Le 19 juin 1816, un groupe de Métis dirigé par Cuthbert Grant traversait la plaine avec des provisions de pemmican quand ils furent interceptés par le gouverneur Semple et une vingtaine de ses hommes.
C'est alors qu'eut lieu la bataille des Sept-Chênes où Semple et vingt de ses compagnons perdirent la vie. Falcon, qui était de la partie, composa ce soir-là une chanson décrivant le mémorable événement : la Chanson de la Grenouillère.
Cette chanson n'est sans doute pas la première composée par Falcon, mais c'est la première dont on possède le texte transcrit et, probablement, la meilleure qu'on lui connaisse. Cette ballade saisit l'esprit de la bataille, en souligne les faits, célèbre la bravoure des Métis et dénonce la perfidie de leurs agresseurs blancs. Cette chanson est devenue une sorte de légende pour les Métis, un symbole de leur résistance aux empiètrements des Anglais et constitue un témoignage oral important de l'histoire de leur peuple. Elle prit valeur de chant national et se répandit sur les pistes des trappeurs « comme le feu sur la prairie » . Il n'est pas exagéré de dire que la Chanson de la Grenouillère était connue des confins du Nord-Ouest jusqu'au Saint-Laurent, propagée par les voyageurs qui, en route vers l'est ou l'ouest, passaient par la rivière Rouge.1
1 Direction du patrimoine, « Pierre Falcon 1793-1876 », Manitoba, 1984, p.4.