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A. Y.
Jackson en France, en Belgique et en Hollande: Carnet de croquis de
1909
par Rosemaire L. Tovell
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Le lundi 12 juillet, Jackson prend le train pour Leyde et, de là, le tram pour Katwijk aan Rijn, où
il se trouve un logement au 208 Kerkstraat. Après avoir retenu
une chambre à compter du 16, il retourne à pied à
Leyde, emportant seulement quelques effets. Pendant cinq heures, il explore
la ville, puis prend le train pour Amsterdam. Le soir du même jour,
il écrit à sa mère (10) sur trois feuillets qu'il arrache
de son carnet, entre le feuillet 10 verso et le feuillet 11 recto. Bien
qu'il ait emporté son carnet à Leyde et à Amsterdam, aucun dessin ne peut être rattaché à l'une ou l'autre
de ces villes. À Amsterdam, il eut d'abord l'idée de visiter le
Rijksmuseum, « une des plus grandes pinacothèques du monde,
où sont exposés La Ronde de nuit de Rembrandt, les
frères Maris, et Anton Mauve...». (11) Le mercredi 14 juillet, Jackson
écrivait qu'il comptait faire une excursion d'un jour à
Volendam et Edam, mais rien dans les dessins du carnet n'indique qu'il
fit ce voyage.
Retournant à Katwijk aan Rijn le vendredi 16 juillet pour un séjour de trois semaines, Jackson
y rencontra Hardy, le seul autre artiste étranger dans le village. (12)
Aucun des dessins du carnet ne peut être rattaché avec certitude
à Katwijk aan Rijn, mais il y en a deux, au recto des feuillets 17
et 18, qui représentent probablement la région de Katwijk: il s'agit d'un paysage (fig. 4)
et d'une étude de nuages, qui ont peut-être été
faits à Katwijk aan zee. Il est possible qu'il les ait exécutés
lors d'une promenade « jusqu'à les [sic] bord de la
mer, mais le vent est si fort et le temps si desagreeable [sic]...».
(13)
Dans cette lettre, écrite à Katwijk aan Rijn sur
deux feuillets arrachés du carnet (entre le verso du 18 et le recto
du 19), il indique que le mauvais temps a sévi pendant la plus
grande partie de son séjour de trois semaines. Jackson semble avoir
surtout travaillé à l'huile pendant cette période,
car la région de Katwijk lui a inspiré au moins trois croquis
à l'huile. (14)
Quelque temps après le 2 août,
A. Y. se rendit dans « la ville ancienne et délabrée de Veere...très fréquentée des
artistes...». (15) Il semble
que Veere n'ait pas été « trop propre et soignée », (16) car le séjour qu'y fit Jackson fut marqué par une grande
fécondité. Il fit de nombreux croquis à l'huile,
même si, de son propre aveu, « l'été n'est pas
le meilleur temps pour dessiner ici; il y a trop de vert comme d'habitude, et je n'aime pas beaucoup les verts. Il y avait quelque chose qui faisait
que mes croquis [à l'huile] ne me satisfaisaient pas et je les
ai tous jetés ». (17) Il ne les a pourtant pas tous jetés,
car il y en a au moins deux où l'on reconnaît des sujets pris
à Veere, (18) et le carnet parle d'un troisième qui a disparu.
La plupart des dessins dans le carnet ont été exécutés
à Veere et forment un groupe (du feuillet 18 verso au feuillet 33
recto). À part quelques dessins aux thèmes divers - paysages, personnages, Radhuis (hôtel de ville) et rues du village
- deux sujets reviennent maintes fois dans ce groupe: l'église, avec son étrange
tour surmontée d'un dôme (f. 18vo, 23vo, 25ro, 28vo, 30ro,
33ro; fig. 8 à 13) et un moulin à vent (f. 1vo, 26ro et 32ro;
fig. 14 à 16). Le moulin à vent de Veere ne peut être
situé avec certitude, mais les deux principaux dessins de ce sujet
sont intercalés au milieu du groupe de Veere. Jackson aimait ce
village et ne se résolut à le quitter que lorsque l'argent
vint à lui manquer et que son billet d'excursion fut presque expiré.
(19)
Le 24 août, A. Y. Jackson partit
pour Paris où il resta quelques jours. Le 1er septembre, on le retrouve
à Épisy, chez Madame Goix. C'est là qu'il se fixe,
sauf pour une brève visite à Paris, jusqu'au 25 novembre. (20)
Au moins trois des dessins du carnet ont été exécutés
lors de ce deuxième séjour à Épisy: deux croquis
du canal du Loing (f. 35ro et 35vo; fig. 18 et 19) et une étude d'un
paysage au bord de la route (f. 34ro; fig. 22). On trouve aussi deux pages
où figurent des dessins de la mer et de la côte hollandaise (f.
38ro et 31vo; fig. 23), prenant la forme d'étroites bandes
ou frises: ils sont près du groupe d'Épisy. Tous ces dessins
sont liés, d'une façon ou d'une autre, à des peintures
dont il sera question plus loin.
Ses principaux styles de dessins
Pour le peintre, le dessin peut servir des fins multiples. Le carnet de Jackson fournit des exemples des principaux types de dessins: dessins
achevés, études et croquis préliminaires pour les
huiles. Comme on doit s'y attendre de l'élève qui acquiert
rapidement la maîtrise de son art, l'artiste emprunte de nombreux
styles différents. L'étude des divers genres et styles de
dessins permet de suivre l'évolution de Jackson et de connaître
certaines des méthodes de travail de sa jeunesse.
Rue et Radhuis à Veere (f. 19ro; fig. 5) est une oeuvre achevée, dessinée dans le style «
académique » de
la fin du XIXe s. Il s'agit d'une composition ovale avec, au centre, une
multiplicité de détails esquissés au moyen de traits
courts et nets. À mesure que le regard s'éloigne du centre, les
détails s'atténuent, si bien qu'aux extrémités
on ne trouve plus que des formes générales sommairement esquissées.
Bien qu'il affectionnât surtout ce type de composition pour ses sujets
architecturaux, on en trouve également des variations dans des paysages
comme « Vue de l'autre côté du Veergat » (f. 28ro; fig. 6).
Dans cette étude, le premier plan est présenté avec
netteté et précision, et les détails, plutôt
que de s'atténuer près des bords, disparaissent progressivement
à mesure que le regard rejoint 1'horizon.
L'atmosphère d'un paysage balayé
par la pluie et le vent dans la région de Katwijk aan zee (f.17ro;
fig. 4) est rendue par de larges coups de crayon, brusques et vigoureux.
Les détails, comme les arbres et le chariot tiré par un cheval,
sont négligés au profit de la forme et des ombres des cumulus.
Cette esquisse, où les détails sont subordonnés
aux effets de lumière, de forme et d'atmosphère, se rapproche
des dessins à la mine de sa maturité. S'il décidait
de peindre des toiles à partir de ces dessins, Jackson travaillait
rapidement les détails, dans des études comme celles du cheval
et du chariot qui se trouvent au recto f. 20 (fig. 7). Le carnet renferme
quantité de ces petits dessins de détails (études
de figures, branches d'arbres, dunes verdoyantes, vaches, chevaux et
chalands). Il s'agissait peut-être uniquement d'exercices d'observation
ou de points de référence, mais il y a au moins un de ces
petits croquis qui servit de point de départ à une huile,
le Canal du Loing, que nous reverrons.
Le croquis de l'église de Veere (f. 33ro; fig. 10) illustre un troisième style de dessin, qui se
situe à mi-chemin entre les deux autres, car les éléments
esquissés à grands traits y côtoient des détails
rendus avec beaucoup de précision. L'artiste vise ici à
saisir les effets de la lumière jouant sur la surface de la cathédrale
en vue de l'intégrer au paysage et aux conditions
atmosphériques.
Il est difficile de conclure si, à
cette époque, A. Y. était véritablement parvenu à
un style de dessin qui lui était propre. Les ombres angulaires,
les courts traits de crayon et la représentation un peu prosaïque
des constructions sont loin d'annoncer les contours hardis, les structures
aux formes arrondies et les ombres faites de points rapides et de traits
irréguliers qui caractérisent les dessins canadiens de sa
maturité.
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