PUBLICATION DE L'EXTRAIT PERTINENT DE
L'INTERVIEW ACCORDÉE À LA CBC
Le 12 septembre 2002
Ottawa (Ontario)
Selon des reportages erronés publiés aujourd'hui au sujet d'une interview
diffusée sur les ondes de la télévision du réseau CBC hier soir, le Premier
ministre Jean Chrétien aurait imputé directement aux États-Unis une part de
la responsabilité des attentats terroristes du 11 septembre 2001.
En fait, en réponse à une question portant sur la façon dont le monde
avait changé selon lui le 11 septembre, le Premier ministre a profité de
l'occasion pour souligner la nécessité pour tous les pays industrialisés de
l'Occident de réfléchir aux conséquences à long terme du fossé qui se
creuse entre les pays riches et pauvres - un fossé dont les fanatiques se sont
clairement servis pour attiser le ressentiment envers le monde industrialisé.
C'est grossièrement déformer ses propos que de laisser entendre qu'il rejetait
le blâme sur les États-Unis. À vrai dire, l'action énergique prise par le
Canada, aux côtés des États-Unis, pour traquer et traduire en justice les
responsables des attentats démontre sans équivoque qui est responsable de ces
événements terribles dans l'esprit du Premier ministre, du gouvernement et du
peuple du Canada.
Afin que les Canadiens et Canadiennes puissent juger par eux-mêmes de
l'intention et du sens des propos du Premier ministre, on trouvera ci-joint
l'extrait pertinent de la transcription originale de l'interview. À cet égard,
nous encourageons aussi les Canadiens à visionner l'interview intégrale
diffusée sur les ondes de la CBC. Elle fait partie d'un documentaire intitulé
« Untold Story » et se trouve sur le site Web de la CBC à cbc.ca.
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Service de presse du CPM : (613) 957-5555
Traduction de l'extrait pertinent de l'interview accordée
à la CBC
Peter Mansbridge : À la fin de cette journée, que
pensiez-vous quant à la façon dont le monde avait changé?
M. Chrétien : Mais j'ai dit que c'est une division dans le
monde qui se développe. Et je savais que c'était là l'inspiration derrière
ce qui s'était passé. Quant à moi, je crois que le reste du monde est un peu
trop égoïste, et qu'il y a beaucoup de ressentiment. Je l'ai senti quand je me
suis occupé du dossier de l'Afrique pour le Sommet du G8. Vous savez, les
pauvres deviennent, relativement parlant, toujours plus pauvres. Et les riches
deviennent toujours plus riches. Vous savez, nous voyons maintenant l'abus du
système que révèlent les problèmes aux États-Unis en ce moment dans le
monde des affaires, vous savez. Quand vous pensez que, vous savez, vous devez
laisser aller un membre du Cabinet à cause peut-être de choses relativement
mineures ... de lignes directrices. Et que des milliards de dollars ont
essentiellement été volés aux actionnaires. Et il faut, vous savez, régler
les problèmes quand on lit l'histoire. Tous ne savent pas quand s'arrêter. Il
vient un temps, vous savez, quand il faut arrêter. Il vient un temps quand vous
avez de très puissants [inaudible].
J'ai dit un jour à New York, j'ai dit – je m'adressais vous savez à Wall
Street, et c'était un auditoire de capitalistes, bien sûr, et ils se
plaignaient de ce que nous entretenons des relations normales avec Cuba, et ceci
et cela, et, vous savez, on ne peut pas faire tout ce qu'on veut. Et j'ai dit
... si je me souviens bien, c'était probablement ces mots : « Quand vous êtes
puissants comme vous l'êtes, vous autres, c'est le moment d'être gentils. »
Et c'est là un des problèmes. Vous savez, vous ne pouvez pas exercer vos
pouvoirs au point d'humilier les autres. Et c'est cela que le monde occidental,
pas seulement les Américains, doit réaliser, parce qu'ils sont des êtres
humains aussi, et il y a des conséquences à long terme si vous ne regardez pas
la réalité bien en face, dans 10 ou 20 ou 30 ans d'ici. Et je pense vraiment
que le monde occidental sera trop riche par rapport au monde pauvre. Et
nécessairement, vous savez, on nous considère comme arrogants, égoïstes,
avides et sans limites. Et le 11 septembre est l'occasion pour moi de le
réaliser encore plus.
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