Guide pour une construction et une rénovation respectueuses de l'environnement
Chapitre 6 - Conservation de l'eau
6.1 Introduction
Le Canada a la chance d'avoir sur son territoire le cinquième de l'eau douce du monde. Le Canada arrive au second rang mondial en ce qui concerne la consommation d'eau par habitant, soit près de 326 litres par jour. À titre comparatif, cela représente le double de la consommation par habitant de la France et de l'Allemagne. Cette grande consommation d'eau exerce une pression croissante sur nos ressources en eau douce et exige énormément d'énergie et de ressources financières pour fournir l'eau potable nécessaire à notre utilisation quotidienne. Une amélioration de 10 % de l'économie de l'eau permettrait de réduire cette consommation à environ 350 litres par personne par jour. Compte tenu d'une population de 30 millions et d'un coût moyen de l'eau de 1,03 $ le mètre cube, cette mesure permettrait aux Canadiens d'économiser plus de 1,25 million $ par jour, soit 460 millions $ par année. Un grand nombre de centres métropolitains connaissent déjà des problèmes de saturation de leurs installations de traitement de l'eau et ne réussissent pas à répondre à la demande.
Les aspects qualitatifs, quantitatifs et économiques associés à la consommation d'eau sont complexes mais nous sommes en mesure de limiter les conséquences négatives par une bonne gestion ou des méthodes de conservation. La conservation de l'eau signifie simplement faire la même chose en utilisant moins d'eau. En économisant l'eau, on peut réduire plus efficacement la pollution et les risques pour la santé, on diminue les coûts de l'eau et on augmente la durée de vie utile des installations actuelles de filtration de l'eau potable et celles de traitement des eaux usées. Les termes d'économie et de conservation de l'eau sont souvent utilisés l'un pour l'autre, mais en fait, ils signifient des choses différentes. Conserver l'eau signifie en utiliser moins et réduire le gaspillage, ce qui peut aussi sous-entendre un changement de mode de vie ou une intervention technologique. L'économie de l'eau peut être obtenue en utilisant des électroménagers qui fonctionnent avec moins d'eau. En économisant l'eau, on réduit notre demande d'eau, ce qui se traduit par de multiples avantages environnementaux et économiques. Puisque moins d'eau est utilisée, il faut moins d'énergie pour la traiter et moins de pollution est produite. Cela permet d'offrir à la communauté des services de base moins chers et nos factures d'eau individuelles sont moins élevées.
La partie ci-dessous donne un aperçu des incidences environnementales liées à l'utilisation de l'eau et présente des initiatives qui pourraient mener à une diminution de notre consommation d'eau.
6.2 Le cycle hydrologique
Par l'évaporation, l'eau circule dans l'air, forme des nuages et retourne ensuite sur la terre sous forme de précipitations et s'évapore de nouveau. Ce processus se répète en un cycle sans fin, le cycle hydrologique.
Description texte pour Le cycle hydrologique est disponible sur une page séparée.
Les précipitations créent des eaux de ruissellement qui s'écoulent sur la surface du sol et se jettent dans les lacs et les rivières. Elles s'infiltrent également vers le bas, à travers les ouvertures du sol, pour constituer la nappe phréatique. Puisque l'eau est le solvant le plus courant dans la nature, elle dissout souvent des minéraux, des produits chimiques et d'autres substances du sol. Certains endroits, à proximité de grands plans d'eau, reçoivent plus de précipitations qui produisent une plus grande évaporation d'eau pour former des nuages. Lorsque les nuages montent dans l'atmosphère et passent au-dessus de masses continentales très élevées comme des montagnes, la vapeur d'eau se condense pour former des précipitations.
6.3 Qualité de l'eau
La qualité de l'eau est un problème dans beaucoup de villes canadiennes. La baisse de qualité est liée à la manière d'utiliser l'eau. Toutes les eaux résiduaires sont contaminées jusqu'à un certain point. Ces eaux contaminées entrent dans le réseau d'égouts et sont traitées dans une usine de traitement des eaux usées. Cependant, ce processus n'est jamais complètement efficace, par conséquent, la qualité de l'eau se détériore sans cesse.
Description texte pour Qualité de l'eau est disponible sur une page séparée.
La mauvaise qualité de l'eau peut également être attribuable au lessivage des terres cultivées contenant des pesticides et des fertilisants industriels résiduaires, la lixiviation de produits chimiques provenant des décharges municipales et des égouts inadéquatement traités d'installations municipales et de fosses septiques privées. La manutention inadéquate des eaux usées peut avoir des incidences énormes sur la qualité de l'eau. Au Canada, seulement 57 % de la population est desservie par des installations de traitement des eaux usées comparativement à 75 % aux États-Unis, 86,5 % en Allemagne et 99 % en Suède.
Les eaux souterraines peuvent être contaminées par l'agriculture, les réservoirs souterrains, les lixiviats produits dans les sites d'enfouissement et d'autres formes d'interventions humaines. Les eaux souterraines contaminées finissent par s'introduire dans notre approvisionnement d'eau, soit dans les puits, soit dans les sources d'eau municipales.
Au Canada, le gouvernement a mis en oeuvre des lignes directrices et des objectifs divers pour protéger la qualité de l'eau. Les lignes directrices sur la qualité de l'eau ont été élaborées scientifiquement et fixent les concentrations de produits ou de substances chimiques à des seuils admissibles pour des usages particuliers comme la consommation, la baignade ou les soins du bétail. Ces lignes directrices nationales procurent des objectifs de protection environnementale.
Les objectifs concernant la qualité de l'eau prescrivent les concentrations de produits ou de substances chimiques admissibles pour toutes les utilisations prévues de l'eau à un endroit précis d'un plan d'eau. Les objectifs sont fondés sur les lignes directrices concernant la qualité de l'eau pour les usages prévus à l'endroit en question, sur des renseignements provenant du public et des considérations socio-économiques. Les lignes directrices et les objectifs sur la qualité de l'eau ne protègent pas seulement les usagers et l'environnement, elles encouragent aussi une gestion durable de l'eau.
6.4 La conservation de l'eau : une pratique commerciale saine
La conservation de l'eau n'est pas seulement avantageuse pour l'environnement mais elle constitue également une saine pratique commerciale. Bien souvent, l'utilisation de techniques de conservation très simples relevant du « gros bon sens » permet de recouvrer les coûts sur une année ou moins.
L'utilisation de la méthode de la période de recouvrement des coûts pour évaluer la faisabilité d'un projet d'économie d'eau ne permet pas toujours de prendre tous les éléments en considération. Avec cette méthode, les avantages de l'économie de l'eau sont souvent sous-estimés pendant la durée de la mesure, particulièrement lorsqu'on tient compte de la diminution probable des coûts de l'électricité et d'entretien, comme le fait de ne pas devoir chauffer autant d'eau pour certaines applications. Une diminution de l'usure grâce à l'économie d'eau peut également prolonger la durée de vie d'appareils comme les chaudières, les échangeurs de chaleur et les pompes thermiques.
Une façon de comprendre les avantages économiques d'une utilisation efficace de l'eau est d'effectuer une analyse des coûts de cycle de vie. Cette analyse permet à un rénovateur éventuel d'estimer les avantages nets d'une mesure d'économie de l'eau, pendant toute la durée de la mesure ou du produit. Cela comprend les coûts d'achat initiaux de l'équipement, les coûts d'exploitation et d'entretien, les coûts du combustible, les coûts d'inflation et d'élimination et le loyer de l'argent pendant cette période.
L'incorporation de mesures de conservation de l'eau dans des projets de rénovation prend en considération les « coûts réels » de l'eau qui sont en fait tous les coûts engagés dans la production de l'eau potable que nous consommons. Cela comprend les mises de fonds initiales et les coûts d'exploitation des usines de filtration d'eau, les coûts des usines de traitement des eaux usées et toute l'infrastructure nécessaire pour distribuer l'eau et l'éliminer ainsi que les déchets. Le financement et les subventions des gouvernements sont exclus.
Les coûts initiaux sont souvent perçus comme un obstacle à l'adoption de mesures d'économie d'eau. Certains gestionnaires oublient que souvent les coûts additionnels nécessaires pour remplacer un appareil trop grand consommateur d'eau sont minimes (souvent moins que 30 %) par rapport à la diminution des coûts d'exploitation. Grâce à des mesures d'économie d'eau, on peut rapidement compenser les coûts initiaux qui semblent prohibitifs à première vue.
6.5 Réglementation
Tous les projets de construction et de rénovation doivent respecter la réglementation municipale, provinciale et fédérale applicable. La réglementation ci-dessous pourrait influencer des décisions visant des économies d'eau :
- les codes nationaux du bâtiment
- les codes provinciaux du bâtiment
- les codes de la plomberie
- la Loi canadienne sur la protection de l'environnement [LCPE].
6.6 Le Groupe consultatif interministériel sur la conservation de l'eau dans les installations fédérales
Le Groupe consultatif interministériel sur la conservation de l'eau dans les installations fédérales (CEIF) a été constitué en 1990 dans le but d'aider à mettre en oeuvre les aspects liés à la conservation de l'eau du Plan vert et à appliquer le Code de gérance de l'environnement. Le CEIF est constitué de 28 membres représentant 16 ministères et organismes, et Environnement Canada en assume la présidence.
En 1994, le Conseil canadien des ministres de l'environnement a ratifié un plan d'action national pour encourager une utilisation efficace de l'eau municipale. Ce plan d'action appelait à contribution les ministères fédéraux afin qu'ils donnent l'exemple en réduisant leur utilisation de l'eau et en adoptant des politiques, des règlements et des codes d'économie de l'eau.
Le Guide de l'écogouvernement a été signé par tous les ministres fédéraux des ministères intéressés à diminuer les incidences environnementales de leurs activités, de leurs politiques et de leurs programmes. Le commissaire à l'environnement et au développement durable vérifiera le rendement des ministères. Le guide fournit un cadre pour l'écologisation des activités et l'un des secteurs visés est la consommation d'eau. Le document propose également des systèmes de management environnemental (SME) comme moyen d'assurer que les objectifs environnementaux sont adéquatement pris en considération et suivis.
Le CEIF aide les ministères fédéraux à atteindre leurs objectifs et à remplir leurs engagements concernant ces initiatives. Le groupe consultatif a été chargé de l'élaboration du Plan sur la conservation de l'eau dans les installations fédérales et du Guide pour la conduite d'une vérification de l'utilisation de l'eau et pour l'élaboration d'un programme de gestion efficace de l'eau dans les établissements fédéraux. Le CEIF sert de tribune pour partager les expériences et élaborer des outils en commun. Celui-ci utilise une liste d'envoi électronique comme moyen rapide d'échanger des renseignements et des idées.
6.7 L'Initiative des bâtiments fédéraux
L'Initiative des bâtiments fédéraux (IBF) est un programme global créé par Ressources naturelles Canada pour fournir aux gestionnaires des installations fédérales une occasion de comprendre les avantages de l'amélioration de l'efficacité énergétique. Le programme a également pour objet d'aider à introduire des mesures d'économie de l'eau dans des projets de modernisation éconergétique.
6.8 Réduire la consommation d'eau
Souvent, à la suite d'une réorganisation du personnel, il faut rénover un bâtiment, ou parfois même construire de nouveaux locaux. La plupart des projets de rénovation et de construction fournissent des occasions pour réduire la consommation d'eau. Par exemple :
- si les rénovations prévues touchent les toilettes, il y a là une occasion d'améliorer les appareils sanitaires et d'installer des robinets, des urinoirs, des douches et des toilettes économiseurs d'eau. (Se reporter au DDN.) La section sur les appareils sanitaires, robinetterie et accessoires du DDN ont été « écologisées » et elles recommandent maintenant d'utiliser des dispositifs très économes d'eau;
- si le nombre d'occupants augmente dans un bâtiment donné, il faudra probablement apporter des modifications aux capacités des différentes installations. Cela pourrait être l'occasion pour améliorer les économies d'eau en transformant, par exemple, le circuit de refroidissement à l'eau de l'installation de climatisation en un circuit fermé;
- dans certaines installations, les concepteurs peuvent introduire l'utilisation d'eau souterraine ou d'eau de surface pour le chauffage ou le refroidissement;
- installer un double réseau de tuyauterie pour la circulation des « eaux grises » de façon à pouvoir réutiliser cette eau pour l'irrigation.
Comme pour l'efficacité énergétique, la gamme des possibilités d'incorporer des initiatives d'économie de l'eau dépend de l'envergure du projet. De manière générale, plus le projet est gros et complexe, plus il y a d'occasions d'apporter de meilleures économies d'eau.
Suivant l'approche systémique de conception architecturale, on reconnaît qu'un bâtiment et ses occupants forment un système dont les éléments sont interreliés. Lorsque des changements sont effectués à l'un des éléments, les autres sont touchés et réagissent en synergie. Cette théorie s'applique à l'utilisation de l'eau aussi bien qu'à la consommation d'énergie. En utilisant une approche intégrée, on s'assure que les effets synergiques sont prévus et planifiés en conséquence. De plus, il est possible de diminuer les coûts différentiels globaux du fait qu'il y a moins d'équipement. Le principe sous-tendant l'approche intégrée (ou approche holistique) est d'intégrer les étapes du projet dans un plan d'ensemble. Elle reconnaît que toutes les étapes du projet interagissent et ne sont pas des activités indépendantes. Cette méthode de travail exige un effort d'équipe de la part de tous les experts engagés dans le projet. L'équipe du projet doit se rappeler de considérer les effets à long terme pendant la planification et l'élaboration de solutions aux problèmes qui pourraient influencer la consommation de l'eau.
Consommation réduite de l'eau
La prescription et l'utilisation d'appareils économiseurs d'eau permet de diminuer les incidences environnementales et les besoins de traitement de l'eau. La pollution de l'eau combinée à une grande consommation peut détériorer le système hydrologique. Le traitement des eaux usées utilise des composés dangereux qui ont des répercussions sur les écosystèmes. En réduisant la consommation de l'eau, on diminue le besoin de traiter les eaux usées. Le taux de consommation d'eau est un taux comparatif, pour cette raison, les appareils, les dispositifs et les installations qui sont conçus spécialement pour remplir leurs fonctions avec moins d'eau par rapport aux appareils ordinaires, peuvent être considérés comme étant moins néfastes pour l'environnement.
Le programme ÉcoLogo a défini des critères relatifs au rendement de produits en particulier. En outre, l'Association canadienne de normalisation (CSA) a mis au point divers essais pour déterminer le débit des produits consommateurs d'eau. La CSA a également défini des débits pour certains produits économiseurs d'eau. Ce critère est fondé sur les mêmes principes que l'efficacité énergétique. Il s'appuie sur des pourcentages de rendement amélioré comparativement au rendement de base établi pour l'évaluation.
6.9 Gestion de l'eau
On estime qu'en 1990, les coûts de consommation d'eau du gouvernement fédéral se sont élevés à 12 millions $ dans le secteur de la capitale nationale, et à 100 millions $ dans l'ensemble du Canada. Une meilleure gestion de l'eau pourrait avoir des répercussions financières importantes sur les activités fédérales. Une consultation constante de tous les membres de l'équipe de projet est essentielle pendant l'élaboration des plans de rénovation ou de construction. Le partage des expériences et des idées simplifie le processus et permet une meilleure coordination. Un expert en économie d'eau est une personne-ressource très importante.
Deux éléments sont essentiels à la gestion efficace des aspects d'un projet liés à l'économie d'eau.
1. Mise en place d'une équipe interne
La mise en oeuvre de mesures d'économie d'eau est un processus complexe qui englobe de nombreuses activités. Pour qu'un projet réussisse, tous les échelons de l'organisation doivent être mis à contribution et la direction doit appuyer financièrement le programme. Une équipe compétente chargée des questions de gestion de l'eau est essentielle à la réussite du projet. L'équipe doit être formée aux étapes initiales du projet et les membres doivent se réunir fréquemment pour faire le point. L'équipe doit comprendre des experts techniques et d'autres spécialistes ainsi que des représentants des gestionnaires et du personnel d'exploitation.
2. Recours aux experts
Divers experts techniques et autres personnes-ressources seront nécessaires aux différentes étapes du projet. Suivant l'envergure et la complexité du projet, l'équipe peut faire appel à des ressources extérieures pour l'aider dans les domaines suivants :
- formation du personnel
- étude de la consommation de l'eau
- analyse des coûts et analyse économique
- conception
- aspects techniques
- construction
- mise en service
- entretien et surveillance
6.10 Intégration de la gestion de l'eau
Voici une marche à suivre qui pourrait servir à mettre en oeuvre des mesures de conservation de l'eau. La chronologie et la portée des étapes pourraient varier suivant les projets. Les documents élaborés par le CEIF intitulés Plan de conservation de l'eau destiné aux établissements fédéraux et Guide pour la conduite d'une vérification de l'utilisation de l'eau et pour l'élaboration d'un programme de gestion efficace de l'eau dans les établissements fédéraux, fourniront des lignes directrices détaillées pour le processus.
Définition du domaine d'application du sujet
La compréhension des objectifs, du budget et du calendrier aidera à déterminer si le projet semble, ou non, offrir des possibilités d'amélioration de la conservation de l'eau. Comme mentionné ci-dessus, plus le projet est important et complexe, plus il y a de possibilités d'introduire des mesures de conservation de l'eau dans les objectifs. La consultation des autres intervenants et l'obtention de réponses aux questions ci-après constitueront un point de départ.
Évaluation initiale
Cette étape exige une évaluation préléminaire des avantages financiers des mesures de conservation de l'eau. À cette fin, l'équipe du projet doit savoir quelles seront réellement les économies réalisées et à quels coûts. On obtiendra une mesure assez juste de la faisabilité financière en faisant le bilan de la consommation actuelle ou prévue et en calculant les économies éventuelles qui découleront des améliorations apportées. La consommation de l'eau peut être évaluée par une étude.
Étude de la consommation d'eau
L'étude de la consommation d'eau est une approche systématique pour recueillir les renseignements sur la consommation de l'eau d'un bâtiment. Elle portera sur les utilisations domestiques par les appareils sanitaires, les douches, les électroménagers et l'outillage des ateliers ainsi que les installations mécaniques comme les chaudières, les tours de refroidissement et les réseaux d'irrigation. Elle englobera tous les types d'équipement, les niveaux de consommation et les activités et répondra aux questions fondamentales suivantes :
Qui - Quelles sont les activités les plus grandes consommatrices d'eau.
Quand - Quel modèle de consommation d'eau permettra d'établir à quel moment ou pendant quelles activités la plus grande quantité d'eau est consommée.
Où - Données de consommation pendant des activités précises ou par du matériel en particulier.
Quoi - Secteurs à cibler pour réduire la consommation d'eau.
Une description technique complète de la vérification de la consommation d'eau figure dans le Guide pour la conduite d'une vérification de l'utilisation de l'eau rédigé par le groupe consultatif interministériel sur la CEIF. Les paragraphes suivants donnent un aperçu des éléments d'une étude de la consommation de l'eau conformément au guide intitulé « 5 Phase Water Audit and Workbook» publié par la DGSI.
Examen des registres de consommation d'eau
Il faut déterminer les heures de pointe de la consommation d'eau sur douze mois à l'aide des lectures du compteur figurant sur les factures de services publics. On peut aussi étudier les factures d'eau sur au moins deux ans en comparant les courbes et les tableaux mensuels de consommation des factures d'électricité. C'est assez simple à faire, à condition d'avoir les factures et un compteur à eau.
Les variations de la consommation et les raisons probables doivent être inscrites pendant le processus. Les variations inexplicables doivent être prises en note et examinées avec le personnel d'entretien pour établir si elles sont attribuables à des circonstances inhabituelles, comme des défaillances mécaniques ou un gros entretien des chaudières.
S'il est possible d'obtenir des lectures de compteur pour des locaux en particulier, il faut examiner les derniers douze mois et noter les variations de la consommation. Il faudrait effectuer l'inventaire des locaux où de l'eau est consommée, notamment les appareils sanitaires dans les toilettes, les cuisines, les ateliers et les autres utilisations domestiques. Les installations mécaniques comme les chaudières, les tours de refroidissement et les réseaux d'irrigation doivent également être inventoriés. Ce genre de détail peut également être obtenu en installant un compteur d'eau temporaire pendant un cycle d'utilisation typique et en extrapolant sur une année.
Après l'inventaire des locaux, il faudra faire le bilan hydrique du bâtiment pour établir la consommation d'eau de chaque composante du bâtiment. Le total du bilan devrait être égal au total de la consommation d'eau. Un écart important indiquerait qu'un secteur a été surévalué ou sous-évalué. Quant aux nouvelles installations, il faudrait consulter les études techniques pour en tirer les données de consommation.
Définition du plan d'économie d'eau
À cette étape, il faut définir la portée, les coûts et les avantages prévus des plans d'économie d'eau. Cette tâche peut être exécutée à partir des résultats de l'étude de consommation et de l'étude des factures. Si l'on décide que les améliorations proposées seront incorporées dans un projet à long terme, il est essentiel que les améliorations initiales permettent d'effectuer ultérieurement d'autres améliorations.
Plusieurs facteurs guideront l'élaboration d'un plan d'économie d'eau.
- Avantage d'adhérer au programme IBF : Si le projet incorpore des mesures d'économie d'énergie, on peut envisager d'avoir recours aux services offerts dans le cadre de l'Initiative des bâtiments fédéraux. Si c'est possible, toutes les préoccupations de l'équipe de projet concernant les limites financières et administratives pourraient être réglées grâce au programme IBF et à la prestation de services de gestion de l'eau d'une entreprise de services éconergétiques.
- Seuil d'investissement : Le ministère pourrait avoir une limite financière précise pour ce genre d'investissement.
- Autres besoins et priorités : Les investissements visant l'économie d'eau doivent être examinés à la lumière d'autres facteurs comme le calendrier du projet.
- Objectifs d'économie d'eau réalistes : Les objectifs peuvent être établis à l'aide des renseignements obtenus par l'étude de la consommation et l'examen des registres.
Mise en oeuvre du plan d'économie d'eau
À cette étape, le plan d'économie d'eau est mis en oeuvre. L'exécution s'effectue une fois que la conception est terminée et que le budget est fixé et approuvé. Les travaux devraient nuire le moins possible aux activités des occupants. La mise en oeuvre comprend un certain nombre d'étapes qui seront coordonnées avec l'ensemble du projet de rénovation. Par exemple :
- Préparer un devis conforme aux objectifs d'économie d'eau. Des dispositifs d'économie d'eau doivent être clairement prescrits et doivent respecter les critères du projet. Il faut que ces dispositifs soient fiables et faciles à utiliser de sorte qu'ils ne soient ni contournés ni enlevés à l'achèvement du projet;
- Établir un calendrier de mise en oeuvre réaliste;
- Recruter une équipe de gestion de l'eau et lui donner l'information nécessaire. Les membres de l'équipe seront les principaux intervenants du projet d'économie d'eau, ils sont essentiels à sa réussite. L'équipe devrait être constituée de représentants de l'exploitation, des contrats et de la gestion financière;
- Préparer le budget en effectuant les calculs de recouvrement des coûts. Toutes les économies de frais connexes doivent être prises en compte.
- Attribuer des responsabilités précises aux membres de l'équipe de gestion de l'eau. Voir à ce qu'ils reçoivent le matériel de référence et les conseils spécialisés nécessaires. L'équipe devrait également suivre de près les travaux de rénovation.
- Lancer le processus d'appel de propositions qui devrait inclure une visite des lieux et une réunion avec les éventuels sous-traitants en plomberie pour partager les objectifs du projet et communiquer les exigences obligatoires.
- Examiner les soumissions et attribuer les marchés, le cas échéant.
Mise en service et formation
La mise en service d'appareils économiseurs d'eau vise deux objectifs importants qui permettront d'atteindre les économies d'eau escomptées. Ces deux objectifs sont :
- veiller à que l'équipement prescrit soit installé et fonctionne adéquatement;
- veiller à ce que les niveaux d'économie d'eau visés soient atteints pendant toute la durée de vie de la mesure prescrite.
La mise en service comporte habituellement un volet technique et un volet formation. Le volet technique comprend la mise à l'essai du matériel installé et les réglages. Le volet formation met l'accent sur l'élaboration de manuels d'utilisation et sur la formation du personnel et des occupants pour leur montrer comment le nouvel équipement doit être utilisé et entretenu. Le recours à des fiches techniques peut faciliter la formation. Elles contiennent des renseignements brefs, conviviaux et précis relatifs à l'endroit où a été installé l'équipement et à son utilisation. Ces fiches sont particulièrement utiles dans les cas où les manuels fournis par le fabricant sont complexes.
Après la mise en service, tous les systèmes doivent fonctionner adéquatement et le personnel de soutien et les occupants devraient savoir comment les utiliser. La mise en service devrait permettre aux occupants d'obtenir le service auquel ils s'attendent.
Sensibilisation des utilisateurs
Un robinet qui fuit au rythme d'une goutte par seconde gaspille 10 000 litres d'eau par année. La réussite à long terme de tout programme d'économie d'eau dépend des habitudes de consommation des occupants d'un bâtiment. Ils doivent être informés de la façon d'utiliser l'eau avec discernement. Le programme visera également à encourager les occupants à accepter les mesures d'économie d'eau adoptées.
Il faut avoir recours à des professionnels en communication pour réaliser de la documentation de promotion, comme des fiches mensuelles de conseils d'économie d'eau. Les occupants pourront ainsi être informés sur la façon d'utiliser l'eau efficacement, au travail comme à la maison, en montrant les incidences économiques du gaspillage de l'eau. Il faut encourager les occupants à reconnaître les gaspillages et à les signaler au service d'entretien du bâtiment. Le personnel d'entretien doit être tenu d'y répondre rapidement et efficacement.
La Base de données sur les expériences en matière d'économie d'eau au Canada diffusée sur le Web vise à encourager l'échange d'information sur les réussites et les obstacles qui surviennent dans le domaine des économies d'énergie, domaine qui suscite de plus en plus d'intérêt. Présentement, plus de 125 expériences sont décrites dans la base de données, en provenance de tous les paliers de gouvernement, d'établissements d'éducation et du secteur privé. Chaque étude de cas donne une brève description du projet d'économie d'eau, une personne-ressource et, s'il y a lieu, des détails sur les coûts et les économies réalisées. Vous pouvez consulter la base de données et y contribuer quel que soit le secteur que vous représentez au site Web de l'Association canadienne des eaux potables.
Voici quelques suggestions pour élaborer des stratégies efficaces d'économie d'eau pour le bâtiment :
- établir une politique préconisant l'achat exclusif d'appareils économiseurs d'eau en cas de réparation ou de remplacement d'appareils existants.
- s'assurer que les robinets d'arrêt et d'isolement sont situés aux endroits appropriés pour en faciliter la réparation et ainsi réduire la nécessité de vidanger le réseau.
- maximiser l'efficacité opérationnelle grâce à des examens annuels de la consommation d'eau et des méthodes d'exploitation;
- recueillir et réemployer l'eau dans la mesure du possible. Parmi ces options, citons la collecte de l'eau de pluie ou le réemploi des eaux usées pour l'irrigation.
- Le groupe consultatif sur la CEIF a élaboré des autocollants pour les miroirs des toilettes contenant le message d'économie d'eau suivant : « signaler rapidement toute fuite ou tout problème d'eau ici ou ailleurs à…». Le numéro de téléphone où il faut appeler est inscrit dans l'espace blanc.
Entretien du réseau
De même que l'efficacité énergétique, un calendrier d'entretien préventif de l'équipement neuf à faible consommation d'eau et des réseaux apporte un certain nombre d'avantages. De cette façon, les économies d'eau seront maintenues, ou augmentées, longtemps après l'achèvement des travaux de rénovation. La durée de vie du matériel est ainsi prolongée. Il se produira moins de pannes imprévues d'équipement et les coûts de remplacement seront réduits.
L'entretien d'équipement comporte habituellement un certain nombre de tâches pour lesquelles il faut élaborer un calendrier en suivant les recommandations du fabricant.
Surveillance du réseau
Un programme de surveillance permettra de repérer les utilisations de l'eau et fournira aux gestionnaires les renseignements nécessaires pour établir si les économies d'eau prévues sont réalisées. Comme c'est le cas pour l'efficacité énergétique, le nombre de compteurs dans un bâtiment peut rendre la surveillance plus simple ou plus complexe. On peut exercer une certaine surveillance en examinant les factures des services publics, mais les renseignements obtenus de cette façon sont très généraux. Pour une surveillance plus précise, il faut installer des compteurs dans des sous-zones du bâtiment ou sur des équipements en particulier. Ce type de mesure est très coûteuse, mais les renseignements obtenus sont précis et utiles. La surveillance du bâtiment peut donner plus de renseignements pertinents qu'un examen des factures de services publics, mais cela ne donne pas un portrait détaillé de la façon dont l'eau est utilisée.
Voici quelques-unes des activités courantes de surveillance :
- Élaborer un programme de surveillance régulier. Si des lectures de compteurs sont nécessaires, il est important de consigner les données dans un registre et de nommer un responsable des lectures. Envisager d'automatiser la lecture du compteur, le cas échéant. Installer des compteurs d'eau, s'il n'y en a pas. Les compteurs jouent un rôle important dans l'économie d'eau en fournissant les données qui permettent de prendre les mesures appropriées, de mesurer les progrès et de payer pour l'eau consommée.
- Installer des compteurs aux endroits à forte consommation d'eau. Ces endroits varient d'un bâtiment à l'autre. Ce sont normalement la cuisine, les salles de lavage, les tours de refroidissement et les chaufferies.
- Examiner les données de surveillance régulièrement. Comparer les résultats avec les objectifs d'économie d'eau visés pour l'installation. Utiliser les données recueillies pour élaborer des moyennes saisonnières et des tendances chronologiques. Utiliser ces renseignements pour suivre de près et mettre à jour les objectifs d'économie d'eau.
- Analyser toute fluctuation anormale de la consommation et corriger les problèmes immédiatement.
- Faire annuellement le bilan hydrique du bâtiment.