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A. Y.
Jackson en France, en Belgique et en Hollande: Carnet de croquis de
1909
par Rosemaire L. Tovell
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Au feuillet 35, recto et verso (fig.1, 8 et 19), on trouve deux dessins du canal du Loing près d'Episy
qui remontent à l'automne 1909. Ce sont des études en vue
d'une importante toile de 1909, Canal du Loing (fig. 20). (22) Le sujet
a dû être traité pour la première fois dans son
croquis détaillé du bateau plat figurant à la page
35ro (fig. 18). D'après le feuillage, le dessin aurait précédé
d'à peu près une semaine celui de la page 35vo (fig. 19)
où les arbres dénudés rappellent ceux du tableau
à l'huile.
Jackson se souvint l'avoir peint à l'extérieur, ainsi
il se serait servi des dessins pour en explorer le détail et la composition de
l'oeuvre définitive. Comme les dessins ne comportent
aucune indication de couleur ou de ton, cette théorie peut être
confirmée.
Son carnet contient aussi le sujet de l'une de ses plus importantes oeuvres de 1909, Matin d'octobre à
Episy (fig. 21). Cette toile, faite en atelier, marque un progrès
dans l'oeuvre de l'artiste, préfigurant le célèbre
À l'orée du bois d'érables de 1910, qui porta
A. Y. à l'attention de Lawren Harris et des futurs membres du
Groupe des Sept. Tout comme ce dernier tableau, Matin d'octobre à
Episy s'attache principalement aux jeux de lumière sur le sol
et sur les troncs d'arbres. Bien que la pâte n'y soit pas aussi
épaisse ni la composition aussi saisissante que dans la toile de
1910, il y a des ressemblances marquées pour ce qui est de la couleur,
des tons et du sujet.
Matin d'octobre à Épisy
a sans doute été traité sous forme de croquis
à l'huile et il se peut que le dessin de la page 34ro (fig. 22)
ait été fait en atelier dans le but de mettre au point les
détails de la composition et du sujet. La similitude de certains
détails, comme les branches d'arbre, indique que Jackson se servit du dessin
pour réaliser le tableau. Le cadre à trois côtés
entourant l'étude à la mine est typique des dessins de Jackson et montre qu'il avait réussi à rendre sa première
impression et que les limites de la composition avaient été
décidées.
Le carnet doit contenir d'autres dessins
qui ont servi d'esquisses préliminaires à des tableaux,
mais nous ne le saurons peut-être jamais car ces peintures, tout
comme celles de l'église de Veere, ont probablement été
détruites par l'artiste, ou perdues. Ainsi, le carnet ne fait
que nous donner une idée de ce qui a pu être.
Le carnet après 1909
De retour au Canada, Jackson se sert modérément de son
carnet. À la fin de 1909, il est de retour à Montréal
pour une réunion de famille à l'occasion de Noël. En
juin 1910, il rend visite à ses tantes, Mlle Geneva Jackson et
Mme Isabella Haywood à Berlin (aujourd'hui Kitchener) en Ontario,
et emporte le carnet et quelques-unes des toiles de 1909. A son arrivée, il trouve ses tantes en train de rénover leur maison.
Se mettant de la partie,
A. Y. peint une frise (maintenant détruite) sur les murs de la chambre de sa tante Geneva, où l'on pouvait
admirer des toitures, des moutons et la cathédrale d'Anvers. Ces
sujets étaient peut-être inspirés de quelques-uns des dessins du carnet, mais il semble que la plupart aient été
empruntés à des cartes postales; les moutons, par exemple,
figuraient sur la carte qu'il avait envoyée d'Europe à sa
mère et qu'elle devait lui retourner à Kitchener. (23)
Deux feuillets du carnet portent à
croire que l'idée pour la frise n'était pas le fruit d'une
inspiration soudaine. Il s'agit des pages 31vo et 38ro (fig. 23), qui
contiennent, l'une, trois études en forme
de frise et, l'autre, quatre de marines et de la côte hollandaise.
D'après la composition et les styles, il semble que le tout ait
été destiné à faire partie d'une décoration
quelconque. Dans sa correspondance de l'époque, Jackson ne donne
aucun indice de l'usage qu'il voulait en faire. Chose certaine, ces croquis
constituaient un avant-goût singulier de la frise de Kitchener.
Pendant son séjour en cette ville,
il fit la connaissance d'une autre branche de la famille, celle de E. P.
Clement, notamment de son petit-cousin Charles Bowlby Clement. Ayant été
invité au chalet d'été des Clement à Portage Point,
sur la baie Georgienne, il s'y rendit à la fin de juin et y resta
tout le mois de juillet. Au cours de sa première visite à la baie
Georgienne, en juillet 1909, il écrivait:
« C'est un
splendide pays où passer des vacances...mais on n'y trouve rien
d'autre que des petites îles couvertes d'arbustres et de pins, qui
ne feraient sûrement pas des sujets de tableaux...Prendre là des
croquis est tout à fait impossible ». (24) Lorsque A. Y. quitta
le chalet des Clement, il y laissa son carnet et la famille eut la
prévoyance de le conserver intact.
Il n'en fut pas ainsi des carnets qui restèrent en sa possesion,
car Jackson en donna ou en vendit les dessins qui les composaient.
Il n'y a qu'un dessin qui ait manifestement appartenu au carnet de
1909 et dont nous ne trouvons pas de trace; celui-là, Jackson en a
peut-être fait don à des parents ou amis, ou l'a tout simplement
jeté. C'est donc à Charles Bowlby Clement et à ses
descendants que nous devons de posséder le seul carnet de A.
Y. Jackson qui soit resté intact.
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