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ÉDUCATION/ÉCOLES/ÉTUDIANTS Page 3
Lac La Biche La troisième fondation qu'il nous faut mentionner ici était celle du Lac La Biche en Alberta, à 500 milles au nord de Saint-Boniface. Les sœurs Guénette, Daunais et Tisseur y sont arrivées le 26 août 1862, après un voyage de quarante-neuf jours à travers les prairies.
Davantage à l'ouest et au nord
Pendant longtemps le Lac La Biche était un centre pour les missions du nord et, après un certain temps, est devenu presque prospère. La plupart du temps, ceci s'est produit grâce aux longs et laborieux efforts de la part des soeurs. Mère Charlebois faisant une visite officielle à leur couvent en 1880 a écrit : « ces chères sœurs ont beaucoup vieilli. Leur maison est malsaine. Leur industrie merveilleuse s'est cependant beaucoup améliorée. J'ai trouvé plusieurs placards de forme très curieuses mais vraiment utiles. Certains de ces placards ont été fabriqués par les sœurs avec des boîtes dans lesquelles nous leur envoyons des réserves de temps à autre. J'ai dit aux sœurs qu'elles étaient fort économes. L'une d'entre elles m'a assuré gaiement que la pauvreté est l'économie la plus sûre. Quand je suis entrée dans l'arrière-cuisine j'ai vu un hangar malheureux ouvert à tous les vents du ciel et une exclamation de surprise et de douleur m'a échappée. Mais les sœurs ont seulement ri. Elles ont dit « Oh, chère mère, vous auriez dû être une ancienne, de nos jours nous sommes entourées de luxe. Je n'ai rien dit pour ne pas trahir mes sentiments ».
En 1898, les sœurs ont déménagé du Lac La Biche au lac Saddle qui est aussi en Alberta afin d'être plus proches des Indiens. En effet, elles enseignaient à leurs enfants et de cette façon elles n'offraient pas aux parents une excuse pour ne pas envoyer leurs enfants à l'école. Actuellement, il y a une excellente école industrielle pour les Indiens du lac Saddle.
Les Sœurs Grises dans le nord lointain
Les voyageurs allant vers le nord savaient qu'à Saint-Boniface l'évêque Faraud avait voyagé 450 milles du lac Athabasca au Lac La Biche (au nord-est de l'Edmonton actuel) pour les rencontrer et les accompagner à la mission Providence. Ils ont ainsi regretté que des imprévus les aient retardés au fleuve Red alors que l'évêque les attendait au Lac La Biche. Comme l'archevêque Taché l'a expliqué par la suite, il y avait des feux de prairie terribles ce printemps et il était absolument nécessaire de laisser l'herbe pousser à nouveau avant que les chariots de bœufs puissent être utilisés parce que les boeufs ne pouvaient manger que ce qu'ils trouvaient. D'autant plus que le temps était exceptionnellement mauvais et que le chemin était beaucoup plus mauvais que d'habitude. Dans une seule caravane, 250 animaux, à savoir des bœufs et des chevaux, ont été perdus à cause des difficultés liées à la route et des piqûres de moustique.
Le 8 juin 1867, les soeurs se sont mises en route pour leurs derniers 910 milles jusqu'à Saint-Boniface. La première partie de leur voyage se faisait sur des chariots de bœufs sans ressorts empruntant un chemin qui traversait Portage-La-Prairie, Qu'Appelle, Carlton et le fort Pitt. Elles ont traversé des centaines de torrents et de ruisseaux où les chariots ont parfois dû être mis en morceaux et transformés en bateaux.
Lettre
1er décembre 1892, Saint-Boniface
Honorable Thomas M. Daly
Ministre de l'Intérieur
Ottawa, Ontario.
Honorable Monsieur,
Il y a eu des Sœurs de la Charité au Lac La Biche depuis 1862. Depuis cette époque, elles ont géré l'école qui a été financée, un tant soit peu, par le gouvernement depuis plusieurs années. Cependant, ce dernier n'a rien donné la majeure partie du temps. Les bonnes soeurs sont restées et ont enseigné les cours dans les bâtiments construits sur le sol de la mission et appartenant à la mission plutôt qu'aux sœurs.
Elles ont pensé acquérir une propriété pour elles-mêmes et ainsi elles ont acheté la propriété d'un autochtone qui l'avait occupée pendant plusieurs années dans des circonstances, selon le département, assez sûres pour garantir un bon titre. Beaucoup d'autres groupes de la localité avaient des titres garantis et il semble juste que les sœurs aient les mêmes droits de propriété que d'autres acheteurs.
Je regrette que ceci ne soit pas vrai pour les bonnes sœurs, on leur demande de payer au gouvernement 1 $ par acre de terre et c'est toute la reconnaissance qui leur est offerte après 30 années de travail difficile sur une terre éloignée sur laquelle elles travaillaient bien avant le transfert.
En apportant ce sujet à votre connaissance, honorable sire, je n'ai aucun doute que vous verrez immédiatement à traiter les sœurs comme les autres, autrement dit, leur donner leur titre sans les forcer à payer davantage car elles ont déjà versé 150 $ à un métis pour leur établissement.
Je reste,
Votre serviteur obéissant,
(sgd) Alex, archevêque de Saint-Boniface
O.M.I
Manuels utilisés dans les écoles bilingues d'Alberta, 1905-1960
La Société historique de la Mission du Lac La Biche et quelques autres personnes nous ont généreusement prêté ces manuels. Les extraits de manuels proviennent la plupart du temps du pensionnat au Lac La Biche qui a été fermé en 1963. Les manuels comme ceci sont très rares dans l'Ouest canadien.
Notre-Dame des Victoires, l'école des missionnaires oblats au Lac La Biche, est l'une des plus vieilles dans les Territoires du Nord-Ouest, puisque les services éducatifs étaient offerts aux enfants métis et indiens américains par les Sœurs Grises de la communauté en 1862. Aux alentours de 1890, l'école est devenue une école résidentielle pour les autochtones, financée par le gouvernement canadien conformément aux accords du traité. L'école a été déplacée au lac La Selle en 1899 mais une nouvelle école a été ouverte au Lac La Biche en 1905 par les professeurs religieux, les Sœurs de la Charité, qui ont géré le pensionnat sous la direction des prêtres oblats. Ces manuels datent de cette période.
La collection est caractéristique des manuels utilisés ailleurs dans la province. Selon Yvette Mahé qui a étudié ce domaine, certains faisaient partie du « programme scolaire caché » car ils n'étaient pas inclus dans le programme scolaire officiel de la province. Ces manuels ont été également utilisés au Québec et la majorité a été imprimée au Canada en utilisant les presses appartenant aux écoles communautaires chrétiennes des moines. Nous avons également quelques exemples des manuels de France. Selon Mme Mahé, les professeurs catholiques au Canada ont éprouvé de grandes difficultés en utilisant ces textes qu'ils trouvaient trop laïques.
Bien qu'il y ait des manuels anglais dans la collection de la mission du Lac La Biche, il est remarquable que les séries de manuels exigées par le ministère de l'éducation de l'Alberta ne puissent être trouvées. L'anglais était enseigné mais le français était la langue principale à l'école. En outre, le niveau d'éducation était très bon si nous le comparons à celui des petites écoles des colons. En 1946, les autorités ont commencé à exiger que l'école suive les lois d'éducation provinciales. Après quelques années de friction, le surveillant provincial des écoles, W.E. Frame, a menacé le directeur de l'école, le prêtre J.-B. Cabana, affirmant qu'il poursuivrait en justice les parents des écoliers et enlèverait les allocations familiales qu'elles recevaient du gouvernement fédéral. Cette tactique d'intimidation a eu l'effet désiré quoiqu'elle n'ait eu aucun fondement légal.
Juliette Champagne
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1. CHAMPAGNE, Juliette. Mission Notre-Dame des Victoires, 1953-1963, Entrepôt et couvent-pensionnat. Matrice interprétative et histoire narrative, société historique de la mission du Lac La Biche et services des sites historiques, Culture de l'Alberta et Multiculturalisme, juillet 1992.
2. T.M. MAHÉ, Yvette. Bibiographie partielle des resources didactiques utilisées dans les écoles bilingues de l'Alberta : 1949-1966, 4 octobre 1985.
3. CHAMPAGNE, Juliette. Mission, chapitre 5, pensionnat, 1905-1963.
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