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A. Y.
Jackson en France, en Belgique et en Hollande: Carnet de croquis de
1909
par Rosemaire L. Tovell
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Le code tonal numéroté
Le carnet nous montre également une autre méthode de
travail que Jackson ne faisait que commencer à utiliser et qu'il
devait employer plus tard dans presque tous ses dessins à la mine:
le code tonal numéroté, qui lui permettait d'enregistrer rapidement le sujet qu'il reproduirait à
l'huile. Ce code devenait
utile lorsque les circonstances l'empêchaient de réaliser
un croquis à 1'huile sur les lieux. Dans le carnet, on voit apparaître
les premiers éléments d'un code, où les chiffres
vont de 1 (tons clairs ou blancs) à 10 (foncés ou noirs).
À la page 5ro (fig. 1) du carnet, Jackson a esquissé des
arbres et un village qui est probablement
Épisy, et il a écrit au long le nom des couleurs. Il en résulte
une accumulation assez gênante, car des flèches ici et là
indiquent les zones correspondant aux diverses couleurs. Sur le dessin
du moulin à vent la nuit (f. 32ro; fig. 15), l'artiste note le nom
des couleurs au long et indique les tons au moyen d'un code numéroté.
Seuls les chiffres codés apparaissent sur une étude du même
sujet (f. 1vo; fig. 16), mais Jackson n'indiquait que les grandes zones
de couleur. Dans la comparaison de l'étude avec l'huile, Moulin
à vent hollandais, la nuit (fig. 17), on constate que Jackson
se serait servi du code pour indiquer les valeurs générales (i.e.
du clair au foncé) plutôt que les tons généraux
(i.e. tons d'une couleur particulière), comme il le fit
par la suite.
Ce n'était pourtant pas la première
fois que A. Y. recourait au code numéroté. Celui-ci figurait
déjà sur le dessin d'un parc parisien (collection de la GNC)
réalisé vers 1907. Or, le carnet montre bien que, dès
1909, Jackson avait commencé à l'utiliser fréquemment
bien qu'il ne l'ait pas perfectionné.
Dessins préliminaires aux toiles
Dans le carnet de 1909, on trouve de nombreuses esquisses pour des
peintures de sujets hollandais et français qui datent de la même
année. En examinant les dessins d'après ces peintures,
il est possible de déceler d'autres méthodes de travail.
Les sept croquis de l'église
de Veere ont vraisemblablement donné naissance à deux peintures
à l'huile distinctes. La première série, où
la cathédrale est vue de l'angle sud-ouest, comprend, en ordre chronologique,
les dessins des pages 30ro, 28vo et 33ro (fig. 8, 9, 10) et deux petites
études à la page 23vo (fig. 11). Le dessin qui apparaît
à la page 30ro (fig. 8) est une étude très achevée
de l'église où l'artiste a noté les détails
qui la distinguent des autres cathédrales. À la page 28vo,
on voit le dessin (fig. 9) qui est peut-être le deuxième de
cette série et qui présente une étude détaillée
des murs extérieurs de la tour et de la chapelle du côté
sud-ouest. Celui de la page 33ro (fig. 10) apparaît comme une étude
de lumière et de forme: la cathédrale est vue de loin et
les détails sont réduits au strict minimum. C'est celui que
Jackson devait, par la suite, considérer comme « s'approchant
le plus du tableau qui a probablement été détruit ». (21) Les études de la page 23vo (fig. 11) donnent raison à
Jackson, car ce sont deux exemples encadrés (probablement faits
dans son atelier) de la composition de la page 33ro (fig. 10), accompagnés
de notes sur les modifications de couleur et de ton (« continuer
le rouge vers le haut », « moins de bleu ») qui laissent
supposer qu'un tableau était déjà en bonne voie. Il
est probable que les personnages esquissés sur la même page
ont également été faits en vue de cette toile, car
ils ont des ressemblances étroites avec les personnages au premier
plan du dessin de la page 33ro et sont aussi accompagnés de notes
sur les couleurs (« jupe bleue », « seau vert »).
La deuxième série, ou peut-être la première -
l'ordre étant impossible à déterminer -
comprend les
deux dessins des pages 25ro et 18vo (fig. 12 et 13) ainsi que les indications
de couleur à la page 20ro (fig. 7). Cette fois, la cathédrale
est vue de l'angle nord-ouest. Le croquis de la page 25ro (fig. 12) est
une étude méticuleuse des détails architecturaux que
Jackson avait dessinés au cours de la journée. L'étude
est suivie chronologiquement par le dessin de la page 18vo (fig. 13).
Ce dessin où les indications de couleur laissent supposer que le
tableau (dont la localisation demeure inconnue, ou peut-être a-t-il
été détruit) est en bonne voie (« légèrement
plus foncé en haut », « plus pâle », « moins de
contraste »). Vu le manque d'adresse, notamment dans la représentation
des ombres, on pourrait croire que le dessin a été exécuté
la nuit sur les lieux. Des indications de couleur (f. 20ro; fig. 7) soulignent
quand le deuxième dessin a été exécuté.
Ces notes, inscrites sur un dessin pâle, étaient effectivement
destinées à un sujet qui représente une église
faiblement éclairée. Les indications ont dû être
écrites par Jackson séparément mais sur la page la
plus près, car il n'aurait pas pu trop bien voir la nuit pour
les inscrire sur le dessin même (fig. 13). Tout comme dans la première
série de croquis de le cathédrale, A. Y. part d'une étude
détaillée pour arriver à une représentation
d'une masse sculpturale.
La tendance à passer des esquisses
détaillées aux études qui ne sont que lumière
pure, forme et atmosphère se voit également dans les croquis
du Moulin à vent hollandais, la nuit, aux pages 26ro, 32ro
et 1vo (fig. 14, 15, 16).
Ces trois séries nous permettent
de connaître plusieurs des méthodes de travail de Jackson.
Les dessins des pages 25ro, 30ro, 33ro et 26ro (fig. 12, 8, 10 et 14) traduisent
l'impression première de l'artiste et laissent entrevoir la possibilité
que le sujet soit retravaillé à 1'huile. Leur absence
de notes montre qu'il ne songe pas encore à le rendre en couleur,
à en faire des croquis à 1'huile. Dans les autres dessins,
comme aux pages 18vo, 32ro et 1vo (fig. 13, 15 et 16), on voit le genre
d'observations sommaires que pouvait noter Jackson s'il lui arrivait de
faire d'autres études sur les lieux, la nuit surtout, au fur et
à mesure que le tableau progresse. De tels dessins pouvaient être
exécutés en atelier s'il ne voyait pas la nécessité
de les modifier ou d'en faire une esquisse à l'huile, comme semble
l'indiquer le dessin de la page 23vo (fig. 11).
La toile de la Groote Kerk vue de l'angle
sud-ouest est perdue, tout comme l'est le croquis à 1'huile de
la vue nord-ouest. D'après les indications de couleur qui ont
pu être déchiffrées, les tableaux sembleraient avoir
été plutôt sombres et centrés sur la silhouette
de la cathédrale et la tache qu'elle formait sur le ciel bleu foncé.
La composition semblerait très proche de celle du croquis à
1'huile de Moulin à vent hollandais, la nuit (fig. 17),
de la même époque et issu d'une série de dessins dans
le carnet. Ce croquis, il n'y a sans doute jamais eu de toile, montre
bien ce que A. Y. doit aux artistes hollandais contemporains comme Mauve
et les frères Maris, dont il avait admiré l'oeuvre au Rijksmuseum.
Il ressemble de près au dessin de la page 32ro (fig. 15) et, vu
l'abondance de notes sur la couleur, c'est sans doute uniquement à
partir de ce dessin qu'il a été réalisé. Considérant la version finale de la cathédrale et du moulin
exécutés à 1'huile et à la mine, et se reportant
aux premiers dessins détaillés, il faut conclure que Jackson
estimait devoir saisir toutes les nuances de son sujet avant de le traduire,
à sa façon, tout en gardant une certaine mesure de confiance
ou d'honnêteté.
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