Y'a pas deux chansons pareilles
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La chanson des voyageurs et des colons
Une touche de chez-nous
Le prince des plaines

Une touche de chez-nous

Au signal, trente canots, trois cents hommes et trois cents avirons réagissent !

« C'est la belle Françoise élonguée... » entonne le guide et, d'une seule voix, tous répètent les paroles.

Sur la rive du fleuve Saint-Laurent, parents, épouses, enfants, bien-aimées ressentent un resserrement dans la poitrine. Chacun formule un voeu, une prière : « Bonne Sainte-Anne, patronne des voyageurs... »

ViolonneuseC'est comme cela que pouvait avoir l'air un départ de voyageurs au mois de mai vers la fin des années 1700. Ces « voyageurs », dont la plupart avaient entre 17 et 20 ans, s'embarquaient dans une des aventures les plus difficiles, les plus extraordinaires de leur vie.

Destination ? Michillimakinac, Grand Portage, Fort William, le Nord-Ouest, les Pays-d'en-haut. Et pour les plus intrépides, plus loin encore en empruntant les grandes routes de l'époque : les rivières la Pluie, Winnipeg, Saskatchewan, Churchill, Athabasca.

Et c'est en chanson que débutait le périple. Et il y en aurait des chansons pendant le long itinéraire !

Chanter distrait de la tâche, remonte le moral, donne le rythme. Bienheureux l'équipage qui a un bon chanteur dans ses rangs. Leur misère sera moindre!

Que chantaient-ils ces voyageurs ? Les classiques de l'époque, bien sûr! Les airs apportés de France, appris sur les genoux de leurs parents et entendus des dizaines de fois tout en s'adonnant aux tâches quotidiennes. Parfois on changeait les paroles, on y ajoutait des épices locales.

Les voyageurs excelaient dans l'improvisation de compositions assez grivoises, sans toutefois être inacceptables.1

Parmi les chants les plus populaires, on retrouve À la claire fontaine, À Saint-Fanfare La FlècheMalo beau port de mer, V'là l'bon vent, Vive la compagnie, La rose blanche. D'après Marius Barbeau, le grand folkloriste canadien, une des chansons les plus aimées était En roulant ma boule. Il dit de cette chanson et de ses quatre-vingt-douze variantes canadiennes :

Peu s'en faut qu'elle ne se chausse de mocassins et de mitasses, qu'elle n'endosse la chemise de mackinaw, qu'elle ne coiffe une tuque rouge ou bleue et qu'elle ne se ceigne d'une ceinture fléchée. Pointant le nez au vent d'ouest, elle s'empare de l'aviron et le manoeuvre en cadence, rebroussant le courant ou suivant les rapides.
2

Les voyageurs ont chanté ce pays ! Pendant 125 ans, leurs chansons se sont harmonisées avec la nature que bon nombre d'entre eux ont aimée et n'ont pu quitter. Leurs descendants sont les Métis, ces princes des plaines. L'un d'eux s'appelait Pierre Falcon.


Une touche de chez-nous
Le prince des plaines


1
John McTaggart, « Three Years in Canada: An Account of the Actual State of the Country in 1826-7-8 », vol.1, Londres, H. Colburn, 1829, p.251.
2
Charles-Marius Barbeau, « En roulant ma boule », Musée national du Canada,1982.



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