatique (preuves de niveau V)36. Autres méthodes de physiothérapie
D’autres méthodes de physiothérapie, tels les traitements laser, l’électrostimulation, la neurostimulation transcutanée (NSTC), la cryothérapie, la thérapie aux micro-ondes et la thermothérapie, ont été utilisées pour traiter le lymphdème chez les patientes atteintes d’un cancer du sein (preuves de niveau V)9,59,60,61,62. Il est cependant nécessaire de soumettre ces méthodes à d’autres évaluations rigoureuses avant de formuler des recommandations à ce sujet.
Une étude italienne de 1993 a comparé l’échographie thérapeutique jointe à l’utilisation d’une pompe avec la seule utilisation d’une pompe mono-chambre63. On n’a observé aucune réduction importante du lymphdème avec l’un ou l’autre des traitements. En fait, il est contre-indiqué d’utiliser l’échographie thérapeutique pour traiter les régions possiblement atteintes d’un cancer métastasique. Une étude randomisée réalisée auprès de 71 souris a démontré l’augmentation de la croissance des tumeurs lorsqu’on soumettait la tumeur directement à des ultrasons à ondes continues de haute intensité64. Les ultrasons à ondes continues de faible intensité et les ultrasons pulsés augmentaient également le poids et le volume de la tumeur même si cet effet n’était pas aussi important que celui observé avec des ultrasons à haute intensité65. On ne doit pas avoir recours à l’échographie thérapeutique dans les sièges des métastases actives ou potentielles d’un cancer du sein, tels les hanches, la région lombaire, les côtes, la paroi de la cage thoracique ou les creux axillaires. Soulagement de la douleur La douleur et les malaises associés au lymphdème sont communs66,67 et doivent être soulagés principalement en contrôlant le lymphdème. On peut traiter la douleur réfractaire avec des analgésiques narcotiques et non narcotiques, et à l’aide d’analgésiques adjuvants (p. ex., des antidépresseurs imipraminiques, des corticostéroïdes, des anticonvulsivants ou des anesthésiques locaux), au besoin68. Des circonstances aggravantes telles une infection ou une récidive du cancer se présentant au niveau des ganglions lymphatiques axillaires ou du plexus brachial doivent être identifiées et traitées. Problèmes psychosociaux Compte tenu de la morbidité psychologique associée au lymphdème, il faut reconnaître et aborder rapidement les problèmes psychosociaux. Il a été démontré que les femmes atteintes d’un lymphdème présentent plus de morbidité psychiatrique et d’incapacité fonctionnelle69,70,71,72. Chirurgie, diurétiques et benzopyrones
La chirurgie (p. ex., les anastomoses lympho-veineuses microchirugicales, la création d’un lambeau musculocutané avec le muscle grand dorsal, la transposition omentale, la greffe de vaisseaux lymphatiques avec des tubes ou un filetage) a donné lieu à des résultats décevants et irréguliers, et doit être évitée2,73,74,75,76,77,78. Si les diurétiques, qu’on recommandait dans le passé, peuvent temporairement mobiliser le liquide, l’augmentation de la pression onkotique interstitielle exercée par la concentration élevée de protéines dans le liquide lymphatique entraînera une récurrence rapide de l'dème3. L’effet diurétique peut entraîner dans le reste du corps des effets secondaires indésirables tels l’hypotension, la déshydratation et un déséquilibre électrolytique.
On a déjà préconisé l’utilisation des benzopyrones pour traiter le lymphdème parce qu’il était estimé qu’ils stimulaient une protéolyse induite par les macrophages79,80. C’est ainsi qu’une grande étude randomisée contrôlée contre placebo portant sur le coumarin, un benzopyrone, a été réalisée auprès de 140 femmes, et n’a pas réussi à démontrer un avantage (preuves de niveau I)81. On ne recommande plus ces produits désormais. Conseils pratiques
Selon les auteurs de ce guide, les suggestions suivantes apparaissent sensées sur le plan médical, bien que les preuves sur lesquelles elles s’appuient soient limitées et principalement anecdotiques.
Recherches futures Le traitement du lymphdème chez les patientes atteintes d’un cancer du sein repose principalement sur les résultats tirés des études de cas, sur l’expérience clinique et sur des renseignements anecdotiques. L’évolution naturelle du lymphdème et les traitements les plus efficaces pour le contrôler sont encore largement incompris et doivent faire l’objet d’études plus poussées. Une évaluation exacte requiert qu’on dégage un consensus sur un système de mesure normalisé et fiable88. Dans la mesure du possible, il faudra encourager et financer les études contrôlées randomisées destinées à répondre à ces questions. Intérêts concurrents : Aucun déclaré. Le Dr Harris est professeure, École des sciences de réadaptation, Faculté de médecine, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver (C.-B.); le Dr Hugi est associée au Providence Health Care, Vancouver (C.-B.); le Dr Olivotto est professeur clinique à la Division de radio-oncologie, BC Cancer Agency, Vancouver Island Cancer Centre, et à l’Université de la Colombie-Britannique, Victoria (C.-B.); le Dr Levine est associé au Centre régional de cancérologie de Hamilton d'Action Cancer Ontario, aux Départements de médecine et d’épidémiologie clinique et de biostatistique, Université McMaster, et est titulaire de la chaire de recherche Buffett Taylor sur le cancer du sein, Université McMaster, Hamilton (Ont.). Cet aritcle a fait l'objet d'un examen par les pairs. Demandes de tirés à part : Dr. Mark Levine, c/o Ms. Humaira Khan, Faculty of Health Sciences, McMaster University Health Sciences Centre, Rm. 2C6, 1200 Main St. W, Hamilton ON L8N 3Z5; fax 905 577-0017 (en anglais seulement) Références
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