Jusqu'au tournant des années 1990, le Manitoba était considéré, souvent à juste titre, comme étant le château-fort de la chanson française de l'Ouest canadien. Avant le succès phénoménal remporté par Daniel Lavoie (Dunrea, 1949), Gerry et Ziz (Gérard Jean et Gérald Paquin) étaient les chefs de file de la chanson française dans cette province. Paquin, Jean et les frères Dorge (Jacques et Gilbert) avec Noël Joyal (Sainte-Agathe, Manitoba) avaient formé vers 1968 le groupe Les Fugitifs.
À Gravelbourg en Saskatchewan, l'apparition du MAT (du Collège Mathieu) en
1970 a donné un coup de pouce considérable à la chanson « ouestrienne » et a permis de relancer la chanson d'expression française mise en évidence dès les années 1950 par les festivals de la Bonne Chanson diffusés par CFNS (Saskatoon) et CHRG (Gravelbourg). Parmi les élèves du collège, on retrouve Philippe Fournier et Solange Campagne. Le MAT, une création de Donald Sirois de Saskatoon, précèdait de quelques années les projets VIF (Voix illimitées francophones) et ESSOR. Ce dernier projet était une série de spectacles développée par Gilbert Troutet, un Européen établi en Saskatchewan en 1975, et qui fut, pendant plusieurs années, des figures les plus marquantes de la chanson fransaskoise.
À plusieurs points de vue, les Rocheuses constituent une barrière transitionnelle entre les mentalités et les cultures. C'est vraiment avec l'apparition du festival Pacifête dans les années 1980 qu'il fut véritablement question pour la première fois de relève musicale en Colombie-Britannique. Ce furent le plus souvent des Franco-colombiens d'adoption qui meublèrent les planches. Gilles Gagnon fut lauréat en 1984 de la Pacifête avant de repartir pour Montréal l'année suivante.
En 1983, Joëlle Rabu (née au Manitoba en 1958) commença une carrière qui perdure encore aujourd'hui, la confirmant comme l'artiste francophone la plus tenace de la Colombie-Britannique. Reconnue pour ses interprétations de Piaf, elle continue de présenter des spectacles sur une base régulière. Rabu chante également ses propres compositions en esperanto, en français et en anglais. Elle fait le pont entre deux générations d'interprètes et d'auteurs-compositeurs franco-colombiens.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'Ouest est rempli de surprises !